29
Frissonnant au contact de la bise fraiche de fin d'automne, je m'installe sur un banc à côté de mes amis. J'observe Juliette, les yeux cernés, elle s'est FINALEMENT décidée à revenir au lycée. Son état n'a pas l'air vraiment amélioré. Parfois, le midi elle sort pour revenir un peu soûle, j'ai l'impression d'être la seule à m'inquiéter pour elle. J'ai essayé de lui parler un jour, malheureusement, elle refuse l'aide, elle dit préférer comme ça. Ça me fait si mal de voir son cœur se briser chaque seconde de sa vie.
Une voix interrompt mes tristes pensées :
- Céleste ? C'est possible qu'on parle en privé.
Je jette un regard à Aurélien, lâche sa main et acquiesce :
- Oui, bien sûr.
Je me lève et suis Théo, jusqu'à ce qu'on s'assoit un peu plus loin.
- Bon... Je vois qu'on est tous un peu perdu.
- Oui, c'est vrai... Mais faut pas, on doit redevenir comme avant.
- Ce n'est pas pareil sans elle...
- Tu l'aimais bien, c'est ça ?
- Oui... il relève le visage, m'offrant un sourire triste. C'était la deuxième fille que j'ai vraiment aimée... Après...
- Je vois...
Je ne sais pas trop quoi dire, il a eu un passé douloureux.
- Merde quoi, j'ai perdu les deux filles dont je suis tombé amoureux ! C'est si dur... Si la mort les a emportées, c'est qu'elle me veut aussi.
- Ne dis pas ça...
- Tout va dans le sens contraire ! C'est... comme si je n'étais plus rien, plus personne. J'ai perdu toute mon identité. Sans elles, j'aurai été qui ? J'étais plus proche de Claire que tu pourrais ne le penser. On se connaît depuis l'enfance, j'ai commencé à l'aimer en début d'année... Même si je disais ne plus croire en l'amour. J'avais peur qu'elle me rejette. On est meilleurs amis depuis nos 10 ans, je me souviens encore de notre première rencontre ! J'en peux plus vraiment.
Sentant sa voix trembler, je le prends dans mes bras, mes paroles ne seront jamais assez réconfortantes.
Passant un bras sous son œil gauche, il reprend :
- En plus mes parents veulent se séparer, ils s'insultent et se crient dessus chaque soir, ils pensent que je ne les entends pas, alors que je passe des nuits blanches à fumer.
- Ohh... Je suis si désolée pour toi... Mais ça va passer, avec le temps tout s'améliorera, et tu trouveras d'autres filles qui sauront te rendre heureux...
- Oui... Sûrement, tu as raison.
Il se lève, remet ses écouteurs et me laisse en plan, perplexe.
Je pousse un soupir et rejoins ma place à côté d'Aurélien, puis je pose ma tête sur son épaule. Je me laisse bercer par le doux bruit des lycéens qui ne savent pas parler sans crier.
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