Chapitre 3
Jehan marche sans énergie sur le trottoir en regardant l'adresse sur son téléphone, en plus il fait froid. S'il ne marchait pas, il serait congelé sur place. "Un binoclard retrouvé mort de froid dans la rue" pense-t-il. Il continue sa route, il manque de glisser sur des déchets balancés à même les trottoirs. Le brun se retient de lâcher un juron, il se décide à ramasser les crasses pour les jeter. Il déteste la pollution et la saleté, la rue n'échappe pas à la règle. Quelques passants le regardent bizarrement, c'est rare que quelqu'un nettoie le trottoir. Jehan entend presque la voix de Léopold lui rappeler qu'il doit aller dans ce bar inconnu, 42 rue de l'ananas. Quel nom d'adresse ridicule. Il met les détritus dans une poubelle de tri, une belle Porsche rouge passe dans la rue, puis s'arrête vers le trottoir. La vitre teintée s'ouvre, un homme avec une cigarette aux lèvres balance une bouteille de Coca-Cola au sol.
- Oh merde j'ai raté la poubelle. Pas grave les éboueurs vont nettoyer, hé le binoclard là.
Jehan lève la tête, courroucé, il se prend pour qui celui-là ?
- Tu peux jeter ma bouteille de coca ? J'ai jamais vu d'éboueurs blancs par contre.
- Euh tu te prends pour qui là ? Tu n'es pas chez ta mère, répond Jehan.
- C'est pas un asticot à lunettes qui va me faire peur, ricane l'homme dans sa Porsche.
L'historien a une idée, il regarde les déchets dans ses mains, la voiture de ce malotru puis la vitre ouverte. Ce serait drôle de lui balancer les bouteilles en plastique dans la figure, pour qu'il se retrouve avec diverses crasses dans sa Porsche toute neuve. Le type dans sa voiture de luxe redémarre plus vite que prévu, Jehan n'a pas le temps de réagir.
- Allez, salut le pauvre.
La Porsche vrombit, les pneus crissent sur le bitume à cause de l'accélération, le jeune homme à lunettes prend tout le gaz d'échappement dans la figure. Il jette tous les déchets dans la poubelle, même le Coca-Cola de l'autre crétin, la planète sera plus propre, c'est l'avantage.
Un gros bruit éclate, il est presque arrivé au bar, il se tourne et voit de la fumée provenant de la rue plus loin. Encore un truc qui brûle, plus rien ne l'étonne. 42 rue de l'ananas, Jehan est arrivé devant le bar, après ses mésaventures écologiques. La devanture est discrète, il n'y a pas de fenêtres, un simple écriteau néon avec le nom du bar "le peperoni". Il n'y a pas d'indication d'horaires, il décide d'entrer sans réfléchir. Il entend de la musique forte, à l'instar d'une boîte de nuit, Jehan a de la buée sur ses lunettes, il ne voit pas grand chose. Le brun avance à l'aveugle dans le bar, il se repère grâce à la lumière, la buée se dissipe. Le bar est vide, étrange à cette heure, des néons violets pâles éclairent la pièce. Les chaises et tables sont bien rangées, comme si elles attendaient des clients. Pas de propriétaire à l'horizon, la musique continue de se faire entendre. Jehan explore le bar, il voit une porte dans le fond, c'est de là que vient la musique. Ça l'intrigue, il n'y a toujours pas de trace du gérant, il ouvre la porte avec force, déterminé. Une scène insolite se déroule sous ses yeux bleus, Jehan pense qu'il s'est trompé de bar, des escorts sont sur une scène en train de faire un strip-tease. Le jeune homme panique, dans quoi Léopold l'a amené ? Il s'apprête à repartir, un homme lui touche l'épaule, il sursaute.
- Bonsoir jeune homme, vous venez trop tôt.
- Bonsoir, je viens pour un ami, il cherche un DJ. Je ne suis pas venu pour ça, ce n'est pas mon genre, dit Jehan.
L'homme d'une cinquantaine d'années le regarde d'un air perplexe, l'étudiant devient aussi rouge qu'une tomate. Il lui explique que Léopold organise une soirée et qu'il a besoin d'un DJ et qu'apparemment il le connaît.
- Je vois, je suis le disk jockey, appelez-moi Jean-Michel.
Ce n'était pas si compliqué, il ne s'attendait pas à tomber dans un bar strip-tease, il n'a qu'une envie, partir. Jehan est très mal à l'aise, il pense qu'il trahit sa religion, Jean-Michel l'invite à rester un peu.
- Non désolé je dois vraiment partir, continue Jehan.
- C'est vraiment dommage, saluez Léopold de ma part. Vous devez être pressé, je vous donne mon numéro, en cas de problème.
Jean-Michel lui donne une petite carte, avec le nom du bar et son numéro de téléphone.
Le jeune homme à lunettes se dirige vers la sortie, comme s'il allait mourir s'il ne respire pas l'air frais. Une fois dehors, il souffle, le sale boulot est fait, il peut rentrer se faire un chocolat chaud. La fumée dans la rue s'est estompée, des véhicules de police et d'ambulance sont garés près du trottoir opposé. Une dépanneuse repart avec une voiture rouge amochée, une Porsche. Jehan reste quelques secondes sur place, la Porsche de l'autre pollueur, tout se connecte dans sa tête. Un policier arrive vers lui, il le questionne à propos de l'accident, il se doute bien de ce qui est arrivé au conducteur de la voiture rouge.
- Il a balancé sa bouteille de Coca-Cola, m'a insulté puis il est parti en vitesse dans cette rue. Je ne l'ai plus vu après, j'ai vu de la fumée mais je n'en sais pas plus. Et les trucs qui brûlent, il y en a souvent dans cette ville.
Le policier note tout ce qu'il dit, ça peut servir pour l'enquête. Le brun à lunettes espère qu'il n'est pas mort, il ne mérite pas, malgré son sale caractère. Quelle soirée. Le temps se rafraîchit de plus en plus, il frissonne, l'agent en uniforme bleu le remarque. Il le remercie pour son témoignage, Jehan marche d'un pas plus que rapide.
Il est enfin à l'appartement, il envoie un message à son ami pour lui annoncer qu'il a terminé sa mission. Il ne voit pas Zénaïde, elle doit sûrement dormir à cette heure, elle ne dort pas aussi tôt, Jehan se pose des questions. Le jeune homme prépare son chocolat chaud bien mérité, il fait bien chauffer le lait avant d'y mettre le cacao en poudre. Il pourrait manger le repas du soir, mais il n'a pas le courage de tout nettoyer, et il n'a pas très faim.
Les jours passent, ainsi que les cours, un procès en rapport avec le gymnase a été ouvert et une partie des étudiants en STAPS ont été écoutés, dont Léopold. Monsieur Grignon a été celui qui a été le plus longtemps écouté par le tribunal, c'est celui qui a été témoin directement.
- Ce n'est pas toujours fini cette affaire ?
- Non, il faut être sûr que c'est bien à cause d'une clope.
Jehan entend des étudiants parler du gymnase dans la bibliothèque, ça l'énerve, il n'y a plus que ça. Il essaie de se concentrer sur sa lecture d'un livre sur la poterie Jōmon. Léopold arrive près de sa table et plaque ses mains dessus comme il a l'habitude de faire, l'historien sursaute.
- Salut, alors comment ça s'est passé au bar ? braille le blond.
Des "chhht" s'élèvent entre les rayons de livres, la bibliothécaire les regarde mal, tout en scannant des ouvrages. Jehan referme son livre et fixe son ami sévèrement, il n'est pas très content de son aventure de la veille.
- Tu te moques de moi ?
- Pourquoi ? demande l'autre, l'air innocent.
- Tu m'as emmené dans un strip-tease, tu es sérieux ? Tu aurais pu me prévenir, s'énerve Jehan.
Léopold fait mine de ne pas savoir, le brun sait qu'il est un peu bête parfois, l'étudiant en STAPS le fixe.
- Ne me dis pas que tu ne savais pas, ce Jean-Michel te connaissait.
- Il m'a toujours dit qu'il avait un bar, et non un strip-tease, comment voulais-tu que je sache ? Si j'avais su, je ne t'aurais pas emmené là-dedans, mais maintenant c'est fait.
La bibliothécaire arrive derrière eux, toujours avec cet air sévère collé sur le visage, Jehan se retourne, c'est la première fois qu'elle vient le réprimander.
- Veuillez parler moins fort ou sortez.
L'historien ne sait pas quoi répondre, il ne répond pas, sentant qu'il va balbutier. Léopold s'en fiche, il rétorque que ce n'est rien, la dame s'énerve, Jehan est encore agacé, il pousse son ami vers la sortie.
Les deux amis sont au restaurant universitaire, après leur discussion plus que tendue, Léopold remarque que Zénaïde n'est pas là.
- Elle vient toujours en cours, c'est bizarre.
- Elle ne s'est pas réveillée ce matin, je n'ai pas voulu la déranger, répond Jehan.
Il espère qu'elle n'est pas malade, il déteste quand ses amis ont des problèmes. Il a tendance à mettre ses problèmes après, le brun à lunettes se recentre un instant sur lui et s'exclame :
- Mes parents ne me pardonneront pas tout de suite pour avoir été dans un striptease.
- Mais mec, on s'en fout de tes parents sérieux, t'es grand nan ? dit Léopold, la bouche pleine de frites.
- Tu connais mon père... C'est un des catholiques les plus pieux du pays.
Le blond hausse un sourcil, tel un meme sur Internet, Jehan soupire, son ami ne voit pas le rapport.
- Je t'en ai déjà parlé, de mon enfance, et ce n'était pas très drôle, ajoute Jehan.
- Ah, je comprends que ça t'ait marqué du coup. Et pour le striptease, seul Dieu juge hein.
Léopold essaie de le rassurer, ça ne marche pas vraiment, il n'y connaît pas grand-chose en religion catholique. Jehan sait que ses parents ne le sauront jamais, c'est juste sa conscience et son éducation.
- Je vais juste rester plus longtemps dans le purgatoire, ou aller en enfer, ajoute l'historien.
- Arrête de faire ta drama queen, tu n'iras pas en enfer pour ça, tu n'as rien fait de grave. Dieu en a rien à faire que tu mattes des filles en slip ou que tu branles dans ton lit.
- ÇA SUFFIT, hurle Jehan.
Des regards se tournent vers le jeune homme brun, il les fixe à leur tour, son cœur bat très vite. Il ne crie jamais, il tousse, l'ambiance est devenue lourde, le restaurant est silencieux d'un coup. Jehan est terriblement gêné, l'étudiant en STAPS s'en fiche et continue de manger ses frites trempées dans le ketchup.
Ce moment gênant étant passé, Jehan retourne en cours, il croise Monsieur Laban dans un couloir, il voit que Zénaïde n'est pas là.
- Bonjour Jehan, Zénaïde n'est pas avec vous aujourd'hui ?
- Non, elle doit être malade.
Il aimerait bien découvrir ce qu'elle lui cache, il va en cours, il a un séminaire avec ce même professeur. Jehan ne se rappelle même plus ce qu'il devait faire, à force de lire ce livre sur la poterie Jōmon. Le jeune homme envoie un message à sa meilleure amie pour tenter d'avoir une réponse. Jehan s'installe autour des tables, en face de monsieur Laban, la porte s'ouvre, une jeune femme aux cheveux gris entre essoufflée.
- Bonjour, désolée du retard !
Elle a l'impression qu'elle va cracher ses poumons tellement elle a couru. L'historien à lunettes lui fait savoir qu'il lui a envoyé un message, elle répond en secouant sa main dans tous les sens :
- Je dormais juste, rien d'inquiétant.
Zénaïde sourit pour le rassurer, elle ne doit pas lui dire, combien de temps elle va pouvoir garder ça ? La grise a déjà entendu Jehan parler de l'infidélité et il avait eu un discours très négatif. Zénaïde ne peut pas lui confesser l'histoire de sa cousine, sans qu'il risque de lui faire la morale. Le professeur lance un débat, elle est toujours dans ses pensées, Jehan est déjà au travail, un brouhaha s'élève de l'autre côté de la table.
- Un peu de calme, ordonne Justinien Laban.
- Je pense qu'il n'y a jamais eu de shoah, lâche un type.
Le professeur est pris de court, il ne sait même pas quoi répondre face à cette ignorance.
- Mais qu'est-ce que vous racontez ? Ce n'est même pas le débat ? Vous êtes en Histoire et vous dites ça, il y a des preuves de ce génocide.
Jehan ne comprend plus rien au cours, ça devient l'anarchie en l'espace de quelques secondes.
Le gars continue de dire que c'est un complot, Zénaïde se lève énervée et lui met une énorme gifle, il rétorque :
- T'es juive ou quoi ?
- Non même pas, j'en ai marre d'entendre des conneries pareilles.
Ils continuent de se gueuler dessus, Jehan essaie de calmer sa meilleure amie mais en vain, elle serre les poings. Monsieur Laban décide de les expulser de la classe, il ne veut pas que ça dégénère. C'est la première fois que ça arrive dans toute sa vie professionnelle, il retire ses lunettes pour se frotter le visage, désespéré.
- On parlait de l'Égypte d'abord, je n'ai pas envie de négationnisme dans ma classe.
- Ne vous inquiétez pas monsieur, ils viennent juste foutre le bordel dans le cours, intervient un étudiant.
- Je vois ça...
Zénaïde part le plus loin possible du négationniste, sauf qu'il revient à la charge. La jeune femme aux yeux verts est énervée, elle n'a pas trop envie de discuter, elle sent qu'il a un problème avec elle.
- Tu n'es même pas historien, je ne vois pas ce que tu viens faire là, crache Zénaïde.
- Pour t'embêter tout simplement, quelle chance que tu sois arrivée en classe, je sais que tu n'es pas juive, mais quelqu'un de ta famille, ricane-t-il.
Elle se demande bien comment il sait toutes ces informations, il ne va donc jamais arrêter de la harceler.
- Ça fait depuis le lycée que tu me fais ça, tu n'as pas autre chose à faire de ta misérable vie ? Espèce de bad boy à la noix. Tu fais le type trop sombre à réfuter un génocide, c'est vraiment pathétique.
Zénaïde est encore plus énervée, elle a dit cette phrase sans bégayer, ni bafouiller, il se rapproche d'elle, près de casiers. Le gars s'apprête à la plaquer contre ceux-ci, mais la jeune femme aux cheveux gris ne se laisse pas faire, elle lui attrape l'épaule et lui cogne la tête contre les casiers rouges. Un bruit résonne dans le couloir, nul ne sait si c'est le crâne, peut-être vide, de l'étudiant ou les casiers en métal, remplis de cahiers.
Jehan quitte le cours en entendant le bruit dans le couloir, il voit Zénaïde face aux casiers, seule. Il se demande bien ce qui s'est passé, il est agacé :
- Tu veux bien me dire ce qui se passe ?
- Rien du tout, j'ai juste tapé un mec qui me harcelait.
- Je ne suis pas stupide, il y a autre chose, assène Jehan.
L'historienne aux cheveux gris se décide à lui dire, elle a peur que ça lui retombe dessus si c'est découvert, au moins Jehan sera au courant.
- Tu me promets de ne pas t'énerver, je ne voulais pas t'en parler à cause de ta morale. Alors, j'ai appris que ma cousine avait couché avec le médecin, il a peut-être une femme je ne sais pas.
- Ah, c'est vrai que c'est très mauvais de coucher hors mariage. Mais bon, tu n'y peux rien, Dieu s'en chargera.
Il sous-entend qu'elle passera plus de temps dans le purgatoire, Zénaïde n'aime pas quand il dit ça. Elle est athée et a parfois du mal à le comprendre.
- Ne t'inquiète pas, quand je vais prier, je penserai à son salut, dit Jehan en montrant sa croix au cou.
- C'est gentil mais je ne sais pas si...
C'est inutile selon Zénaïde, elle n'ose pas finir sa phrase pour ne pas froisser Jehan, il est vraiment très croyant.
Ils quittent le bâtiment des casiers, ils arrivent dans le jardin du campus, les deux historiens voient Léopold assis sur un banc.
- Salut, quoi de neuf ? T'es enfin là Zénaïde.
- Non je ne suis pas là, répond celle-ci.
Les deux garçons sont habitués à ses blagues nulles, le blond inspire et s'exclame en montrant son téléphone :
- Vous êtes prêts pour la fête samedi ? Ça va être ouf !
- Je parie cinq euros qu'il va se passer un truc, affirme Zénaïde.
- Je le sens mal aussi, ajoute le brun à lunettes.
Léopold fait une grimace, ils gâchent sa joie de faire une fête.
- Avec moi, vous pouvez être sûrs que tout sera bien cette fois et c'est Jehan qui a contacté le DJ, tu es sérieux.
- Il y aura combien de personnes au fait ? demande Jehan.
Le vent froid souffle, ça leur rappelle que la fête doit se faire en intérieur et qu'il fait nuit tôt. La maison de Léopold n'est pas très grande, il réfléchit encore à ce qu'il va faire.
- J'ai contacté quelques personnes au pif dans les licences. On verra bien qui viendra.
- Ça ne répond pas à ma question, soupire l'historien.
Il change de sujet et parle de sa maison, il a un déclic, s'il fait ça chez son beau-père, il sera tranquille. Jehan et Zénaïde restent toujours dubitatifs, ils se font les pires scénarios mentaux.
- Je gère, faites-moi confiance.
Léopold décide d'aller voir son beau-père après les cours, pour lui demander gentiment le prêt de sa maison pour la soirée tant attendue, par lui. Un homme à la peau noire est à sa fenêtre, il fixe la voiture qui se gare devant chez lui. Il referme le rideau en dentelle d'un autre temps avant d'ouvrir la porte, curieux. Le blond sort de sa voiture, l'hôte est surpris de voir son beau-fils.
- Salut Léopold, qu'est-ce qui t'amène ?
- J'aurais besoin de toi.
Le congolais retourne pensif dans sa maison, suivi de l'étudiant en STAPS. Léopold réfléchit à comment il va formuler sa demande, pour ne pas avoir l'air trop forceur. Sa mère arrive dans la cuisine, où sont les deux hommes, elle est heureuse de voir son fils.
- Ça fait longtemps, tu viens nous voir c'est gentil !
- Alors en fait, j'aurais besoin d'un service. J'aimerais savoir si Séraphin peut me prêter la maison pour une soirée.
Le plus âgé est interloqué, il fixe sa tasse de thé vert sans rien répondre, il revient comme une fleur et lui demande ça. Après un court instant, il lâche :
- Tu te fous de ma gueule ?
- Euh non, balbutie Léopold.
- Léopold, ça ne se demande pas comme ça voyons.
Il est bien embêté, il agit sans réfléchir, mais il a déjà tout organisé. Séraphin s'en veut d'avoir réagi à chaud, ce n'est pas son fils, il essaie de trouver un compromis.
- Je veux bien, mais à une condition, je ne veux pas qu'il y ait de problèmes à cette soirée, s'il y a quoi que ce soit, tu vas devoir rembourser les dégâts.
Léopold n'est pas dérangé, il peut récupérer de l'argent grâce au poste de caissier qu'il a obtenu au Carrouf du coin. C'est un petit supermarché dans Pépinville, où toutes les générations viennent faire leurs courses, le propriétaire du magasin est fier de sa boutique et ses employés. Il assure à Séraphin qu'il n'y aura aucun problème et qu'il n'aura même pas besoin de toucher à sa bourse. Le Congolais reste dubitatif, il soupire en buvant son thé, il connaît bien le blond maintenant. Il a connaissance des péripéties qui ont lieu dans les lieux que l'étudiant a loués.
- Je te fais confiance ? Quand est la fête ? On partira ce jour-là.
- C'est samedi prochain.
Ses parents prennent en note et vérifient s'ils sont libres pour une sortie. Sa mère ajoute :
- On peut te faire confiance, tu es grand maintenant. Il y aura ton ami Jehan aussi ?
Elle sait que le brun à lunettes est sérieux, il pourra peut-être éviter les problèmes dans la maison. Il répond qu'il sera présent, pour rassurer tout le monde et renforcer son argument de garder la maison pour cette soirée tant attendue. Il ne précise pas qu'il n'a aucune idée du nombre d'étudiants prévus...
De son côté, Jehan prépare sa tenue pour la soirée, il est avec Zénaïde, elle lui donne des conseils. Il met son costume de messe, la jeune femme aux cheveux gris râle :
- Mais non, tu ne vas pas mettre ça ! C'est une soirée, pas une messe.
- On s'en fiche, c'est une belle tenue, insiste Jehan.
L'historien veut être beau pour la soirée, il se sent bien dedans, sa meilleure amie n'est pas du même avis, elle s'habille toujours de manière confortable. Surtout quand elle doit courir pour empêcher des bagarres près de la piscine, elle préfère mettre un jean. Et puis, il fait froid, un pull et un pantalon suffisent.
- Tu aurais pu mettre une tenue plus décontractée, on n'est pas dans une soirée huppée, c'est une soirée d'étudiants qui se mettent des murges, rigole Zénaïde.
- C'est censé me rassurer ? ironise Jehan.
- Pas spécialement.
Il se regarde dans le miroir du salon, il se trouve beau, Jehan se sent comme le plus pieux des hommes. Zénaïde louche sur la console près du meuble, elle a envie de passer à autre chose, une petite partie de Dario Kart ne ferait pas de mal. En prenant la manette, la grise lâche :
- Tu vas pécho une fille comme ça Jehan.
- Et toi alors ? Tu vas pécho un gars aussi.
- Ouais nan, flemme d'être en couple, j'ai pas envie de partager ma bouffe.
Ils rigolent ensemble, elle a toujours un truc à dire, il décide de jouer à la console avec elle.
Quand Léopold quitte la maison de son beau-père, il reçoit des messages, il décide de les lire avant de reprendre le volant. Ce sont des étudiants qui comptent venir à la fête, il y en a une dizaine qui se sont ajoutés dans le groupe. Il n'y a que des juristes et des STAPS pour le moment, Jehan et Zénaïde sont les seuls historiens archéologues. L'autre historien est un fan de Napoléon Bonaparte, mais il ne parle pas avec eux, ils sont antiquaires. Le blond leur répond qu'il a de la place, c'est là que certains réagissent et doivent se jeter sur leur téléphone pour inviter leurs amis.
- Je vais prévenir Ashlynn, écrit une fille.
Léopold est content que sa fête soit attendue, il espère au fond de lui qu'il n'y aura pas trop de monde. La maison de Séraphin est assez grande après tout et certains vont se désister. Il s'installe dans son siège, prêt pour répartir, confiant.
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