Lucile

Deux ans plus tard

     Parfois, dans la vie, les plus grandes guerres se terminent par une défaite pour certaines, par une victoire pour d'autres.
     Sakura, dans sa guerre contre la mucoviscidose, a échoué.
     En revanche, dans sa guerre pour rendre sa maman heureuse, afin de partir plus sereinement, elle a gagné.
     La douleur est toujours là, même après deux ans. Elle fera partie intégrante de moi, tout comme la maladie a fait partie intégrante de mon cerisier.
     Pourtant, cette petite fille au cœur si pur et aux mots si précieux m'a montré l'importance de lutter contre le vent, sans relâche. Le mistral a fini par l'emporter, mais le courage dont a fait preuve Sakura tout au long de sa courte vie ne sera jamais effacé.
     Elle a marqué les esprits de chaque personne qui a croisé sa route. Elle les a faites rire, elle les a faites sourire, elle les a faites pleurer, aussi. Beaucoup. Son rire résonnera à jamais contre les murs du CHU de Montpellier, tout comme son premier cri. Sa petite voix sera toujours entendue par ceux qui l'ont aimée.
     Et quand vient la douleur, parfois, je l'entends encore me glisser à l'oreille, juste avant de s'endormir pour l'éternité :
     — Sois pas triste maman, on se reverra vite !
     Alors je ravale mes larmes, je prends les armes, et je trouve la force de passer une nouvelle journée sans elle à mes côtés.

     Pourtant aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de pleurer en contemplant son si joli visage de poupée. Et j'espère que de là où elle est, elle saute de joie à l'idée d'avoir réussi à trouver la personne idéale pour supporter ma douleur, elle qui a tout fait pour nous rapprocher.

      — On y va, chérie ?
     — Oui, encore deux minutes.
     Je tamponne mes yeux avec la peluche préférée de ma petite fille, dépose un baiser du bout des doigts sur sa photo, et laisse mon père me guider jusqu'à celui qui a réussi à apaiser la souffrance de Sakura ses cinq dernières années.
     Les invités se lèvent lorsque la musique commence à résonner doucement dans l'église, mais je n'ai d'yeux que pour l'homme qui attend devant l'autel, un immense sourire aux lèvres tandis qu'il essuie une larme sur sa joue.
     — Salut, toi. Tu es magnifique, note-t-il en m'embrassant le front.
     Je sais qu'il voit la peine derrière la joie, mais lui plus que quiconque peut comprendre ce mélange de sentiments qui m'anime depuis deux ans.
     — T'es pas mal non plus, monsieur Gallagher !
     Il entrelace nos doigts et laisse ensuite la cérémonie se dérouler. Enfin, après toutes les promesses, vient l'heure d'officialiser notre union par l'échange des alliances.
     — Au nom de la loi, je vous déclare unis par les liens du mariage. Vous pouvez embrasser la mariée !
     Applaudissements, hourras, et me voilà devenue madame Legrand-Gallagher pour le restant de ma vie. Tadhg m'embrasse une longue minute, puis chuchote, son front contre le mien :
     — Tu crois qu'elle nous lance des confettis, de là-haut ?
     Je hoche la tête, tente un sourire pour retenir de nouvelles larmes.
     — Ou alors, elle se plaint parce qu'on a osé s'embrasser devant des gens.
     Quoi qu'elle fasse au pays des fées, je sais qu'elle est heureuse car son souhait le plus cher s'est réalisé : voir sa maman, son papa et elle former une famille.

     Je ne suis pas prête à faire naître une nouvelle pousse de mes racines. Le temps fera son travail, sûrement, il atténuera la souffrance et permettra à un jeune arbre de pousser à nouveau, mais c'est encore trop tôt.
     En revanche, je suis plus qu'heureuse d'avoir réussi à entrelacer mes racines avec celles de Tadhg.

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