Chapitre 14

            - Kook... je dois te dire quelque chose.

Jungkook se redressa pour s'asseoir sur le lit, s'adossant au mur et portant toute son attention sur Susan. La jeune femme se tordait les mains d'angoisse, sentant monter le stress sous le regard insistant de son petit-ami qui, pourtant, n'avait encore rien fait jusque-là qui aurait pu la rendre mal à l'aise.

- Hé... je suis là, d'accord ? Je ne vais pas m'en aller et tout va bien se passer, tu peux me faire confiance, la rassura-t-il en caressant doucement son bras du bout des doigts pour ne pas lui faire peur.

Elle devait se calmer. Elle devait respirer. Elle devait reprendre ses esprits. Tout allait bien, Jungkook le lui avait dit. Tout allait bien, Jungkook était là.

Susan prit une grande inspiration et s'assit à côté de lui, de telle sorte à ce que leurs cuisses se touchent et que leurs regards soient face au mur. Elle préférait ne pas le regarder tout de suite, perdre ses yeux dans le vide aiderait les mots acides à sortir de sa gorge serrée et douloureuse.

Elle lui raconta tout, en commençant par son rendez-vous catastrophique en compagnie de monsieur Yu. Elle ne lui épargna aucun détail, insistant sur son hideux comportement, sur ses manières déplaisantes, sur ses paroles haineuses et sur ses insinuations salaces. Puis vinrent les appels téléphoniques à n'importe quelle heure de la journée, les mails avec les photos trafiquées et les menaces perpétuelles de tout divulguer aux médias, les demandes de rendez-vous douteuses, les œillades suggestives dans les couloirs de l'agence, et les tentatives d'attouchements dans les recoins déserts de certains étages. C'était un harcèlement perpétuel et épuisant.

A bout de souffle, Susan dut faire un effort surhumain pour ne pas s'effondrer. Tout son corps n'était que tremblements, ses lèvres avaient pâli pour ne plus former qu'une mince ligne blanche sur son visage déjà drainé et ravagé par les larmes.

A côté d'elle, Jungkook était submergé par une myriade de pensées contradictoires. Devait-il la prendre dans ses bras ? Devait-il la laisser tranquille ? Avait-elle besoin de réconfort ou d'espace ? Il était impuissant. Il mourrait d'envie de l'embrasser et de l'étreindre, de la protéger de l'extérieur, de la consoler, d'être un bouclier, une armure. Il ne voulait plus la voir souffrir, il ne voulait plus la voir pleurer.

N'en pouvant plus, il étendit son bras jusqu'à ce qu'il frôle l'épaule de Susan. Un sursaut de recul s'échappa d'elle sans qu'elle ne puisse le contrôler. A cette vue, un voile de tristesse recouvrit le visage de Jungkook, avant de se dissiper aussi rapidement qu'il était apparu. Ce n'était pas sa faute, elle était craintive, elle était au bord de la crise de panique. Il ne devait pas la pousser, même si son rejet le blessait au plus profond de lui, même si son air apeuré lui déchirait le cœur, même si elle mettait du temps à s'en remettre, il devait respecter ses peurs et ses choix. Il ne serait pas un de ses hommes toxiques, il ne deviendrait pas son pire cauchemar.

Cependant, malgré l'angoisse et un certain dégoût à l'idée d'un quelconque contact humain, Susan se jeta dans ses bras et enfouit son visage dans son torse. Jungkook n'était pas monsieur Yu et il ne le serait jamais. Certes, elle ne pouvait pas ignorer son appréhension grandissante ou la façon dont ses muscles se contractaient comme pour se construire une carapace, elle ne pouvait pas faire comme si son cerveau n'était pas rempli de crainte et de frayeur. Mais elle pouvait s'abandonner dans les bras de Jungkook.

Pris par surprise, le jeune homme ne sut que faire et il resta les bras ballants, impassible et immobile pour ne pas la brusquer, pour lui laisser du temps.

- Tu n'es pas obligée de continuer, je comprends, je...

- Non, le coupa-t-elle d'une voix brisée et en se détachant de lui, tu dois savoir, tu as le droit de tout savoir.

Jungkook déglutit difficilement et hocha simplement la tête, l'invitant à poursuivre alors que tout son être lui hurlait de l'entourer de ses bras réconfortants, pour ne plus jamais la laisser sortir, pour ne plus qu'elle est à devoir subir tout ceci.

Alors, Susan continua. Elle évoqua sa rencontre avec Woobin, les conseils qu'il lui avait apportés ainsi que le soutien sans faille qu'il lui avait témoigné.

- Il voulait que je te dise tout, mais j'ai été trop lâche, sanglota-t-elle en s'essuyant maladroitement les joues d'une main pataude, je pensais que ça allait passer avec le temps, qu'il allait se lasser... je ne voulais pas t'attirer des ennuis avec l'agence, tu n'avais rien demandé...

Jungkook soupira et ses épaules se voûtèrent.

- Je sais.

Cette simple annonce fit taire Susan qui lui lança un regard dans lequel se fondaient toutes sortes d'émotions : le choc, la colère, la tristesse et enfin, la trahison.

- Tu savais ? répéta-t-elle, sa voix menaçant de défaillir à chaque nouvelle inspiration.

Il nia de la tête. Non, il ne savait pas les détails. Il avait rencontré Woobin, il y a un peu plus d'un mois maintenant – juste après que Lucie ait décidé de déménager à Busan. Bien qu'ils aient eu un rendez-vous pour parler d'elle, Woobin n'avait rien voulu lui confier de plus – c'était à elle de le faire, pas à lui. Et, même si Jungkook en voulait à face de rat de ne pas l'avoir mis au courant de toute l'histoire, il lui en était reconnaissant de ne pas avoir trahi la confiance de Susan.

- Je ne savais rien, juste qu'il se passait quelque chose à l'agence. Mais il ne m'a rien dit, ne m'a donné aucun indice, je n'avais même pas de nom ! Il t'avait fait la promesse de ne rien me dire et il l'a tenue jusqu'au bout... je suis désolé, Susan... j'aurais dû être là... j'aurais dû t'aider... tu n'aurais jamais dû avoir à subir tout ça...

Sous ses yeux grands ouverts, Susan vit la façade de Jungkook se craqueler et se morceler. Les traits du maknae se contorsionnèrent jusqu'à ce que sa résolution ne se brise en un millier d'éclats, envoyant valser son masque de courage et de force.

Honteux, il se mordit la lèvre et baissa la tête, laissant ses boucles noires recouvrir son visage rougi. Ses épaules tressautèrent doucement et des hoquets mêlés à des larmoiements vinrent emplir la chambre.

- Et c'est l'autre qui était à tes côtés et... et je ne peux même pas lui en vouloir parce qu'il a été là pour toi, lorsque je ne pouvais pas. J'aurai voulu que tu puisses me le dire plus tôt, que tu puisses me faire confiance à cent pour cent... et en même temps, je sais que tu ne pouvais pas, que tu ne voulais pas, que tu voulais me protéger, que... que...

Il s'étrangla sur ses mots, incapable de sortir un seul son qui restait obstinément bloqué dans sa gorge.

- Et... et moi je veux te protéger, Susan, lui confia-t-il d'une voix lacée de pleurs, parce que je ne veux pas te perdre... que c'était mon job, que c'est tout le temps toi qui te sacrifies... comme quand tu es repartie en France sans que je ne sache rien, tu aurais très bien pu tout quitter sans que je ne sois au courant... et je n'aurais pas pu te retenir parce que je n'aurais pas su ce que tu avais enduré et... et je t'aime, bordel. Je t'aime et je veux que tu me fasses confiance... je veux que tu me blesses si ça nous permet d'affronter ça ensemble. Arrête d'être la seule à te battre et à prendre les coups, laisse-moi monter sur le ring pour me battre à tes côtés... s'il te plaît, Susan... laisse-moi être fort pour toi...

Tout au long de son discours, les dernières barrières de la jeune femme s'effondrèrent peu à peu. C'était, sans doute, une des premières fois qu'elle voyait Jungkook dans cet état. Même au bout de cinq ans de relation – et presque de vie commune – elle ne l'avait jamais vu craquer à ce point, et surtout pas en sa présence. Dans les temps difficiles, il avait toujours préféré rester seul pour s'occuper de ses émotions, trouvant le repos dans sa solitude.

Ses mains fines recouvrirent sa bouche, étouffant ses sanglots. Elle était incapable de contrôler les violents spasmes qui ne cessaient de secouer tout son corps. Cependant, elle fit un effort surhumain pour se relever sur ses genoux et attirer la tête du jeune homme contre sa poitrine. En réponse à son geste, il l'entoura de ses bras puissants et étreignit sa taille, se cramponnant à elle comme si elle était la dernière personne qui allait l'empêcher de sombrer.

Ils passèrent la nuit dans les bras l'un de l'autre, à se parler, à se confier toutes sortes de choses, à s'excuser, à se pardonner, à pleurer et à se consoler.

Personne n'avait jamais dit que cela serait facile, que cela serait intuitif. Tout comme Lucie et Taehyung, ils avaient leurs propres problèmes à régler et leur propre histoire à écrire, mais pour cela, ils se devaient d'être deux.

Dans la capitale, l'ambiance était tout autre. Le reste des garçons et Estelle venaient d'arriver chez eux et, affamés après le trajet en voiture, avaient décidé de s'organiser un repas frugal et nocturne. D'accord, après qu'ils soient passés à l'épicerie au coin de la rue, cela ressemblait beaucoup plus à un dîner avec deux ou trois apéritifs, cinq entrées mêlant soupes et fruits de mer, quinze plats avec poissons et viandes pour finir sur une farandole de desserts.

Mais pourquoi Estelle et Yoongi étaient avec eux, me demanderiez-vous ? Eh bien, voyez-vous, Namjoon avait eu vent de leur petite escapade en amoureux – oui, Hoseok avait vendu la mèche... encore – et leur avait formellement interdit de s'échapper de cette manière.

- J'ai déjà les deux maknaes en moins ! On est à deux mois de notre comeback, on est en plein milieu de la création et de la production de notre nouvel album, je ne peux pas faire ça sans trois personnes qui manquent ! Et surtout pas l'un de nos producteurs de génie ! Non Yoongi, pas de vacances cette fois-ci ! leur avait-il dit, sous le regard mortifié d'Estelle qui rêvait d'un week-end en bord de mer.

- La prochaine fois, tâche de ne pas en parler à Hobi et de poser tes RTT avant les autres, avait-elle maugréé en direction de son petit-ami, boudant sur tout le trajet les ramenant à Séoul.

La jeune femme avait, cependant, cessé de faire la tête à la vue de la montagne de nourriture qui s'étalait devant ses yeux ébahis. Sans plus attendre, Estelle s'installa à la table, entre Yoongi et Jimin, et commença à piocher dans les nombreux plats devant elle sous les yeux rieurs des garçons.

- Et moi qui pensais qu'avec quatre bouches à nourrir en moins, cela serait suffisant... je pense avoir sous-estimé l'estomac d'Estelle !

A l'entente de son prénom, elle releva la tête de son assiette, la bouche pleine et le regard mauvais. Elle déglutit avant de sortir, vénéneuse :

- Tu n'aurais pas eu de problèmes si tu m'avais laissée partir en vacances.

Une aura menaçante emplit soudain la pièce, grandissant de minutes en minutes autour d'Estelle jusqu'à la parer d'un halo sombre. Les garçons reculèrent lentement dans leur siège, se collant au dossier et priant toutes les divinités ayant existées pour qu'elle ne leur lâche pas une colère à la Lucie. Oui, une de ces colères qui pouvaient littéralement rivaliser avec un typhon et un tsunami, et un séisme de magnitude neuf sur l'échelle de Richter.

- Tiens, mange ça, c'est le meilleur bout.

Aussitôt, l'ambiance pesante se dissipa comme un nuage de brume, tandis que Yoongi déposait amoureusement les morceaux de viande les plus tendres dans le bol de riz de la jeune femme, effectuant un savant rituel avec ses baguettes, sous les regards ébahis de ses presque frères, qui n'en revenaient pas de le voir si mordu.

Une heure après, ils étaient tous repus et s'étaient installés dans le salon. Estelle et Yoongi s'étaient étalés sur le canapé, lui assis près d'un accoudoir de sorte à ce que le corps de la jeune femme prenne tout le reste de la place et que sa tête repose sur ses genoux, où il pouvait passer ses longs doigts dans ses cheveux courts, appréciant la douceur de ses mèches.

Namjoon et Jin avaient choisi l'autre canapé, tous deux absorbés dans la lecture de leurs livres. Hoseok et Jimin, quant à eux, s'étaient chamaillés un instant pour un des fauteuils, avant d'abandonner et de s'y mettre tous les deux, tout cela résultant en un méli-mélo de bras et de jambes qui se semblait pas les déranger le moins du monde. En effet, ils surfaient sur leur dernier iPhone – la collaboration avec Samsung ? Quelle collaboration ? – et Jimin ne cessait de remonter ses lunettes sur son nez en une mimique adorable.

C'était dans ces moments de calme qu'ils ressemblaient le plus à une véritable famille. Il n'y avait pas un bruit, seul le bruissement des pages et le tapotement des doigts sur l'écran troublaient le silence. C'était confortable, réconfortant presque. C'était un de ces moments de paix que l'on appréciait après une longue journée, un de ces moments que l'on appréciait pleinement une fois qu'il se terminait.

- Vous croyez que cela va aller pour Tae et Luce ? demanda finalement Hoseok, laissant son téléphone de côté et brisant, par la même occasion, la douce atmosphère.

A ces mots, Estelle se remise en position assise, au grand désarroi de Yoongi qui foudroya son partenaire du regard. Il était très bien lui ! C'était quoi encore que cette question débile !

- Ils sont grands, ils vont s'en sortir tout seul, répondit Jin sans lever les yeux de son livre, laissez-les un peu tranquilles. Ils n'ont pas besoin de nous.

- Tu es dur, hyung, réagit Jimin en fronçant les sourcils, cela ne doit pas être facile pour eux... Taetae était vraiment mal lorsque Lucie n'était plus là... il l'a vraiment mal vécu.

Estelle acquiesça de la tête et renchérit :

- Pour avoir vu l'état dans lequel il était tous les deux, ce n'était pas beau à voir. Luce ne dormait presque plus les deux premières semaines et elle ne cessait de nous appeler avec Susan. Je ne veux plus jamais avoir à entendre ses dilemmes sur le fait de contacter Taehyung ou pas !

- Quoi ? s'exclama soudainement le leader, toi aussi tu y as eu le droit ?

Les deux poussèrent un cri de lamentation tandis qu'ils se racontaient l'infernal cauchemar qu'ils avaient dû vivre pendant quinze jours, à être réveillés en sursaut par la sonnerie hystérique de leur téléphone, aussitôt suivie par la voix déchirée de pleurs de Lucie.

Jin leva soudainement les yeux au ciel, reposant son livre sur la table basse et faisant taire les jérémiades des deux énergumènes.

- Ce ne sont pas nos affaires, déclara-t-il d'une voix ferme, je sais que vous voulez faire au mieux en les aidant mais ce sont des adultes et ils possèdent toutes les capacités nécessaires pour se débrouiller. Je ne dis pas que nous ne devons pas leur apporter des conseils et être à l'écoute de leurs problèmes, mais ils ne devraient pas se reposer sur nous pour faire des choix décisifs – et certainement très difficiles – à leur place.

Jimin baissa la tête à l'entente du sermon de son aîné. Jin n'avait pas tort, Lucie et Taehyung s'étaient beaucoup reposés sur eux, s'attendant à ce que l'on prenne des décisions importantes pour leur vie privée, sans qu'ils n'aient à s'embêter avec les problèmes occasionnés par la suite. Certes, ils avaient eu une passe difficile, mais cela n'excusait pas leur comportement de lâche vis-à-vis de leurs propres choix. C'était leur vie, leur relation et certainement pas le fardeau des autres !

- Et sinon, personne ne trouve que Susan agit différemment ces derniers temps ? s'enquit Hoseok, les sourcils froncés par l'inquiétude.

A ces mots, Estelle déglutit bruyamment. Ses mains se tordirent sous l'effet d'une anxiété grandissante, ses doigts se mêlant et se démêlant sans cesse. Yoongi remarqua aussitôt le petit manège de sa petite amie et posa une main rassurante sur son épaule, l'attirant légèrement à lui pour lui témoigner son entier soutien.

- Hum... c'est-à-dire que... je pense qu'il y a un problème avec l'agence, bredouilla-t-elle, peu sûre d'elle.

- Comment ça ? Que se passe-t-il à l'agence ? Tu as croisé Susan là-bas ?

Estelle acquiesça à la dernière question de Namjoon.

C'était il y avait un peu moins d'une semaine. Elle avait décidé de faire la surprise à Yoongi en allant lui rendre visite dans son studio. Cependant, le chemin menant aux étages réservés aux BTS se devait de traverser les nombreux bureaux de l'administration. Ainsi, Estelle avait entendu, par le plus grand des hasards, la voix de Susan dans l'un d'eux. Curieuse de retrouver son amie, elle s'était donc avancée vers la source du bruit avant d'être surprise par l'ouverture violente de la porte et par la sortie précipitée – et presque arrogante – d'un homme en costume trois pièces qu'elle ne semblait avoir jamais vu.

Intriguée, elle avait passé sa tête à l'intérieur du bureau, s'attendant à découvrir le visage resplendissant de Susan. Malheureusement, elle y trouva tout le contraire et cette vision d'horreur se grava sur sa rétine. La chanteuse était prostrée sur sa chaise, la tête baissée de sorte à ce que ses cheveux dissimulent son visage. Mais ce qui l'avait marqué, c'était ses mains. Ses pauvres mains qui ne cessaient de trembler, ses marques rouges au creux des paumes et le faible témoignage de la force qu'elle avait utilisée pour serrer ses poings à la vue de la blancheur de ses phalanges.

Ce n'était plus Susan. C'était une jeune femme terrorisée.

A la fin de son récit, Estelle était glacée et était prise de frissons réguliers.

- Je ne vous l'ai pas dit plus tôt car je ne savais pas comment vous l'annoncer... je... je ne sais pas depuis combien de temps cela dure mais... elle avait l'air vraiment mal-en-point, mais elle ne nous montre jamais rien... se justifia-t-elle en balbutiant, je... je crois qu'elle se fait harceler.

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Helloooooo !

Voici donc ce chapitre, quelque peu en retard, je m'excuse ! J'espère qu'il vous aura plu !

Je tenais à vous prévenir du rythme chaotique que risquent de prendre les publications futures, en raison de mes études et surtout de mon installation à venir ! J'essayerai, tout de même, de faire au mieux !

Des bisous mes tigrous en sucre,

Sweety ~

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