Chapitre 6
— S'il te fait pleurer, je le castre ! Dis-lui ! me hurle Lexie depuis la fenêtre du taxi.
La taxie démarre en pétaradant et je rigole en la voyant grimacer. C'est que ça change des limousines ! Mais à New York dur de circuler dans ce genre de véhicules et de plus ses parents l'ont privée d'argent de poche et de tous ses privilèges tant qu'elle ne mettra pas fin à sa nouvelle lubie. Comme si être lesbienne était un simple loisir qu'on pouvait supprimer ! Un nouveau caprice de leur fille pour les embêter ! Que ça va lui passer ! Ça me révolte.
Je la salue de la main puis rentre dans le building. Elles ont tant de chance de pouvoir faire tout ce qu'elles veulent de leurs journées ! Je m'arrête devant l'ascenseur, agacée de devoir le prendre. Je soupire puis monte dedans. Les portes sont en train de se refermer quand une basket se glisse entre celles-ci. Je me crispe. Ça ne va pas recommencer ?! Pitié ! Les portes se rouvrent sur Jayden qui me sourit faiblement. On dirait bien que si !Avec un soupire, j'entre et vais me réfugier dans le coin, le plus loin de lui tandis qu'il se met dans le coin opposé, à ma diagonale.
L'ascenseur commence à monter et il rigole jaune.
— Croisons les doigts pour que, cette fois, l'ascenseur ne tombe pas en panne.
Je souris méchamment.
— Oui, croisons donc les doigts pour que je ne reste pas bloquée avec toi dans ce cercueil de métal.
Il déglutit et se passe la main dans les cheveux.
— Et si... on recommençait à zéro ?
Je fronce les sourcils tandis qu' il me tend la main.
— Jayden Summers.
Je plisse les yeux et dévisage la main qu'il me tend, puis lui.
— Allez, Belle. Joue le jeu. Si on ne fait pas un effort pour s'entendre, ce stage va être invivable.
Même si je ne crois pas vraiment à ce que je fais, je décide de lui prendre la main. Ne serait-ce que pour qu'il la ferme. On se serre la main en se regardant droit dans les yeux.
— Ne crois pas que je te pardonne.
— Je n'en espérais pas tant.
Son regard dérive vers le panneau lumineux et lâche :
— Prépare-toi à l'arrivée !
Trop tard. L'ascenseur s'arrête subitement à notre étage, me faisant perdre l'équilibre, et je tombe dans les bras de Jayden. Collée ainsi contre lui, je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine, tandis que mon souffle se bloque.
Son odeur, elle n'a pas changé, elle est toujours aussi délicieusement entêtante. Les yeux rivés l'un dans l'autre, aucun n'arrive à bouger. Est-ce que ses iris ont toujours eu ces reflets dorés ?
Les portes s'ouvrent et on entend quelqu'un se racler la gorge. Revenant à la réalité, je m'écarte précipitamment avant d'écarquiller les yeux en voyant Flore. Pourtant, cette dernière n'a pas l'air en colère, elle affiche toujours le même air sympathique.
— Il fait froid dans l'ascenseur, n'est-ce pas ? blague-t-elle.
J'ouvre la bouche et la referme, ne sachant pas quoi dire, tandis que Jayden s'approche, rassuré. Alors qu'il se penche pour la prendre dans ses bras, elle l'attrape par le col et plaque violemment ses lèvres contre les siennes. Je les regarde en refoulant une envie de vomir. Puis soudain, je croise le regard perçant de Flore qui me fixe. Enfin elle le libère et s'approche de moi, les bras grand ouverts.
— Belle ! Je suis si contente que tu sois là ! Enfin une fille avec qui parler rouge à lèvres et fringues dans cette immeuble de machos !
Je vois dans son dos Jayden grimacer, conscient que je ne risque vraiment pas de parler fanfreluches avec elle. Elle me prend dans ses bras et me serre fort. Si au début je lui rends son étreinte, elle finit par me serrer si fort que j'ai du mal à respirer. Doucement je sens ses lèvres pulpeuses caresser ma joue et siffler :
— Touche pas à mon mec, pétasse.
J'en perds ma mâchoire, surprise.
Elle s'écarte tout sourire et s'exclame :
— Je nous ai achetés des Donuts ! Tu viens en déguster un avec nous ?
Si sa voix est enjouée et amicale, son regard, lui, est tout autre. Il est venimeux. Bouche bée, je la fixe avec de grand yeux avant de croiser le regard étincelant de Jayden. Il semble ravi que sa copine me prenne sous son aile. Il la regarde avec tant d'émerveillement et d'affection. Franchement, je crois que c'est la goutte de trop.
Je lui souris faussement et minaude :
— J'en serais ravie, mais j'évite le poison depuis peu. J'en ai déjà trop souffert.
Et sur ce je la contourne et pars sans me soucier de son air perplexe. Sûrement se demande-t-elle si c'est d'elle dont je parle, de Jayden, ou des donuts bourrés de sucre. Franchement elle n'a pas de soucis à se faire, je ne veux surtout pas de son copain ! Et si elle veut jouer à l'hypocrite et amadouer Jayden, c'est elle qui voit. Moi je n'ai pas de temps à perdre avec ça !
Je m'installe à ma table quand, depuis la plateforme, le directeur m'appelle :
— Mlle Collins !
Je soupire puis allume mon ordi avant d'aller voir M. Clayton. Que peut-il me vouloir ? Est-ce que l'autre poupée blonde m'a déjà fait virer ? Je susi à peine entrée dans son bureau que l'odeur de son cigare m'assaille, me faisant suffoquer. Henry Clayton se détourne de la fenêtre et plante ses yeux perçants dans les miens.
— Votre insolence de l'autre jour ne restera pas impunie, Mlle Collins. Si je n'ai rien dit devant les autres, je compte bien vous montrer que, ici, c'est moi qui ai toujours le dernier mot.
Je lui adresse un sourire forcé.
— Mais je n'ai jamais prétendu le contr...
Il me coupe la parole :
— Néanmoins, j'ai aimé votre audace, raison pour laquelle je vous ai épargné la charge d'aller chercher mes cafés et mes repas.
— Mais, commenté-je.
Il sourit.
— Mais je compte vous mettre à l'épreuve.
Il se détourne de moi et fixe son regard sur Diva qui se prélasse dans son panier.
— Un événement inédit va avoir lieu ce samedi en ville. Cela a d'habitude lieu en janvier à L.A et pour une fois, c'est nous qui allons pouvoir couvrir l'événement et non le Los Angeles Times ! Et je veux que ce soit vous qui le couvrez !
J'écarquille les yeux, mon cerveau carburant à cent à l'heure pour trouver ce qui se passe en ville ce week-end. Il tourne son regard vers moi et soupire.
— Un bon journaliste doit toujours se tenir au courant.
J'hoche la tête.
— New York accueille les Music Award au Madison Square Garden. Vous ne saviez vraiment pas ?!
Je grimace. Non, je ne savais pas. Mais en revanche, je suis ravie d'avoir la possibilité d'y assister. Quoi de mieux que d'écouter de la bonne musique en travaillant ?!
Il me tourne le dos et sort d'un tiroir une carte.
— Voici un passe VIP pour les coulisses, si vous voulez. Vous avez carte libre pour l'article mais je tiens à ce qu'il soit prêt lundi.
Je me redresse et hoche la tête. Je me retiens de peu de ponctuer ma posture du signe militaire et d'un "Bien mon lieutenant"!
J'attrape le passe et m'empresse de sortir, oppressée par le regard perçant du directeur. Arrivée à mon bureau, j'ai le malheur de découvrir que Jayden a fini de manger et est déjà au travail, ses doigts martelant les touches de son ordinateur. Soudain, terrassée par la curiosité, je m'assois sur le bureau et le dévisage. Il a dû sentir mon regard car, sans décoller ses yeux de l'écran, il me lance :
— Ne me fixe pas comme ça, Belle. J'ai l'impression que tu vas te jeter sur moi pour me planter ton crayon entre les deux yeux.
Je soupire.
— Ce n'est pas l'envie qui m'en manque...
Il ricane :
— Toi, t'as mangé du clown ce matin !
Je me mords la lèvre.
— Quel humour ! Je me demande ce qui te met de si bonne humeur !
Il pivote sur son siège avec un sourire en coin.
— Tu n'en as vraiment aucune idée ?
Je le fusille du regard. S'il croit que je n'ai rien de mieux à faire que d'essayer de décrypter son comportement, il se met le doigt dans l'oeil.
Il retourne à son travail et je continue à le fixer jusqu'à ce que je lâche de but en blanc :
— Pourquoi journaliste ?
Il se retourne à nouveau et laisse son regard glisser au loin, pensif.
— Je suppose que quand j'ai choisi cette voie, c'était pour... avoir l'impression de me rapprocher de toi.
Je serre les dents et descends du bureau.
— Tu racontes n'importe quoi, le cassé-je.
— Et pourquoi ? demande-t-il froidement. Ça te paraît si impossible que je dise la vérité pour une fois ? Que je sois sincère quand je dis que je suis heureux de te revoir ou que je t'ai aimée ?
Je m'assois et lui tourne le dos.
— Oui, Jayden. Après ce que tu m'as fait, oui, ça me paraît incroyable. À mes yeux, tu es dépourvu de cœur.
Je tends l'oreille à la recherche d'une réaction mais rien, même son souffle je ne l'entends plus. Je me lance donc à la recherche de la listes des nominés aux American Music Award.
— Belle ?
— Oui ?
— Regarde-moi.
Non, ça fait trop mal.
— Regarde-moi !
Je soupire et pivote vers lui.
Il se penche sur le bord de son siège et plonge son regard dans le mien.
— Tu peux me détester, penser que je suis une ordure, un monstre, que je suis sans cœur, m'insulter, me taper et tout ce que tu veux. Mais je refuse que tu doutes de l'amour que j'ai eu pour toi, Belle. Sur ça je n'ai jamais menti. Et je ne te l'ai pas assez dit mais... Je suis désolé. Et ce n'est pas un mensonge.
Il déglutit avant de retourner lentement à son travail.
Il a parlé au passé... Je le savais, c'était évident, mais ça fait quand même mal.
J'inspire, j'expire.
J'ai mal à la tête. J'ai mal au cœur.
Je sors de ma poche ma petite boîte et la débouche d'une main prise de tremblements. J'avale un comprimé d'une traite et grimace. Sans l'eau pour faire passer, c'est vraiment dégoûtant.
Jayden me jette un coup d'œil.
— Qu'est-ce ?
Je me retourne vers mon ordi pour échapper à son regard.
— Hum... juste du paracétamol.
Il reste silencieux pendant quelques secondes avant de retourner à son travail.
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COUCOU ! Comment vous allez ?
Avez-vous aimé le chapitre ?
Que pensez vous de Flore à présent ? Votre avis a changer ?
Et de son père et Jayden ?
BISOUS 😘
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