Les dieux, l'étoile et la science 1/2

Voilà une petite histoire, écrite pour le concours de nouvelles avancées, sur le thème des météorites !
***
Qu'y a-t-il de plus beau qu'un ciel étoilé ?
C'est avec cette réflexion en tête qu'Alexandre admirait la voûte céleste. Son maître, le vieil Onchos, exigeait de ses apprentis qu'ils connaissent sur le bout de leurs doigts chaque astre constellant la chevelure de Nyx, déesse de la nuit. Bien que réticent au début, le jeune homme ne
pouvait se passer de l'enseignement du meilleur maître d'Atlantis.

C'est donc avec aisance qu'il reconnut les nombreuses constellations et étoiles qui le surplombaient.
Il admira le Cygne puis son regard survola L'Aigle, La Lyre et Cassiopée,... et s'arrêta tout à fait sur le Dragon.

Les yeux plissés, il regardait dans son τηλεαστηρ cadeau de son maître pour voir les étoiles invisibles à l'oeil humain. Il ne comprit pas immédiatement ce qui avait attiré son attention dans la constellation, qu'il avait pourtant vue mille fois. Puis il eut une illumination.
Une nouvelle lumière flamboyait dans les cheveux de la nuit.
*
Il n'était pas loin de minuit quand Alexandre avait fait sa découverte, et il se précipitait maintenant pour en faire part au plus tôt à son maître.
Mais, sous le coup de l'excitation, il avait oublié que celui-ci habitait presque à l'opposé des collines, et cela faisait bientôt deux heures qu'il peinait, courant vers la demeure de son maître, suivi par son fidèle esclave Arctos. Bien que tout atlante
respectable ait un corps en bonne forme, courir ainsi dans le noir était épuisant.

Le jeune homme avait déjà dépassé les grandes plantations d'oliviers et les collines d'où il regardait les étoiles, et il passait maintenant les grandes murailles d'orichalque, métal précieux entre tous, dont le secret était gardé par les forgerons atlantes.
Une fois entré dans la cité d'Atlas, joyau d'Atlantis, l'élève dut courir encore une quinzaine de
minutes avant d'atteindre la demeure de son maître.
Et il pensa soudain à un autre détail, d'une importance cruciale. Le maître devait dormir. Et il n'aimait pas qu'on le réveille.

Laissant esclave et affaires à l'entrée de la grande maison de pierre blanche, il envoya un serviteur chercher maître Onchos à sa place (il y avait toujours un serviteur debout, pour repousser les voleurs, accueillir les visiteurs tardifs et s'occuper du maître quand il rentrait passablement
éméché).

Le climat était relativement clément. Alexandre s'assit donc dans la cour intérieure, près d'une fontaine en forme de poissons, symbole incontestable de richesse. Il regarda son reflet à la lueur des torches, et fit en sorte de cacher sa fatigue, pour paraître au mieux devant le savant.
« Que me vaut cette visite ? » grogna soudain une voix derrière lui.
Le maître, petit homme replet à la peau blanche et à l'âge avancé, se tenait juste derrière lui.
Le ton colérique n'ayant pas échappé à Alexandre, il se redressa prestement et montra sa découverte dans le ciel avant que le maître ne le rabroue sévèrement.
Après un long silence, celui-ci déclara enfin : « Une nouvelle étoile dans le ciel est un présage divin, mais je ne saurais l'interpréter ».
Il renvoya enfin Alexandre, un respect nouveau dans les yeux, associé toutefois à une grande inquiétude.

*

Le chant du coq et la rumeur matinale réveillèrent Alexandre après de maigres heures de sommeil.
L'esprit encore embrumé, il allait se rendormir quand une bagarre éclata dans la chambre qu'il partageait malheureusement avec ses trois frères. Quand ses parchemins commencèrent à voler, il jugea bon d'intervenir.
Après avoir remis à leur place ses frères, il se prépara à sortir devant un lourd miroir de bronze, qui lui renvoyait l'image d'un jeune homme brun à la peau olivâtre, et à l'air fatigué. Alexandre grimaça. N'importe qui pouvait voir qu'il n'avait pas dormi, tant des cernes se dessinaient sous ses yeux verts.

Après s'être rassasié de figues, de raisin et de pain blanc, Alexandre rejoignit sur l'Agora ses camarades et amis, Oros et Chimon. Il s'étaient tous trois rencontrés chez le maître Onchos, et depuis ne se quittaient plus. Le premier était littéralement une force de la nature, sa taille excédant sept pieds, ce qui l'amenait à deux têtes au dessus de la plupart des gens, qui se montraient craintifs
devant lui (sa taille n'ayant d'égale que sa carrure). De nature débonnaire et patiente, il pouvait s'absorber pendant des heures dans l'étude d'une colonie de fourmis, talent inutile mais qui lui avait valu l'admiration du maître.

Chimon, quant à lui, était un vrai tourbillon, les pensées se succédant à un rythme effréné dans sa tête, et il n'hésitait pas à dire haut et fort ce qu'il pensait - pour le malheur de ses proches, bien souvent.
À l'arrivée d'Alexandre, ils débattaient apparemment sur la théorie des quatre éléments, que Oros jugeait fantaisiste. Il plaidait en faveur de la théorie des atomes, qui expliquerait bien mieux, disait-il, le comportement de la matière.

Ils s'étaient tous les trois retrouvés pour participer aux thalassantes, fêtes en l'honneur de la mer et de son dieu, Poséidon. La cité toute entière allait être en ébullition pour trois jours, durant lesquels des sacrifices, des combats navals, des marchés et des célébrations seraient organisés. Les soldats étaient revenus de leur lointains combats pour cette fête, et ramenaient avec eux le fruit de leur
conquêtes.

C'est face à ce défilé que se trouvaient les amis en ce moment.
- « Incroyable ! Vous avez vu la couleur de ces fruits ? Oh ! Vous pensez que ces esclaves sont des
guerriers égyptiens ? Et vous avez vu ces armes ! Les barbares sont tellement en retard à côté de
nous ! »

Chimon alimentait à lui seul la majeure partie de la conversation, ce qui convenait tout à fait aux deux autres, d'un naturel plus silencieux. Alexandre en avait presque oublié cette nouvelle étoile, et marchait dans la ville en fête sans qu'aucune nouvelle n'assombrisse ses pensées. Cette humeur joyeuse dura jusqu'à l'après midi, quand un premier cri retentit : « Regardez ! Dans le ciel ! »

En levant les yeux, Alexandre aperçut une vive lumière qui brillait malgré le soleil haut dans les cieux. Les habitants d'Argos ne parlaient plus que de ce signe des dieux, et l'agitation des lieux poussa les trois camarades à quitter le centre de la ville. En effet, une grande foule se dirigeait vers le temple de Poséidon, afin de savoir ce que cette intense lumière signifiait, et on avait déjà vu des gens périr dans une foule pareille.

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