Chapitre 8

- Comme écrivait Paul Vidal de la Blache...

Un gros bruit interrompt la professeure en train de parler, elle se retourne, ça doit être à l'extérieur, elle s'approche de la fenêtre. Elle voit une twingo vert pomme garée sur le parking de l'université, rien d'alarmant.

- C'était juste quelqu'un qui avait claqué sa porte, bref, continuons le cours ! 

Pendant ce temps-là, les historiens en archéologie sont en pause, Jehan et Zénaïde sont dans le parc à discuter, pour une fois qu'il n'est pas fourré dans la bibliothèque. Le temps est doux pour la saison hivernale, ils en profitent pour aller respirer dehors. La voiture quitte la parking en vitesse, ça surprend les gens qui se détendent dans le parking, la jeune femme aux cheveux poivre se demande ce qui se passe :

- C'est quoi ce bordel sérieux ? Ça fait quelques minutes que ça dure.

- La voiture a l'air d'être parti, remarque le brun à lunettes.

Plus aucun bruit, ils peuvent profiter du silence pour lire avant de retourner au séminaire de monsieur Laban, le prof qu'ils ont à presque tous les cours. Le cours des géographes est fini, la professeur questionne les élèves dehors, s'ils n'ont pas entendu un bruit. Jehan et Zénaïde répondent à l'affirmatif, la dame n'est donc pas folle. Ils commencent à discuter avec la prof de tout et de rien, Zénaïde pense aux pédophiles qu'elle doit piéger avec un groupe, elle en parle à son ami dès que le professeur est repartie.

- Ce n'est pas un peu dangereux ? questionne Jehan.

- Non t'inquiète, on est un groupe.

- Même, on ne sait pas ce que ces gens peuvent vous faire, s'inquiète le jeune homme.

La twingo verte se retrouve sur l'autoroute, elle roule très vite, les gens ont peur en la voyant arriver. Personne n'arrive à la voir dans sa voiture, on pense que c'est une mémé, les conducteurs se demandent bien comment sa voiture arrive à aller aussi vite. La voiture continue sa course folle, les radars n'arrivent pas à la flasher, la police décide d'intervenir, en mettant la sirène.

- Arrêtez-vous !

La voiture n'obtempère pas, un des policiers pense qu'elle n'a pas entendu, il répète, toujours rien. Elle doit être sourde cette personne, pense un policier. Ils continuent de la poursuivre pour l'arrêter, elle est très têtue pense un des agents de la paix. La supposée conductrice accélère, elle manque de foncer dans un tracteur. L'engin agricole arrive à se pousser in-extremis pour éviter la twingo roulant à folle allure. Une explosion se fait entendre, des voitures sont propulsées quelques mètres plus loin, les policiers ne comprennent pas ce qui se passe. 

- D'où vient cette explosion ? Ça n'a aucun sens. 

D'autres véhicules de police arrivent, ils remarquent une arme sortant de la fenêtre avant de la twingo. Le conducteur a donc une arme et tire sur les voitures autour. La situation est surréaliste, personne n'a jamais vu ça à Pépinville, les armes y sont interdites depuis des années. La police accélère à son tour pour tenter d'arrêter le véhicule fou, ça fonctionne, la twingo verte perd de la vitesse.

La police se rapproche du véhicule, il s'arrête sous un pont, celle-ci est étonnée en voyant qui est le conducteur. 

- Je vous avais dit que c'était une grand-mère, attendez...

Ils sortent la dame de la voiture et se rendent compte que c'est la femme du maire, les policiers sont étonnés. Des gens curieux s'arrêtent presque pour regarder ce qui se trame, un agent leur ordonne de quitter les lieux. Certains partent en râlant, ils sont tellement curieux que ça les gêne de repartir. Un policier dit à la dame, en ricanant presque au vu de la situation : 

- Vous avez perdu la tête ma petite dame.

- Il y avait un arabe qui me poursuivait, celui qui a aidé mon mari c'est un voyou.

Les policiers ne comprennent rien à ce qu'elle raconte, ils connaissent Mehmed, c'est un élève studieux, jamais il irait faire ça. Il n'était même pas sur la route, elle raconte des balivernes.

- Je ne sais pas ce qu'un arabe vient faire dans l'histoire, vous avez fait exploser des voitures avec une arme à feu. Et vous roulez très vite sur la route.

La vieille dame ne sait pas quoi répondre face aux policiers, elle s'acharne à trouver des excuses, mais rien n'y fait.

- On va devoir vous emmener au poste.

- Non pitié, je suis la femme du maire, vous pouvez pas me faire ça, supplie-t-elle.

Les policiers l'emmènent dans leur voiture, ils appellent un dépanneur pour embarquer son véhicule, les secours arrivent pour les gens blessés. Ils sont très choqués par la scène et ne pensaient pas que ce serait possible, certains vont même à l'hôpital. 

Letizia décide d'aller se balader en ville, le ciel est éclairci, avec un peu de soleil. Elle va faire du shopping pour se changer les idées, elle entre dans le premier magasin de vêtements qu'elle trouve. Elle pense s'acheter un nouveau manteau, le sien est usé et la fermeture ne ferme plus. Il y a les soldes de Noël, ça tombe bien, elle va dans le rayon des promotions. Il y a des manteaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs, des verts, des rouges, des bleus... Il y en a pour tous les goûts. Letizia zigzague entre les rayons pour fouiller, elle se cogne contre un homme sans faire exprès.

- Oh pardon... Docteur Fouquet ?

L'homme se retourne en souriant, la jeune femme se sent excitée d'un coup, il la salue poliment.

- Appelez-moi Sidoine en dehors du travail.

Elle est surprise qu'il lui dise ça, elle lui demande s'ils peuvent aller boire un café, il accepte. Ils quittent le magasin, la blonde croit rêver, elle a retrouvé l'homme de ses désirs.

Ils vont dans le restaurant où lui et sa femme vont d'habitude, Chez les boulettes, elles font aussi des boissons chaudes. Letizia espère que la suite sera aussi chaude que du café, Sidoine l'accompagne et lui raconte un peu sa vie. Il n'a pas d'enfant, il vit avec sa femme, qu'il aime beaucoup, il a aussi des chats. Ils entrent dans le restaurant, les propriétaires les accueillent avec un grand sourire. Une d'entre elles se demande qui est la blonde, Sidoine vient d'habitude avec sa femme. 

- C'est votre fille ? demande timidement une des amies Boulettes.

- Euh non, répond le médecin, c'est... ma sœur.

Ils vont s'installer au fond du restaurant pour être tranquille, après ce moment gênant, les propriétaires sont un peu gênées. Letizia lance à Sidoine pour rire :

- Vous baisez votre soeur, peut-être ?

- Bien sûr que non, et puis, je n'ai pas de sœur.

Une dame revient pour prendre leur commande, ils demandent tous deux un café bien corsé, ils se regardent amusés :

- Étrange, nous avons les mêmes goûts.

Ils rigolent ensemble comme s'ils se connaissaient depuis longtemps, Letizia tente de le ramener dans son lit. Elle trouve bizarre qu'il ait changé d'avis et soit revenu vers elle, elle hausse les épaules et se dit tant pis.

- Vous savez ce qu'on va faire après non ? dit-elle.

Le médecin et la jeune femme aux cheveux blonds se fixent en silence, il a très bien compris ce qu'elle voulait dire.

Le maire est encore à l'hôpital pour se reposer de son malaise, il a aussi des problèmes de santé, une infirmière vient lui rapporter les nouvelles :

- Bonjour monsieur, votre femme a fait des excès de vitesse et a pulvérisé des voitures avec un lance-roquette.

- Comment ? Je dois rêver ! s'écrie le maire, surpris.

La honte l'envahit, il ne sait plus quoi faire avec elle, ce n'est pas la première fois qu'elle fait ça. Il réfléchit à démissionner de son poste, déjà car il veut se reposer et sa femme lui a mis la honte. Trop de questions lui viennent en tête, comment elle a pu trouver un lance-roquette ? Ça le dépasse cette situation, il reste enfoncé dans son oreiller en fixant le plafond. 

- Vous allez bien ? demande l'infirmière.

- J'ai l'air d'aller bien ? Non, rétorque le maire. 

- D'ailleurs, vous avez reçu une lettre d'un certain Léopold Dubé.

Personne ne lui a montré cette lettre, il n'a pas la force de la lire maintenant, et puis, il prévoit sa démission. Il appelle ses adjoints et leur explique ce qui s'est passé, ils réagissent sans attendre. 

- Sérieusement, elle est zinzin ta femme. C'est mieux que tu te reposes.

La femme du maire est toujours au commissariat, on lui pose diverses questions, elle a déjà fait des délits d'après les données des policiers. Elle a déjà volé les chats de sa voisine et les a enfermé dans sa cave, ils étaient devenus maigres. Son mari a vu mais n'a rien dit au départ, il a agi au bout d'un moment. L'affaire n'a pas fait trop de bruit, le maire n'a donc pas eu de soucis. Elle continue de dire qu'elle est innocente et ne révèle pas où elle a trouvé l'arme. Depuis les fusillades dans les écoles maternelles, les armes ont été interdites par précaution et elles sont très difficiles à obtenir, ce qui décourage les tueurs la plupart du temps. 

- Vous avez accumulé les délits, nous allons devoir vous mettre en prison, vous avez blessé des gens.

Les policiers sont soulagés de savoir que les gens sont en vie, leur état n'est pas critique d'après l'hôpital. La vieille supplie les agents de ne pas la mettre en prison, ils évoquent le tribunal, elle a encore plus peur, toute la ville va être au courant.

- Oui, tout le monde va être au courant pour l'énorme connerie que vous avez faite, c'est très grave.

Elle est donc mise en cellule, le temps que la police entre en contact avec le tribunal, ils la préviennent qu'elle a aussi le droit à un avocat pour se défendre.

Letizia s'est retrouvé à nouveau avec le médecin dans un hôtel, elle a complètement oublié les conseils de la sexologue. Elle en avait envie et lui aussi, il semble se détacher de sa femme. Mais la blonde ignore ça, il est là pour son plaisir, c'est cruel, elle en a plus que besoin. Ils se regardent, elle lui demande s'ils se reverront, Sidoine ne sait pas, au fond de lui-même, il en a envie. 

- J'aime ma femme vous savez, je me sens horrible de faire ça. 

- Il ne faut pas, elle n'en saura rien, répond la jeune femme.

Elle essaie aussi de se rassurer, ils se soulagent tous les deux et il n'y aura rien de plus. Letizia espère que Juliette ne va rien découvrir et que ça restera entre eux, ils ne se sont jamais fait avoir. Ils ne s'envoient pas de messages, ne parlent pas de leur relation, tout est bien caché. La confiance des mariés est brisée, la jeune femme blonde le sait très bien, elle sait que c'est mal, elle sait que ça risque de s'arrêter un jour. 

- Je vais rentrer chez moi, lance le médecin.

C'est un jour de congé, il devrait être avec sa femme pour profiter et non avec sa patiente "préférée", comme il aime penser. Il sort du lit puis se rhabille, Letizia l'observe, elle le trouve beau, il observe la chambre, elle n'est presque pas décorée. La tapisserie jaune donne une atmosphère chaude à la pièce, ils ont été dans le premier hôtel qu'ils ont trouvé. Il boucle sa ceinture après avoir enfilé sa chemise, il est prêt à partir, Letizia ne bouge pas du lit.

- A bientôt Letizia, on se reverra peut-être, dit-il. 

La jeune femme sourit, une fois qu'il est parti, elle envoie un message à sa cousine et lui explique tout. 

Zénaïde est en train d'avancer son mémoire, en retard, lorsque son téléphone sonne, c'est toujours sa cousine qui lui envoie des messages le soir. La jeune femme aux cheveux gris est étonnée en lisant le message, elle a l'impression que la visite chez la sexologue ne sert à rien, elle se dit que c'est la première visite et que ce n'est pas bien grave. Elle pianote sur son écran pour lui répondre au plus vite, Jehan la regarde en passant, il la voit sur son téléphone. 

- Arrête de te déconcentrer, l'avertit son ami.

- Oh mais je réponds à un truc important, t'inquiète. 

Il repart dans la cuisine, elle reprend l'écriture de son mémoire, le brun à lunettes ne veut pas qu'elle rate sa dernière année de master. Elle continue de donner des conseils à sa cousine et de s'éloigner de cet homme, sinon elle risque d'être accro, même si elle l'est déjà. Zénaïde a aussi un autre projet, piéger un pédophile avec son groupe d'investigation. Ils se sont fait passer pour un enfant et ont conclu un lieu de rendez-vous avec le pédophile pour l'emmener à la police ensuite. Elle réfléchit à une stratégie en cas de problème, elle a rejoint le groupe il y a peu de temps et elle connaît les membres, ils sont à l'université Pépin le Bref. Jehan va préparer à manger, Zénaïde est encore dans ses pensées.

La nuit tombe sur Pépinville, la ville est calme en semaine, quelques sirènes de camion de pompiers rythment la nuitée. Jehan est dans son lit en train de lire un livre sur l'archéologie préhistorique, même si ce n'est pas dans son programme. Le jeune homme s'intéresse à beaucoup de choses, il sent qu'il fatigue mais il continue sa lecture. Son amie est déjà en train de dormir comme un loir, il pose son livre puis retire ses lunettes pour se préparer à dormir. Il s'allonge dans son lit, bien au chaud, ça lui fait du bien, il adore cette sensation. Jehan ne tarde pas à rejoindre le pays des rêves, il a peur de retrouver l'oni une fois de plus. Cette fois, il se retrouve dans un monde parallèle étrange, constitué uniquement d'éponge. Jehan se surprend lui-même à rêver de ça, il tente de contrôler son songe. Le brun aux yeux bleus marche droit devant, ça lui paraît infini, partout où il regarde, c'est de l'éponge, le sol, les murs, il n'y a pas l'air d'avoir d'issue. Il continue de marcher, pas de démon bleu à l'horizon, il soupire de soulagement. Il touche les murs mousseux jaunes, ça lui fait bizarre, une voix l'interpelle :

- Jehan, on se retrouve !

- Oh non pas lui, lâche le jeune homme.

L'oni apparaît devant lui, il ne s'y attendait pas, il manque de tomber sur le sol mou spongieux. 

- Sympa ce lieu non ? 

Jehan ne répond rien, c'est juste un rêve bizarre pour lui, le démon continue de vanter son monde étrange, qui n'est pas au goût de l'étudiant.

L'oni s'approche de lui, le jeune homme brun a peur, il recule, le démon essaie de l'attraper.

- Ne m'approche pas sale bête de Satan ! 

- Oh t'es pas drôle, je voulais te donner le pouvoir génial. 

Jehan refuse, le démon bleu insiste de plus en plus, ça l'agace. Ce n'est qu'un rêve d'après Zénaïde, s'il essayait de prendre ce pouvoir ? Ça n'arrivera pas en réalité, il finit par accepter le chantage de l'oni, qui lui explique quoi faire :

- Donne-moi ta main.

Jehan met sa main dans celle du démon cornu, elle est très grande comparée à la sienne. Une lueur sombre apparaît, il lui donne un peu de son pouvoir, tout en faisant ça, l'oni explique : 

- Tu auras la faculté de devenir un oni ! Bleu, à l'instar de tes yeux.

- Quoi ? Mais je...

Le démon finit de lui donner son pouvoir puis disparaît comme il est venu. Jehan se regarde dans une glace et il est devenu un démon, il crie en voyant sa nouvelle apparence. Il a des cornes noires sur la tête, des oreilles et des dents pointues. 

- C'est ça son pouvoir spécial ? Je ne suis juste pas beau.

Il essaie de comprendre ce que ça fait, il ne voit pas du tout. 

- Réveille-toi, dis donc, tu devais être fatigué !

Zénaïde réveille Jehan, ils ont cours, il est toujours réveillé avant elle. Il demande à son amie s'il n'est pas devenu bleu dans la nuit. Elle ne comprend rien à ce qu'il lui raconte. 

- Encore ton rêve de démon ? Non tu n'es pas bleu.

- Il m'a donné un pouvoir, je peux devenir un oni. 

- Je me répète, mais c'est grave stylé, s'extasie Zénaïde.

Jehan souffle puis sort de son lit, il va prendre son petit déjeuner, encore endormi. La jeune femme aux cheveux gris parle du pédophile qu'ils vont piéger avec son équipe, ils ont hâte de le voir se faire embarquer par la police et ils ont des preuves. Jehan continue de la prévenir que ce n'est pas sécurisé, mais elle rétorque que la police ne fait rien et que c'est aux jeunes d'agir. 

- Si tu veux, il n'y a plus de chocapic, tu ne devais pas en racheter ? 

- Flemme, répond Zénaïde.

Elle repart dans sa chambre pour finir de préparer ses affaires, laissant Jehan dans la cuisine seul.

Ils arrivent tous les deux au campus, ils vont un peu à la bibliothèque avant de rejoindre leur cours. Jehan va s'installer sur une table dans le fond, comme d'habitude, pour être tranquille, il sent quelque chose qui le gêne dans la bouche. Il regarde dans le reflet de son téléphone et voit que ses canines sont devenues pointues, il ne comprend pas.

- Qu'est-ce que c'est que ça encore, j'hallucine.

Zénaïde le voit partir en courant aux toilettes, elle ne comprend pas non plus, elle replonge assez vite dans sa lecture. Il se met devant le miroir et observe ses dents, ses deux canines sont bien pointues dans sa bouche, il pense à l'oni, il est persuadé que c'est de sa faute. Tant qu'il ne devient pas bleu en cours, ça devrait aller, le professeur entre par hasard dans les toilettes.

- Bonjour, vous allez bien Jehan, vous avez l'air palot.

- Oui, ça va bien, dit-il en cachant sa bouche de ses mains.

Le professeur le regarde d'un air bizarre, le brun à lunettes finit par retirer la main de sa bouche et dévoile ses canines pointues.

- Qu'est-ce qui vous arrive ? Vos dents sont pointues, c'est étrange, remarque Monsieur Laban.

- Je ne comprends pas ce qui m'arrive pour être honnête... Je devrais peut-être aller à l'infirmerie.

- Oui, allez-y, il y a encore un peu de temps avant le cours, prévient le professeur.

Jehan se retrouve dans la salle d'attente de l'infirmerie, un infirmier vient le voir et lui dit de rentrer et de lui expliquer son problème. Le jeune homme sourit et dévoile ses dents anormalement longues, l'infirmier manque de lâcher un cri.

- Ah oui, c'est particulier votre problème ! Je n'ai jamais vu ça.

Le brun ne dit rien à propos du démon, tout le monde va le prendre pour un fou, l'infirmier continue d'inspecter ses dents avec ses gants.

- Vous avez ça depuis quand, ce n'est pas naturel, elles sont bien fixées.

- N'en parlez à personne s'il vous plaît, même moi je ne sais pas ce qui m'arrive, panique Jehan.

- Oh, ce sont peut-être vos dents qui sont longues et vous n'avez jamais fait attention avant, c'est tout ! Vous pouvez retourner en cours !

L'infirmier ne cherche pas plus loin, ça l'a surpris au début, mais finalement c'est normal selon lui. Jehan n'est pas fou, ses canines n'étaient pas aussi longues. Il retourne vite en cours, en prenant soin d'éviter de croiser des gens qu'il connaît, sauf que Léopold se pointe sur son chemin.

- Hey salut Jehan !

- Désolé je suis pressé, je n'ai pas le temps de parler !

Il file devant le blond, il ne l'a jamais vu autant paniqué, il se demande ce qui se passe. Jehan touche ses dents, elles paraissent moins pointues, il soupire, ça s'est estompé.

Après les cours, Zénaïde rejoint ses amis pour aller piéger le pédophile, il pense rencontrer une jeune fille de douze ans. Ils vont dans la voiture d'un des gars du groupe, ils vont se rendre dans une ruelle perdue où il y a peu de monde. Sauf que la police doit les retrouver en cas de problème, ils décident d'aller dans un lieu plus fréquenté. La nuit commence à tomber vers dix sept heures, c'est le moment pour y aller. Zénaïde a hâte de piéger le type, elle adore voir la tête surprise des pédophiles en voyant des adultes arriver. Ils partent donc à la destination qu'ils ont changé, pour rencontrer le gars qui a avoué violer des enfants. Les jeunes doivent garder leur calme et ne pas violenter le pédocriminel, au risque d'avoir des problèmes alors qu'ils n'ont rien fait. Ils apprennent que le maire a démissionné, ils espèrent avoir plus de libertés pour lutter contre le crime. 

- Vous êtes prêts ? demande un gars.

- Oui ! s'exclament les autres.

Ils arrivent dans une rue près d'un hangar, des voitures passent souvent dans cette zone. La rue n'est pas trop éclairée, des lampadaires ont été cassés. Zénaïde descend la première de la voiture, le pédocriminel est déjà là, c'est un homme d'une quarantaine d'années. L'homme remarque Zénaïde, il se rend compte du problème, un autre gars vient avec elle.

- Vous n'êtes pas Emma qui a douze ans, questionne l'homme.

Un des jeunes se prépare à appeler la police pour piéger le pédocriminel, Zénaïde engage la conversation pour l'avertir de son sort, sauf que l'homme devient violent.

- Vous êtes les merdeux qui piègent les pédos ?

- Oui, et on dirait que vous vous sentez un peu trop visé, réplique la jeune femme aux cheveux gris.

L'homme se rapproche d'elle de manière menaçante, elle n'a rien pour se protéger, elle n'avait pas prévu ça. De la lumière éclaire la zone, Zénaïde se retourne et voit une voiture leur foncer dessus, elle arrive à esquiver en roulant sur le sol. Elle part se cacher derrière le hangar, pour être sûre de ne plus voir la voiture. Quand la jeune femme revient, elle voit le pédocriminel sous la voiture, un homme sort bourré de son véhicule.

- Oh merde, j'ai écrasé quelqu'un, lâche-t-il sans pression.

Les autres jeunes sont bouche bée, la situation a totalement dérapé, la police arrive à ce moment. 

- Qu'est-ce qui s'est passé ici ? demande un agent.

- Un mec bourré a écrasé un pédo je crois, répond un jeune.

L'homme bourré s'excuse, mais dans le fond, les jeunes trouvent ça bien que le pédocriminel qui a violé des enfants soit écrasé. Ils ne disent rien, car ils savent bien que des gens vont les accuser et les insulter, certains protègent les pires criminels de Pépinville.

Sidoine est rentré chez lui, sa femme se demande ce qu'il faisait encore, elle est inquiète.

- J'ai l'impression que tu es distant en ce moment.

- Non, on a été au restaurant il n'y a pas si longtemps, aujourd'hui je voulais être au calme.

Juliette est énervée, mais elle ne le montre pas, elle se doute de quelque chose, c'est trop étrange selon elle. Avant, ils sortaient tous les midis ensemble quand il le pouvait, ou même le soir. La femme aux cheveux noirs ne comprend pas pourquoi il est devenu comme ça d'un coup, elle pense à sa patiente blonde, elle a comme un mauvais pressentiment... Elle va dans le canapé et essaie de se vider la tête en regardant une émission débile à la télévision, mais ça ne change rien. 

- Sidoine, tu vois une autre femme ? demande-t-elle par hasard.

- Mais non ma chérie, il n'y a que toi, balbutie le médecin.

Il ment, il déteste le faire, il ne veut pas décevoir sa femme, il se répète à lui-même qu'il ne devrait pas faire ça, mais c'est plus fort que lui. Juliette se lève du canapé et décide d'aller préparer le repas, son mari l'arrête et déclare qu'il va faire le repas.

- Je vais cuisiner ce soir, repose-toi.

Ca paraît encore plus bizarre, elle le laisse faire quand même, il a déjà cuisiné et c'était bon, pense Juliette. Sidoine va dans la cuisine et réfléchit à faire des spaghetti pour deux, il aime bien ce plat. Sa femme reste donc dans le canapé pour se poser, elle imagine qu'il voit quelqu'un d'autre et ça la rend triste.

- Ne pense pas à ça, on verra plus tard, la nuit porte conseil, se dit Juliette.

Elle ne sait pas comment réagir si son mari la trompe, elle ne peut pas imaginer ça.

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