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L'amour est une rose, il n'existe pas sans épines. Voilà pourquoi nous souffrons. Mais si on fait attention, on peut ne pas toucher ces épines et admirer sa beauté.

On a l'impression de couler, encore et encore plus bas. On a besoin de quelqu'un pour nous aider à remonter. Et c'est quand on est remonté à la surface qu'on, est prêt à aider. On ne peut pas aimer si on n'est pas encore stable mentalement, apprenons à s'aimer soi avant d'aimer les autres

°°°

J'essaie de dessiner le portrait de ma sœur, Sophie. Nous écoutons la douce voix de Billie Eilish à travers mon enceinte. J'aime ces moments de calme qui nous sont offerts. Je laisse le pinceau divaguer sur le tableau, un peu comme mes pensées. Le soleil à travers la fenêtre vient frapper agréablement nos bras nus.

— Ça va durer combien de temps ?

— Je ne sais pas. En tout cas, tu restes là jusqu'à ce que j'aie fini !

— D'accord... J'aime bien cette musique.

— Moi aussi...

— Tu sais... Un jour j'ai rêvé que t'étais morte, et la seule chose qui pouvait nous unir malgré tout, c'était la musique. Je n'ai pas envie de te perdre...

Ma gorge se sert, et je sens des larmes me monter aux yeux, je ferme le poing et me mords la lèvre : je dois me montrer forte pour ma sœur. Malgré tout. Je refuse d'être faible devant elle, je veux qu'elle puisse sentir qu'il y a encore de l'espoir. Que l'on peut encore être heureux.

— Je sais... Moi non plus je ne veux pas te perdre, mais tu ne me perdras pas.

— Depuis que papa est mort, j'ai l'impression que tu n'existes plus... Tu sais, tu n'es plus là. Tu t'enfermes dans ta chambre... Je comprends que c'est dur mais on doit rester fortes...

— Ecoute Sophie, c'est moi la grande ici, je sais ce que je fais. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.

— Je sais... Je veux juste te dire que tu me manques... Et papa aussi, puis maman aussi... J'ai l'impression que depuis qu'il n'est plus là, plus rien ne vit, comme si on partait tous en morceaux. Comme si le temps s'arrêtait subitement.

— C'est normal... C'est le deuil, mais on s'y habitue, c'est la vie. On continue à vivre, différemment mais on continue. Tout reviendra en ordre dans quelque temps... On s'y fait. Je continue à vivre et à profiter de la vie, j'ai juste changé parce que j'en avais envie. Ça fait du mal mais on ne peut pas rester coincé dans le passé. Si tu as besoin de moi pour quoi que ce soit, je serai là.

— Merci...

Difficile de conseiller quand on est soi-même perdu. Le pire, c'est que je ne me souviens absolument pas de ce qu'il s'est passé avec mon père, il y a six mois. Je sais juste que j'étais présente lors des faits.

Maman, elle, préfère rester dans le silence. Un mutisme inquiétant qui fait naître en nous de nombreux doutes sur le bonheur. Elle ne parle que pour dire le nécessaire. Je ne sais pas si elle sait quelque chose sur l'accident, mais en tout cas elle ne veut pas en parler...

J'ajoute quelques touches de couleurs sur le visage de ma sœur.

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