dix huit ans plus tard...

Je trouve enfin le moyen de m'éclipser, sous le regard noir d'Anissa. J'ai appris en ces nombreuses années de danse que de toutes façons, la jalousie prend souvent le dessus. Ça ne sert à rien de trop s'attacher, mes antécédent et ceux de ma famille prennent l'avantage. Évidemment que Cora va me laisser partir. Ça a beau être ma maîtresse de ballet, et de n'importe quel ballet du monde, ça reste Cora, et c'est comme ça.

Je franchis le rideau me séparant de la scène du théâtre. Le théâtre. Celui où ma mère a dansé jusqu'à en perdre haleine, se battant pour ce qu'elle aime. Et d'une certaine manière, j'ai dansé avec elle. Voilà pourquoi, chaque soir, en cette date précise, la date de mon anniversaire, la date de l'abolition de la loi, je danse sur ce parquet. Je laisse glisser mon pied sur la piste, doucement, puis, vivement, comme elle me l'a tant raconter.

La musique accélère, il faut que je réussisse. Je n'ai pas le choix. L'enchaînement ce fait de plus en plus rapide, j'y arrive, j'enchaîne, je tourne, je glisse, j'essaie, et je tombe. Comme à chaque fois. Et merde. Depuis six mois je répète en boucle cette chorégraphie, et je tombe toujours, toujours, au même endroit. Pourtant je dois réussir. C'est cette chorégraphie que je veux présenter pour entrer dans la troupe du stage à l'opéra de Paris. Là-bas, un des plus grand ballet jamais vu sera organisé, rassemblant tout Paris. Si j'obtiens le rôle principal, ma carrière nationale sera lancée. Mais pour ça, il faut être réellement bon.

Un claquement de porte se fait entendre près de moi, et résonne dans toute la pièce. Je jette un coup d'œil à l'horloge. Déjà une heure que je suis ici. Comme d'habitude, ça n'a mené à rien.

- Tu va y arriver Tessa.
- Tu crois vraiment ? Sérieusement ? Ça fait six mois que j'essaie. Six mois Cora ! Pourquoi on s'acharne sur moi ? Il faut que je réussisse ce passage. Imagine si je n'y arrive pas. Je vais passer pour quoi ? Déjà que tout le monde ne m'aime pas ici. Ce n'est quand même pas de ma faute si je connais des gens haut placé, si ma mère a réussi à contourner une loi énorme grâce à mes tantes et oncles ! Tu as vu le regard d'Anissa tout à l'heure ?
- Depuis quand tu te préoccupe du regard d'Anissa toi ? pouffe t'elle.
- Depuis que j'en ai marre de susciter la jalousie. J'aurais préféré être normale.
- Et vivre dans une famille normale c'est ça ? me reproche ma marraine. Tu veux que je te rappelle tout ce qu'on a fait, pour toi, pour les uns, les autres ? Et qui peut croire que personne ne t'aime quand tu sais que tu es amie avec des gens aussi extraordinaire que Hugo, Camille, Jim, tic et tac, Rose, Lili ou encore Théo ?
- C'est différent Cora.
- En quoi ?
- C'est la famille.

*******

Je m'engouffre à l'intérieur de l'immeuble, Cora et Adam sur les talons. Celui ci nous a rejoint après avoir réglé les derniers détails de la soirée de ce soir à la boîte de nuit, dont il est le directeur.

Mais si vous connaissez cet hangar, vous connaissez aussi mon appartement. Toujours le même, ou presque. Mes parents m'ont raconté que la voisine leur louait la moitié de notre appartement actuel, quand ils avaient mon âge. Maintenant, ils l'ont récupéré, grâce au testament de celle-ci. Une dame géniale parait il, mais je ne m'en souviens pas. Elle est décédé lorsque j'avais deux ans.
On a du coup son grand appartement, pour moi, Sunny et James, mes parents. J'ai ma chambre seule, et même une salle de danse qu'à fait construire mon père à la place des deux anciennes chambres du fond.

Juste au dessus, l'ancien appart de la colocation a été cédé à Cora, Brett, et leurs deux jumeaux de maintenant seize ans, plus communément connu sous le nom de Tic et Tac.

En dessous de notre appartement, Billy et Samantha ont emménagé dès la naissances de leurs enfants. Car oui, malgré le côté extrêmement sages et discret de ces deux là, ils ont eu cinq enfants ! Camille, leur aînée de dix septs ans, reste ma meilleure amie. C'est la seule sur qui je peux et je pourrais toujours compter. Depuis le temps !
A croire que nos trois naissances ont donné envie de refaire des gosses puisqu'ils ont ensuite eu Jim, quinze ans, Lily et Rose, des jumelles de treize ans, et le cadet, Théo, neuf ans.

Quant à Ashley et Adam, ils ont eu un fils d'environ mon âge, Hugo, la troisième naissance. On a passé le plus clair de notre vie ensemble, moi a traîné dans ses pattes, lui dans les miennes. C'est le meilleur ami que je n'ai jamais eu. On passe notre vie ensemble. Après les cours, pendant les cours, à la Liacademie... et oui, encore une chose qui a évolué ! La LiAcademie a ouvert à présent ses portes à partir de quinze ans, si bien qu'avec les jumeaux, Camille, Jim, et Hugo nous étudions tous là bas. Bientôt sera le tour des jumelles, puis viendra le tour des jumeaux.

Il y a quelques années, Hugo, Ashley et Adam habitaient à une rue d'ici, mais un appartement s'est libéré juste en face, sur le pallier de notre appartement. Mon oncle a alors sauté sur l'occasion. Il n'avait pas pensé que ça lui ferait extrêmement de boulot en plus, pour tout rénover, alors mon père l'aide, comme il peut. Ashley, quant à elle, court de partout, tout le temps. Elle essaie de s'occuper d'Hugo, qui est clairement ingérable, tout en travaillant comme mannequin dans les magazines de danse. Si vous n'aviez pas encore compris, elle en chie.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Peut être que vous aviez envie de savoir qu'est ce que ma mère est devenue, qu'est ce que je suis devenue, alors que vous ne me connaissez même pas.

Alors je finirais par vous dire que la danse, c'est une grande famille. Tout comme la mienne. Cette histoire que vous avez pu connaître, je l'ai mainte et mainte fois entendue, à chaque occasion, à chaque noël, ma tête sur l'épaule d'Hugo, Camille allongée à ses pieds, se servant de mes jambes comme oreiller et tenant son petit frère, Théo, dans ses bras. Une douce musique, nous ayant bercer toutes notre enfance, accompagné des doux rires de nos géniteurs, résonnait et résonne encore dans le salon, avec au pieds du sapin, le reste de la fratrie attendant sagement, tous allongé les uns sur les autres. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, malgré nos âges, on ne s'en ai jamais lassé.

Je les aimes fortement, ces petits personnages qui ont rythmé ma vie et qui ont toujours été là pour moi, même dans les moments difficiles. C'est ça la famille. On peut toujours compté sur elle, quoi qu'il arrive.

Car finalement, qu'est ce qu'on a de plus que tout ces autres personnes qui nous jugent, nous regardent de travers dans les couloirs, nous jalousent juste parce que nos parents ont eu une vie ? Je vais vous le dire. Nous, nous avons la fierté d'avoir participé à leur il était une fois.

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Ça fait un an, jour pour jour, que j'ai commencé à écrire cette histoire. Voilà pourquoi cet épilogue, initialement pas prévu, est là.

J'espère avoir vos retours.

Merci à James, Sunny, Cora, Billy, Adam, Ashley, Samantha, Brett, Nicolas, Claire, Mme Minel, Tessa, Hugo, Camille, Jim, Lili, Rose, Tic, Tac, Théo et tout les autres d'avoir fait vibré cette histoire dans mon cœur pendant un an. Et je suis sure que ça ne va pas s'arrêter là.