Chapitre 14


— Évidemment!! Pourquoi j'aurais fait ça !? s'insurge Grace.

— Parce que tu fais que des conneries! interviennent les jumeaux en coeur.

— Pas de gros mots! gronde Tatiana, la voix recouverte par les rires des autres.

Grace hausse les épaules.

— Ils ont pas tort les marmots. Je faits souvent des co...

Elle croise le regard meurtrié de Tatiana et s'empresse de se corriger :

— Des corvées de ménage ! Oui c'est ça.

Les jumeaux échangent un regard entendu, m'arrachant un sourire. Tatiana soupire.

—Vous êtes tous irrécupérable! Si seulement Silvia était là, je ne serais plus la seule personne sage dans cette famille !

J'hausse un sourcil curieuse. Qui est donc Silvia ? Je me tourne vers Jayden pour lui demander mais ma bouche se referme automatiquement en voyant son état. Il a le visage complètement fermé, les dents serrés, les yeux rivés sur son assiette et les mains crispés sur ses couverts. Il m'inquiète légèrement.

—Tu rigoles! Elle mangerait tout le gâteau pour nous punir de notre immaturité! gémit Peter.

— Immature! C'est le mot juste, attaque Tatiana en fusillant son marie du regard.

Pour ma part je n'arrive pas à arracher mes yeux de mon voisin qui semble pâlir un peu plus à chaque évocation de cette fameuse Silvia. Bonnie entre dans la pièce avec à la main un gâteau recouvert de mousse au chocolat noire.

— Et voilà le plat préféré de mon petit Baleineau !

Je le vois se dérider avant de fusiller sa grand-mère du regard. Je souris malicieusement avant de demander à ma Granny:

— Pourquoi ce surnom?

— Non! proteste-t-il en voyant sa grand-mère ouvrir la bouche.

Cette dernière baisse la tête, vexée, avant de couper le gâteau.

— C'est parce qu'il était le plus gros bébé qu'on n'ai jamais vu ! On pouvait presque le faire rouler comme une pastèque, s'écrie Grace avec un sourire.

Je me tourne vers Jayden qui me semble légèrement rougir malgré son air nonchalant.

— Alors comme ça tu étais bouboule!? le taquiné-je.

Il me lance un regard noire qui m'arrache un sourire.

— Et c'est pas tout! clame Grace.

— Tais-toi, coupe sèchement Jayden qui s'est redressé sur sa chaise.

— Parle ! ordonnent les jumeaux et leur père.

Je me penche en avant pour ne pas en perdre une miette.

— Silvia adore le bleu, alors elle l'habillait toujours dans un bleu foncé qui le fessait encore plus ressembler à une baleine.

— En plus, il avait de bonnes grosses joues ! piaille Tatiana.

— Tu m'étonnes, on aurait dit qu'il cachait des clémentines dans ses joues! renchérit Grace.

— J'avais dit à sa mère, Silvia, que le bleu ne le mettait vraiment pas en valeur mais têtue comme elle est, elle ne m'a jamais écoutée !

Jayden se lève brusquement, tout en tapant si fort contre la table qu'il nous fait sursauter.

— Était! Était têtue! Putain, elle est morte! Elle est morte alors arrêter de faire comme si elle était encore en vie! hurle-t-il fou de rage.

— Jayden... souffle Tatiana.

— Non! Vous allez m'écouter, maintenant! Elle est mort alors arrêter de vous obstinez à la faire vivre, laisser là en paix! Mais il y a un Summers qui est encore en vie! Vous avez encore une chance de le sauver et vous baissez les bras! Vous faites comme s'il  n'était plus, comme si elle était déjà décédée!

Il fait volte face et envoie valser sa chaise avant de partir d'un pas rapide.

— Je vous hais tous ! vocifère-t-il en passant la porte.

Je me lève et lui cours après sans me retourner. Je sors dans la nuit noire et me précipite vers la voiture de sa grand-mère dont il fait déjà mugir le moteur, comme pour me dire de me dépêcher. J'entre dans la voiture et à peine ai-je claqué la porte qu'il démarre en trombe. Il ne m'adresse pas la parole, ne me crie pas dessus, ni me demande ce que je fais là comme si ma présence intrusive était naturelle. Courante en faite.

— Tu sais... je comprends ce que tu ressens, commencé-je doucement.

— Ah, oui?! Et comment, Miss Perfection? Ta vie est parfaite !

Je serre les dents, me retenant de lui lancer une réplique acerbes, me rappelant que ce n'est que l'effet de la tristesse et de la colère.

— Parfaite ?! Ce n'est pas comme ça que je décrirais le fait d'avoir une mère stricte et psychorigide et de ne pas me rappeler de mon passé. De ne pas me rappeler de mon père défunt. De ne serait-ce que me rappeler son physique, son rire, ses petites manies ou simplement s'il aimait lire le journal au petit-déjeuner ou encore s'il trempait des tartines dans son café... S'il aimait le café, murmuré-je, la voix tremblante.

Je le vois cligné des yeux avant de me fixer pour vérifier si je ne mens pas.

— Tu as perdu ton père ?

— Oui, répliqué-je froidement.

Il secoue la tête exaspéré sans quitter la route des yeux.

— Tu as vraiment dû me prendre pour un connard quand je t'accusais de n'être qu'une fille pourrie gâtée à son papa !

— Dans le mille, blagué-je tristement.

— Je suis désolé... c'est juste que parfois... J'oublis que tout ne tourne pas autour de moi, que les autres aussi subissent des malheurs.

— Tu es juste humain.

Il se tait et encore une fois c'est à moi de briser le silence.

— Tu sais...chacun fait son deuil à sa façon.

— Comment tu t'y prends toi ? Car s' il y a un mode d'emploi je ne l'ai pas reçu, dit-il amèrement.

Je souris tristement.

— Je ne sais pas. Je ne me souvenais pas de lui jusqu'à ce que je goûte au pâté en croute. Mais même sans savoir grand-chose sur lui...il me manque. Terriblement.

Il hoche la tête.

— Ce qui est sûr c'est que le temps n'efface pas la douleur, ce dicton est stupide. Les années permettent juste de mieux l'ignorer. Mais jamais les personnes que nous aimons ne cesserons de nous manquer.

— Jamais, affirme-t-il dans un murmure.

— C'est cliché de dire ça mais...commencé-je

— Même s' ils ne sont pas là, ils sont dans notre coeur, complète-t-il à ma place.

Je souris.

— Oui, même quand on ne se souvient pas d'eux, soufflé-je.

Je m'enfonce dans mon siège, me sentent bien, en sécurité. Je sens la voiture s'arrêter à un feu et entre mes paupières qui papillonnent de fatigue, je le distingue se tourner vers moi et me fixer profondément.

— Je me suis trompé sur toi, murmure-t-il comme pour lui-même.

Je fermes les yeux, un demi sourire plaqué sur le visage. Délicatement je sens ses doigts effleurer ma joues pour replacer une mèche rebelle derrière mon oreille.

— Fais de beaux rêves.

********************
Coucou mes petites sucettes !🍭
Que faites vous pendant ces vacances? Moi, je suis à la mer pour quelques jours !

Sinon il faut croire qu'on en apprend un peu plus à chaque chapitre sur la mystérieuse Bête. Il se trouve apparemment qu'il a un point commun des plus tristes avec Belle, lui aussi a perdu un parent.

Et qui est ce fameux membre de la famille Summers qui le met dans tout ses états ? Une idée ? Son père peut-être?

Et au final , avez-vous aimé le chapitre?

Bisous pailletés et joyeuses Pâques à ceux qui le fête ! 😘💫

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