Chapitre 30
EL PERDON de Enrique Inglesias.
La culpabilité est un sentiment très puissant. Parfois dévastateur. Il nous ronge de l'intérieur jusqu'à éteindre la moindre étincelle de raison.
C'est pour ça que même si ça va bientôt faire deux mois, jà chaque fois que je vois Lei, je lui demande la même chose. Ils se sont remis ensemble mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui et Kiko.Parce que j'aurai à jamais le poids de mes erreurs sur mes épaules. J'ai failli les briser et je ne suis pas sûre de pouvoir un jour l'oublier et les regarder comme si de rien n'était.
J'inspire profondément puis pose mes doigts sur les touches si familières de mon piano. Et je joue. Encore et encore. Jusqu'à ce que mon corps, mon âme et mon cœur se relâchent.
Enfin, ma voix s'élève dans l'air et chasse le silence.
Depuis que j'ai entendu cette chanson, elle m'obsède. C'est un cover français de « El Perdón ». Bien sûr, je connaissais la vraie version en espagnol d'Enrique Iglesias, mais la traduction et remix qu'a fait la chanteuse Sara'h m'a tout de suite transportée. Ça me correspondait tant que mon cœur s'est mis à tambouriner si fort que j'ai cru que ma poitrine allait se déchirer.
Et depuis, elle ne me lâche plus. À chaque instant, je fredonne les paroles :
— Dis-moi si c'est vrai,
On m'a dit récemment que tu l'épousais,
Depuis j'ai l'impression d'étouffer,
Et j'ai besoin de te le dire,
Raconte-moi
Ce que je n'ai pas qu'elle pourra t'offrir,
J'étais prête à tout pour te voir sourire
Mais ça ne suffisait pas.
Partout je te cherchais
Sans trop savoir où aller,
J'en ai perdu les mots,
Partout je te cherchais
Sans trop savoir où aller,
Espérant des jours plus beaux.
Est-ce que moi sans toi, toi sans moi,
On pourra un jour être heureux ?
Même si ça ne me plaît pas,
Même si ça ne me plaît pas.
Est-ce que moi sans toi, toi sans moi,
On pourra un jour être heureux ?
Même si je n'y crois pas,
Même si je n'y crois pas
Je m'apprête à entamer un autre couplet quand ma sonnerie m'interrompt, coupant court à ma chanson. Je m'empare de mon cellulaire et décroche, stoppant la mélodie du générique d'Harry Potter.
Je me demande pourquoi Jayden m'appelle de si bonne heure. Puis soudain, un grognement de lutte traverse New York jusqu'à moi et mon souffle se coupe.
— Jayden ? j'appelle, inquiète.
Le téléphone émet un grésillement, comme s'il tombait par terre.
— Jayden !
Enfin j'entends quelque chose de rassurant. Sa respiration. Affolée. Irrégulière. Mais sa respiration. Il va bien.
— Belle..., commence-t-il la respiration sifflante. Pars ! Loin !
Du verre éclate de son côté, me faisant sursauter.
J'entends à nouveau sa respiration haletante puis des pas marteler le sol avant qu'il ne reprenne :
— Ils m'ont trouvé... Cache-toi avant que...
Je n'entends pas la fin de sa phrase, seulement son cri de douleur qui me glace le sang et me brise de l'intérieur.
Le silence qui s'ensuit est une torture. Je crispe les doigts sur le téléphone et retiens mon souffle pour être sûre d'entendre à nouveau sa respiration. Mais ça n'arrive pas. Il n'y a plus aucun bruit, plus aucun signe de vie, à tel point que je me demande si son téléphone ne s'est pas cassé.
Mais, soudain, une voix rauque résonne au bout du fil. Une voix qui vibre de colère. Qui respire le danger. Qui rappelle la mort.
— Tu peux dire adieu à ton copain, ma belle.
Un cri d'impuissance jaillit d'entre mes lèvres alors même que la communication prend fin.
Je me lève précipitamment de mon tabouret, attrape ma veste et fourre la clef USB dans la poche. Si Jayden a des problèmes, c'est forcément à cause d'elle. De cette fichue vidéo qui s'y cache.
Il nous a retrouvés et il veut la récupérer.
Ou alors...
Nous éliminer.
O O O
Je fais tout l'inverse de ce qu'il m'a dit de faire. Je fonce droit dans la gueule du loup. Droit vers Jayden.
J'escalade les escaliers de son immeuble quatre à quatre, surpassant mes conditions physiques. Mon cœur martèle dans ma poitrine si vite que je risque à tout instant l'arrêt cardiaque. Ma respiration est si saccadée, si insuffisante, que mes poumons s'enflamment.
Mais je n'en ai que faire. Tout ce qui m'importe en cet instant. C'est Jayden !
Quand j'arrive devant sa porte entrouverte, je me fige terrorisée par ce que je vais y trouver. S'il est... non, je n'ose même pas l'imaginer.
J'inspire profondément et pousse doucement la porte. Au passage, je m'empare d'un parapluie sur le portemanteau et le brandis devant moi comme une batte de baseball, prête à frapper.
Mais dès que j'arrive dans le salon, je suis tétanisée par la surprise et mon arme m'échappe des mains.
Toute sa pièce à vivre n'est que dévastation.
Tous ses cartons, ses meubles, ses vêtements, ses décorations gisent par terre dans des débris de verres.
Et au milieu de la pièce, il est là, étalé sur le sol. Un hoquet de stupeur m'échappe et je me précipite vers lui, m'agenouillant à ses côtés.
Je plaque ma main sur ma bouche en voyant tout ce rouge. Tout ce sang.
Son t-shirt en est imbibé. Son sol en est recouvert. Et son visage en est sali.
Je soulève son vêtement et mon cœur manque un battement en voyant la plaie béante qu'a laissée un couteau dans son abdomen.
Les larmes menacent de jaillir, mais je me reprends. Il y a plus urgent.
La main tremblante, j'appuie deux doigts contre son cou à la recherche de son pouls.
Soudain, une larme se faufile sur ma joue. Mais ce n'est pas de la tristesse. Ni du désespoir. C'est du soulagement. Son pouls est faible. Sa poitrine se relève à peine. Mais il est en vie.
Je m'empresse d'appeler les urgences puis de me remémorer les gestes de premiers secours que j'ai appris. Vérifiant au préalable qu'il n'y a pas de corps étranger, je retire mon t-shirt que j'utilise pour compresser la plaie. Je retire ensuite ma ceinture pour maintenir la compresse, serrant juste assez pour stopper l'hémorragie.
Soufflant un bon coup, je ferme les yeux pour me rappeler la position que je dois lui faire adopter. Je dois l'allonger sur le dos en surélevant ses jambes bien à l'horizontale. Je peux le faire. Je dois le faire.
Je cours chercher une pile de coussins que je place délicatement sous ses jambes. Après ça, je m'accroupis à côté de lui et serre sa main dans la mienne. Je la serre de toutes mes forces. Je la serre pour le retenir avec moi.
Sans même que j'y réfléchisse, mes doigts frôlent sa tempe puis sa joue, dessinent le contour de sa mâchoire, caressent ses lèvres et apprécient son souffle chaud. Son souffle de vie.
— Je t'interdis de me quitter, Jayden, je murmure.
Il ne bouge pas d'un iota, insensible à mon ordre désespéré.
— Je te l'interdis, tu m'entends ! je répète plus fermement. Si tu m'abandonnes maintenant, je te tue !
Rien ne se passe et je soupire, rentrant ma tête dans mes épaules. Je ne veux pas qu'il meure. Je ne veux pas... Je retire tout ce que j'ai pu penser ou dire lorsque je lui en voulais. Je ne veux pas son malheur.
Je veux qu'il vive. Qu'il soit heureux. Même si ce n'est pas avec moi.
Alors que je continue de fixer son visage neutre, figé dans le marbre, je ne peux m'empêcher de penser qu'il ressemble à sa pauvre sœur. La pauvre Harmony qui ne reverra jamais le jour. Je ne veux pas que les deux jumeaux Summers suivent le même chemin.
Je me mords la lèvre, l'anxiété me tordant le ventre.
Puis subitement , je sens quelque chose me frôler la main et je baisse les yeux sur ses doigts tremblants qui tentent de se lier aux miens.
— Belle, murmure-t-il.
Je relève la tête et le fixe, pleine d'espoir. Ses yeux papillonnent doucement avant de s'entrouvrir.
— Tu es venue...
Il esquisse un sourire qui se transforme en grimace tant ce simple geste lui coûte.
— Tu es une vraie tête de mule, siffle-t-il avec difficulté .
Je me mords la lèvre pour ne pas pleurer.
— Je suis désolée, je lâche dans un sanglot. Tout est de ma faute ! Si je n'avais pas voulu faire cet article... si je ne nous avais pas entraînés dans les problèmes... Rien de tout ça ne serait arrivé ! Tu ne... Tu ne serais pas...
Un sanglot m'agite, m'empêchant de terminer ma phrase.
Il me presse la main et m'adresse un sourire rassurant, ses yeux à peine ouverts.
— Chut, arrête de dire des bêtises.
Je m'essuie les yeux et un rire nerveux s'échappe d'entre mes lèvres.
— Je suis vraiment nulle. C'est toi qui est à l'article de la mort et c'est toi qui me réconforte.
Il esquisse une grimace.
— C'est si moche que ça ?
Je me croque la lèvre et repousse délicatement une mèche devant ses cheveux.
— Mais non, t'es toujours aussi beau.
Il commence à rigoler avant de se crisper brusquement. Son visage se déforme sous le coup de la douleur.
— Ah merde... Ne me fais plus rire comme ça, Belle. Ça fait trop mal.
J'esquisse un sourire triste puis caresse sa pommette de mon pouce, traçant des arcs de cercle dans le sang.
— Que s'est-il passé ?
Il serre les dents et je me demande si c'est à cause des souvenirs ou de la douleur.
— Ils... ils sont entrés en trombe. Ses hommes. Les deux-mêmes qu'en bas du Times. Ils voulaient la vidéo. De vraies machines de combat... des machines à tuer. Je n'ai rien pu faire.
Je déglutis en le voyant serrer les paupières.
— L'un m'a couru après avant de me clouer au sol et me rouer de coups et... et l'autre retourner l'appartement à la recherche de la moindre cassette, clef usb ou appareil susceptible d'avoir cette vidéo. Ils... Ils ont cassé mon ordinateur puis mon téléphone, volé mes clefs usb. Dont l'une où était bien la vidéo.
Je lui presse la main, terrorisée par ce qu'il me raconte.
— Ils ont pris un malin plaisir à me tabasser jusqu'à m'extorquer qu'il existe bien d'autres copies de la vidéo. Mais je leur ai dit qu'ils pourraient me taper autant qu'ils voulaient, ils ne les auraient pas. Elles n'étaient pas ici. Ils ont deviné que c'était toi qui les avait, ils m'ont demandé où t'habitais, Belle. Et c'est génial !
Il esquisse un sourire tremblotant et je fronce les sourcils.
Qui a-t-il de réjouissant à savoir que des mercenaires cherchent où j'habite en ce moment ?
Ses yeux papillonnent, de moins en moins capables de rester ouverts. Ses pupilles aussi ont du mal à rester rivées sur un point précis.
— C'est fabuleux, tu te rends compte ? Il ne savent pas où tu habites ! Ils ont dû apprendre pour moi à cause de toute la médiatisation autour du mariage mais toi... toi, ils ne savent pas. Ils ne savent pas...
Je lui agrippe les épaules en voyant ses yeux se révulser, son étrange sourire béat sur le visage.
— Jayden ! Jayden, reste avec moi ! Jayden ! Jayden, ne m'abandonne pas !
Il rouvre les yeux, les posant avec difficulté sur moi.
— Je leur ai pas dit, Belle.
Mon cœur s'accélère dans ma poitrine.
— Je n'ai pas parlé. Je ne voulais pas qu'ils te fassent du mal. Même quand ils ont commencé à me menacer. J'ai rien dit... Tu vois que j'ai changé. Tu peux me faire confiance. Plus... Jamais... Tu...
Sa tête bascule en arrière et je lui tapote la joue. Je suis presque sûre qu'il ne doit pas s'endormir. Il faut qu'il reste parmi nous. Même s'il délire.
— Plus jamais tu ne...
Sa respiration se fait plus saccadée.
— Souffriras.
Mes doigts se crispent sur son épaule.
— Jayden, soufflé-je, les larmes perlant au coin des yeux.
Il trouve la force de redresser une dernière fois la tête pour me fixer dans les yeux avant de murmurer :
— Je veillerai sur toi, là-haut, Belle.
Et sur ce, sa tête retombe contre le lino et je me mets à hurler. Je pousse un cri à m'en briser les cordes vocales et à vriller les tympans. Un cri qui me déchire l'âme.
— Jayden! Je veux pas que tu partes ! Jayden !
Ses doigts se dressent et sa main retombe mollement.
— Jayden ! Je hurle, hystérique. C'est ici que tu dois veiller sur moi ! Jayden ! Ne m'abandonne pas. J'ai-j'ai... besoin de toi.
J'ai beau l'appeler, il ne me revient pas.
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Bon... je vous demande pas si vous avez aimé, hein.
Mais sur une échelle de 1 à 10, à quel point vous m'en voulez ?
Oui, je sais, je suis la reine des sadiques. Mais au moins, maintenant, Belle se rendra peut-être compte de ce qu'elle ressent pour lui !
N'empêche, personne n'est encore mort. Pour l'instant.
Question du jour :
Quand reprenez-vous les cours, et en quelle classe entrez vous?
Moi, en Terminale, mais je stresse pas trop. Et vous non plus, ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Respirez, relativisez et ne vous mettez pas trop la pression. Vous ne jouez pas votre vie sur un contrôle.
Et pour ceux qui ont finis, les cours, bas bon travail !
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Pleins de bisous PAILLETÉS !
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