Chapitre 35 + Bonus

Malheureusement, le premier chapitre de la 2e partie, le petit supplément pour Noël que j'avais prévu, ne s'est pas envoyé. Je vous le mets donc ici avec, à la fin, une surprise!

Joyeuses fêtes!

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Mais qu'est-ce que ces cinq idiots fichaient là ? Et surtout, comment avaient-ils pu entrer ?

Une petite lueur se jeta sur moi et se blottit contre mon cou.

— Loupiote ?

Même lui était venu ? Je refermai la main sur le feu follet, qui dansait entre mes doigts, à la fois furieux et joyeux.

Une gerbe d'écume nous arrosa, me rappelant que les interrogations attendraient. Le jour ne tarderait pas, et il valait mieux qu'on soit à l'abri lorsque la lumière reviendrait.

— Ne restez pas près de la mer. C'est dangereux.

Je ne voudrais pas qu'ils perdent un bras ou une jambe par mégarde. L'océan, autrefois mon allié, essayait ici de tuer les imprudents qui se risquaient dans ses eaux.

— C'est ça, l'etre bed ? bougonna Louarn. Je ne m'attendais pas à ça.

— Attends de voir, grommelai-je. Bon, il faut partir. Ne trainons pas. Ramassez vos affaires, on y va.

— Morgat ! m'interpella Sivi. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Quel marché as-tu passé avec Morvarc'h, exactement ? Et pourquoi est-ce que tu es aussi... bizarre ?

Le grondement léger que je perçus au loin me hérissa. Le danger se rapprochait.

— Plus tard. Nous devons nous dépêcher. Suivez-moi, et rapidement.

Aval se redressa. Sa main serrait le pommeau de Calibourne, mais il ne dit rien. Son air taciturne ne lui ressemblait pas. Dans mes souvenirs, il était beaucoup plus joyeux que ça, et j'avais désespérément besoin d'optimisme en ce moment.

Nous partîmes. Ma priorité était de m'éloigner du bord de l'eau. Voir ce déferlement de monde ne me plaisait pas vraiment. Il faudrait maintenir en vie toute cette petite troupe et je savais à quel point certains étaient têtus. Heureusement, ils ne semblaient pas encore être en état de contester mes ordres et de poser des questions.

Nous arrivâmes à la forêt. Enfin, ce qu'il en restait. Les troncs calcinés s'élançaient comme des pieux vers le ciel, menaçants, mais offraient de bonnes cachettes le jour tombé. Les trous entre leurs racines étaient le refuge de nombreuses créatures inoffensives. Le sol, tapissé de cendres, s'avérait quant à lui dangereux. Il était impossible de discerner d'éventuels pièges dessous.

— Suivez mes traces ! ordonnai-je.

Le silence accompagnait notre chemin. Je sentais leurs questions bouillonner, et les miennes attendaient de s'échapper également, mais pour le moment il nous fallait rester concentrés. Nous n'aurions pas le droit à l'erreur.

Je pris grand soin de marquer mon passage. Rendre mon pas aussi balourd que la première fois ne m'était plus naturel.

Le ciel rougeoya alors que nous n'étions plus qu'à une centaine de mètres de la falaise. Mon sang se glaça dans mes veines. Je me tournai vers mes camarades.

— Courez jusqu'à l'escalier ! Vite !

Ils tressaillirent, et s'élancèrent en avant. Mes doigts se resserrèrent autour de ma lance avant de les suivre.

Le rugissement survint derrière moi, une cacophonie monstrueuse qui aurait terrifié le soldat le plus aguerri. Le son de la mort et du désespoir.

Loar tomba à terre peu avant la lisière. Les cendres s'envolèrent autour d'elle dans un nuage. Son air blême et fatigué, son souffle court et la sueur qui ruisselait le long de son visage m'indiquèrent que le poison dévorait encore son corps. Je la soutins.

— Debout !

Elle tenta de se relever, mais ses jambes la portaient à peine. Je passai un bras autour de sa taille, parvins à la redresser...

Un cliquetis familier résonna à mes oreilles. J'eus seulement le temps de la pousser à terre. Trois dards se fichèrent dans mon dos, d'autres se plantèrent dans les troncs autour de moi. La douleur explosa dans tout mon corps. Un gémissement rauque s'échappa de mes lèvres. Heureusement, le poison ardent n'avait plus prise sur moi. J'avais bien fait de prévoir un antidote, sinon j'aurais perdu la vie en moins d'une journée.

Je me retournai. La créature, haute de plus de deux mètres, était percée sur huit pattes effilées. Sa queue se terminait par une série de dards. Ses mandibules claquèrent, charriant une odeur de putréfaction qui m'arracha un haut-le-cœur.

— Abomination ! jurai-je.

La queue fouetta l'air. Je l'esquivai d'une roulade, tentant d'ignorer la souffrance entre mes épaules. Je me précipitai vers elle. Ma lance s'écrasa contre une de ses pattes, la traversa de part en part. Le monstre fut déstabilisé. J'en profitai pour sortir mon poignard. L'ancienne magie bourdonna dedans et enflamma sa lame. Je glissai sous son ventre et frappai une articulation sensible de son abdomen. Elle rugit, rebroussa chemin avec empressement.

Cela nous offrait juste quelques minutes de répit avant que d'autres n'arrivent. Je saisis Loar, l'aidai de nouveau, et nous rejoignîmes le groupe qui nous attendait sur la falaise. Là, malgré le découvert, nous étions plus en sécurité que nulle part ailleurs. De tous les monstres de l'etre bed, la mer était la plus dangereuse. Ce qui me permettait d'être le plus à l'abri dans ce monde de dingue.

Je les conduisis le long du petit escalier creusé à même la roche, m'arrêtai à la moitié du chemin. Plus bas, les marches tombaient jusque dans une caverne naturelle au sol qui s'écroulerait sous les pieds de quiconque. Un piège parfait pour un visiteur malintentionné.

Ma main se posa sur le calcaire trempé. J'insufflai un peu d'ancienne magie grâce à trois notes. L'entrée trembla, les pierres s'écartèrent et laissèrent le passage vers l'intérieur. J'y poussai Loar, pénétrai dans ma cachette.

Dans l'obscurité, les pas de la petite troupe résonnaient comme un troupeau d'éléphants. J'allumai les bougies avec mon chant. Une douce lumière se répandit autour de nous, dévoilant mon refuge, tandis que les rochers se refermait. La chaleur nous enveloppa davantage.

L'intérieur avait été aménagé de façon plutôt coquette, considérant l'endroit où je me trouvais. La zone de couchage se situait au fond, dissimulée par un paravent improvisé, tout comme l'espace pour faire sa toilette. La pièce de vie comportait quelques meubles d'exécution grossière, mais mes peintures sur les parois donnaient un peu de charme et rendaient l'ambiance moins déprimante. Un grand miroir de bronze ornait un côté. Cela ne valait pas Castel Torret, mais j'aurais pu avoir pire. Seul le bruit de la mer résonnait ici.

La tension disparut enfin de mes épaules. Je saisis, à force de contorsions, les dards et les laissai retomber à terre. Un coup de pied les envoya valser dans un coin. J'attrapai un pot, le lançai à Sivi, et ôtai mon haut.

— Tu peux appliquer la pommade sur mes blessures ?

Elle le déboucha, l'air soupçonneux, mais obéit. Le remède fit immédiatement refluer ma souffrance, m'arrachant un soupir de soulagement.

— Morgat, c'est quoi cet endroit ? Pourquoi tu as l'air...

— Aussi à l'aise ?

Elle hocha la tête.

— Combien de temps vous avez mis pour me retrouver ?

— Trois heures, répondit Aval, sans desserrer les dents. Morvarc'h nous a dit où tu étais, et il nous a envoyé ici.

Je me renfrognai. Seulement trois heures ?

— Le temps est vraiment différent, dans l'etre bed. Il passe plus vite. Pour moi, ça fait quatre mois.



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BONUS:

Voici Loupiote (je ne suis pas très douée en dessin, mais j'étais plutôt contente de moi!)

A bientôt j'espère avec de bonnes nouvelles sur la partie 2!

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