Lorsqu'elle arriva dans la cour de son lycée, Florian se moquait ouvertement de sa meilleure amie.

La "bande à Florian" ricannait au moindre de ses propos tandis que Laura, honteuse, baissait la tête. Les filles autour du groupe qui commençait à se former n'osaient rien dire, par peur de représailles.

Camelia sentir la colère monter en flèche. D'un pas rapide, se dirigea vers Florian. Elle fendit la foule, les adolescents s'écartaient sur son passage, la regardant d'un œil étonné.

《Laisse-la tranquille.》

L'ordre avait claqué, sec et sans réplique. Pourtant, Florian éclata de rire.

《Tu crois que tu me fais peur? Retourne jouer à tes Barbies et occupe-toi de tes fesses.》

Tous les regards convergèrent vers Camelia, guettant sa réaction. La jeune fille essayait, tant bien que mal, de contenir la vague de colère qui bouillonnait en elle.

《Et puis, tu n'es qu'une fille...》

Ce fut la phrase de trop. La main de Camelia vint rencontrer, avec une certaine violence, le visage de Florian. Celui-ci, choqué, se tenait la joue. Ses yeux brillaient d'une lueur mauvaise.

《Tu vas le payer》, persiffla-t-il.

Il s'apprêtait à se jeter sur elle mais se ravisa. La frapper ne servirait à rien, il voulait une humiliation totale... Un sourire germa sur ses lèvres.

《Demain. Au stade de foot. Garçons contre filles. Trouve-toi une équipe de sept joueuses.》

Et il la planta là. Il partit, suivi de sa bande, visiblement fier de ce qu'il avait dit.

Camelia aurait voulu lui mettre une deuxième claque, taper du pied, hurler que c'était injuste, qu'elle n'avait jamais joué au foot et que c'était évident que son équipe allait perdre.
Mais elle n'en dit rien. Le faire, ça aurait été avouer leur défaite et se ranger à l'idée que les garçons étaient meilleurs que les filles. Et elle ne le supporteraient pas. Elle se retourna et dit d'un ton calme:

《Qui est avec moi?》

À son grand étonnement, six filles s'avancèrent. Plus elle, ça faisait sept. Une équipe. Camelia repensa à son plan du matin, réfléchit, le modifia un peu.

《On va gagner, affirma-t-elle, et j'ai déjà ma petite idée.》

****

Le lendemain matin, lorsque l'équipe masculine arriva, les filles étaient déjà là. Toutes en jupe et en baskets roses flashis, sauf une, qui était en talons.

Quand les garçons passèrent devant elles, elles pouffèrent toutes de rire en se dandinant. Camelia ne rit pas mais elle leur sourit de toutes ses dents, avant de se remettre du rouge à lèvres.

Cela conforta les garçons sur le fait qu'ils auraient la victoire sans problèmes et ils se détendirent, ne remarquant pas les sourires complices que se jetaient les filles.

Dès le début du match, qui, après parlementations, devait durer un quart d'heure, les filles enchainèrent les bourdes. Les garçons ne se foulaient pas et gardèrent le ballon.

Quand les cinq dernières minutes arrivèrent, Florian tira droit dans les but.

Il ne marqua pas.

La moitié des filles étaient agglutinées devant les cages. Le ballon atterrit dans les mains de Camelia, qui le lança à l'autre bout du terrain, entre les pieds d'un garçon.

Laura, qui était juste derrière, fit mine de tomber et s'écroula sur la personne devant elle.

Sally recupera ainsi le ballon et tira de toutes ses forces vers les buts.

Le tir aurait pu être arrêté si le gardien faisait attention au jeu. Malheureusement, il était captivé par Clara, qui minaudait sur ses talons de dix centimètres.

《BUUUUUT!》,hurlèrent les filles.

À ce moment-là, l'arbitre siffla la fin du match. Florian, furieux, se dirigea vers l'équipe féminine qui ne se gênait pas pour montrer leur joie.

《Vous avez triché!》

《Non, répondit tranquillement Camelia, on a joué comme des filles.》

FIN