Chapitre 24


Je cligne des yeux pour m'adapter à la lumière. Où suis je ?

Soudain un souffle me caresser le cou et je me fige. En ouvrant grand les yeux, je suis surprise de voir le visage de Jayden à seulement quelques centimètres du mien. Sa tête repose sur son coude replié. Il a l'air en paix, les traits détendus et un léger sourire au coin des lèvres, comme s'il faisait un rêve agréable.

Je me rappelle maintenant. Hier, j'étais si bourrée que le barman l'a appelé pour qu'il vienne me chercher, ce qu'il a fait. Et maintenant on est... dans les bras l'un de l'autre.

Je suis même si près de lui que je pourrais compter chacun de ses cils et l'embrasser du bout des lèvres sans avoir à bouger d'un millimètre. Et c'est justement ça le problème.

Un poids se déplace sur ma côte et je comprends, en baissant les yeux, que son bras est enroulé autour de moi. Ses doigts qui bougent sur ma taille me font frissonner de la tête aux pieds.
Je n'arrive pas à croire qu'il me tienne pressée contre lui comme si je lui appartenais. Comme si j'étais sa chose, sa bouée de sauvetage ou juste sa copine. Comme s'il avait peur que je m'envole.

Ainsi collés, pas une seule parcelle de mon corps n'est pas en contact avec le sien. Nos jambes sont emmêlées ensemble comme des lianes. Ça me rend folle. Mes foutues hormones se réveillent et les flammes d'un feu que je croyais éteint depuis longtemps se ravivent. Elles me consument toute entière. Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'il le remarque.

Soudain, son genou remonte entre mes cuisses nues et j'écarquille les yeux, le souffle coupé.

Je ne peux pas rester là. Pas alors que son corps si chaud m'enveloppe comme si on ne s'était jamais quitté, alors que son parfum envoutant m'empêche de penser raisonnablement et que son souffle me vole mon oxygène. Si je ne bouge pas vite, je vais commettre un acte que je risque de regretter amèrement.

Je me dégage sans ménagement et me dirige vers la cuisine, presque coupable de briser son instant de repos, alors même que je l'ai fait se lever au milieu de la nuit pour moi. De plus, il avait l'air si bien...

Je me laisse tomber sur le canapé sans ménagement et hoquette en sentant quelque chose sous moi. Je m'attends à extirper de sous les coussins la télécommande, mais je tombe des nues en exhibant une peluche de sous moi.
Mon cœur manque un battement et je cligne des yeux, sous le choc.

C'est La Belle.

Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait offert comme peluche La Bête en tant qu'ami tandis qu'il avait de son côté la princesse Belle. Je ne sais pas quoi en penser. Il l'a sûrement achetée peu après que je l'ai quitté, mais alors pourquoi m'offrir La Bête ?!

Je ne peux pas croire qu'il puisse encore serrer contre son cœur une peluche à mon « effigie » comme si de rien n'était. Il est gonflé de ne pas l'avoir jetée !

Une porte claque dans le couloir et je m'empresse d'enfouir à nouveau la peluche sous un oreiller et sauter sur mes pieds, non sans un mal de tête cuisant. Je ne dois pas être belle à voir par ce matin d'après-fête.

Il apparaît dans la cuisine, les cheveux en bataille et le t-shirt froissé. Il s'étire en bâillant puis rive son regard dans le mien.
Et c'est en se regardant l'un l'autre, les yeux grand écarquillés et la mine affreuse que je réalise qu'on doit avoir l'air d'un couple qui a passé la nuit ensemble, vu de l'extérieur.
Sauf que l'un a dormi tout habillé, son tee-shirt à l'envers trahissant l'empressement avec lequel il l'a enfilé, tandis que l'autre a dormi dans une robe de soirée, son maquillage coulant sur ses joues.

On se dévisage encore un moment jusqu'à ce qu'un grand sourire étire nos visages. Ça me rassure qu'on en rigole.

Il me tourne le dos pour faire un café, avant de faire à nouveau face dès que celui-ci est prêt.

— Je crois qu'il va te falloir une autre tenue pour aller au travail.

Je baisse les yeux sur ma robe bleu nuit, aussi froissée que tachée.

— Ah oui, vraiment ? répliqué-je avec une pointe de sarcasme.

Malgré la tasse devant ses lèvres, j'arrive à discerner son petit sourire en coin.

— Je dois avoir une tenue de Flore pour toi. Vous devez bien faire la même taille, non ?

Je le dévisage, bouche bée par sa proposition.
Il soupire et traîne des pieds jusqu'à un meuble, l'un des seuls de la pièce, et en sort du tiroir un tailleur rose poudré qu'il me montre.

— Non ! Je vais pas mettre ça ! Tu me vois mettre ce truc de Barbie milliardaire ?

Il fait la moue.

— Bien sûr que oui. Tout te va de toute façon. Et je voudrais que tu parles autrement de Flore, s'il te plaît.

Le ton dur sur lequel il prononce sa dernière phrase m'arrache une grimace. Puis il me tend l'ensemble avec un petit sourire et l'évènement disparaît de mon esprit.

— Et si elle reconnaît sa tenue ?

Il me regarde un instant, interdit, avant d'éclater de rire.

— Tu rigoles ? Son dressing est si grand et si souvent renouvelé qu'elle ne saurait identifier ce qu'elle a déjà mis. Elle se dira juste qu'aujourd'hui tu as drôlement bon goût.

Je fronce les sourcils.

— Ah parce que d'habitude ce n'est pas le cas ?!

Il rigole puis lance sur un ton taquin :
— Bien sûr que si. Tu es sortie avec moi.

Je pince les lèvres pour ne pas rire et l'observe se marrer tout seul. Ça fait du bien de le voir si joyeux.

Je m'avance vers lui et lui prends sa tasse de café des mains avant de la porter à mes lèvres. Il se calme et me regarde, outré. Je termine sa boisson et lui colle la tasse dans les mains.

— Arrête de dire des conneries, on va arriver en retard au boulot.

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Je sors de la voiture et souris en voyant les immenses lettres inscrites sur la façade de l'immeuble de l'autre côté de la rue. The New York Times.

Jayden sort à son tour et on se dirige vers un passage piétons pour traverser.

— Je croyais que les New Yorkais avaient tant l'habitude du flux intense de circulation qu'ils ne se préoccupaient plus des passages piétons ? le taquiné-je.

Il me jette un petit coup d'œil amusé.

— Pour les New Yorkais, pas de problèmes ! Mais je suis actuellement accompagné d'une Parisienne très peu attentive aux automobilistes.

Je le fusille du regard.

— C'est toi qui conduisait comme un taré !

On arrive sur le trottoir opposé et il se frotte le bras, gêné.

Je tente de garder mon expression fâchée mais peine perdue, j'explose de rire et il écarquille les yeux, perdu.

Il met plusieurs secondes à se détendre, mais ne rit pas pour autant.

— Tu ne m'en veux plus ? bégaye-t-il.

Je sèche mes larmes.

— Je vais pas te faire la tête éternellement pour quelque chose qu'on ne peut, de toute façon, pas changer. J'en ai marre de me prendre la tête.

Il me regarde, stupéfié, puis cligne doucement des paupières comme pour vérifier qu'il n'hallucine pas. Enfin, un sourire apparaît sur son visage.

— Dans ce cas, il va falloir que je t'emmène à Brooklyn, là où j'ai grandi.

Je souris.

— T'aurais pu le faire avant.

Il sourit.

— Tu verras, c'est là-bas qu'il y a les meilleurs cheese-cakes, les plus incroyables graffiti de toute la planète, et les artistes les plus cools du monde ! Je te montrerai tous ces endroits extraordinaires que peu de personnes connaissent ! Là-bas, c'est merveilleux.

Je rigole. Je n'arrive pas à croire que je revois enfin cette étincelle dans son regard ou cette expression enfantine qui n'éclaire son visage que quand il parle de son enfance ici.

— Il y a tant de films qui ont été tournés à Brooklyn ! J'ai hâte de voir ça ! Il paraît que l'amour est à chaque coin de rue !

Il se fige et nos regards se croisent, s'accrochent et s'embrasent.

— N'importe quoi, je t'ai rencontrée à une fête au coin d'une rue de Paris !

On écarquille les yeux en même temps, avant de se mordre les lèvres, tout les deux choqués par ce qu'il vient de dire.

Soudain il s'écrit :
— Oh merde !

Je m'attends alors à ce qu'il s'excuse et qu'il dise que c'est faux, une petite blague, mais il fait quelque chose de très différent. Il m'attrape par le bras et m'entraîne derrière une voiture garée le long du trottoir.

Il s'accroupit et m'ordonne :
— Baisse-toi !

Je fronce les sourcils, perplexe. Puis je tourne la tête vers le Times et comprends.
En bas du New York Times Building, deux hommes en costard cravate montent la garde et je ne tarde à pas repérer le minivan décoré du logo de Melody's Production garé juste devant l'immeuble .

Jayden me tire vers le bas.
— Cache-toi !

Je m'accroupis à côté de lui et on échange un regard inquiet.

— Comment Bruce sait qui on est ?!

Le visage de Jayden s'assombrit et il murmure :
— Le commissaire William.

Je déglutis. Qu'est-ce qu'on fait maintenant, hein !? Il sait où on travaille et il a envoyé deux de ses hommes de main pour nous... pour nous... Je suis prise d'un haut-le-cœur.

— Tu crois qu'ils nous attendent pour nous liquider?

Il secoue la tête.

— Non, voyons ! C'est un violeur, pas un meurtrier !

Je le fusille du regard.

— T'en sais rien ! On ne sait pas de quoi il est capable ! Il est dangereux.

Il baisse les yeux et je vois bien qu'il est aussi anxieux que moi. En vérité, il y songe aussi. Il ne veut juste pas m'inquiéter. Soudain, il les relève.

— Mais on a juste donné nos noms au commissaire... Comment est-il au courant qu'on travaille ici ? Et encore c'est même pas un vrai travail, juste un stage.

Je soupire. C'est pas le moment et pourtant je sens mon ventre se nouer à ce rappel. Oui, c'est juste un stage et à la fin, il n'en restera qu'un. Lui. Ou moi.

Il me ramène à la réalité.

— Attends, mais je sais ! C'est de la faute des cartes VIP qui ont été offertes au New York Time pour les Music Award ! Il y était noté qu'on appartenait au journal ! Il n'a eu qu'à demander aux agents de sécurité ! Puis il a ensuite fait le lien avec l'hôtel et le commissariat.

Je pince les lèvres.

— Ça n'arrange pas vraiment notre problème, Jayden.

Il sourit et je fronce les sourcils. Je n'aime pas son air de conspirateur, ça va mal tourner.

— L'avantage de ce genre de carte VIP, c'est que c'est facile à contrefaire. Il n'a aucune vraie preuve qu'on travaille ici. Tout ce qu'il nous manque, c'est quelqu'un de puissant qui marchera dans notre sens.

De grands sourires étirent nos visages tandis qu'on pense à la même personne. Flore !

Il l'appelle alors sur le champ et lui explique notre situation.

Dix minutes plus tard, elle débarque dans ses talons aiguilles à strass et sa robe rose bonbon à froufrous. Elle se poste devant les deux hommes qui ne bougent pas d'un iota. Je l'entends d'ici quand elle s'exclame avec autorité :

— Je vous demande de partir, s'il vous plaît ! Vous effrayez mes employés !

Ils ne bougent pas, leurs expressions toujours gravées dans la glace, impassibles.

— Nous avons des ordres, mademoiselle.

Elle place ses mains sur ses hanches et je devine d'ici qu'elle leur lance son regard de tueuse.

— Eh bien, allez les exécuter ailleurs ! Ici, vous êtes sur une propriété privée !

Je les vois exprimer leurs premières émotions depuis le début. L'amusement.

— La rue appartient à tout le monde ! se moque l'homme d'origine asiatique.

Elle se rapproche d'eux d'un pas menaçant avant de s'arrêter brusquement, son visage à quelques centimètres de celui qui vient de parler.

Elle pointe alors un doigts manucuré sur le sol à leurs pieds.

— Je ne rirais pas si j'étais vous ! Car il est écrit noir sur blanc dans des dossiers si compliqués que votre petit cerveau de Néandertal décérébré ne pourrait pas comprendre, que toute parcelle de terrain praticable sur un rayon de 3 m² autour du New York Times Building nous appartient.

Elle dit ça avec tant de rapidité et de véhémence que je frissonne. C'est fou comme elle respire l'autorité, le danger et l'importance.
Respect, vraiment !

Les deux agents écarquillent les yeux puis regardent leurs pieds avant d'échanger un regard.

Je crois qu'ils s'apprêtent à répondre quand elle les coupe :

— Mais vous savez qui je suis au moins ? Vous savez à qui vous vous adressez ?

Ils échangent un nouveau regard qui en dit long. Non.

Même de loin je vois son visage se tordre sous un élan de la colère.

— Je suis Flore Clayton. Fille de Henry Clayton, Directeur du plus célèbre journal du monde et accessoirement celui sur lequel vous vous tenez illicitement !

Je les vois déglutir et je souris. Ces gars sont des armoires à glace, complètement taillés dans le muscle, ils dépassent aussi Flore d'au moins une tête et malgré ça, elle les terrifie. Cette fille est aussi perfide et rusée qu'elle est gracieuse et intelligente. Les Clayton sont des tyrans de père en fille, génération après génération. Cette famille produit des dominateurs à la chaîne.

Je grimace. Et je suis dans son collimateur.

Elle s'approche du second homme, celui qu'elle n'a pas encore menacé en face à face.

Elle se poste devant lui et demande mielleusement :

— Vous avez des enfants ?

Il hoche nerveusement la tête, un pli d'inquiétude au milieu du front. Elle esquisse un sourire cruel.

— Alors ça serait dommage que vous vous retrouviez au chômage... Le loyer est si cher de nos jours... Et le prix de l'alimentation qui ne cesse d'augmenter. Ce serait bête que vos pauvres bambins meurent de faim, n'est-ce pas ?

Il cligne des yeux, hébété, et grosse erreur, il ne répond pas.

— Je vous ai posé une question ! aboie Flore.

Il recule, les yeux écarquillés.

— Heu... Oui.

Elle sourit.

— Alors partez ou je peux vous promettre que, dans vingt-quatre heures, votre nom fera la une des journaux et vous serez licencié !

Il commence à la contourner en restant à bonne distance.

Mais l'Asiatique, plus tenace, ne décampe pas.

— On attend des gens, Mademoiselle. Nous ne partirons pas avant.

Elle fait mine d'être surprise.

— Ah, et qui donc ? Si ce sont mes employés, je peux vous aider.

Mes poils s'hérissent. Ses employés ? Ma parole, cette fille s'y voit déjà !

Il hésite à parler, alors elle l'encourage :
— Que craignez-vous donc ? Parlez !

Il hésite un instant avant d'expliquer :

— On recherche un certain Jayden Summers et une certaine Belle Collins.

C'est bien ce qu'on pensait... J'espérais qu'on se faisait des films mais non...

Elle fait semblant de réfléchir, ses doigts manucurés pianotant sur son menton.

— Hum... non. Jamais entendu parler.

Il paraît étonné.

— Ce ne sont pas vos employés ? Pourtant ils ont dit travailler au Times.

— Oh, vous savez beaucoup se font passer pour des journalistes du Times. Ils en rêvent tant. Pourtant peu y accèdent et c'est pour ça que je connais tout le monde. Je vous le répète avec assurance, ce ne sont pas des journalistes d'ici.

Il grimace et rejoint son collègue en jurant.

— Merde. J'en étais sûr. On est venu pour rien. Le patron va nous tuer.

Ils montent alors en râlant dans leur van et démarrent en trombe.

La pression retombe et je peux enfin souffler. Je ne m'étais même pas aperçue que je retenais ma respiration. Pourtant, on vient juste de gagner quelque temps de répit. Bientôt ils finiront par accentuer leurs recherches et ils tomberont sur les articles du mariage de Jayden et Flore, et ils sauront qu'elle a menti.

On sort de notre cachette pour aller rejoindre Flore.

Jayden la prend dans ses bras et la serre contre lui en soupirant de soulagement. Je détourne le regard. Il faut croire qu'il n'y a pas encore prescription pour ça.

— Merci. Tu m'as encore sauvé la vie.

— Je sais, lâche-t-elle avec sérieux.

Je me tourne vers elle. Depuis tout à l'heure, la question me tiraille.

— Le terrain vous appartient vraiment sur un rayon de 3 m² autour du gratte-ciel ?

Elle s'écarte un peu de Jayden, sans pour autant quitter ses bras.

— Bien sûr que non. J'ai tout inventé.

J'esquisse un sourire. Cette fille est vraiment un génie du mal. Elle est rusée et diabolique, une combinaison à faire froid dans le dos. Et c'est justement parce qu'elle est intelligente qu'elle fait si peur. Et malgré moi, je la respecte.

Je leur souris et les contourne pour partir quand elle me rappelle :
— Belle ?

Je fais volte-face.

— Oui ?

Elle me détaille alors de la tête aux pieds, son regard perçant sondant chaque détail.

Je frissonne. S'il vous plaît, faites qu'elle ne remarque rien !

Elle relève la tête et plisse les yeux, suspicieuse.

— Joli tailleur... Il me dit quelque chose...

Les couleurs quittent mon visage et je tourne un regard paniqué vers mon ex qui s'est figé.

Elle arrête alors son inspection pour lâcher brusquement :
— Gucci ou Ralph Lauren ?

Le stress a atteint une telle apogée en moi que je n'entends pas sa question.

— Hein ?

Elle soupire.

— Rien. En tout cas... très jolie. Je suis presque sûre d'avoir le même.

Je me mords la langue. Ah oui ? Vraiment ?

Elle esquisse un petit sourire et je considère que la conversation est finie.
Je m'empresse de fuir, son regard toujours rivé sur moi.

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Me revoilà !!!

Vous avez aimé ?

Qu'avez-vous pensé de ce réveil caliente entre nos deux héros préférés et des conversations qui ont suivies ?

Étrange n'est ce pas, cette peluche Belle... Une coïncidence ou vestige du passé ?

Et qu'avez-vous pensé de notre tyrante préférée ? Pour une fois, elle a été d'une grande aide ! Et peut-être n'est-ce pas la dernière fois si la menace de Bruce Payne se fait de plus en plus forte.

Vous croyiez qu'ils voulaient quoi? Ou pire... que comptaient-ils leur faire !?

Questions spéciales été !

Mer ou piscine ?

Glace au chocolat ou à la vanille ?

Maillot une pièce ou deux pièces ?

Pizza ou  Hamburger ?
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BISOUS PAILLETÉS !!!

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