Chapitre 13


Je m'approche de la table et regarde les autres s'asseoir. Jayden contourne la table pour s'asseoir entre les jumeaux mais il se stoppe en entendent son oncle le rouspéter :

— Hey, Chochotte! T'as peur qu'elle te mange?! Vas donc t'asseoir à côté de ta copine.

J'écarquille les yeux en voyant Jayden obtempérer non sans traîner des pieds et serrer les dents. Je m'approche de ma chaise quand soudain Bonnie me coupe devant et tire la chaise d'à côté pour la  coller quasiment à la mienne. Elle se retourne et nous sourie malicieusement avant de nous faire un clin d'oeil. Jayden et moi échangeons un regard consterné avant de nous asseoir en éloignant légèrement nos chaises.

Une fois tout le monde installé, je remarque qu'il reste une chaise vide. Je ne tarde pas à découvrir le dernier convive qui déboule dans la pièce avec un récipient de salade et un plat de charcuterie.

— Salut, la compagnie !! s'exclame cette dernière avant de laisser tomber abruptement  les plats sur la table.

— Merci de m'avoir attendue, je devais servir son repas à notre client. Un sale snob qui ne sais pas que c'est mal poli de... MON PETIT BALEINEAU !!!!

Je cligne des yeux en voyant la vielle femme s'approcher rapidement en faisant une genre de marche athlétique étrange. Si j'étais déjà étonnée par cette grande femme enrobé et bourru, je tombe carrément des nues en découvrant sa tenu : un maillot du Paris Saint-Germain, un leggings de toutes les couleurs et des baskets Nike. Je l'observe attraper Jayden dans ses bras malgré les protestations de celui-ci, avant de lui ébouriffer d'avantage plus sa chevelure bouclée. Puis son regard tombe sur une nouvelle proie. Moi.

Son sourire s'agrandit et s'écrie :

— Mon petite baleineau nous  ramène enfin une fille !!

Elle contourne Jayden qui regardait fixement au loin, les dents serrées, et se précipite sur moi. D'une seule main, elle me met violemment sur mes pieds avant de m'attraper dans ses bras potelés.

Puis elle s'écarte et me dévisage.

— Qu'est-ce qu'elle est maigre! Je vais te remplumer ça, tu vas voir !

Sur ce elle me pince la joue entre son pouce et son index et me secoue la tête.

— Comment s'appelle ce jolie bâton de sucette ?

— C'est Belle. Tu sais, ma petite fille de coeur. Je t'en ai parlé.

— Quel prénom prétentieux !!! s'égosille-t-elle en me lâchant comme si elle c'était électrocutée.

— GRACE! s'exclament en coeur toute la famille.

— Bah, quoi ?

Je regarde la fameuse Grace partir vers sa place, avant de me laisser tomber sur ma chaise, ahurie. Que vient-il de se passé au juste ?

— On ne choisit pas son prénom, commence Tatiana.

— Ce n'est qu'un diminutif, ajoute Jayden.

— Ne parle pas comme ça à ma petite Isabelle, la fâche Bonnie.

— Le tien signifie bien « grâce », complète Peter

— Comme si elle était gracieuse! ricanent les jumeaux.

Grace s'assoit avec nonchalance sur sa chaise, ses yeux noirs se plissent pour fusiller la famille.

—Vous ne voulez pas manger!? gronde-t-elle.

J'écarquille les yeux en voyant que ça fait pouffer les autres. Je suppose qu'elle n'est pas foncièrement mauvaise, juste un peu mal léchée et revêche.

Le repas commence et un vrai brouhaha envahit la pièce. Mais ça ne me dérange pas. C'est tellement joyeux, ça respire la bonne humeur et la joie. Ça me change de chez moi, de mes repas de famille. Je souris en observant mes deux hôtes se chamailler gentiment, Gabriel et Morgane jouer avec la nourriture, et leur père faire d'horrible blagues à leur mère qui soupire désespérée.

— Tu ne manges pas ?

Je sursaute, tirée de ma rêverie et me tourne vers Jayden.

— Si...si. C'est juste que...c'est tellement différent de chez moi, murmuré-je émerveillée en dévisageant à nouveau tout le monde.

— Ouais...ma famille est...spéciale. Désolé.

J'écarquille les yeux et me tourne vers lui.

— Tu n'as pas à t'excuser! Je... je donnerais tous pour avoir une famille, surtout une telle que la tienne. dis-je, la dernière phrase presque dans un murmure inaudible.

Je ne sais pas s'il m'a entendu. Mais si ça l'a perturbé il n'en montre rien et me tend le plat de salade. Je tire la langue, dégoûtée. Je hais la salade. Ce sont des feuilles, pas de la vraie nourriture. De la main, je repousse gentiment le plat qu'il me tend et attrape l'assiette de charcuterie avant de m'en servir une bonne portion. J'étale de la rillette sur du pain avant de croquer à pleine dents dans ma tartine sous les yeux ébahis de Jayden. J'engloutis ma dernière bouchée puis me tourne vers Jayden pour savoir pour quelle raison il me dévisage encore.

Un sourire moqueur se dessine sur son visage et je suis son regard qui fixe mes lèvres. Une grimace gêné étire mon visage quand je comprend que j'en ai partout et doucement je passe mon pouce sur ma lèvre inférieure. Je croise les yeux émeraude de Jayden qui me dévisage encore plus bizarrement.

— Qu'est ce qu'il y a ?

— Rien... Je pensais juste que toutes les filles ne mangeaient rien et faisaient attention à leur ligne.

Je hausse les épaules avant de sourire malicieusement.

— Je croyais que tu avais compris que je ne suis pas comme toutes les filles.

Il plisse les yeux et me fixe intensément, penchant la tête sur le côté comme s'il tenter de me percer à jour.

— Je commence à piger...marmonne-t-il.

Puis comme si de rien n'était il retourne à son assiette et m'ignore. On finit tranquillement l'entrée puis Bonnie revient avec le plat qu'elle pose juste à côté de moi.

— Eh voici mon merveilleux, mon succulent, mon unique pâté en croûte revisité à la Bonnie !!!!

Je souris en la voyant me servir une grosse part de son étrange plat. Je ne sais même plus quelle goût cela a. En fait, je crois que ce qui est ''revisité'' dans ce plat sont les œufs durs qui on été ajoutés ainsi qu'une sauce au fromage en plus de la traditionnelle viande enroulée dans sa pâte feuilletée.

— Pourquoi c'est elle qui est servie en première!? râle Peter en croisant les bras et faisant la moue comme un petit enfant.

— Papa, ne fais pas le gamin ! Tu sais bien que cela pourrait rendre ses souvenirs à Isabelle, rouspète Morgane.

A côté de moi Jayden recrache son verre.

— Ça va, Chochotte? demande gentiment son oncle.

Il hoche la tête, son regard jonglant anxieusement entre moi et mon assiette. Qu'est ce qui lui prend? Une fois tout le monde servi, Granny se rassoit et lève son verre.

— Régalez-vous !

Et sans préavis je me jette sur ma part qui sent divinement bon. J'engloutis ma bouchée et tout de suite un tourbillon de saveurs m'envahit. C'est tellement bon! Et tellement familier.

Je ferme les yeux pour savourer chaque miette. Il faut reconnaître cette qualité à l'amnésie. On redécouvre le monde, s'émerveillant à nouveau pour des choses qui avant nous paraissaient banales.

Soudain des images m'envahissent. Il y'en a beaucoup trop. Ça me fait mal. Ma fourchette m'échappe et je m'agrippe la tête à deux mains comme si j'avais l'intention de me l'arracher du  corps. Cela abrégerait tant mes souffrances. Des dizaines de couleurs défilent devant mes yeux en trop peu de temps. Des dizaines de bruits inconnus résonnent dans ma tête tel un marteau piqueur. Des dizaines d'images apparaissent, toutes sans queue ni tête, désordonnées, insensées.

Un cri de souffrance déchire le silence. Mon cri. Puis le noir. Plus rien. Tout ce qu'il me reste comme repère est cette odeur succulente émanant de mon assiette. Je rouvre les yeux.

Je ne suis plus dans la salle à manger de Bonnie et Grace mais dans une grande pièce regroupant une cuisine ouverte et un salon. Une douce odeur vint me chatouiller les narines et je tourne la tête. Bonnie entre, son pâté en croûte dans les mains et un sourire immense sur son visage. Étrangement, elle me paraît plus jeune, plus maigre et ses cheveux vraiment courts.

— Miammmm! Décharge toi donc de ce lourd plat dans mon assiette. Tu dois avoir mal au bras, non ?

C'est vraiment moi qui ai dit cela? Ma voix est si différente!

— Mais bien sûr, Chipie! Mais si tu veux on fait moitié moitié et on file les restes d'épinards à tes parents?! propose malicieusement Bonnie.

— Marché conclu, Granny ! Mais si on demande, tu m'as obligée! m'exclamé-je.

Qu'est ce qu'il se passe? Pourquoi Bonnie rigole comme ça ? Elle pose le plat sur la table et m'ébouriffe les cheveux. Pourtant je ne sens rien, comme si sa main ne rentrer pas contact avec ma tête.

— Oh, Honey! Tu me rappelles tant ma petite fille qui vie aux USA.

_ Ah oui? Mais est-ce qu'elle, elle sait que la vitesse d'un éternuement est de cent-cinquante à deux-cent kilomètres heure? questionné-je sérieusement.

— Non, je ne pense pas ma petite surdouée! rigole-t-elle en me servant une part de pâté en croûte.

Mal polie, j'ingurgite une pleine bouchée avant même que Granny soit assise.

Pourtant, j'ai l'impression de ne rien avoir mangé, aucune saveur, juste de l'air. On toque et je me retourne précipitamment. Un homme d'une trentaine d'années passe la porte. Il est grand et brun et sa peau est foncé comme le caramel ce qui fait ressortir ses grands yeux bleus.

Je ne sais pas qui c'est mais je me précipite dans sa direction en criant. Un immense sourire éclaire son visage en me voyant et il se baisse et m'attrape à bout de bras avant de me faire tournoyer dans les airs. Depuis quand suis-je si légère ?

— Sweetheart!! s'exclame-t-il.

Du coin de l'oeil, je vois ma mère sur le pas de la porte qui nous regarde tristement. Qui est donc cette homme ?Tendrement il me serre dans ses bras et colle sa joue rugueuse contre mon front.

— Tu m'étouffes, papa!!! pialle une voix qu'il me semble être la mienne.

Il plonge ses yeux dans les miens. Des yeux reflétant un amour gigantesque.

Mon père... Ma vue se brouille et je cligne des yeux. C'est mon père.

Mon premier souvenir depuis l'accident.

La tristesse et la douleur tordent mon visage alors qu'une cascade de larmes dévalent mes joues. Cette douleur n'a rien de physique mais est tout aussi affreuse. Voir pire.

Jusqu'à maintenant, je ne me suis pas préoccupée de mon passé. Je l'ai ignoré car c'était plus simple ainsi. J'ai préféré me recréer une vie, un entourage, une personnalité comme si  rien ne s'était passé, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas parce que je change de prénom que je suis une nouvelle personne fraîchement née. Isa a existé et que je le veuille ou non, elle fait partie de moi. Et ce souvenir retrouvé ne fait que me rappeler à la réalité. Ce souvenir venu de nul part ne fait que m'enchaîner au passé et me rappeler que j'ai tout perdu. Que 17 années de ma vie se sont volatilisées. Que tous mes souvenirs ont disparu. Que je l'ai perdu lui. Tout ce que je me souviens est une peau caramel, un sourire étincelant, des yeux océans et une joue rugueuse. Un bribe de souvenir au goût sucré. Addictif. Maintenant que j'y ai goûté je ne peux plus l'ignorer, j'en veux encore. Je veux tout me rappeler. Je veux reprendre le contrôle de ma vie.

Une main se pose sur mon épaule et j'ouvre les yeux. Jayden me regarde de ses yeux verts, inquiet.

— Est ce que...ça va ?

Je me mords la lèvre jusqu'au sang pour ne pas encore éclater en sanglots. J'hoche la tête mais personne n'est dupe. Ça ne va pas.

— De quoi te  souviens-tu? lâche-t-il.

— Bonnie et mon...mon...

Des bras m'encerclent et je tourne la tête, surprise de découvrir Morgane et Gabriel me serrer dans leurs petits bras d'enfant. Lentement un sourire fleurit sur mon visage. Fragile. Éphémère. Mais sincère. Jayden laisse retomber sa main qui au dernier moment effleure la mienne et je me tourne vers lui.

—Tu veux que je te ramène ?

Je secoue la tête. Je vais mieux. Peut-être même que si je remangerais du pâté en croûte... Mon regard croise celui de Granny qui me sourit tendrement. Le repas reprend timidement, dans le silence jusqu'à ce que  la voix grave de Grace vienne rompre le silence :

— Je comprend pourquoi elle est si maigre! Si à chaque fois qu'elle mange ça donne ça!

On échange tous un regard avant de rigoler. Le repas reprend normalement effaçant bien vite ce petit incident.

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SALUT MES CHUPAS CHUPS!🎉

Moi pas top... Je suis revenue en France. Ça peut paraître idiot mais ce voyage en Espagne était tellement bien que maintenant je suis triste de retourner à ma petite vie ennuyante. En plus ma correspondante me manque. Je vous souhaite tous de faire un tel voyage, échange, expérience. C'est magique.

🤩 En revanche, je vous souhaite pas de vous perdre dans Valence comme moi. 😅😂

Bon... Sinon, vous avez aimé le chapitre? Quelque chose à dire?

Question du jour:

Quand vous avez un coup de moue, vous faite comment pour vous remontez le moral? Parce que j'ai bien la technique du chocolat mais j'aimerais bien ne pas prendre 10 kilos.😂

BISOUS PAILLETÉS!😘

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