Chapitre 8


Je laisse tomber mes affaires sur le bureau et me frotte vivement les yeux. Malheureusement, c'est cet instant que choisit Jayden pour se retourner.

— Tu n'as pas dormi ou quoi ?

Je lève les yeux au ciel.

— Bien sûr que si.

Et comme pour bien démontrer le contraire, mon cerveau choisit cet instant pour me faire bâiller. Il ébauche un sourire 

— Évidemment.

Je me mords la langue.

— Oui bah, t'as pas besoin de tout savoir !

Il soupire.

— Tu as travaillé tout le week-end sur l' article ?

Je soupire et finis par me laisser tomber sur ma chaise.

— Oui ! T'es content !?

En vérité, c'est aussi à cause de mes insomnies mais  je vais sûrement pas lui avouer.

— Collins !

Je sursaute et me redresse d'un bond.  Je relève les yeux à la recherche de la personne qui m'a appelé quand je l'aperçois enfin. C'est M. Clayton qui, du haut de se mezzanine, me fait signe de venir.Je m'apprête à y aller quand Jayden m'arrête.

— Je viens avec toi. On a découvert la vérité ensemble.

Je pince les lèvres et fais volte-face d'un pas déterminée.

Fichtre ! Si c'est ce qu'il souhaite ! Qu'il vienne voir M. Clayton me complimenter sur mon article, mes métaphores et mes comparaisons, ma syntaxe et ma façon d'écrire poignante.

J'entre dans son bureau, Jayden sur les talons, quand je me fige brusquement. Assit derrière son bureau, immobile, un cigare dans la main, ses yeux perçants rivés sur moi, il fait peur. 

Il reprend soudain vie et agite mon article sous mes yeux.

— Je peux savoir ce que c'est que ce ramassis de mensonges ?!

J'écarquille les yeux, surprise. Comment eut-il dire cela ? Je pivote vers Jayden et échange un regard avec lui. Il parait aussi perdu que moi.

— Monsieur, intervient mon ex. C'est la vérité. J'étais présent.

— Balivernes ! vocifère-t-il. Vous savez que c'est grave de proférer de telles accusations ? ! Encore plus lorsqu'elles concernent quelqu'un comme lui !

Je blêmis, le sang quittant peu à peu mon visage. Ça ne peut pas se passer comme ça... J'ai passé des heures à écrire cet article, il ne peut pas finir à la poubelle.

— Mais je vous dis que c'est vrai ! Bruce Payne n'est qu'un... qu'un usurpateur ! Il se fout de tout le monde ! m'énervé-je

L'expression du directeur s'assombrit et il se redresse dans son fauteuil. Soudain, une lueur de méchanceté s'allume dans son regard et il déchire mon article dans un geste lent et appliqué. Puis il jette à la poubelle et se penche en avant pour siffler en me regarder bien en face :

— Je vous ai dit que c'était faux. Bruce Payne est quelqu'un d'admirable et vous Mademoiselle Collins, vous n'êtes qu'une sale petite arriviste en quête d'attention !

Je serre les poings jusqu'à se que mes ongles s'enfoncent dans mes paumes. Mais peine perdue, j'éructe :

— Je vais vous prouver que ce que je dis est vrai ! 

Le directeur abat son poing sur la table. Je sursaute en arrière.

— Je vous ai dit d'abandonner ! Ce que M. Payne fait ne vous regarde pas !

Je fronce les sourcils. Est-ce qu'il... est en train de me dire de dissimuler l'information ? De me taire ? En fait... il a peur de la star ? Ou alors il cherche à la protéger ?

— C'est notre métier d'informer les gens, protesté-je.

Il serre les dents et je vois ses yeux briller de rage.

— Non, ce n'est pas votre métier, tranche-t-il méchamment. Vous n'êtes personne ! Pas même une vraie journaliste ! Qui irait croire une gamine ?! rigole-t-il, sardonique. Une femme par-dessus le marché !

Je recule, choquée. Comment ose-t-il ?

— Monsieur, nous sommes au 21ème siècle, coupe sèchement Jayden. La femme est égale à l'homme.

M. Clayton le fixe, dubitatif, puis rejette la tête en arrière, hilare.

— Mon pauvre garçon ! Mais ils t'ont bourré le crâne de conneries ! Tu ne vois pas la vérité ? Ça, c'est ce que la société essaie de faire croire aux femmes pour qu'elles la ferment et restent à leur place ! Elles nous sont bien inférieures.

Je cligne des yeux pour chasser les larmes. Ce type est... une ordure.

Je détourne la tête et mes yeux se posent sur Jayden. Son visage est déformé par la colère.

— Vous n'avez donc aucun respect pour les femmes ? Même pas pour votre propre fille ?

Le directeur hausse un sourcil comme s'il ne comprenait pas où était le problème.

— Flore est une bonne fille. Elle est jolie et polie. Elle fera une bonne épouse, ne t'en fais pas.

Je serre les dents. Je n'en peux plus, je ne veux pas entendre un mot de plus.

— Nous sommes bien plus que ça ! crié-je. Nous ne sommes pas des accessoires faits pour sourire et être belles ! Encore moins pour s'occuper des gosses ! Nous sommes douées de pensées ! Flore est aussi intelligente qu'un homme, voir plus !

Il sourit, un sourire mesquin qui me glace le sang.

— Vous avez oublié de dire que vous existez aussi pour faire la popote et le ménage.

Je le fusille du regard. J'ouvre la bouche pour l'insulter quand Jayden m'attrape par les épaules. Instantanément, ma colère retombe en partie et j'arrive à me retenir de l'affubler de noms d'oiseaux.

 Il se penche et son torse effleure mon dos tandis qu'il me chuchote doucement :

— Calme-toi. Il cherche une excuse pour te virer. Il n'en vaut pas la peine.

J'obéis et peu à peu je reprends possession de mes moyens. Je plante alors un regard glacial dans celui du directeur. Un sourire méchant s'ébauche sur son visage dodu.

— En fait... Vous m'avez menti. Vous ne valez rien comme journaliste. Peut-être est-il temps de vous trouver un mari et d'aller vous occuper de la maison.

Ces simples mots suffisent à tendre tous mes muscles. Je vais le...

Soudain je sens les mains de Jayden qui me frottent doucement les épaules et je me calme. Zen Belle. Ne gaspille pas ta salive pour lui.

— Mais j'accepte vos excuses, déclare-t-il tout sourire.

Mes yeux s'écarquillent et je serre les poings. En vérité, qu'en a-t-on à faire du calme ? Je devrais plutôt en venir aux mains !

— Si vous m'apportez mon café chaque jour avec un beau sourire, et que vous promettez de pas trop réfléchir, je vous garde.

Je serre les dents et esquisse un sourire hypocrite.

— Café serré ou café allongé ?

Il sourit et se laisse tomber contre le dossier de son siège.

— Un macchiato.

Je souffle doucement :

— Bien.

Il baisse la tête sur ses papiers et en soulève quelques-uns. Le journal du jour. Je me crispe en lisant le titre de l'article au dos « La cérémonie de l'année ». Quelqu'un a déjà fait un article sur les Grammy Awards. Il n'a jamais compté me donner ma chance. Il avait envoyé un autre journaliste en même temps que moi pour écrire cet article. Un homme, je parie. Il se fout de moi depuis le début.

Avec un sourire en coin, il relève la tête du journal. Il l'a fait exprès le sale petit merdeux.

— Vous pouvez disposer.

Je serre les poings et Jayden me guide gentiment jusqu'à la sortie, ses mains toujours sur mes épaules. Une fois à distance du bureau, je pivote vers lui et explose :

— Ce type est un pauvre con ! Je vais le... Il mérite de...

Jayden m'attrape la main et je le fixe, surprise, avant de me reculer.

Il ne réagit pas et dit :

— En plus d'être un crétin, misogyne et rétrograde, il est aussi un fin manipulateur. Je fronce les sourcils.

— Quoi ?

— Tu es entrée pour...

_ L'article, je réponds sans comprendre.

— Et tu es ressortie en pensant à...

J'ouvre grand la bouche, ahuris. Il a dévié la conversation pour me détourner des manigances de Bruce Payne. 

— Tu crois qu'il ne le pensait pas ? je demande.

— Si. Impossible de simuler un tel niveau de sexisme. Mais je pense qu'il a essayé de détourner tes pensées de ce qu'on a découvert. Il ne veut pas que ça ce sache.

Je baisse les yeux tandis que mon cerveau se met à tourner à mille à l'heure.

— Il sait quelque chose qu'il ne veut pas qu'on apprenne...

Jayden hoche la tête.

— Bruce Payne est encore plus puissant qu'on ne le pensait. Il a les médias dans la poche alors... jusqu'où est-il capable d'aller ?

Je me détourne pour regarder le petit monde qui s'active en contrebas. Il y a forcément des preuves quelque part des agissements de Bruce Payne. Et vu la réaction du directeur, peut-être dans l'immeuble même... Je fais volte-face vers Jayden. Une idée en tête.

— Il doit bien y avoir une salle d'archives dans ce fichu bâtiment ?!

Il écarquille les yeux.

— Oui... au 17ème étage, je crois. Pourquoi ?

Un sourire malicieux éclaire mon visage.

— Belle...

— Un bon journaliste a toujours des preuves de ce qu'il avance. À nous de trouver les nôtres.

Il écarquille les yeux.

— Belle... On va avoir des ennuis, tu ne...

— Je ne t'ai pas demandé de m'accompagner ! contré-je. Je n'ai besoin de personne. Et encore moins de toi.

Il ferme la bouche, blessé.

— Ah, te voilà !

Je tourne la tête vers Flore qui se précipite vers Jayden, tout sourire. Il la prend dans ses bras et dépose un brève baiser sur son front avant de se tourner vers moi.

_ Toujours fourrés ensemble à ce que je vois ! rigole-t-elle, jaune.

Elle se blottit dans les bras de Jayden et me scrute en silence.

— Belle ?

—Oui ? je réponds en me dandinant, mal à l'aise.

— J'aimerais apprendre à mieux te connaître... Tu as l'air d'être une fille très... intéressante.

Je déglutis. La façon lente et pensive dont elle dit cela me fait légèrement froid dans le dos. Sûrement suis-je trop habituée aux manigances de Jade. Et comment lui dire que je n'ai absolument pas envie de passer du temps avec elle ? Ce n'est pas contre elle. Flore a l'air sympa quand elle n'est pas jalouse mais... c'est plutôt que je ne veux pas traîner là où risque d'être Jayden.

Ce dernier doit d'ailleurs voir mon malaise car il intervient :

— Belle est très occupée, Flo. Elle a certainement plein de trucs à faire avec ses amis, le travail ou... son petit ami.

Elle écarquille les yeux.

— Tu as un copain ?

Je rigole nerveusement. Dans quelle merde Lei m'a mise ?

— Oui, faut croire !

Elle rigole doucement.

— Nous devrions faire une sortie de couples tous les quatre alors !

Jayden et moi nous écrions en même temps :

— Ce n'est pas une bonne idée...

Elle tape dans ses mains et s'écarte de son copain.

— Dans ce cas, c'est parfait ! On se voit samedi à 16 heures. Ça vous dit un bowling ? Oui, un bowling c'est génial ! Alors c'est réglé !

Ma mâchoire m'échappe  tandis que je regarde Flore embrasser Jayden puis partir d'un pas déterminé. 

Cette famille produit des dominateurs à la chaîne...

Jayden la regarde s'éloigner, un petit sourire aux lèvres. Puis il pivote vers moi et s'excuse :

— Elle est habituée à toujours avoir ce qu'elle veut.

Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas faire une remarque acerbe.

— Cool... c'est vrai que j'avais rien de mieux à faire.

Bon, finalement j'ai quand même dit quelque chose de sarcastique.

Il soupire.

— Je comprends que tu me détestes mais... donne une chance à Flore. C'est vraiment une personne géniale. Elle mérite que tu perdes du temps pour elle.

Je pince les lèvres. J'ai envie de vomir. Vraiment. Avec un petit sourire hypocrite, je lui tourne le dos et pars.

Je sors ma boîte de médicaments et avale un cachet. Je me sens tout de suite mieux.

Dès que je suis loin, je sors mon téléphone et appelle Lei. Il décroche à la première sonnerie et, d'une voix mielleuse, je peste :

— On a un rencard à quatre, mon cœur !

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COUCOU! 

Comment allez-vous malgré le confinement ? Moi, franchement, super. C'est comme des vacances à la maison, mais avec des devoirs. 

Vous avez aimé ?

Quel Clayton détestez-vous le plus maintenant ?

Est-ce moi où il y a un léger rapprochement entre Jayden et Belle ?

Question du jour :

Quel est votre emoji préféré ?

Moi, c'est celui là ---> 😈

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BISOUS PAILLETÉS DE VOTRE SADIQUE PRÉFÉRÉ !!!

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