Chapitre 20

Le mois de mai approche, le stress pour la présentation des mémoires s'intensifie. Zénaïde a à peine fini, elle est encore dans la relecture, elle n'a même pas fait de diaporama. Jehan lui dit de se dépêcher, ça la stresse.

- Mais laisse moi faire comme je veux ! D'ailleurs pour la soutenance, on dit qu'on a vu des cannibales dans une crypte ?

- Je vais en parler, ça peut être intéressant de dire ce qui s'est passé pendant nos recherches.

Ça fait rire Zénaïde, elle se concentre sur son mémoire, elle ne doit pas le rater, elle étudie les pratiques alimentaires à Pépinville au Moyen Âge. Quand elle avait la flemme, c'était Jehan qui la ramenait à l'ordre. Zénaïde a quand même bien avancé, elle a juste la fâcheuse tendance à ne pas se relire.

Ashlynn souhaite se spécialiser en histoire du droit, les professeurs des matières respectives doivent en discuter. Elle a envie de suivre la voie de Jehan sauf que celui-ci veut faire un doctorat en archéologie. Il veut devenir archéologue mais aussi docteur, il veut toujours aller à l'excellence. Son père l'a poussé à devenir le meilleur, il ne laissera pas tomber. Ashlynn va voir son professeur de droit pour en parler, il n'est pas contre l'idée qu'elle s'oriente, sauf que c'est un peu tard, elle doit finir ce qu'elle a commencé.

- Vous avez commencé un master en droit pénal, vous n'allez pas tout abandonner maintenant.

- J'aimerais faire comme mon ami, il est en histoire et... argumente Ashlynn.

Le professeur ne la laisse pas finir et lâche :

- Vous n'allez pas changer de cursus pour un gars. Vous êtes très bien en droit pénal. C'était avant qu'il fallait changer.

Ashlynn est déçue par les mots crus du professeur, mais il a raison, elle ne va pas changer de cursus comme ça. Elle veut faire greffière, elle argumente qu'elle n'a pas uniquement besoin d'aller en droit pénal, mais il rétorque que c'est la même chose en histoire du droit.

Ashlynn sort de la salle déçue. Elle se dit finalement que ce professeur a peut-être raison et qu'elle devrait se concentrer sur comment devenir greffière au lieu de faire comme Jehan. Elle se demande bien où il est en ce moment. La jeune femme quitte le bâtiment pour se rendre à la bibliothèque, elle y retrouve justement Jehan et Zénaïde, qui finalisent leur mémoire. Ashlynn a encore du temps pour le sien, les professeurs de droit laissent plus de temps à l'université Pépin le Bref.

- Ça va mieux avec ton père ? demande Ashlynn.

- Je ne lui ai pas parlé depuis et je n'ai pas envie. Il va encore dire que je me suis dévergondé.

C'est vrai, pense-t-il, Dieu lui pardonnera, il en est sûr, il n'a jamais commis de péchés graves. La noiraude vient s'asseoir à côté de lui et lui fait un baiser sur les lèvres, il rougit. Jehan n'imaginait pas être en couple avec une femme à l'opposé de lui, ils s'entendent à merveille. Le jeune homme sait qu'il aurait pu être casé avec la voisine, ça énerve son père qu'il fréquente quelqu'un d'autre. Son amie Zénaïde le rejoint.

- S'il savait que la voisine est lesbienne, il serait en train de crier.

- Il ne vaut mieux pas lui dire, ajoute Zénaïde.

Jehan acquiesce, il continue de travailler sur son écrit.

Frédégonde se balade dans la rue, elle a entendu que Jehan avait une petite amie, elle essaie donc de la retrouver. Elle ne supporte pas que Jehan soit avec quelqu'un d'autre, elle a entendu ces informations en passant près de la faculté. La blonde imagine un plan pour empêcher cette fille de s'approcher du jeune homme à lunettes. Elle va jusqu'à questionner des personnes pour savoir à quoi ressemble la petite amie de Jehan. Les gens ne savent même pas qu'il est en couple, ils ne peuvent pas donner d'informations. Frédégonde croise justement une jeune femme dans la rue, elle la prend pour la copine de Jehan, elle commence à l'attaquer. La pauvre femme ne comprend pas ce qui lui arrive, elle finit assomée en plein milieu de la rue.

- Je suis sûre que c'est elle, je vais l'emmener dans la cave...

Frédégonde rentre chez elle, sa famille n'est pas là, elle enferme la victime dans la cave, personne n'y va. Elle dépose la jeune femme aux cheveux noirs sur le sol, elle est encore inconsciente, elle prépare des rasoirs pour la menacer si elle ne parle pas. Frédégonde attend qu'elle se réveille pour l'asséner de questions. La blonde prépare tout ce qu'il faut, la jeune femme à la peau basanée commence à se réveiller, elle panique ne sachant où elle est.

- Qu'est-ce que je fais ici ?

- Tu vas bientôt le savoir, tu as volé mon homme.

La jeune femme ne comprend rien à ce qu'elle dit, elle n'a rien à voir avec ça, elle tente de s'échapper, sauf que la blonde aux cheveux bouclés la menace.

- Tu ne partiras pas tant que tu ne m'auras pas tout dit, qui es-tu ? Es-tu avec Jehan ?

Elle a entendu vaguement ce nom quelque part, elle sait juste qu'il est en master d'archéologie, elle hésite à se présenter.

- Dis-moi ton nom.

- Rosa.

- Je répète, tu connais Jehan et es-tu en couple avec lui ?

Elle répond que non, elle ne le connaît même pas, Frédégonde insiste, Rosa ne comprend pas. La jeune femme à la peau foncée tente de se lever, impossible, la blonde se rapproche avec des lames de rasoir.

- Qu'est-ce que tu vas me faire ? Je n'ai rien fait ! Je ne comprends vraiment pas...

- On ne vole pas mon être aimé !

La blonde commence à lui enfoncer une lame dans la peau, elle se met à hurler, la douleur est si forte, ça lui brûle le bras. Rosa lui crie d'arrêter, en vain, la tortionnaire continue, elle commence à retirer la peau, elle tire dessus. Les cris de la pauvre femme résonnent dans toute la cave, du sang coule sur ses bras, elle commence à voir ses tendons.

- Arrête je t'en supplie, je ne connais pas ce gars, tu es folle !

Rosa a beau la supplier, elle ne s'arrête pas, le sang gicle de plus en plus, elle l'écorche plus profondément, la douleur est intenable. L'odeur du fer lui donne la nausée, la jeune femme sent qu'elle va s'évanouir, elle fait une hémorragie. Rosa essaie de tenir malgré la souffrance qu'elle endure, elle pleure et crie, Frédégonde continue. Elle continue d'affirmer qu'elle est innocente, qu'elle ne mérite pas ça, sauf que sa tortionnaire ignore.

- Frédégonde, je suis rentrée ! crie une voix en haut.

- Merde, pense la blonde bouclée.

Elle laisse Rosa sur le sol, souffrante, pour rejoindre sa mère, elle file dans la salle de bain pour nettoyer le sang de ses mains.

- Qu'est-ce que tu faisais ? demande sa mère.

- Rien, je me lavais les mains après les toilettes.

Un cri se fait entendre dans la maison, la mère de Frédégonde se pose des questions, d'où ça peut bien venir. Elle questionne sa fille, qui évite le sujet.

- Il y a peut-être un animal dans la cave, je vais voir, déclare sa mère.

- Non je vais voir.

Trop tard, sa mère est déjà partie voir, elle marche d'un pas rapide, elle ouvre la trappe sans réfléchir et voir une femme ensanglantée à l'intérieur.

- Mon Dieu !

La femme descend voir Rosa et l'aider, elle voit des lames de rasoirs disposés au sol, elle a dû mal à comprendre ce qui s'est passé. Frédégonde ne sait pas quoi faire, elle n'ose plus entrer dans la cave. Sa mère parle de porter plainte, sa fille explique que c'est une personne qui s'est réfugiée là et s'est scarifiée.

- Je ne te crois pas ! Ce n'est pas la première fois que tu fais des crimes, s'exclame la blonde plus âgée.

Elle essaie d'argumenter mais c'est impossible, sa mère n'est pas stupide, elle ressort de la cave et prend son téléphone pour appeler la police. Frédégonde décide de partir de chez elle pour fuir.

Baptiste travaille dans la cuisine d'un restaurant, il y a beaucoup de monde à cette heure. Il enchaîne les plats sans réfléchir, le restaurant est assez ancien et utilise encore du gaz, il n'est pas homologué. Baptiste cuit des steaks frites presque toute la journée, les gens ne demandent que ça. Le jeune homme remarque que le gaz a un problème, il prévient le chef, il déclare :

- Ce n'est pas grave, ça fait ça des fois, rien d'important.

L'odeur de gaz devient de plus en plus forte, Baptiste demande aux autres cuisiniers de sortir, il se doute que quelque chose va se passer. Les autres le suivent sans réfléchir, ils ont un peu peur de ce problème de gaz. Le chef cuisinier ne comprend rien en voyant tous ses employés partir du restaurant.

- Qu'est-ce que vous faites ?

- Ca va péter !

Ils courent tous le plus loin possible du lieu, l'odeur de gaz devient de plus en plus forte. Baptiste se dit qu'il a bien fait de partir, il est déjà bien éloigné du restaurant. Une grosse explosion se fait entendre, il voit de la fumée provenant du restaurant, celui-ci a explosé, avec des clients encore présents dedans. Il a prévenu un maximum de personnes mais ils ne l'ont pas suivi. La fumée grise et orangée continue de monter dans le ciel, il ne sait pas quoi faire de plus, il appelle les pompiers.

Dans l'explosion, des gens présents dans la rue ont été projetés, certains sont décédés. C'est le cas de Frédégonde, qui se trouvait près du restaurant lorsque celui-ci a explosé. Une enquête est déjà en cours pour vérifier les réserves de gaz et si ce restaurant avait une bonne surveillance de l'énergie. On se doute que la réponse est non. Les pompiers éteignent le feu, il commençait à atteindre l'autre côté de la rue. La mère de Frédégonde est partie à la recherche de sa fille, elle est introuvable, c'est quand elle voit des enquêteurs près de son corps qu'elle comprend ce qui se passe.

- Elle a été tuée dans l'explosion du restaurant, explique une dame.

- Elle a torturé quelqu'un dans notre cave, j'ai aussi appelé la police, la jeune femme a été prise en charge assez vite.

Les enquêteurs ne savent pas trop quoi faire avec cette information, maintenant que Frédégonde est morte, ils ne peuvent rien faire.

- Nous espérons que la victime va être soignée.

Rosa s'est retrouvée à l'hôpital, des bandages sur les deux bras, elle a demandé à voir Jehan pour lui expliquer ce qui s'est passé. L'hôpital l'a donc appelé, il est venu la voir pour mettre au clair cette affaire. Jehan arrive assez vite dans la chambre de la jeune femme basanée, elle commence à tout lui expliquer.

- Tu connaissais cette Frédégonde ? Elle m'a fait des choses horribles...

- Oui je la connais, elle était folle amoureuse de moi et a voulu me droguer.

- Elle a cru que j'étais ta petite amie. Tu as déjà quelqu'un ?

Il répond que oui, il trouve ça affreux que cette pauvre femme s'est fait écorcher par la fille qui voyait au catéchisme. Le jeune homme apprend aussi qu'elle est morte dans l'explosion du restaurant.

- C'est vraiment une coïncidence, tu te sens soulagée ? demande Jehan.

- Je ne sais pas pour être honnête, j'aurais aimé qu'elle soit jugée, mais le destin en a décidé ainsi.

Ils se regardent sans rien dire, Rosa est encore choquée par ce qu'elle a vécu, elle espérait que ce soit un cauchemar. Elle a du mal à croire qu'on lui a arraché la peau des bras.

Jehan rentre chez lui, il est bouleversé par ce qu'a vécu cette jeune femme. Il ne pensait pas que Frédégonde continuerait à le vouloir et à attaquer une personne innocente. Jehan se prépare pour sa soutenance, il a presque fini de rédiger son exposé, la date approche. Le jeune homme commence à stresser, il espère avoir tout bien fait comme il faut. Ashlynn est là pour le rassurer, elle lui dit qu'il n'y a pas de raison qu'il ne réussisse pas. Le brun à lunettes termine la dernière partie de son développement, il relit avant de passer à la conclusion.

- J'ai presque terminé...

Il décide enfin de faire une pause après des heures de travail acharné. Ashlynn vient le voir, ils discutent ensemble, Zénaïde est dans sa chambre en train de terminer son travail.

- Je suis sûre que vous allez réussir votre mémoire, encourage la noiraude.

- J'espère, j'ai passé tellement de temps dessus, affirme Jehan.

Après des jours de relecture, la soutenance de mémoire est enfin arrivée. Tous les étudiants ont rendez-vous près d'un amphithéâtre pour passer devant un jury. Certains relisent leurs fiches, qu'ils n'auront pas le droit d'utiliser lors de la présentation. Jehan essaie de paraître confiant, en réalité, il stresse énormément. Il fait dans sa tête la présentation, de l'introduction, aux parties puis à la conclusion, il se remémore ça depuis qu'il est réveillé. Des gens sont en train de passer, il sait qu'il sera dans ceux du milieu, vu son nom de famille. Le brun n'a qu'une envie, passer et d'être libéré de tout ce stress qui l'étouffe. Il voit des gens entrer et sortir de la salle, soit heureux ou soit dépités de leur prestation. Au bout d'un moment, c'est à son tour, l'angoisse monte d'un coup, il ne pensait pas que ça allait lui faire ça. Un professeur d'histoire le fait entrer dans la salle, il y a un ordinateur à disposition pour afficher le diaporama. Il reconnaît Monsieur Laban dans le jury, il est rassuré que son professeur soit là. Jehan sort sa clef USB de son sac et la met sur l'ordinateur, il espère que son diaporama ne va pas buguer.

Son installation est enfin terminée, il a maintenant quinze minutes pour faire son oral. Il s'éclaircit la voix et commence son introduction en montrant son diaporama, les professeurs sont déjà intéressés. Jehan parle de son choix de sujet et qu'il a trouvé assez simple, il connaissait déjà des choses sur Pépinville au Moyen Âge grâce à son oncle. Le jeune homme à lunettes parle avec aisance, il est vraiment dans son sujet, l'angoisse part petit à petit. Il oublie tout ce qu'il y a autour pour ne parler que des recherches archéologiques médiévales de Pépinville, qu'il a été faire des fouilles et qu'il a vu des cannibales dans une crypte. Les professeurs le regardent avec un air étonné lorsqu'il évoque les cannibales, ils pensent que c'est faux. Jehan explique ensuite qu'il y a d'autres vestiges montrant qu'il y a bien eu un Moyen Âge à Pépinville, le château de son oncle en est une preuve, même s'il a été racheté et rénové. Le jeune homme brun aux yeux bleus montre son diaporama en faisant défiler les images et explications, les professeurs sont captivés par ce qu'il dit, Monsieur Laban est fier de lui.

Jehan n'arrête pas de parler, il regarde sa montre pour être sûr de ne pas dépasser le temps, il termine avec sa conclusion, en disant bien que le Moyen Âge à Pépinville a été oublié par rapport aux autres villes et que peut-être d'autres sont dans ce cas. Il annonce qu'il a terminé, il a bien respecté le timing, les professeurs décident de lui poser des questions en plus. Justinien Laban a envie de le féliciter pour cette soutenance, mais il ne dit rien, il fait mine qu'il y a des points à corriger, c'était parfois confus. Ils n'ont pas grand chose à lui dire de plus, Jehan est soulagé de ce qu'il a fait, il a envie de sortir en courant et de prévenir ses amis.

- Bien, nous avons terminé, nous pouvons passer au suivant, merci Jehan Lambert, annonce Monsieur Laban.

Il quitte la salle en saluant les professeurs, il sort du couloir en courant presque, il prend son téléphone et appelle Ashlynn.

- Je crois que j'ai fait une bonne soutenance !

- Bravo Jehan, je savais que tu allais bien faire !

Il est tellement content, le jury ne lui a pas trop posé de question et ils étaient concentrés sur ce qu'il disait. Il s'attendait à pire, il est fier de lui, il espère avoir son master. Zénaïde est passé avant lui et ne lui a toujours pas donné de nouvelles, le jeune homme trouve ça étrange. Jehan lui envoie un message pour avoir des informations, elle ne répond pas au téléphone.

Zénaïde se balade dans la rue près du campus, elle a pris un pain au chocolat pour le goûter, elle se dit qu'elle s'est pas trop mal débrouillée pour son mémoire. Elle commence à manger quand elle entend un bruit, un cri, ça l'interpelle. La jeune femme range son aliment dans son sac et cherche d'où ça provient, elle arrive devant une voiture noire et voit un homme avec un enfant, qui crie. Zénaïde se rend compte que l'homme est en train d'abuser l'enfant, elle ne réfléchit pas une seconde et décide d'intervenir, elle tente d'ouvrir la portière arrière, c'est bloqué. L'homme sort de la voiture et menace la jeune femme aux cheveux gris :

- Sale folle, laissez-moi avec mon fils.

Zénaïde le frappe de toute sa force, elle est dégoûtée, elle hurle :

- Laissez-le !

Elle essaie de faire fuir l'enfant en lui disant de partir, elle tente de le rhabiller le temps que l'homme est encore sonné au sol.

- Pars, vite ! Va dans l'école là-bas, lui indique Zénaïde en montrant le campus.

L'homme se relève, elle continue de se battre avec, elle veut le calmer, elle ne réfléchit plus à ce qu'elle fait. L'enfant est maintenant en sécurité, le pédocriminel continue de vociférer sur l'étudiante, il la frappe au visage. Elle se défend et n'hésite pas à lui faire des prises pour le plaquer au sol. Il ne bouge plus, elle le frappe dans le ventre en lui criant d'arrêter de violer des enfants, des passants regardent la scène sans rien dire, sauf une dame qui appelle la police car une jeune agresse un homme. Zénaïde n'entend rien, elle a des vertiges, l'homme commence à ne plus bouger.

Au bout de quelques minutes, la police arrive, elle voit Zénaïde les mains en sang, le pédocriminel au sol blessé, un policier menotte la jeune femme.

- Non, j'ai sauvé un enfant d'un viol !

Personne ne la croit, elle est embarquée dans la voiture de police et l'homme est envoyé à l'hôpital, la grise se rend compte de son erreur, elle n'aurait pas dû se battre avec lui, mais elle l'a pris en flagrant délit. Plutôt crime. Son téléphone sonne, elle a un message de Jehan, elle ne peut pas le regarder.

- Je suis désolée, se dit-elle dans sa tête.

Arrivée au commissariat, elle est interrogée pour savoir ce qui s'est passé, elle raconte que l'homme était dans sa voiture avec son fils et il le violait, elle est donc intervenue pour empêcher ça et ils ont commencé à se battre. Zénaïde assure qu'elle a sauvé l'enfant, quelqu'un l'a sûrement recueilli au campus. Les policiers croient ce qu'elle raconte, une policière reçoit un appel de l'hôpital, le pédocriminel est mort, elle annonce que Zénaïde va devoir passer devant la justice. La justice n'aura pas la même vision, elle en est sûre, elle ressort du commissariat et voit la vieille dame qui a appelé la police, elle lui lance :

- Vous osez attaquer un pauvre homme ! Garce !

- Vous ne savez pas ce que cet homme était en train de faire ! Il était en train de violer son propre fils, c'est dégueulasse. Et vous osez m'insulter ? Vous étiez près de cette voiture et vous n'avez rien fait pour l'enfant, je vous ai vu lorsque je mangeais mon pain au chocolat.

La dame ne répond rien, mouchée par la réponse de la jeune femme aux cheveux gris.

Le lendemain, elle est convoquée au tribunal, le jugement se fait vite selon elle. Elle argumente qu'il est mort de ses blessures et pas directement, le juge dit que c'est de sa faute quand même, elle n'a pas eu le temps de se trouver un avocat. Ashlynn est greffière et ne peut pas l'aider plus que ça, elle n'est d'ailleurs pas là pour ce procès. Le verdict du jugement finit par tomber très vite, elle est condamnée à trois ans de prison. Elle continue d'argumenter qu'elle ne voulait pas le tuer, qu'il a violé son enfant, en vain. Même des bagarres qui tournent mal à Pépinville sont moins condamnées. Zénaïde n'arrive toujours pas à croire qu'elle va aller en prison aussi rapidement, elle n'a même pas eu le temps de voir ses amis. L'oni n'est même pas venu l'aider, elle aurait aimé qu'il soit là. Sa famille apprend qu'elle va en prison, elle est dévastée, elle trouve cela injuste, elle a juste voulu sauver un enfant. Mais la justice en a décidé ainsi, et c'est impossible de faire marche arrière. Jehan, Ashlynn, Léopold et Mehmed sont vite mis au courant par Zénaïde, ils n'en croient pas leurs oreilles. Ils étaient tous contents d'avoir fini leur soutenance et avaient prévu une fête, mais sans Zénaïde, c'est impossible. Il manque quelqu'un, Léopold décide de tout annuler. Ils n'arrivent toujours pas à y croire, ils sont impuissants.

Le groupe d'amis reste au campus, ils se remémorent les moments qu'ils ont passé avec leur amie. Zénaïde n'a pas pu les voir, ils sont tristes. Le ciel se couvre, de la pluie fine commence à tomber, elle est glacée. Jehan, Ashlynn, Léopold et Mehmed ne se parlent pas, ils ne savent pas quoi dire, ils regardent la pluie tomber.

- La vie te pourrit, comme dirait un auteur, lance Léopold.

- Aucun auteur n'a jamais dit ça, répond Jehan.

Il soulève les épaules et rétorque :

- Et bien, peut-être qu'il y en a un qui dira ça ?


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top