Chapitre 10
Un silence pesant vint prendre place. Aucun bruit, si ce n'est celui de l'eau sur les carreaux de la douche, ne venait percer ce brouillard épais et étouffant. La respiration de Jungkook était saccadée. Il lui était incapable de la contrôler alors que ce nom maudit ne cessait de tourner à l'intérieur de son crâne, réveillant ses pires cauchemars et inquiétudes.
Il manqua de raccrocher mais son interlocuteur interrompit le torrent de pensées qui le déchirait de l'intérieur :
- Ce n'est pas Susan, n'est-ce pas ?
Jungkook nia de la tête avant de se rappeler qu'il ne pouvait pas le voir. Serrant les poings et la mâchoire, il répondit d'une voix sèche :
- Pourquoi tu l'appelles ?
Un soupir.
- Elle ne te l'a pas dit alors...
Le chanteur se figea. Ses muscles se contractèrent, sa main libre s'agrippa à un des accoudoirs du fauteuil dans lequel il enfonça ses doigts pour ne pas hurler.
- Ne m'as pas dit quoi ? Hwang, sale face de rat, je te jure que si tu lui fais du mal... le menaça-t-il entre ses dents serrées.
Il s'emportait. Il n'allait pas tarder à crier et il ne voulait pas que Susan l'entende. Il allait devoir partir d'ici au plus vite, s'il ne souhaitait pas qu'elle le découvre ainsi.
- Hé ! Redescends de ton arbre ! Et moi qui fais un effort pour être un minimum civil en ta présence, ricana Woo Bin dans une attitude plus que provocante.
Sous la force de sa poigne, Jungkook sentit le siège craquer. Il se contint pour ne pas envoyer valser le portable, même si l'imaginer se briser en mille morceaux sur le mur se serait révéler particulièrement thérapeutique.
Soudain, le ruissellement de l'eau arrêta de parvenir à ses oreilles. Son corps se tendit au maximum, prêt à bondir. Il perçut le bruit des pieds mouillés de la jeune femme sur le carrelage de la salle de bain, ainsi que le bruissement de la serviette sur sa peau. Elle allait pénétrer dans la chambre d'une minute à l'autre, il ne pouvait pas se trouver là, il devait s'en aller. Maintenant !
- Elle sort de la douche, s'entendit-il dire à l'autre imbécile.
- Petit veinard.
La vision de Jungkook se troubla entièrement, l'espace d'un instant fugace, de rouge. Tout d'un coup, il eut un affreux goût métallique sur la langue. Passant un doigt sur sa lèvre inférieure, il y découvrit du sang. Il était tellement énervé qu'il n'avait pas senti la morsure et la désagréable sensation de picotements qui suivait.
- Hwang, je te jure, ferme ta sale gueule, cracha-t-il avec toute la haine du monde.
- Relax, le biscuit. Ca fait bien longtemps qu'elle ne m'intéresse plus. De toute façon, j'ai toujours su qu'elle avait des goûts plus que critiquables...
- Hwang, gronda Jungkook.
- Je te conseille de te grouiller, par contre. Si elle sortait de la douche il y a cinq minutes, je suppose qu'elle ne va pas manquer à surgir dans la pièce où tu es. Et je ne voudrais absolument pas être à ta place lorsqu'elle va se rendre compte que tu n'es qu'un sale gamin qui l'espionne contre son gré. Quelle preuve de confiance, dis-moi ! J'adore votre dynamique ! L'une qui ment et l'autre qui va s'y mettre ! se moqua-t-il, vous êtes tellement forts ! Mes sincères félicitations pour avoir rendu votre couple digne d'un drama coréen !
Sans perdre une seule seconde, Jungkook bondit souplement du siège et s'enfuit par la porte. Au même moment, Susan apparaissait dans la chambre, une serviette immaculée autour du corps et finissant d'enrouler ses cheveux dans un drap de bain assorti.
- Etrange, j'aurai juré avoir entendu Kook...
Le dénommé Kook, quant à lui, s'était enfermé dans sa propre chambre pour continuer l'appel. Même si cela lui irritait le conduit auditif et le rendait particulièrement mal à l'aise vis-à-vis de Susan, il souhaitait des réponses.
- Arrête de raconter de la merde. Tu la harcèles ? Tu es devenu le connard que ton père rêvait que tu sois, c'est ça ? Et quoi de mieux que de s'en prendre à sa première victime ! Vraiment, bravo Hwang, je te savais pourri mais là, tu viens de décrocher le grand prix ! Je te jure que tu ne ressortiras pas intact du procès que je vais te coller aux fesses ! Même ton père ne pourra pas venir te sauver les miches !
- Ya ! Jeon ! Surveille ton langage et utilise les seules neurones qu'il te reste pour être logique ! Je te pensais abruti, mais tu es bête à manger du foin en fait !
Jungkook déglutit difficilement. Ce n'était pas lui. Il ne réagissait pas de façon normale. Il n'était pas comme ça.
Il se laissa tomber sur son lit et se prit la tête entre les mains. Il devait réfléchir. Il devait reprendre ses esprits. Hwang avait raison, il était bête à manger du foin. Il devait utiliser sa tête et arrêter de dresser des conclusions hâtives. Il secoua la tête pour sortir toutes les idées néfastes de son cerveau. Il vaudrait mieux pour lui qu'il en parle à Susan, qu'il soit honnête avec elle, elle le méritait.
C'était ça. Il allait raccrocher et irait lui demander tout de suite après. Il n'attendrait pas une minute de plus et il irait la confronter.
- Jeon... hé... désolé de t'avoir parlé sur ce ton mais je devais te faire réagir.
Le chanteur soupira profondément. Bien, Woo Bin semblait vouloir enterrer la hache de guerre et lui tendait maintenant le calumet de la paix. Il allait faire preuve d'intelligence et le prendre, au lieu de s'enfoncer dans sa morosité et son comportement de petit idiot immature et dévoré par la jalousie.
- C'est moi. Pardon. Je n'aurais pas dû dire ça. Ces dernières années, tu n'as rien fait qui aurait pu me laisser penser ça. J'ai agi comme un con, je m'excuse.
Woo Bin ne répondit pas tout de suite aux excuses du maknae des BTS, comme s'il en savourait leur goût sur sa langue. Jungkook trouva cette attitude fortement désagréable mais il contint un autre excès de fureur. Il était un adulte responsable et il se comporterait comme tel.
- Jeon, je sais que c'est dur et, si tu veux des réponses à tes questions, viens me voir. Fais-moi confiance sur ce coup-là, elle ne te dira rien de ce qu'il se passe.
- Comment ça, elle ne me dira rien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Elle a des ennuis ? Elle voit quelqu'un ? Hwang, si c'est toi je...
- Jeon, ferme ta grande gueule, veux-tu. Note mon numéro, envoie-moi le tien et je te ferai suivre l'adresse pour que l'on se rencontre. Je ne peux rien te dire par téléphone, et encore moins sur celui de Susan. Maintenant, tu vas raccrocher, respirer un grand coup et aller le lui rendre.
Jungkook se contenta d'hocher la tête. Il ne savait plus quoi dire, ni quoi penser. Quant à Hwang, sa voix rassurante et ses mots rythmés lui permettaient de s'accrocher à quelque chose pour ne pas sombrer. Bien, il ferait ce qu'il disait.
- Et Jeon ? s'empressa de le rappeler Woo Bin.
- Oui ? répondit le chanteur.
- Occupe-toi d'elle. Ne pose pas de questions, sois juste à ses côtés et sois présent. Elle a besoin de toi, plus que tu ne le crois.
Jungkook se mordit la langue et raccrocha sur ces mots. Il n'en pouvait plus de ce ton condescendant. Il était prêt à beaucoup de choses pour Susan, mais écouter Woo Bin le sermonner plus de quinze minutes était au-dessus de ses forces.
Il lança le téléphone qui rebondit sur son matelas, avant de s'allonger sur son lit, écartant les bras au-dessus de sa tête et bloquant son regard sur le plafond. Qu'allait-il faire maintenant ?
La jalousie dévorante qui menaçait de le submerger à tout instant le poussait à confronter la jeune femme. Cependant, il tenait à elle et ne souhaitait pas la faire souffrir – et encore moins la perdre. Ainsi, avec toute la maturité dont il pouvait faire preuve, il ne la laisserait pas tomber et la soutiendrait dans ce qu'elle traversait – peu importe ce que cela était.
Bien qu'encore tremblant et indécis, le jeune homme prit la décision de rendre son téléphone à Susan. Son plan lui semblait encore plus que bancal, mais il se savait capable d'improviser. Ces informations l'avaient sonné et il ne savait plus où donner de la tête. Trop de questions se bousculaient à l'intérieur de son crâne. D'abord, il devait voir Susan. Il devait lui parler. Il devait confirmer ses doutes, ses angoisses et ses suppositions que quelque chose n'allait pas.
Avant de retourner dans la chambre de la jeune femme, Jungkook alla se passer un peu d'eau sur le visage pour se réveiller. Peut-être que cela lui remettrait les idées en place.
Cette porte ne lui avait jamais paru aussi imposante. Alors qu'il s'apprêtait à frapper, le poing levé, on ouvrit brusquement et il tomba nez à nez avec Susan qui sursauta, ne s'attendant pas à le trouver ici.
- Kook ! Je croyais t'avoir entendu tout à l'heure, tu étais là, non ?
Elle était belle. Voilà ce qu'il lui traversa l'esprit lorsqu'il l'aperçut.
Elle sortait à peine de la douche, cela se voyait aux gouttelettes qui continuaient de perler au bout de ses pointes, jouant avec la lumière et parant sa chevelure de jais de pierres rondes et étincelantes. Ses yeux aussi brillaient. Ils rayonnaient avec une de ces étincelles qui semblaient lui être réservée, à lui et rien qu'à lui. Son regard océan plongeait dans le sien et il se sentait comme un marin en mer, happé par les iris azur d'une sirène.
Son nez droit le mena à ses lèvres rosées et voilées d'une pellicule brillante de baume qu'il savait avoir goût de fraise. Elles paraissaient si douces, il aurait eu envie de l'embrasser.
- Kook ? Tu avais quelque chose à me demander ?
Sa voix, quoique mélodieuse, brisa la bulle du chanteur qui cligna plusieurs fois des yeux pour revenir sur terre. Pourquoi était-il là, déjà ?
- Hum, oui... je venais te rendre ton téléphone, répondit-il en détournant le regard et en se frottant la nuque dans une attitude qui se voulait désinvolte, et pourtant remplie d'embarras.
La surprise se lut sur le visage de Susan puisque ses sourcils se levèrent imperceptiblement. Elle prit, cependant, le téléphone que lui tendit Jungkook sans broncher. Pourquoi l'avait-il en sa possession ? Elle était pourtant certaine de l'avoir déposé sur son lit avant de prendre sa douche... étrange, elle avait dû l'oublier sur le bar dans la cuisine après être descendue pour boire un verre d'eau, cela ne devait être que ça.
- Et... quelqu'un a appelé...
Le ton de Jungkook aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Elle n'aurait pas dû lui demander des précisions.
- Oh ? Qui ? D'habitude, personne ne m'appelle si tard le soir... c'était peut-être maman...
Susan alluma son portable et s'apprêtait à le déverrouiller lorsque la réponse de Jungkook interrompit tous ses gestes et jeta un froid glacial entre eux :
- Hwang Woo Bin.
Elle se figea, le doigt au-dessus de l'application d'appel. Il ne fallait pas qu'elle tremble, il ne fallait pas qu'il voit, il ne fallait pas qu'il sache. Respire ma grande, il ne se doute de rien, tout va bien.
- Vraiment ? s'étonna, son sourire n'ayant pas quitté ses lèvres, sûrement une erreur.
Jungkook la fixa un instant puis acquiesça à ses paroles et sourit à son tour.
- Tu as raison, il a dû se tromper de numéro mais je voulais que tu saches, au cas-où c'était important, lui expliqua-t-il, je ne voudrais pas que tu rates une opportunité.
Susan était mortifiée. Elle ne savait plus quoi dire et elle sentait l'atmosphère devenir plus qu'étouffante. Jungkook était dans le même état et il choisit la fuite. Il se pencha vers elle et déposa ses lèvres sur son front, en essayant de passer toute la tendresse qu'il éprouvait pour elle dans ce simple geste. Prise de court, la jeune femme eut un infime sursaut de recul mais, la sensation de ses lèvres sur sa peau sembla l'apaiser imperceptiblement et les muscles de ses épaules se relaxèrent. Ce détail n'échappa pas à Jungkook, qui réussit à en tirer un sentiment de soulagement et de contentement. Elle répondait toujours à ses marques d'affection, c'était bon à savoir.
- J'ai des choses à faire, mais je te revois dans pas longtemps, d'accord ? lui confia-t-il en lui envoyant un sourire ravageur.
Les doigts de la jeune femme se crispèrent autour de son téléphone mais elle hocha la tête, une impression de chaleur remonta jusque dans ses joues, les colorant légèrement de rouge.
- Pas de soucis, tu n'as qu'à repasser plus tard dans la soirée si tu as fini. Je ne compte pas me coucher tôt de toute façon. Je laisserai la porte ouverte, rajouta-t-elle avec tout l'espoir du monde.
Malgré le fait qu'elle lui cache l'horrible chantage de monsieur Yu, la présence de Jungkook lui manquait terriblement. Il lui manquait terriblement.
Entendre ces mots sembla rassurer le maknae des BTS qui se contenta d'acquiescer de la tête. Il verrait ce qu'il pourrait faire – il verrait s'il était capable de lui faire face, sans lui demander de but en blanc ce qu'il se passait réellement.
Sur ce, ils se regardèrent encore un moment avant que Jungkook ne décide à rompre le contact et à se détourner. Susan, quant à elle, mit plus de temps à revenir sur terre. Sa porte se referma doucement, ses pupilles rivées sur le dos du chanteur qui disparaissait dans le couloir.
Quelques secondes plus tard, Jungkook se retrouvait de nouveau face à une chambre. Il hésita un instant avant de toquer puis, prenant son courage à deux mains, frappa deux coups secs. On lui ouvrit presqu'aussitôt.
- Jimin, je peux te parler ?
Un peu plus loin dans l'immense résidence des BTS, deux autres personnes se retrouvaient sur le chemin l'une de l'autre, sans vraiment le vouloir et sans vraiment le souhaiter.
Lucie se mordit la lèvre à la vue de Taehyung, figé face à elle, les yeux écarquillés comme s'il était surpris de la voir. Elle habitait ici, tout de même, c'était normal qu'ils se rencontrent dans les couloirs.
Le jeune homme reprit rapidement ses esprits et s'excusa dans le but de la contourner, lorsqu'elle se saisit brusquement de son avant-bras, l'obligeant à se retourner. Intrigué, le chanteur leva un sourcil dans ce qu'il espérait être une attitude indifférente.
- Tu veux quelque chose ? sortit-il d'une voix sèche et sans émotions.
La styliste déglutit difficilement et lâcha son bras, comme si elle venait de se faire brûler. Elle joignit ses mains, faute d'avoir autre chose de plus constructif à faire.
- Hum... je pensais que... que l'on pourrait, peut-être, discuter ? Tous les deux ?
Taehyung se contenta d'acquiescer. Il reprit sa marche, intimant à Lucie de le suivre d'un léger signe de tête. Cette dernière s'exécuta, sentant ses entrailles se tordre devant la perspective d'annoncer son départ prochain. Comment allait-il réagir ? Allait-il seulement se sentir concerné ? Possédait-il encore, ne serait-ce que le moindre sentiment pour elle ou s'était-il entièrement renfermé sur lui-même ?
En pénétrant dans sa chambre, il s'assit aussitôt sur le lit, laissant Lucie debout au milieu de la pièce, ne sachant où se mettre. Quelque peu embarrassée, elle se tortilla sur place pendant quelques secondes avant que Taehyung ne soupire et ne l'invite à ses côtés.
- Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé pour que cela devienne aussi gênant entre nous, murmura-t-il entre ses dents serrées, amer.
Lucie eut la présence d'esprit de baisser la tête. Les épaules voûtées, elle faisait pitié à voir. En même temps, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Certes, Taehyung n'était pas innocent dans l'histoire. Après tout, il n'avait pas cherché à comprendre et s'était éloigné d'elle. Cependant, elle avait été la première à instaurer une distance inutile entre eux, à ne pas accepter ses preuves d'amour – à les considérer comme acquises et à ne plus faire d'efforts. Elle était presque la seule à blâmer. C'était de sa faute s'ils étaient assis là, épaules contre épaules et dans l'incapacité de décrocher un mot sans que celui-ci ne fasse exploser l'atmosphère, déjà alourdie par leurs non-dits.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire, Lucie ? s'impatienta-t-il sans lui décrocher ne serait-ce qu'un seul regard.
Elle frissonna. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas appelée par son prénom, préférant de multiples surnoms affectueux, ou son éternel « Luce » – son préféré.
- Tu es au courant de ma situation, je pense, je n'ai pas vraiment besoin de t'éclairer là-dessus... je... j'ai quitté l'agence la semaine dernière.
Elle sentit le souffle de Taehyung se bloquer dans sa cage thoracique mais choisit de continuer, jugeant préférable de faire ça le plus rapidement possible, afin qu'ils ne souffrent pas plus que de raison.
- Et je quitte Séoul dans les mois qui vont suivre, j'ai besoin d'un atelier et d'être à l'aise pour pouvoir travailler et...
Ces mots parurent ramener le chanteur à la vie. Il se retourna d'un coup vers elle et lui empoigna les épaules avec force, la contraignant à rester immobile. Une grimace se dessina sur son visage alors que sa poigne ne cessait de se renforcer.
- Tu vas faire quoi ? s'écria-t-il, les yeux écarquillés et désormais remplis de peur, mais pour aller où ?
- A Busan, bredouilla-t-elle, les lèvres tremblantes et les paupières résolument fermées pour ne pas pleurer.
Remarquant son mal-être, il la lâcha aussitôt, les muscles tétanisés par l'effort et par l'angoisse due à son départ plus que soudain.
- Tu pars quand ? Tu as déjà la date, n'est-ce pas ? Tu ne veux pas me dire, c'est ça ? Et puis, pourquoi tu es obligée de partir ? Tu n'es pas bien ici ? On a de la place, pourtant ! Et même si tu ne voulais pas rester avec nous, pourquoi tu ne repars pas dans ton ancien appartement ? Celui avec Estelle et Susan ? Vous aviez largement la place pour un atelier ! déblatéra-t-il à toute vitesse.
- Je... je ne sais pas encore, balbutia-t-elle, l'agence m'a dit qu'ils me réserveraient l'appartement. Je comptais aller le visiter ce week-end et... et j'avais pensé que, peut-être, tu souhaiterais m'accompagner...
Les traits fermés de Taehyung en dirent long sur sa réponse. Lucie aurait pu citer toutes les émotions qui s'accumulaient et se débattaient dans son regard, en un maelstrom redoutable : peur, doute, colère... espoir ?
- Alors ? lui demanda-t-elle, pleine d'appréhension, qu'en dis-tu ?
Taehyung ne répondit pas, se contentant de l'observer avec sincérité, et Lucie comprit. Elle comprit que c'était sans doute trop tard, qu'elle aurait dû réagir avant et que, maintenant, il était trop blessé pour accepter une telle chose de sa part.
Elle acquiesça doucement et se leva du lit. Elle se tourna une dernière fois vers le jeune homme, qui n'avait pas bougé d'un pouce, si ce n'est ce même regard perçant qui ne cessait de la fixer. Alors qu'elle se détournait de lui, s'apprêtant à sortir de la chambre, sa voix grave et chaude la retint :
- Luce, tu peux me sourire, s'il te plaît ?
Lentement, elle lui fit face et lui sourit. D'un de ces sourires doux et amer, qui vous frappent de plein fouet et vous laissent anéanti. Un sourire rempli de souvenirs et de joies passées, désormais débordant de nostalgie et de tristesse.
- Au revoir Tae, portes-toi bien.
Le cœur lourd, Lucie quitta la pièce en pressant le pas. Cette pièce emplie de souvenirs joyeux, cette pièce qui ne voulait pas la laisser tranquille, cette pièce qui les avait vu ensemble et qui marquait le début d'une fissure sans doute impossible à combler, cette pièce maudite dans laquelle elle venait de jeter son cœur.
Une fois dans le couloir, un sanglot brisé s'échappa de sa gorge et des larmes dévalèrent ses joues en des torrents salés qui lui troublèrent la vue.
Etait-ce ça, la fin ? Etait-ce déjà fini ?
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Hum... vous m'aimez toujours autant, n'est-ce pas ?
Mais bon, tout ça avance ! Certes, là vous avez clairement l'impression qu'on est au fond du trou et qu'on ne cesse de descendre maaaaais, ça va s'arranger 8D
Des gros bisous mes tigrous en sucre,
Sweety ~
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