Chapitre 12


Si tu m'aimes-Lynda

— Tu ne devrais pas te laisser démoraliser pour ce crétin, balance Lexie en rentrant dans ma chambre, suivie de Lou.

Je grogne en les voyant. J'avais pourtant dit à mon père de ne pas laisser rentrer qui que ce soit. À croire qu'elles se le sont mis dans la poche.
Sans plus un regard, j'enfonce de nouveau ma tête dans mon oreiller. Je ne veux voir personne aujourd'hui. Pas le 6 juillet. C'est trop dur. J'ai l'impression de les revoir depuis la scène, entourées de centaines d'autres personnes me fixant avec pitié ou amusement.

— Fichez-moi la paix ! Je veux rester seule !
Un silence me répond et je sais de source sûre qu'elles ont recommencé leur truc avec les yeux.

Soudain, ma couette glisse le long de mon corps et le froid me glace le sang. Apparemment, leur conversation sans un mot leur a permis de se mettre d'accord sur un mode de torture.
Je me retourne et leur balance un coussin.

— Bande de pestes ! Vous vous êtes bien trouvées !

Je les vois échanger une œillade complice et si dégoulinante d'amour que j'ai envie de vomir. Surtout ce jour, et encore plus car ce sont mes meilleures amies. Pour moi, elles sont faites pour se crier dessus. Ça me faisait tellement rire !
Je les vois échanger un clin d'œil coquin, ce qui leur vaut un nouveau missile rembourré.

— Beurk ! gémis-je en faisant semblant de vomir. Allez à l'hôtel et laissez-moi moisir sous mes couvertures !

Je me retourne et enfonce ma tête dans mon dernier oreiller, les bras et jambes en étoile de mer.

— Si tu ne sors pas de ce lit tout de suite, je t'attrape par les pieds et te jette dans la baignoire toute habillée ! peste Lou. Et crois-moi que d'ici là, j'aurai de nouvelles idées pour te torturer !

Je relève la tête pour lui lancer un regard noir, avant de la relaisser tomber dans mon coussin.

— Vous êtes pas mes mères !
Je les écoute soupirer.

— On est peut-être pas tes mères, commence Lou.
— Mais toi, tu te comportes comme une enfant, complète Lexie.

Sans attendre, je mords mon oreiller pour ne pas hurler de rage. Le pire c'est qu'elles ont raison !

— Oh mais tu vas sortir de ce putain de lit !s'énerve Lou en tapant du pied. Aller Belle ! Tu te bouges le cul ! S'il y a bien quelqu'un qui n'est pas sensé être encore au lit à quatorze heure de l'après-midi, c'est bien toi ! Moi, c'est normal ! Lexie ça passe ! Lei, je suis sûr que c'est agaçant mais plausible ! Et tout le reste de la planète le fait ! MAIS PAS TOI ! PAS BELLE COLLINS!

— Elle a pas tords, déclare calmement Lexie. Toi, tu es parfaite, un exemple à suivre, toujours responsable avec le contrôle de la situation bien en mains. Tu ne peux pas tout laisser tomber comme ça. Nous on fait comment sinon ?

Je soupire et m'assois, les dents serrés.

— Et si j'ai envie d'être faible aujourd'hui ? Si juste pour une fois, j'ai envie de ne rien contrôler ?! De ne rien faire ! Aucun planning ! Pas de liste ! Aucune pression qui pèse sur mes épaules ? Et si j'arrêtai d'être la fille parfaite que tout le monde attend que je sois, juste pour déprimer ?! Si pour une fois, tout m'échappait ?! J'ai le droit, non ?!

Elles écarquillent les yeux et je vois Lexie se frotter la nuque, embêtée.

— Bah... Heu...
— NON ! cri subitement Lou, me faisant sursauter. Tu ne peux pas ! Pas pour ça !Si toi tu te laisses aller, où va le monde ? Tu dois te reprendre ! Ça fait deux ans, Belle ! Il a tourné la page et tu devrais aussi !

Je cligne des yeux et fixe Lou, choquée. Jamais elle ne se met en colère. Jamais. Elle blague, se ridiculise, tourne tout en dérision pour détendre l'atmosphère mais ne crie pas.
Et ça prouve à quel point je suis pathétique. Il y a prescription. Je devrais même plus lui en vouloir. En fait, il ne devrait plus rien représenter pour moi, je devrais m'en ficher de lui.

Je pince les lèvres puis descends du lit avant de me trainer jusqu'à la salle de bain. Quand enfin je ressors, je suis lavée et habillée.
Lexie ne semble pas satisfaite de la tenue, mais de bien meilleure humeur.

— Tu vois quand tu veux ! Maintenant tu l'oublies ! Définitivement ! Ce n'est qu'un collègue avec qui tu as eu un passé sans importance. Si tu décide que ça n'a plus d'importance,que ça ne te fais pas souffrir, alors tu l'oublieras enfin.

J'hoche la tête puis m'assois devant mon piano pour me détendre. Faire ce que j'aime me détend toujours. Je l'ouvre et effleure les touches. Je m'apprête à jouer une mélodie quand mon téléphone sonne dans ma poche.
Je soupire puis l'attrape.

Hey, Belle ! Ce soir j'organise une soirée d'anniversaire au Times ! Buffets, musique, piste de danse, stars, la fête de l'année quoi ! C'est pour mon Jayden. En tout cas, je serais ravie de t'y voir. Enfin, on se voit à vingt heure, n'est-ce pas ? Parce que tu vas venir.
                                                                                                      Flore.

Je grince tellement des dents que Lou s'en rend compte et m'arrache mon portable. Quand enfin elle a finit de lire le message, elle cri si fort qu'elle me perce presque un tympan.

— Tu dois y aller ! Une fois que t'auras affronté ça, plus rien ne pourra t'atteindre. Tu seras guérie. Et puis ce sera l'occasion de lui montrer que tu vas bien, qu'il ne représente plus rien pour toi. Il te verra sourire, rayonnante dans ta belle robe et là, il souffrira. Parce qu'il t'a perdue et que tu continues de vivre malgré ce qu'il t'a fait. Que tu souris et que ce n'est plus grâce à lui.

Je lève les yeux au ciel. Avec ce que je lui ai dit, difficile de lui faire gober un truc pareil.

— Il en est hors de questions ! râlé-je avant de reposer les yeux sur elles.
Lexie s'avance vers moi en agitant le fer à lisser comme un outil de torture.
Lou ouvre une palette de fard à paupière libérant des volutes de paillettes. Elle relève les yeux vers moi, un sourire espiègle au visage. J'écarquille les yeux.

— Non ! Non ! Non !

Je me lève et recule doucement.

— J'ai dit non !
Elles poussent un cri de pirate et se jettent sur moi. Je leur échappe de peu avant courir hors de la chambre.

— Vous pouvez pas m'obliger ! hurlé-je en descendant les escaliers quatre à quatre.
Je passe en coup de vent devant Delilah qui manque de renverser son café de surprise.
Je m'empresse d'aller dans la cuisine et fair le tour de l'îlot centrale avant de courir dans le salon.
— Au secours !

Je vois Shawn et Mackenzie se redresser sur le canapé et me regarder débouler en riant. Oui, c'est fou, mais je ris.

— Tu vas aller à cette fête ! ordonne Lexie.

— On t'y emmènera par la peau du cul s'il le faut ! ajoute Lou en tentant de me bloquer le passage.

Je recule et cours dans une autre direction, forcée d'escalader le canapé pour pouvoir leur échapper.
— Jamais !

C'est à ce moment que je tombe face à face avec mon père. On se dévisage, paralysés, moi par la peur et lui par la surprise. Face au manque de réaction de sa part, je sors de ma torpeur et reprends ma course.

— Tous avec nous ! hurlèrent les filles.
Je refais le tour de l'îlot avant de me figer devant Delilah qui me bloque le passage avec un air malicieux. Je sprinte et me frais un passage de justesse, titubant légèrement vers l'avant à cause des contorsions que j'ai été forcée de faire.
Je ris à présent à gorge déployée, comme mes parents, amies et frères et sœurs qui m'ont poursuivie.
Shawn bondit sur mon passage, alors je pivote vers la porte d'entrée. Je m'y précipite quand soudain mon père jaillit devant moi tout sourire.
— Ahah! Tu es faite comme un rat !
J'écarquille les yeux avant de le percuter malgré moi de plein fouet. Mais c'est sans compter sur Lou et Mackenzie qui arrivent par derrière et à gauche pour me tacler au sol dans un cri de triomphe. Je me tords de rire sous le coup des chatouilles, tandis que tout le reste de ma famille se jette sur moi pour un câlin.

— C'est bon ! Je me rends ! J'irai à cette fichue fête ! cédé-je en haletant.
Mon père redresse la tête.
— Quelle fête ? Je croyais qu'on s'était tous mis d'accord pour te persécuter !
Je souris. Quelle famille ! Je suis si heureuse de les avoir. Ils sont toujours là pour moi, même quand ils faut être ridicule et mener une véritable course poursuite pour me remonter le moral. Et au fond, je devrais arrêter de m'apitoyer sur mon sort. Ma vie est plus belle que ce qu'il n'y paraît.
Je les repousse en rigolant et, d'un pas déterminé, me dirige vers ma chambre, ordonnant aux filles de me suivre. Il est temps de rappeler à Jayden qui a quitté qui.

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Je souffle doucement et tire sur ma robe. Je croise mon regard dans le miroir de l'ascenseur. Je suis resplendissante. Comme jamais je ne l'ai été.
Mes cheveux sont réunis en un chignon aussi soigné que désordonné avec une multitude de mignonnes boucles noires qui retombent sur ma nuque dénudée. Mes yeux bleus aussi limpides que la mer des îles tropicales sont mis en valeur par de fins traits d'eyeliner et du fard à paupières étincelant comme une nuit d'été. Un blush léger et un rouge à lèvres mate viennent pigmenter ma peau blanche semblable à de la neige tout juste tombée des cieux. Mais le plus incroyable, c'est la robe qu'a confectionnée Lexie. Bien sûr, elle ne l'a pas faite aujourd'hui. Ça fait des mois qu'elle est dessus et elle l'a emmené à New York en espérant retrouver l'inspiration. Et grâce à moi, elle a réussis. Elle l'a finie pour moi. Pour tous les éblouir. Pour le dévaster.
La robe, d'un beige pur, commence par un col bateau qui met en valeur mon cou nu, avant de continuer en resserrant ma taille, pour ensuite s'évasée dans une jupe de plusieurs couches, vaporeuse comme un nuage, m'arrivant au-dessus du genou devant et traînant au sol derrière.
Et si ça ne s'arrêtait que là, j'aurais pu m'estimer heureuse. C'est déjà sublime. Mais je n'ai pu empêcher Lexie d'y ajouter la touche finale. Celle qui la rend unique.
Partant dans une jolie arabesque au niveau de la poitrine, des roses rouges s'enroulent autour de moi dans un enchevêtrement de racines de tissu vert émeraude. Puis, arrivées à ma jupe, les roses cèdent la place aux pétales qui viennent tous s'échouer gracieusement sur les bords de ma traine.
Mais je pense que le plus fou, c'est que ce sont de vraies roses. Comme pour rappeler que les plus belles choses ne peuvent être imitées. Et parce que les plus belles choses cachent toujours leur part de noirceur, les racines sont agrémentées de discrètes épines faites en sequin.

Je jette un coup d'œil à Lexie et Lou, qui, assorties dans leurs robes bleu nuit, me sourient. Je ne sais pas ce que je ferais sans elles. Je me demande même comment j'ai pu survire loin d'elles aussi longtemps. Quand elles repartiront, je serai perdue.

L'ascenseur se fige au dixième étage avec son caractéristique soubresaut. Lentement, les portes s'ouvrent sur la salle des bureaux, entièrement changée. Au revoir les bureaux cloisonnés, les vieux distributeurs à boissons, les tableaux punaisés d'idées d'articles, d'affiches ou d'informations.
Devant moi, se tient une vraie salle de bal. Des ballons dorés et noirs virevoltent au plafond et sont assortis aux nappes en dentelle des buffets. Dans un coin, un véritable orchestre diffuse une douce mélodie qui, au vu des platines de DJ désertes à côté, finira par céder la place à une musique plus moderne.
La soirée d'anniversaire que je lui avais organisé paraît minable en comparaison.
La plus assurée que je puisse sur mes talons, je m'avance dans la pièce, et aussitôt, les regards se tournent vers moi pour me dévisager. Est-ce pour mon retard ?

Puis voyant le brouhaha prendre de l'ampleur et des stars chuchoter entre elles en me fixant, bouche bée, je me dis que c'est juste ce qu'avait prédit Lexie. L'éblouissement le plus absolu.
M'avançant calmement au milieu de la foule qui me suit du regard, je tente les amies mannequin de Flore qui me fusillent du regard dans leurs  robe vulgaire qui en laisse trop voir. Si j'avais su que j'attirerais autant les regards, j'aurais porter la simple robe verte que Delilah voulait me prêter.

J'avance sereinement dans la salle quand soudain je tombe nez à nez avec lui, Flore à son bras.
On se dévisage en silence, tendus, se détaillant des pieds à la tête. C'est fou comme il porte le costard avec élégance. Je déglutis, ordonnant sans succès à mon cœur de ralentir. Je croise son regard émeraude et cligne brièvement des yeux. Ai-je mal vu ou ses pupilles sont dilatées ?
Est-ce de la colère que je sois venue ou du désir face à mon allure ?
Je n'ai pas le temps de vérifier qu'il détourne furieusement la tête comme pour ne plus me voir.

Je pose alors mon regard sur Flore qui me fixe durement, cramponnée à Jayden comme si elle avait peur qu'il s'envole. Je lui souris et elle fait de même, les lèvres légèrement pincées. Elle aussi est magnifique. Sa robe de soirée mauve en forme sirène, est juste sublime.

— Isabelle ! Je suis ravie que tu sois venue ! s'enthousiasme-t-elle. Et quelle beauté! Il faut que tu me donnes les coordonnées de ton styliste !
Je rigole.

— En fait, c'est ma meilleure amie Lexie Garnier qui l'a faite, dis-je en la désignant en train de parler avec Gigi Hadid, sûrement de sa création.
Elle ne lui accorde même pas un regard, ses yeux gris rivés sur moi.
— Fascinant.
Elle échange un coup d'œil rieur avec Jayden avant de pivoter à nouveau vers moi.
— Tu ne lui souhaites pas un joyeux anniversaire ? demande-t-elle avec un regard insistant.
Ai-je rêvé ou est-ce un rictus narquois sur son visage ?
Je pivote vers Jayden avec un sourire crispé.
—Amuse-toi bien ce soir. Je suis sûre que tu n'as pas dû avoir souvent un tel anniversaire.

Son visage s'assombrit et il grimace furtivement en remarquant que, premièrement, je ne lui ai pas réellement souhaité un bon anniversaire, et que secondement, j'ai fais allusion à la fête que je lui avais moi-même préparer il y a deux ans.

— Hum... oui. Même si j'aurais préféré que ma famille soit là, dit-il avec un regard lourd de sens.

Je pince les lèvres dans une tentative veine de contrôler l'expression de mon visage. Avoue-t-il à demi-mot qu'il préfère ma fête ? Dans un sens, ça ne serait pas étonnant. Il est assez solitaire et ne s'entoure jamais de personnes superflues qui ne le connaissent pas vraiment. C'est même étonnant qu'il y ait toutes ces stars, à croire que la fête est plus pour Flore que pour lui.
Sa copine fait la moue, caressant doucement l'épaule de mon ex.

— Oui... Dommage qu'on s'y soit pris trop tard pour les faire venir. Mais cette tête de mule ne voulait pas d'anniversaire ! rigole-t-elle en posant sa tête sur son épaule.
Le principal concerner lève les yeux au ciel.
— Tu exagères, je suis pas si têtu, grommelle-t-il, un peu gêné.

Flore ricane et lui tapote le torse d'un doigt accusateur.
— Oh si, mon cœur !
— Non ! réplique-t-il.
— Si ! renchérit-elle.
— Non !
Ils continuent comme ça encore cinq tours avant que, se fixant dans le blanc des yeux, ils éclatent de rire. Je me mords la lèvre et gênée, baisse les yeux. Mais étrangement, je ne sens ni mon cœur se serrer, ni mon sang se figer ou encore moins le besoin de fuir. Oui, il est vrai qu'une légère bouffée de jalousie m'étouffe, mais ce qui me domine c'est la gêne. Est-ce qu'on était aussi ridicule quand on était ensemble ? Je pince les lèvres, me retenant de sourire de justesse. Non. Ils remportent la palme.

Enfin je relève les yeux, juste au moment où ils cessent de se regarder. Je souris poliment.
— Je vais y aller. Je ne voudrais pas déranger votre magnifique couple.
Je croise le regard de Jayden, aussi sombre que la nuit.
J'esquisse un pas pour les contourner mais Flore me retient par le bras.
— N'importe quoi ! Enfin je veux dire... tu ne nous déranges pas, mais oui on forme bien le plus parfait des couples.
Je me force à sourire.
— Je n'en doute pas.
— Vraiment ? Alors tu concèdes que je vais bien mieux avec Jayden que toi ?

Je me fige sur place, paniquée. Comment peut-elle...?
Elle rigole à nouveau.
— Ne fais pas cette tête, Belle ! Bien sûr que je suis au courant. Jayden et moi n'avons pas de secrets l'un pour l'autre.
Mon souffle recommence à circuler et j'ose enfin la regarder. Blottie contre Jayden, elle me fixe mesquinement. Je pose alors un œil sur mon ex qui arrive à peine à me regarder.

— Pas de secrets... c'est nouveau ça. On dirait bien qu'il a réellement changé.
Un sourire en coin s'étire sur le visage de Flore. Un sourire à en faire pâlir plus d'un.
— Je suis contente qu'on soit amies ! On va pouvoir se raconter pleins d'anecdotes super gênantes sur Jayden !

— Je ne préfère pas, amorçons-nous en même temps.

Elle balaie notre remarque d'un revers de la main et attrape une flûte de champagne sur le plateau d'un serveur qui passe à nos côtés.
Elle en boit une gorgée en nous dévisageant l'un après l'autre avec malice.
— Il est temps de pimenter cette soirée.
Sur ce, elle tourne les talons et se faufile au milieu de la foule.
Jayden et moi nous regardons en silence avant qu'il ne murmure :
— Tu as fini par venir...
— Ta copine ne m'a pas vraiment laissé le choix.
Il esquisse un sourire.
— Elle est très autoritaire, c'est vrai.
Je baisse la tête, gênée par le silence qui s'installe. J'en viens même à me balancer sur mes talons. Puis je m'aperçois que c'est risqué alors j'arrête et relève la tête. On se fixe alors dans les yeux, puis enfin il lâche de façon presque inaudible :
— Tu es magnifique...
Je détourne les yeux, sentant mes joues s'échauffer.
— T'es pas mal non plus...
Je lui lance un rapide coup d'oeil, juste à temps pour voir un brève sourire éclairer son visage.
— Je suis content que tu sois là, souffle-t-il subitement.
Je détourne la tête, incapable de soutenir son regard si intense. Je grimace.

— Pourtant... Les plus grandes stars de ce monde t'entourent. Est-ce que tu as vu que la mannequin là-bas te dévore du regard ?

Il me dévisage bizarrement.

— Je n'en ai rien à faire et tu le sais. Combien savent que c'est mon anniversaire ? Qui je suis ? Aucune de ces personnes ne comptent à mes yeux.

Je déglutis face à l'intensité de son regard.

— Tu es la seule que je voulais...

— Merci à tous d'être venus !
Je lève la tête vers Flore qui, du haut de la mezzanine, nous  sourit, un micro dans la main.
— Nous somme réunis ce soir pour fêter l'anniversaire de mon adorable petit ami. Levons tous notre verre en son honneur !
Et elle s'exécute, imitée par toute la foule qui la fixe, intriguée.

— Joyeux anniversaire, Jayden !
La foule applaudit et elle sourit de plus belle, la main sur le cœur.

— Mais attendez ! Gardez vos forces pour la vraie surprise de la soirée ! rigole-t-elle.
Étonnamment les convives éclatent de rire. Qu'y avait-il de drôle ?
Flore pose son regard sur Jayden et je le vois remuer, mal à l'aise, tandis que les regards convergent vers lui.

— Et si tu venais recevoir ton cadeau ? Je te promets que ce sera le plus beau que tu n'aies jamais eu.

Je serre les dents et suis du regard Jayden qui s'avance vers l'escalier, qu'il monte la tête haute.
Du coin de l'œil, je vois Lexie et Lou se poster à côté de moi.
Jayden arrive en haut et, en apercevant Flore, je le vois enfin sourire. Et soudain, j'ai envie de vomir.
Elle se tourne vers nous.

— C'est peu commun, c'est vrai. On me qualifiera de féministe. Certains diront de mon geste qu'il est grotesque. Moi je leur dirais qu'ils sont rétrogrades et machistes. Nous sommes au XXIème
siècle, voyons ! Et quand on aime vraiment, on n'attend pas que l'autre se décide à faire le premier pas. On prend son courage et on le fait à sa place.

Flore pose son regard sur moi et le temps d'une seconde, je vois l'ombre d'un sourire cruel flotter sur son visage.
Je sens mon souffle se figer dans ma gorge tandis que mon cœur bat la chamade. J'ai une très, très mauvaise impression.
Elle pivote vers mon ex qui la dévisage, perplexe, et elle sourit.

— Je n'ai pas prévu de longs discours. Pas de sérénades ou de poèmes. Juste une phrase simple et véridique. Je tiens beaucoup à toi, Jayden Summers. Et je ne veux plus attendre que tu oublies ton passé, que tu prouves ce que tu vaux à mon père ou que tu mettes de côté ta timidité.

Doucement, elle sort d'une poche dissimulé dans les froufrous de sa robe un petit écrin noir.
J'écarquille les yeux tandis que mon souffle reprend, incontrôlable et irrégulier. Mon cœur manque un battement et j'y porte la main.
Pas ça... Par pitié, non.
Avec un sourire éblouissant, elle ouvre l'écrin, révélant une bague brillante de mille feux. La salle prend soudain vie, les invités sifflent, applaudissent, crient de joie.
Et moi je suis sur le point de m'évanouir.
Ma vision se trouble et je titube en arrière.

— Jayden Summers, veux-tu m'épouser ?

Ma tête me tourne tant que je me demande comment je tiens encore debout.Tout devient flou autour de moi, les visages, les formes, les couleurs.
Mais il y a une chose que je discerne clairement. Ce sont les yeux émeraude de Jayden, insensibles à la folie alentour. Des yeux fixés sur moi. Tout le brouhaha me semble alors lointain, les personnes invisibles, et je ne vois plus rien d'autre que lui.
Son visage n'a rien de celui que devrait avoir quelqu'un d'heureux. Et ses yeux brillent tellement sous la lumière. Ils sont si intenses. Et même quand Flore sort la bague de sa boite et lui saisit la main, il ne bouge pas. Ses yeux sont rivés sur moi comme en attente d'une réaction.

Puis sans attendre de réponse, Flore lui glisse la bague au doigt et il reprend vie. Il pose des yeux perdus sur sa copine et ne m'accorde plus un regard.

Et c'est en voyant Flore lui sauter dans les bras pour l'embrasser à pleine bouche, rayonnante de joie, Jayden la tenir par la taille sans la repousser, sans opposer de résistance à ce qui ce déroule. C'est en les voyant  se séparer en se regardant dans le blanc des yeux, puis pivoter vers la foule et lever leurs mains liées au ciel... C'est à ce moment précis que je sens quelque chose s'éteindre en moi.
Une lueur dont je m'étais efforcée d'ignorer l'existence, de la cacher au plus profond de mon cœur. Une faible lueur d'espoir.
L'espoir que tout n'était pas perdu pour nous.

Je titube en arrière et tourne les talons. Je porte la main à ma poitrine, suffoquant sous le coup de la douleur.
Ma vue se brouille, m'empêchant de voir quoi que ce soit, ni les stars que je bouscule, ni les visage des fiancés. Tout ce que j'entends, c'est cette voix qui hurle dans ma tête.
— Pauvre idiote !

Et c'est ce que je suis. Une idiote. Parce que malgré tout ce temps, malgré tout ce qu'il m'a fait, je n'ai jamais cesser de tenir à lui. Et naïvement j'ai cru que j'avais encore une chance.

Je cours dans l'ascenseur, mes larmes dévalant mes joues en torrent. Je cours là-bas en ignorant les paroles des futurs mariés, les sifflements de joie ou les cris de Lou et Lexie.
J'entre dans la cabine et appuie sur les boutons avant de me laisser glisser jusqu'au sol, enroulant mes bras autour de mes genoux.
Je plaque ma main sur mes lèvres, étouffant les sanglots qui secouent mes épaules, et empêchant mon repas de sortir.

Je sors de ma sacoche ma boîte transparente. Il n'en reste presque plus. J'en panique déjà d'avance. Comment vais-je en avoir d'autres ?
J'inspire. J'expire. Puis, sans réfléchir, ingurgite une nouvelle gélule, ignorant ma bouche sèche et ma difficulté à l'avaler.

J'ai le cœur au bord des lèvres.
Et c'est en cet instant de détresse absolue que j'en viens à songer à la beauté de cette expression.

Il y a des émotions qui nécessitent qu'on les expulse de la plus abjecte des manières. Oui, parfois, on souffre tant que le seul moyen de survivre à la douleur, c'est de se débarrasser de son cœur. Oui, ça me paraît évident maintenant. Parfois, pour aller bien, il faut bannir la source de tous nos tourments. Évincer le cœur avant qu'il ne nous pompe jusqu'à la dernière étincelle de vie.

———
Coucou ! N'hésitez pas a commentez, ça fait plaisir !

Vous avez aimé ?

Flore est drôlement doué pour se venger, n'est-ce pas ?

Et Jayden? Il n'avait pas l'air très enthousiaste sur tout les plans possibles, non ?
Quelque chose à lui dire ?

À votre avis, qu'est ce que ces comprîmes qu'avale sans cesse Belle ?

Finalement, les premiers résultats de mon concours sont lundis ! Croiser les doigts pour moi !

On se retrouve dimanche pour le rendez vous à quatre !

BISOUS PAILLETÉS !!😘

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