Chapitre 26
Après le coup d'éclat de l'autre jour, je dois me rendre plusieurs fois chez le médecin pour qu'on arrive à établir un diagnostic.
Le médecin soutient que, s'il est évident que j'ai subi une période de dépression assez importante, je vais mieux depuis quelque temps. Il refuse donc de me prescrire le moindre médicament, peu importe sa nature.
Et il est possible que j'ai mal réagi à cette annonce.
Et j'avoue que ça n'a pas vraiment été mieux après. Pendant les premiers jours, j'étais à fleur de peau et si je ne hurlais pas sur quelqu'un, c'est que je pleurais dans un coin. En fait, après réflexion, j'étais un peu comme les fumeurs qui essayent d'arrêter la cigarette, mais... en un peu plus excessif.
Cependant, j'ai tout fait pour que ça marche car, à présent, j'ai le soutien des miens. De ma famille, de mes amis et c'est la meilleure thérapie qu'on pouvait me prescrire (même s'ils ont quand même tenu à ce que j'aille voir un psy...)
Pour eux, je suis prête à me battre. Parce que si je replonge, que je retouche à ces médocs, ils seront moins tolérants. Et au lieu de me tenir la main en allant à ma première séance chez la psychologue, ils me la lâcheront devant un centre de désintox.
N'empêche, en un mois, j'ai déjà fait beaucoup de progrès et je suis fière de moi. Je crois même que je me suis pas sentie aussi légère et en bonne santé depuis longtemps. Je suis passée d'une fille brisée, à une fille en voix de guérison.
— Belle ! Viens dire à Lou qu'on ne fera pas cette fichue tradition démodée de la jarretière !
Je repose mon crayon et ferme les yeux. Je les aime. Vraiment. Mais, à ma plus grande surprise, les voir douze heures par jour, c'est insupportable. Surtout que depuis qu'elles sortent ensemble, on aurait pu croire qu'elles arrêteraient leurs chamailleries, mais non.
— Mais je te dis que la tradition est pas pareille ici !
— M'en fous ! rétorque Lexie.1...2...3...
— BELLE !! hurlent-elles en cœur.
Je soupire et attrape mon petit carnet que je glisse dans ma poche. Une de mes thérapies est d'écrire tout ce qu'il me vient à l'esprit. Et c'est fichtrement détendant. Surtout que moi, j'ai décidé de faire mieux. Je n'écris pas quelques pensées futiles qui me viennent sur l'instant. Non. J'écris mon histoire. Tout ce qui m'est arrivé ces deux dernières années. Pour tout évacuer. Et aussi parce que, même si j'ai retrouvé mes souvenirs, je reste traumatisée par mon amnésie, je ne veux plus rien oublier. Aussi dur que cela soit.
J'entre dans la salle à manger où mes deux amies se disputent.
— Dis-lui ! Dis-lui qu'elle a des goûts de chiottes ! s'énerve Lexie.
— Alors ça veut dire que je dois pas avoir de goût pour sortir avec toi ! réplique Lou du tac au tac.
Je soupire et m'assois, en attendant de pouvoir en placer une.
Quand enfin une chance de parler se présente à moi, je me la fais voler par Mackenzie :
— Si ça peut vous aider, vous avez toutes les deux des goûts de chiottes ! Tellement que toutes vos idées flottent encore dans les toilettes avec les merdes !
Je ferme les yeux et grimace.
Mon dieu, sœurette, qu'est-ce qu'on va faire de toi !?
Un silence répond à ma demi-sœur et je l'imagine esquisser son éternel sourire diabolique. Et étrangement, ça me fait rire.
Je rouvre les yeux et tombe des nues en voyant Lexie et Lou qui la fixent, bouche bée. Ma sœur a trouvé comment les faire taire...
Enfin, Lou lâche en anglais :
— Tu trouves pas qu'elle te ressemble ?
Lexie cligne des yeux, sous le choc.
— On dirait une mini moi.
Je souris, amusée. Soudain, un sourire béat se dessine sur le visage de Lexie.
— Je l'aime bien la gamine, finalement.
Mackenzie ébauche un petit sourire arrogant.
— Évidemment que tu m'aimes. L'inverse est impossible. Et sur ce, elle tourne les talons avec grâce pour aller orchestrer un autre coup tordu.
Je m'apprête à m'exprimer sur le sujet quand on toque soudain à la porte d'entrée. Les filles se tournent vers moi, surprises.
— Qui est-ce ?
Je me lève et me passe la main dans les cheveux, gênée.
— Oh eh bien... j'ai rendez-vous avec Jayden.
Je vois leurs yeux s'arrondir et leurs mâchoires se décrocher.
— Il y a vraiment un truc qui tourne pas rond dans ta tête, grommelle Lexie.
— Ça tourne carrément carré, renchérit Lou.
Lexie se tourne vers elle avec un regard compatissant.
— Heureusement que t'as d'autres qualités parce que l'humour... c'est franchement pas ça.
Lou l'ignore royalement, trop concentrée à me dévisager comme si j'étais folle.
— C'est pas ce que vous croyez. On se fait juste une petite réunion de travail au resto. Pour faire le point sur notre enquête. Vous savez, on est au point mort... Lou hausse les épaules.
— Si la police ne vous écoute pas, envoyez tout au FBI.
Lexie fronce les sourcils.
— Ça ne marche pas comme ça, mon cœur.
Je fronce les sourcils. Et si... ?
— Attendez ! Et si c'était la seule solution ?
Les filles pivotent vers moi, ahuries.
— Heu... Belle. J'ai dit ça comme ça, j'étais pas sérieuse. Enfin tu sais que mes idées sont rarement potables.
Lexie approuve d'un signe de tête.
_ T'as entendu ce qu'a dit Mackenzie à ce propos.
Je rigole.
— D'accord. Bon, j'y vais alors.
Lexie soupire mais je l'ignore. Je suis déjà loin.
Alors que de nouveaux coups se font entendre, je me précipite à la porte.
— J'arrive !
J'ouvre la porte en coup de vent et son poing s'abat sur mon front.
J'écarquille les yeux et il s'empresse de retirer sa main, gêné.
— Désolé... J'avais pas entendu que t'arrivais.
J'ébauche un sourire de travers, avant d'attraper ma veste.
— Papa, j'y vais !!
J'attends sa réponse une seconde, avant de le regretter amèrement en entendant ses pas précipités se rapprocher.
Je soupire en le voyant débarquer dans son tablier blanc avec inscrit en gros « Tu nem pas ? » juste en-dessous du dessin de plusieurs nems. Plus embarrassant, tu meurs. Et pourtant...
— Oh, Jason ! Content de te voir ! s'écrit mon père en lui attrapant vigoureusement la main.
Je le soupçonne d'ailleurs de la broyer.
— Jayden, monsieur.
— Où emmènes-tu ma fille ce soir, James ?
— Je te l'ai déjà dit ce matin, papa !
À côté de moi, mon ex sourit de plus belle.
— Je m'appelle toujours, Jayden. Ça n'a toujours pas changé.
Mon père lui lâche la main et fait mine de l'ignorer pour se tourner vers moi.
J'adresse un sourire contrit à Jayden avant de me tourner vers mon Daddy. Je l'adore, mais il m'agace à s'amuser à se tromper sur son prénom. Je ne comprends même pas pourquoi il fait ça... Pour le tester ? Pour essayer de le décourager ? Ou juste car il n'a pas envie de montrer à Jayden qu'il a fait ses preuves et qu'il ne se croit pas tout permis. Pourtant c'est pas faux de lui avoir répété en boucle qu'il n'y a rien entre nous deux.
Je sursaute en entendant mon père me parler en français, quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.
— Tu es revenue pour vingt-trois heures, grand max.
Je pince les lèvres, sentant les problèmes venir. S'il a changé de langue, ce n'est sûrement pas pour rien. En plus, il n'est pas au courant que Jayden parle aussi français.
Il dresse un poing devant moi et lève un doigt à chaque nouvelle recommandation.
— Pas de fête. Pas d'alcool. Pas de drogue. Et pas de sexe !
Je lance un regard catastrophé à Jayden qui pince les lèvres pour ne pas rire. J'esquisse un geste en direction de mon père pour le faire taire.
— Papa, il sait par...
Mais trop tard il se lance à nouveau et je me pince l'arête du nez et ferme les yeux, pour ne pas voir ça.
— Tu vas croire que je suis strict mais je m'en fais juste pour ma belle princesse. C'est vrai, tu es si parfaite. Tu tiens de moi car tu es intelligente, déterminée, confiante. Mais surtout une vraie beauté et tu sais bien que...
— Daddy ! gémis-je, le rouge me chauffant le vissage.
— Fais pas cette tête, j'essaie juste de te prévenir. Aujourd'hui les mec sont tous des abrutis qui ne pensent qu'à ça. Ils ont le cerveau dans le caleçon, alors je m'inquiète pour toi, je suis quand même ton père !
Je serre les paupières et grimace. Jamais je ne pourrai oublier le discret ricanement de Jayden dans mon dos.
— Papa ! insisté-je en ouvrant les yeux pour le fusiller du regard.
Il recule et lève les mains en l'air en signe de reddition.
— D'accord ! Je voudrais pas te mettre en retard. Mais viens pas te plaindre si tu tombes enceinte à vingt ans et que tu sais pas qui est le père !
Je lance un coup d'œil paniqué à Jayden. Il rit tant qu'il a été obligé de plaquer une main sur sa bouche pour ne pas éclater de rire.
Je commence à reculer vers la porte quand soudain mon père se redresse, un doigt en l'air pour signifier qu'il vient de se rappeler quelque chose.
Je grimace et tente de pousser Jayden vers la sortie avant de devoir subir ce second assaut. Mais trop tard, il m'appelle.
— Belle ! Je voulais aussi te dire..
Je pivote lentement vers lui en soupirant de résignation.
— Et surtout, si l'autre Don Juan qui t'accompagne veut tremper son biscuit, tu déclines gentiment. Et s'il insiste, tu utilises tes techniques de boxe pour réduire son biscuit en miettes.
Une grimace de pure honte déforme mon visage et je m'y plaque les mains. Je pensais que le repas de la dernière fois était la situation la plus gênante qui puisse exister, mais mon père s'est surpassé. Mon visage est si brûlant que j'ai l'impression qu'il ne retrouvera jamais sa température normale.
C'est le moment que choisit Jayden pour intervenir avec un petit sourire en coin. En français bien sûr, pour bien montrer à mon père qu'il a tout suivi.
— Le Don Juan, comme vous dites, emmène juste votre fille au restaurant pour travailler. Il est donc évident que ses yeux seront au-dessus du buste, ses mains sur la table, et que le biscuit restera dans son paquet. Et pour ce qui est de la fête, de l'alcool ou de la drogue, ça va de soit que c'est niet.
Je relève les yeux et assassine mon père du regard.
Il esquisse un sourire gêné.
— Ah... C'était ça que tu essayais de me dire.
Je serre les dents et hoche la tête avec un regard lourd de reproche.
— Oui, papa. J'essayais de te dire que Jayden parle couramment français car il est Franco-Américain.
Il grimace et se passe une main dans les cheveux.
— Dans ce cas... Bonne soirée !
Je le fusille du regard une dernière fois, juste avant qu'il nous claque la porte au nez. À côté de moi, Jayden est plié de rire. Il en pleure même.
Soudain, il se redresse et crie à travers la porte :
— Comptez sur moi, monsieur, pour ne pas vous la ramener ivre, stone et enceinte à seulement 20 ans !
Je l'entraîne en bougonnant et il hurle de nouveau :
— Ou je ferai au moins en sorte qu'elle connaisse le père !
C'est plus fort que moi, cette fois, j'explose de rire. Je l'attrape par la main et cours vers l'ascenseur avec lui avant que mon père ne nous rattrape, paniqué.
**********
OMG j'espère que ça vous a fait rire aussi car sinon c'est très gênant pour moi 😂😅.
Ah oui... et bonjour !
Du coup, vous pensez que ça va être comment ce dîner ? Romantique... Complice... Explosif ?
Franchement, si vous me connaissez bien vous savez déjà la réponse ! 😂
Et désolée d'avoir eu un peu de retard, le prochain arrive le plus vite possible. Mais autant que ma pauvre condition d'humaine me le permette alors pas besoin d'écrire un message avec « ssuuuuuiiiiiitttttte ». Et même s'il n'y a qu'une personne qui le faite, ce n'est pas très sympa pour moi que ce soit le seule chose qu'on me dise. Je ne suis pas un elfe de maison et j'ai passé beaucoup de temps à écrire !
Gros bisous et j'espère que vous passez de très bonnes vacances !!! Attention aux coups de soleil, ne faites pas comme moi !
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