Chapitre 42 (partie 1)
Delilah me presse la main et me couve du regard.
— Tu es sûre de toi ?
Je hoche la tête et esquisse un sourire qui ne tarde pas à s'envoler, emportée par mon chagrin.
— Oui, je souffle à contrecœur. Je dois le faire. Ce serait un aveu de faiblesse que de te laisser faire les cartons à ma place.
Bien sûr, ce que je ne lui dis pas, c'est que j'en ai besoin pour aller de l'avant et tourner la page. Je dois ranger mes affaires moi-même et fermer ces cartons de mes propres mains comme si j'y enfermais tous mes souvenirs et tous mes sentiments. Je dois tout emballer pour ne plus jamais les ressortir.
J'inspire profondément puis ouvre la porte pour sortir du taxi en compagnie de ma belle-mère. Traverser le hall d'entrée s'avère être une épreuve mais je prends sur moi et ignore les regards qui me détaillent avec insistance. Je garde les yeux rivés devant moi, vers mon futur.
Enfin, l'ascenseur arrive à destination et les portes s'ouvrent sur l'immense salle de bureaux où j'ai passé ces derniers mois, où j'ai vécu tant de moments forts, tant d'évènements incroyables.
Je traverse les allées sous les regards intrigués, mais très vite, je ne les vois plus. Les bureaux s'effacent pour laisser place aux souvenirs. Je me revois entrer pour la première fois ici, brisée mais rêveuse. Je revois mes premiers échanges avec Jayden après nos retrouvailles. Je nous vois travailler main dans la main pour mettre Bruce Payne derrière les barreaux. Et à quelques pas de là, je nous vois tournoyer sur Histoire Éternelle, tel des fantômes de mon passé.
Je déglutis et ferme brièvement les yeux. C'est aussi ici que j'ai senti mon cœur se briser quand ils se sont fiancés. Et il a continué de se briser encore et encore à chaque fois qu'on s'est disputés. Mais ça m'a aussi rappelé que j'étais encore en vie, que mon cœur battait encore.
Et il continuera à battre.
Delilah me sourit tendrement avant de me quitter pour aller travailler. Anxieuse, je m'avance vers le bureau que je partageais avec lui. Rien n'a bougé depuis hier. Il y a toujours mon ordi, mes feuilles éparpillées, mon pot rempli de crayons, une photo encadrée de ma famille ou encore cette horrible liste de règles accrochées à la cloison entre mon espace et le sien.
Sur sa partie du bureau, il y a toujours son ordinateur mais le café a été nettoyé. Et comparé à moi, il n'a rien mis de très personnel.
— Belle ?
Mon cœur manque un battement et je fais volteface. Il est là. Lui aussi.
On se détaille du regard, le cœur lourd, un nœud dans la gorge.
Et même si on ne dit rien, même si on ne s'excuse pas, ça ne servirai à rien , on voit bien qu'on s'est fait énormément de mal.
Comme moi, ses yeux sont rougis et gonflés d'avoir trop pleuré, et d'importantes cernes se démarquent sur son teint cireux. Et comme moi, il n'a pas pris la peine de se coiffer. Ses cheveux sont encore plus en bataille que d'habitude.
— Belle, il faut qu'on parle. Sans toi je...
Il est interrompu par la voix de Monsieur Clayton qui crie :
— Il est là !
Nous sursautons et pivotons vers la mezzanine d'où descendent le directeur et deux policiers.
On échange un regard paniqué, oubliant soudain toute notre rancune envers l'autre. Un immense brouhaha envahit la pièce et je frissonne en imaginant la trentaine de regards rivés sur nous. Consternée, je regarde en silence les deux policiers me contourner pour saisir Jayden par les bras.
Il commence automatiquement à se débattre.
— Mais lâchez-moi ! Qu'est-ce que j'ai fait ?!
Un des policiers, impassible, répond :
— Jayden Summers, nous vous arrêtons pour enlèvement et maltraitance à l'encontre de la chienne de Henry Clayton. Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal.
Jayden fronce les sourcils, l'incrédulité déformant ses traits.
— Je ne comprends pas, s'exclame-t-il, perdu.
— Ne faites pas l'innocent ! aboie Henry Clayton. Nous avons des preuves que vous avez kidnappé ma chienne Diva ! Nous l'avons retrouvée chez vous ce matin-même, la patte cassée et assoiffée ! Vous êtes un monstre !
Jayden écarquille les yeux et commence à se débattre avec plus de force.
— Quoi !? Mais c'est n'importe quoi ! J'ai pas mis les pieds chez moi de la nuit ! J'étais dans un bar de Brooklyn !! Le barman pourra témoigner ! Lâchez-moi ! Je suis innocent !
Abasourdie, ne sachant plus quoi penser, je regarde Henry Clayton plaquer une main sur son cœur et afficher un visage scandalisé avant de s'égosiller :
— Vous avez entendu ?! Il s'est bourré toute la nuit ! C'est sûrement ça qui l'a poussé à faire du mal à ma petite chienne ! Il a voulu se venger de moi et ma fille !
Je fronce les sourcils et regarde tour à tour le directeur du New York Times et les policiers. Ils croient vraiment à son histoire ? Ça crève les yeux qu'il ment !
Entre les deux policiers, Jayden s'agite de plus belle, complètement paniqué.
— Non ! Vous mentez !!
Il rive ses yeux dans les miens tandis que les policiers le traînent vers la sortie.
— Belle ! Je suis innocent ! Tu dois me croire ! Belle ! Belle !
Les policiers raffermissent leurs prises sur les bras de Jayden pour le forcer à se retourner.
— Calmez-vous ! ordonne l'un des deux.
Mais il fait tout l'inverse et s'agite de plus en plus violemment, jusqu'à donner un coup de coude dans le visage d'un des deux agents puis un coup de pied dans le tibia de son collègue.
J'écarquille les yeux, surprise de le voir s'élancer vers moi, le visage complètement déformé par la peur.
— Belle ! Tu dois me croire !
Les policiers lui courent après et arrivent enfin à le rattraper alors qu'il n'est plus qu'à un mètre de moi. Malgré tout, il continue de se démener pour m'atteindre, tendant une main désespérée dans ma direction.
Sans vraiment savoir pourquoi, peut-être est-ce la détresse ou les larmes dans ses yeux, mais je tends la main à mon tour. Nos doigts se rencontrent et je lui saisis la main. Son visage s'apaise brusquement et ses lèvres s'agitent silencieusement, articulant cinq mots.
Alors qu'il est en mauvaise posture, que sa vie est sur le point de partir en vrille, qu'il est tabassé par deux policiers, c'est à moi qu'il pense. Il me murmure cette phrase qui n'a rien avoir avec l'instant présent et fait battre mon cœur à cent à l'heure.
— Je suis désolé pour tout.
Puis sa main glisse de la mienne.
En état de choc, je les regarde l'emmener vers la sortie sans rien faire, complètement impuissante. Il continue de se débattre et crier qu'il est innocent et même une fois qu'il n'est plus là, j'ai l'impression de toujours l'entendre. Même quand il n'est plus là, je continue de fixer le vide.
Finalement, c'est Henry Clayton qui me ramène à la réalité.
— Vous voyez, au final, c'est vous qui avez perdu.
Je cligne des yeux, choquée par le ton narquois et victorieux qui teintait sa voix.
Quand il comprend enfin que je ne répondrai pas, il s'en va en soupirant et je me retourne vers les portes de l'ascenseur qui ont avalé Jayden il y a quelques secondes. Puis lentement, mon regard descend plus bas, jusqu'à mon poing fermé, qu'il tenait il y a à peine un instant.
Un à un, je soulève les doigts, révélant l'objet qu'il m'a laissé.
Mon souffle se coupe et mon cœur s'arrête.
C'est une bague.
Mais pas n'importe laquelle. C'est l'anneau que je lui ai offert pour son anniversaire il y a deux ans. Je lui avais passé au pouce en lui promettant qu'un jour, je lui passerai à l'annulaire. C'était la promesse qu'un jour, on se marierait. La promesse qu'on s'aimerait toujours.
Une larme perle le long de ma joue et mon visage se tord, incapable de contenir les centaines d'autres qui vont suivre. Il l'a gardée tout ce temps.
Je ne m'en aperçois que maintenant, mais il l'a toujours eue à la main. Du jour où je l'ai revu à aujourd'hui. Il attendait juste que je me rappelle ma promesse. Que je me rappelle que je l'aimerai toujours.
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Tadaaaaaaa ! Je vous avez pas dit que vous étiez pas au bout de vos surprises ?!?
Petit un : vous ne pouvez ni me kidnapper ni me tuer. Ne serait-ce que parce que vous n'aurez pas la suite sinon. Donc ranger vos pelles.
Petit deux : Vous vous y attendiez pas, hein ?? Avouez-le, je vous ai surprise sur ce coup là !
Petit trois : Vous avez un peu aimé quand même ?
Sinon, vous pensez que ça va bien se finir cette histoire ?
Flore a-t-elle aidé son père ?
Que va faire Belle ? Piéger Henry ? Aller voir des journalistes ? J'écoute vos idées !
Bon, après... on peut au moins noter un point positif. Belle s'est rendu compte que Jayden l'avait toujours aimé elle est personne d'autre. Que son cœur l'avait toujours choisi, même quand sa bouche disait le contraire ou que son cerveau le pousser à faire le mauvais choix.
Bref, vous aurez la seconde partie dans la semaine sûrement !
BISOUS PAILLETÉS !! 😘✨
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