Chapitre 22



— Joyeux anniversaire !

Je me frotte les yeux le temps que mes yeux s'accoutument à la luminosité crue et à ma famille au milieu du salon en train de secouer des ballons, des cadeaux et des assiettes pleines de pancakes. Les même pancakes que me faisait mon père pour mon anniversaire quand j'étais petite, avec un visage au sirop d'érable dessus. 

J'ai été si occupée par les préparatifs du mariage que je n'ai pas réalisé qu'on était le vingt-neuf août, aujourd'hui.

Je souris puis les laisse me prendre dans leurs bras, me taper dans le dos, me décoiffer et m'embrasser sur la joue.
Aujourd'hui j'ai vingt ans. Et... c'est un coup dur. Je me sens tellement plus jeune.

Avec un sourire malicieux, Shawn fait une courbette sur mon passage avant de tirer galamment ma chaise.

Encore trop tôt pour que je me méfie, je m'installe dans une symphonie de pets. Je soupire et retire le coussin péteur sous moi, tout en fusillant du regard mon demi-frère.

Il hausse les épaules.
— Le mois est terminé.

Les autres froncent les sourcils mais ne relèvent pas. Tant mieux. Je n'aimerais pas avouer à Mackenzie que j'étais au courant que Shawn avait recouvert les toilettes de cellophane.

Mon père et Delilah m'offrent mes cadeaux. Surtout des bijoux et des vêtements ainsi qu'une carte cadeau pour que je m'achète des livres. Mackenzie, elle, m'offre une batterie externe en forme d'ours et cela ne fait aucun doute que ce cadeau ne m'est pas réellement destiné
Shawn, lui, m'offre un pull avec écrit en gros « J'ai une sœur super. Mais aussi un flingue, une pelle et un alibi ». Bêtement, cette citation me fait directement penser à Jayden. Je me demande ce qu'il imaginerait s'il le voyait. Mieux, j'adorerais connaître la réaction de mon frère s'il savait que c'est Jayden qui m'avait renversée avec sa voiture.

Dès la fin du repas, Delilah et moi partons pour le New York Times.  Installées dans le taxi, j'observe du coin de l'œil Delilah qui finit de se maquiller. Elle est vraiment belle. Mais d'une façon différente de ma mère toujours tirée à quatre épingles qui aurait pu être mannequin. Non, Delilah est belle parce qu'elle est naturelle et confiante, parce qu'elle respire la bonté. Quand elle s'apprête à défier Mackenzie à Just Dance sur la Wii, elle attrape toujours un crayon et se fait un chignon négligé mais cela est toujours éclipsé par son énergie et son sourire rayonnant. Et quand elle sort au bras de mon père dans un de ces restaurants huppés où vont de riches femmes botoxées et refaites de façon à masquer le moindre de leur défaut, c'est de loin la plus belle avec sa peau ridée au coin des yeux et ses formes disproportionnées.

Soudain, mon téléphone sonne et je m'empresse de regarder mon premier message d'anniversaire.

Mais j'ai à peine posé les yeux sur l'écran que mon sourire se crispe. Je pensais que les premières seraient de Lexie et Lou.  Pas de ma mère ! Je me mords la lèvre pour ne pas hurler de rage. Elle n'a pas le droit de venir me gâcher cette journée !

Avec empressement, je range mon téléphone et regarde les gratte-ciel défiler derrière la vitre.
Mais malgré tout, ce simple message continue de me tourmenter. Cherche t-elle à me manipuler ? Veut-elle que je revienne ? Ment-elle ?
Il lui suffit de sept mots pour me retourner la tête. Sept mots pourtant si beaux.

Joyeux anniversaire, ma puce. Plein de bisous.

Brusquement, je sens une main se glisser dans la mienne et je tourne la tête vers ma belle-mère, surprise.

Elle me sourit tendrement.

— Tu devrais lui pardonner.

Ma mâchoire m'échappe et je la dévisage.

— Tu lis par-dessus mon épaule !? m'exclamé-je, outrée.

Elle ne relève pas mais ajoute avec tendresse :
— Je suis sûre qu'elle ne voulait que ton bien. Elle s'y est juste mal pris.

Je fronce les sourcils et lui arrache ma main.

— Donc toi aussi tu vendrais Mackenzie pour son « bien » ?!

Elle recule, surprise.

— Non ! Bien sûr que non ! Ce que je veux dire, c'est qu'elle a fait des erreurs mais qu'elle pensait sûrement bien faire. Elle l'a fait par amour.

Je me tourne vers la vitre. J'ai du mal à le croire. Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'y penser.

On arrive enfin devant le New York Times Building et je m'empresse de descendre. Tandis que Delilah s'arrête pour parler avec la réceptionniste, je cours vers l'ascenseur avant qu'elle ne me suive.
Elle est vraiment gentille et bienveillante à toujours vouloir résoudre tous les problèmes et réconcilier les gens mais, parfois, il n'y a pas de solutions ni d'excuses à trouver. Rien ne peut excuser le comportement de ma mère.

Arrivée à l'étage, je me dirige tranquillement vers mon bureau où m'attend déjà Jayden. On se fixe un instant de trop et je baisse les yeux, le rouge aux joues. C'est alors que je remarque le petit cadeau sur ma partie du bureau.
Je me fige et le dévisage à travers mes cils. Comment sait-il que c'est mon anniversaire ?

Il s'approche de moi avec mille précautions, le regard anxieux. Comme si j'étais un animal sauvage qu'on a peur de faire fuir. Et c'est vrai que, quand il s'agit de lui, je peux être extrêmement lunatique et agressive. Lentement, je relève la tête et mon cœur manque un battement en constatant sa proximité. Nos souffles se mélangent avec tant de facilité...
Je cligne des yeux, paniquée.
Il sourit, amusé.

Comme si c'était un secret, quelque chose juste entre nous que le reste du monde ne doit pas entendre, il susurre du bout des lèvres :
— Joyeux anniversaire, Isabelle Collins.

Je souris et il me prend dans ses bras.
Soudain, telle une brise d'été, une caresse si légère que j'aurais pu le rêver, il dépose un baiser sur ma joue. C'est si rapide que je me demande si mon imagination ne me joue pas un tour.

Il me lâche et comme si de rien n'était, il me désigne son cadeau.

— Je crois que c'est pour toi ! J'ai vu un petit lutin l'apporter, me taquine-t-il.

Je fronce les sourcils, perdue, tandis que mes doigts effleurent ma joue.

— Les lutins c'est pour noël, soufflé-je.

Il hausse un sourcil, un adorable sourire taquin retroussant le coin de ses lèvres.

— Ah bon ? Tiens donc... alors j'aurais halluciné ?

Je souris et prends le petit paquet qu'il me tend.

Ma main tremble en arrachant le papier multicolore. Qu'est-ce que ça peut bien être ? Et depuis quand reçoit-on des cadeaux de la part de ses ex ?

Ce coffret ne m'inspire pas confiance. J'espère que ce n'est pas un bijou, ça me mettrait mal à l'aise.

Je déglutis et croise le regard de Jayden qui me fixe avec impatience. J'inspire puis ouvre le coffret. C'est mi-déçue mi-rassurée que je constate que ça n'a rien à voir avec un bijou. Mais en même temps, Jayden est bien trop original pour m'offrir un simple bracelet. N'empêche peut-être s'est-il montré trop original ? C'est si original que je ne sais pas ce que c'est.

Perplexe, je prends l'imposant objet en cuivre. De forme cylindrique, il est constitué de six rondelles de métal assemblées côte à côte et recouvertes chacune des vingt-six lettres de l'alphabet. De jolies gravures décorent aussi les capsules qui referment les extrémités du cylindre. Je constate aussi que les rondelles tournent sous mes doigts.
J'ai alors une vague idée de ce que c'est...

— C'est ce que je crois ? l'interrogé-je.

Il esquisse un sourire.

— Un Cryptex.

Je hausse les sourcils pour l'inciter à développer. Je ne suis pas sûre de son utilisation.

— Tu n'as jamais lu Da Vinci Code ?
Je secoue la tête. Le nom me dit quelque chose mais je ne saurais dire quoi.

— Eh bien, c'est... ça marche comme un cadenas à code, sauf que là ce sont des lettres. Tu fais tourner les disques pour aligner les lettres et former le mot qui ouvrira la trappe.

— Et le mot c'est ?

Il rigole.

— Ça, c'est à toi de le trouver !
Un sourire survole mon visage. J'aime bien l'idée d'une énigme. Réfléchir pour avoir le cadeau, c'est ça le vrai cadeau. Et c'est vrai que ça me ressemble plus qu'un collier.

— Donc si j'ai bien compris, je dois trouver un code de six lettres pour ouvrir ce genre de mini-coffre portatif et avoir... ?

— Ta surprise, complète Jayden.

Je souris. C'est vraiment parfait pour moi qui aime me creuser les méninges, c'est parfait. Cependant, il y a tant de possibilités...
Je lui agrippe le bras, surexcitée.

— Donne-moi au moins une énigme !
Il secoue la tête, amusé.

— Non.

— Alors au moins un ou deux indices ! Trois ! Trois indices !

Il rigole et dégage ma main de son bras. Je ne m'étais pas rendu compte que je le serrais.

— Calme-toi.

Je lui fais de grands yeux de chien battu. Son cadeau me retourne la tête. Réfléchir. Chercher. Enquêter.  J'adore ça !

— Alors tu me promets qu'après tu me laisses tranquille ?

Je fais la moue mais promet malgré tout.

Il se tourne pour ranger son bureau, son front se plissant sous le coup de la concentration. C'est étrange qu'il n'ait pas prévu d'indices avant. Comme s'il n'était pas prévu que je réussisse.

— C'est de l'anglais.

Je hoche la tête. C'est un bon point de départ.

— C'est une phrase de trois mots dont le dernier mot est abrégé.

Je sautille intérieurement. Une phrase carrément ! Je sens déjà mon cerveau rentrer en ébullition, traitant tout plein de codes potentiels.

Alors Jayden fait volte-face et rive son regard dans le mien. Ses yeux sont si intenses et profonds... Je dirais même...Ardents.

— Jayden !

Il relève la tête et je crois voir l'ombre d'une grimace sur son visage. En a-t-il marre des préparatifs du mariage ? Ou est-ce autre chose...

Il m'adresse un petit sourire désolé puis commence à partir.
Mais je compte bien avoir mon dernier indice, alors je le rattrape par le poignet.

— Et le dernier indice ?

Il se tourne à demi vers moi et je vois son regard osciller entre moi et Flore au bout de l'allée.

— C'est... c'est quelque chose que je veux que tu saches malgré le fait que je vais...Enfin, je devrais pas... C'est tellement... Mais savoir qu'un jour peut-être tu sauras, qu'il est possible que tu l'apprennes... Ça m'aide à avancer. Je peux tourner la page, apaisé.

Il secoue la tête, une lueur de regret traversant son regard.

— C'est quoi ? insisté-je.

Il se dégage et recule, toujours en secouant la tête, le regard presque fou.

— Laisse tomber, je n'aurais pas dû. Tu ne trouveras jamais de toute façon et tant mieux. Je ne sais pas ce qui m'a pris. L'espoir ou de la folie. Débarrasse-t'en, ça vaut mieux pour nous deux. Et tâche d'oublier.

Je recule d'un pas, étonnée. Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu dans cet état. Il a l'air si perdu, si blessé...
Il me tourne le dos et part d'un pas sûr et déterminé.

— Jayden ! Attends !

Il se fige net mais ne se retourne pas.

— Qu'est-ce que je suis sensée oublier ?
Il baisse doucement la tête et ses épaules se crispent. Pendant un instant, je crois qu'il va repartir sans me répondre et juste m'ignorer.

Mais finalement, il se redresse et tourne légèrement la tête dans ma direction, de telle façon que je vois sa mâchoire se serrer tandis qu'il répond :
— Tout. Absolument tout.

Sans attendre, il part et je n'ai pas le temps de calmer les battements de mon cœur qu'il a déjà rejoint sa fiancée.
C'est étrange mais j'ai cru revoir le garçon agressif et froid que j'ai rencontré à Paris. Le garçon tourmenté par quelque chose qui le dépasse.

Je me mords la lèvre et baisse les yeux sur son cadeau. Quel peut bien être ce code à la signification si importante qu'elle le met dans cet état ? Ce code porteur d'un message secret...

***********

TADAAAA !!!

VousAvezAimé?MemeSiJ'AiUnJourDeRetard,
DésoléeC'etaitPasPrévu! *dis ça super vite car a peur de ses adorables lectrices avec une pelle*

Non sans blague, désolée pour le petit retard. Ma correctrice a eu un problème et vient juste de me l'envoyer.

Mais sinon, que pensez vous du cadeau de Jayden ? (Pour celles qui me visualise pas l'objet, regarder le média en haut de chapitre). Je crois que là on peut officiellement décerner à Jayden la médaille de champion du monde quand il s'agit de choisir un cadeau. En revanche, comme pour les billets d'avions, va falloir qu'on discute de sa façon de les offrir.

Alors à votre avis, quel est ce mystérieux code qu'il regrette tant ? Je prends les paris ! Mais pas de spoil!

Bisous pailletés!! 😘

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