Vide

Ma main restait bloquée sur la poignée de la porte et mon regard fixé sur cette personne qui me ressemblait étrangement. Ses traits, sa taille, son rire, on aurait dit une mini-moi. La ressemblance était frappante... Mon regard était comme cloué, et même en me décalant pour laisser quelqu'un passer, je ne sortis pas de ma torpeur. Je clignai des yeux et, résolue d'inventer cette ressemblance, je traversai la porte déjà ouverte de la médiathèque. Beaucoup de personnes s'affairaient et l'endroit qui était d'ordinaire si calme, était devenu le théâtre de turbulences. Je jetai un coup d'oeil vers les responsables qui avaient l'air d'avoir abandonner l'idée de dompter ce vacarme. Je me dirigeai vers une salle attenante ouverte aux restitutions de manuels. J'ouvrai mon sac et sortit un livre, quand je me rendis compte que ce livre n'était pas le bon, et était loin de l'être. Pourquoi avais-je un cahier dans mon sac ? Je regardai le sac, surprise, et remarqua un détail qui expliquait peut-être le problème : ce n'était pas le bon sac. Un soupir de désespoir traversa mes lèvres, je jetai lourdement le sac sur mon épaule et sortis de la pièce en trainant des pieds. 

C'était triste, mais j'étais un fardeau pour moi-même.

Quelqu'un tenait la porte, j'en profitai pour me faufiler à l'extérieur. Je regardai instinctivement vers l'endroit où j'avais vu cette fille, cette jumelle : elle était partie.

Je redescendis les escaliers et me dirigeai vers la sortie, quand je cru voir une personne familière au fond du couloir. Je courus vers mon ami, surprise de le trouver au lycée en ce jour alors qu'il avait prévu de rendre ses manuels le lendemain. Mon esprit se demanda si lui aussi avait perdu une tasse de chocolat chaud...

Plus je m'approchais, plus je remarquais quelques détails qu'il avait changés : sa coupe de cheveux était différente et le rajeunissait de quelques années. Il portait des vêtements que je n'avais pas vus depuis longtemps, cela rappelait des souvenirs et me projetait une image de lui, plus petit, plus jeune. En comparant cette image à la réalité, on aurait dit qu'il n'avait pas changé !

-Ça faisait longtemps ! lui lançais-je sur un ton ironique. Il ne se retourna pas vers moi, peut-être ne m'avait-il pas entendu. Je le contournai et me postai bien devant lui, avec un grand sourire sur le visage. Ses traits changèrent et je fis face à un visage souriant. Sa main s'avança vers moi et, comme notre habitude idiote nous l'obligeait, je lui serrai la main.

Mais mes doigts serrèrent du vide, se fermant sur un bras qui n'avait aucune consistance. Comme une fumée, comme un songe.

Comme un souvenir.

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