De retour chez moi, ma mère m'interpelle :

- Tu as découvert la vérité... ? Sur... Ton père.

- Oui... Entre autres. Je dis faiblement.

- Ça ne va pas ?

- Maman... J'explose en larmes. Elle me prend dans ses bras. J'ai perdu Claire...

Elle reste silencieuse. Je suis sûre qu'elle pense « Et moi j'ai perdu ton père. Par ta faute. »

- Pourquoi tu disais que c'était de ma faute pour papa... ?

- Parce que... Attends, on va s'assoir sur le canapé.

Sophie descend doucement les escaliers, hésitante, puis fini par nous rejoindre sur le canapé.

- Avant qu'on descende dans ce lieu où étaient enfermés ton copain et...

- Ex.

- Ton ex et ton père, je t'avais dit qu'il fallait mieux appeler la police pour qu'elle nous aide. Puis, déterminée, tu y est allée sans m'écouter, alors on t'a suivi pour pas te laisser seule entre de mauvaises mains. Ensuite, il nous a piégés, a demandé à moi et ta sœur d'aller au fond de la pièce, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs... Et c'est là que ton père suppliait de le tuer, puis j'ai fermé les yeux, et entendu des coups de feu. Quand j'ai rouvert les yeux, la seule chose que j'ai vu... C'était ton père, mort. J'ai rien vu autour, juste lui... Alors j'ai rapidement appelé le samu.

- Maman... C'était un malentendu ! Je n'ai pas tué papa. Sophie, t'as ouvert les yeux ?

- Non, j'avais trop... Peur. Je suis désolée.

- Je m'étais retournée pour tirer sur l'homme mais il l'a remarqué trop tôt et m'a tiré dessus, ensuite il a tiré sur papa et mon ex. Alors... Tu m'as haï pour quelque chose que je n'ai pas fait...

- Je ne te détestais pas... Je suis désolée ma chérie.

Elle me prend dans les bras, des larmes aux yeux.

Pourquoi faut-il que toutes les belles choses aient une fin ?

J'enlace Sophie, puis remonte dans ma chambre en traînant des pieds, pour m'allonger sur mon lit et pleurer.

De Romane à Céleste :

Ça te dit qu'on se rejoigne tous au parc ? Faut vraiment qu'on parle.

De Céleste à Romane :

Oui, faut vraiment qu'on parle... Quelle heure ?

De Romane à Céleste :

Ce soir, vers 17/18 heures. On est tous là à cette heure là. Tu pourras ?

De Céleste à Romane :

Oui, je pense pouvoir venir... Bisous ma belle, à toute à l'heure.

C'est fou comment en quelques minutes notre vie peut basculer... J'ai peur maintenant.

°°°

On s'entasse tous les sept sur un banc ; Amina sur les genoux de Théo, qui a un coquard. Amina ne s'est même pas présentée, mais avec tout ce qui arrive en ce moment, ça doit être compliqué... Romane et Joe collés l'un contre l'autre, Juliette est au bout du banc (mais du gouffre aussi), le visage triste, et moi je suis sur les genoux d'Aurélien.

Le soleil se couche de plus en plus tôt. Romane prend la parole en première.

- Bon... On fait quoi ?

- Bah qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?! On va pas faire la fête ! Je m'énerve, vexée de la question de ma meilleure amie.

- Je voulais pas dire ça... Juste, on va faire comment pour vivre ?

On baisse tous les yeux. Joe déclare :

- Va falloir faire avec... On peut pas arrêter de vivre.

- Bien sûr que si. Ça se voit que tu l'aimais pas Claire ! Remarque Théo, énervé.

- Oh les gars, vous n'allez pas vous battre !

Joe lance un regard noir à Amina. La tension monte, j'interviens :

- Elle a raison. On ne va pas s'énerver pour ça.

- De toute façon, ça se voit que tu l'aimais trop Claire. Hein, Théo ! C'était l'amour fou ! Mais elle est trop lesbienne pour toi !

- Tu cherches vraiment les embrouilles toi ?

Théo et Joe et lèvent, pendant qu'Amina fixe Théo :

- C'est vrai ce qu'il dit ? Tu l'aime ?

- Non ! C'est... Pas vrai.

- Comment vous pouvez vous disputer pour elle alors que de toute façon tout est fini ?! Juliette explose en larmes. Je m'en vais. J'ai perdu l'être le plus cher à mes yeux et la seule chose que vous savez faire c'est vous disputer.

Théo, abasourdi, reste statique. Je rejoins Juliette pour m'excuser.

Je vois au loin, qu'Aurélien essaye de séparer Joe, Théo et Amina. Romane, elle, est toujours assise, la tête dans les mains.

On a tout perdu.

- Juliette... Ecoute... On est tous un peu brisés mais on va tenir le coup. Claire voulait qu'on soit heureux. Alors soyons-le.

- C'est trop dur... D'être heureux... quand tu perds la personne que tu aime le plus au monde... Céleste tu ne peux pas comprendre.

- Je ne peux pas comprendre ? Perdre son père c'est rien peut-être ?

- Ce n'est pas ton âme sœur. C'est totalement différent.

- Pas tant que ça ! C'est la mort qui les emporte.

- Je suis... Désolée... Je suis trop dépassée par la situation, je m'énerve pour rien... C'est juste que... Je l'aimais vraiment, c'est la seule personne que j'ai vraiment aimée... Je crois que je vais planer encore un peu... C'est la seule des solutions.

J'efface ses larmes sur ses joues, et la prends dans mes bras.

- J'ai plus rien maintenant... Elle murmure.

- Tu nous a encore, Juliette. On va tous se soutenir pour avancer.

Elle lance un regard derrière nous :

- Tout part en morceaux.