Que me manque-t-il ?
Foule dense, danse folle,
Plus ils sont nombreux, plus on est seul.
Que me manque-t-il ?
Oublier la compagnie,
La première, la plus belle,
De nous-même, oui celle,
Qui devrait être chérie.
Que me manque-t-il ?
Se mêler aux autres et se perdre
Noyé dans la foule,
Noyé dans la houle,
Errer, désabusé,
Entre les visages, courir et chercher
Quelqu'un, un étranger,
À enlacer,
Sans jamais trouver.
Que me manque-t-il ?
Entendre les paroles, voir les gestes,
Du flot de leurs liens qui défile.
Comme un guignol, être en reste,
Quand la danse des autres se profile.
Eclats de couleurs pour habiller une toile
Colorée, si nombreux mais accordés,
En une vaste peinture qui se dévoile,
Et de laquelle on demeure écarté.
Que me manque-t-il ?
Nombreux, en plein discussion,
Sans savoir ce qui nous retient,
Hors de leur groupe, de leur attention.
Épuisé, mais tenter en vain,
D'adresser une parole, un mot,
Un sourire ou une blague,
Et n'apercevoir que leurs dos,
Être balayé comme d'une vague.
Que me manque-t-il ?
Lorsque que les efforts se brisent,
Que les larmes pleurent.
Être le premier qu'on méprise,
À ses bourreaux, lancer des fleurs.
S'écraser contre les rochets,
Vers lesquels la marée repousse,
Gésir parmi les galets,
Dans une dernière secousse.
Articuler des remerciements,
À la vie qui nous trahit
Et aux sourires de toutes ces gens.
Qui rient autant qu'on subit.
Que me manque-t-il ?
Comment être accepté,
Comment faire comprendre ?
Qu'on a autant à donner,
Qu'eux sont en train de nous prendre.
Se plier en quatre, demander à plaire.
Hypocrite, incarner un autre
Qui ne cherche qu'à bien faire.
Feindre, même si l'ambition qu'est nôtre,
Se trouve être d'être accepté,
Pour la seule chose que l'on a jamais été.
Que me manque-t-il ?
Comme si l'on pouvait être reconnu,
Dans une société d'aveugles.
Comme si un honneur nous était dû,
Du berceau jusqu'au cercueil.
Ne pas vouloir en démordre,
Détourner les yeux.
Car si les choses étaient en ordre
Tous irait bien mieux.
En silence, se convaincre que
Nous méritons autant que ceux,
Que l'on considère comme des dieux,
D'être accepté et d'être heureux.
Que me manque-t-il ?
Curieux paradoxe, que de chercher les autres,
Et d'en être plus seul que s'ils n'avaient pas existé.
Car, au fond, ce malheur n'est la faute,
Que des relations que l'on espérait, et qui ne sont jamais arrivées.
Insociable, sans doute.
... x 6/05/2023
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