Chapitre 15
Pour oublier ~Sara'h
J'allume mon téléphone et lance le dernier message audio, l'écoutant attentivement tout en étudiant la carte du monde qui est au mur. Ça peut paraîtremalsain, mais écouter ses messages si longtemps ignorés, ça m'aide. Ça m'aide à faire le deuil de cette fichue relation. Ça m'aide à comprendre. À comprendre pourquoi il m'a caché la vérité, pourquoi il m'a menti et manipulée, pourquoi pendant un an il a harcelé ma messagerie avant de disparaître, pourquoi il a tourné la page. Pourquoi il m'a brisée tout simplement.
Je fais ça car je n'ai rien d'autre à faire, de toute façon. On est au plein milieu de la nuit et je n'arrive toujours pas à dormir.
Belle... On est le 6 juillet. Ça va faire un an jour pour jour que je ne t'ai pas vue dans exactement 3 heures et 45 minutes et putain que ça fait mal ! J'ai toujours haï mon anniversaire. Ça me rappelait que je n'avais personne avec qui le passer, personne à inviter, que j'étais le gamin solitaire du fond de la classe. Mais à présent, c'est pour une autre raison, c'est parce que c'est ce jour-là que j'ai perdu la personne que j'aime le plus au monde. Je t'ai perdue toi, Belle. Tu étais mon rayon de soleil, mon oxygène, mon sang, l'essence même qui me permettait de vivre.
Je pensais qu'on était faitpour être ensemble, qu'on finirait tous les deux à la fin de l'histoire.
Mais tu mérites mieux après tout, tu mérites les étoiles et le soleil, les diamants et les rubis, un homme qui saura prendre soin de toi et te rendre heureuse. Moi, je n'ai su que te détruire. Et je suis désolé. Vraiment. Pas un jour ne passe sans que je n'y pense. Sans que mon cœur martèle ma poitrine avec rage de t'avoir blessée. Mais surtout tu me manques. Tous les souvenirs reviennent mais pas toi. J'ai l'impression qu'une part de moi estpartie avec toi ce soir là... Je ne suis plus que l'ombre de moi-même.
J'ai arrêté mes études tu sais ? Non vraiment, ça me tuait de faire des études de journalisme sans toi sur la chaise d'à côté, murmurant toutes les réponses. Je pensais que ça m'aiderait pourtant. Je pensais qu'en faisant quelque chose que tu aimes, j'aurais l'impression de me rapprocher de toi, mais en fait, ça ne fait que me rappeler à quel point tu es loin. Si loin et... Tu ne reviendras pas n'est-ce pas ? Pourtant j'aimerais tellement continuer d'y croire. J'aimerais être persuadé que nos chemins vont encore se croiser, qu'on va se contempler, se séduire, se disputer, s'aimer jusqu'à la folie. J'aimerais croire que c'est pas fini, que tu ne m'as pas oublié. Mais je le sais, au fond de moi, je sais qu'il faut que j'arrête d'espérer. Je n'en ai aucune envie mais il faut que je tourne la page. Que je change de chapitre. Tu ne me pardonneras jamais, alors, il est temps que je continue ma vie, que je rencontre d'autres personnes, que je travaille. Mais y arriverai-je ? Arriverai-je à fermer le livre ? Arriverai-je à oublier un jour que Roméo aime Juliette, Clyde aime Bonnie, Jack aime Rose, et moi je t'aime toi ?
Je soupire et plante une punaise sur Paris. C'est fou mais j'ai toujours pensé qu'il était beau parleur. Pourtant il m'avait dit qu'il arrêterait de me mentir. Je plante une autre punaise sur New York. Mais on ne change pas sa véritable nature. Je plante une autre punaise pour Londres. On n'est pas dans La Belle et La Bête. Le monstre ne se transforme pas en prince comme par magie.
Et heureusement pour moi, je l'ai appris à temps, à présent, je peux tourner la page à mon tour. Je peux aimer quelqu'un d'autre. Je soupire et retourne dans mon lit. Il est temps que j'endorme mes démons.
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— Qu'est-ce que tu fais encore là ?!
Jayden sursaute et pivote vers moi.
— Hein ?
— Tu devrais être en train de faire chauffer le moteur ! Je croyais qu'on s'était mis d'accord pour aller rendre visite à Amélie Portman !
— Mais on n'a pas ses coordonnées ! râle-t-il. Je sors une feuille de derrière mon dos que j'agite sous son nez avec provocation, un demi-sourire plaqué au visage.
— Quand on a le journalisme dans le sang, on sait où trouver...
Il esquisse un sourire et me fixe. Il a remarqué. Il a vu que mon comportement envers lui a changé. Que je suis moi. Oui, c'est ça. Après tout pourquoi se prendre la tête. Il est fiancé et je ne l'aime plus. Pas de malentendu comme ça. Tout va bien. On peut être de bons collègues.
— Je ne veux même pas savoir où tu l'as trouvée.
Je me retourne et me dirige vers l'ascenseur avec un sourire.
— Tu as raison... Tu n'aimerais pas.
Je l'entends se précipiter à ma suite.
— Tu es effrayante des fois. Je crois que j'ai eu une mauvaise influence sur...
Sa phrase meurt sur ses lèvres, et du coin de l'œil je le vois se tendre. Je balaie sa remarque de la main comme pour chasser le malaise.
— Et c'est très bien. On n'obtient rien en suivant les règles.
Je rentre dans l'ascenseur, sentant son regard étonné sur ma nuque. Il se poste à côté de moi et j'appuie sur le bouton.
— Si tu le dis....
Je croise son regard et j'esquisse un demi-sourire.
— Allons envoyer ce salop derrière les barreaux.
Un sourire étire son visage et on se tape dans la main.
— Faisons payer à cette ordure d'avoir dévié du droit chemin.
Je souris cruellement et ajoute dans un souffle :
— Et faisons-lui regretter d'être tombé sur le nôtre...
Dix minutes de silence pesant, c'est plus que je ne puisse supporter. Surtout qu'Amélie Portman habite à Philadelphie et qu'on en a bien pour encore 1heure et 30 minutes de route. Il est hors de question que je passe ce temps à fixer le pare-brise en me tournant les pouces, mal à l'aise.
— Bon... soufflé-je dans un souffle.
— Quoi ? demande-t-il en me jetant un coup d'œil.
Je me tourne vers lui et souffle :
— Je me demandais juste comme on va s'y prendre avec Bruce Payne. Ils n'ont pas cru Amélie il y a cinq ans, donc je ne vois pas ce qui changeraitaujourd'hui. Surtout que même si l'on obtient des preuves assez importantes pour l'inculper, Henry Clayton ne voudra jamais les publier.
Je le vois se mordre la lèvre, pensif.
— Et si... Si on avait assez de preuves et de témoignages, on pourrait les envoyer à un journal concurrent sous couvert d'anonymat. Il les diffuserait pour nous et nous ne nous ferions pas virer.
Je souris. L'idée n'est pas mauvaise. Certes, nous n'en tirerions aucun bénéfice mais ce n'est pas grave, l'important c'est de l'empêcher de nuire à nouveau.
— Oui, pourquoi pas, on pourrait aussi...
Je suis interrompue par un horrible gargouillis qui me fait rougir jusqu'à la racine des cheveux. Car c'est moi qui l'ai produit.
Je vois Jayden ricaner doucement, ses épaules remuant d'amusement. Je lui donne une petite tape pour le réprimander et rigole à mon tour.
— Il faut croire que j'ai faim, murmuré-je avec un sourire penaud.
Le sourire de Jayden s'agrandit et il me désigne l'arrière de sa voiture d'un geste vague.
— Prends mon sandwich, il est dans la boîte à goûter sur le siège.
Je secoue les mains pour chasser sa proposition.
— Oh non, non ! Pas la peine ! Je vais attendre. Il soupire et, les yeux toujours rivés sur la route, se contorsionne pour attraper à l'aveuglette la fameuse boite sur les sièges arrières. Il me la fourre sur les genoux.
— Mange !
J'écarquille les yeux, plus surprise par la boîte à casse-croute à l'effigie de Mickey que par sa soudaine sollicitude. Il surprend mon regard ébahi et grommelle :
— C'était ma boîte quand j'étais petit, arrête de me juger.
Je rigole et l'ouvre pour en extirper un petit sandwich jambon beurre, œuf.
— Je ne te jugeais pas, voyons...
Il surprend mon sourire taquin.
— À peine !
Je rigole et coupe le sandwich en deux.
— Alors comme ça, monsieur a quand même eu une enfance. Une enfance avec des dessins animés, qui plus est !
Il rigole et me jette un coup d'œil.
— Bien sûr, qu'est-ce que tu t'imaginais ?
J'hausse les épaule, tout sourire.
— Oh je sais pas... Peut-être que tu étais sorti du ventre de ta mère, adulte et déjà cynique.
Il secoue la tête, exaspéré, un petit sourire flottant aux coins des lèvres. Un sourire aussi adorable que rare.
— Alors non. Ensuite c'est pas parce que j'étais pas fan de tous les Disney que j'aimais pas les dessins animés !
— Oh... Eh bien je suis curieuse de savoir ce que regardait le petit geek avant de devenir le fameux gars cynique.
Il me lance un regard glacial avant de reposer ses yeux sur la route.
— Eh bien... j'étais fan d'Inspecteur Gadget, Scooby-Doo, la Panthère Rose, Candy, Princesse Sarah ou encore Spider-Man.
Moi aussi j'adorais ces dessins animés. Je ferme les yeux et un immense sourire éclaire mon visage au souvenir des animations de mon enfance. La nostalgie m'emporte et je me promets de les regarder à nouveau, surtout Candy. Cette fille a forgé mon caractère et l'image que j'ai de la femme idéale. Une femme forte et intrépide.
— Hey, Belle...
J'ouvre les yeux et sursaute en voyant la main de Jayden passer devant mes yeux. Je le fixe en clignant des yeux, perdue. Le temps d'un instant, je suis revenue à l'époque où l'on était encore ensemble.
Je secoue la tête pour en chasser l'image et mange ma moitié de sandwich en quelques bouchées voraces, faisant tomber plein de miettes sur mon t-shirt.
— Si tu salis ma bagnole, je te jette par la fenêtre, grommelle Jayden.
Je souris et avec malice, murmure :
— Trop tard...
Il fait la moue puis ouvre grand la bouche pour m'enguirlander, mais je le prends de court en me penchant vers lui pour lui fourrer un bout de sandwich entre les lèvres.
— Chut. Ne dit rien.
Les yeux écarquillés, il me fixe, ébahi. C'est alors que je me rends compte de notre proximité. Mais je suis incapable de bouger, paralysée par l'instant. Et surtout parce que j'ai peur que si je lâche le morceau de sandwich, il ne tombe.
Soudain il tourne à nouveau les yeux sur la route et je comprends que s'il n'avait pas la bouche pleine, il crierait.
Je sens la voiture freiner brusquement, et je m'étale sur les genoux de Jayden, mon coude en plein dans ses parties. Ce coup-là, la surprise et surtout la douleur est si vive que son cri même étouffé vient me percer les tympans.
La voiture ralentit avant de s'arrêter totalement. Sûrement à un feu rouge.
Je me tourne sur le dos pour pouvoir le regarder, à présent couchée sur ses genoux. Les yeux rivés sur moi, il me lance un regard meurtrier, sa bouche crispée autour du morceau de sandwich.
Je pince les lèvres pour réprimer mon sourire, le rouge me montant aux joues tellement la situation est comique. J'esquisse un sourire penaud et lui tends le reste du sandwich.
— Un autre morceau ?
Son visage se détend et on éclate de rire simultanément.
**********************
Coucou !
Comment allez-vous ?
Vous avez-aimé ce chapitre ?
On dirait bien que Belle commence enfin à lui pardonner maintenant qu'elle n'a plus (ou croit) de sentiments pour lui.
Question du jour :
Ecrivez-vous ?
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BISOUS PAILLETÉS !!
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