Chapitre 11
Des personnes en blouse blanche sont réunies dans un laboratoire, ils observent un morceau de chair posé sur une table. Ils ont extrait un bout du lapin géant pour l'analyser, le reste du corps a été débarrassé par l'armée, avant que les journalistes viennent prendre des photos pour leurs journaux racoleurs. Ezéchiel est interrogé par les scientifiques, son frère est venu avec lui, il a toujours du mal à se remettre de ce qui s'est passé. Le lapin n'a pas l'air lié à Lapinou, il est préhistorique, c'est un nuralagus rex, ils ne savent pas encore pourquoi il est devenu géant. Ils ont décidé de le nommer King Usagi, en référence aux monstres géants japonais. Un scientifique arrive avec un compteur Geiger et se met devant la chair, il se met à grésiller.
- Il y a clairement de la radioactivité dans ce lapin.
- Ah mais attendez, le gamin nous a dit qu'il a prié dans la forêt et que le sol a tremblé, ce n'est pas le lieu où il y a eu l'accident de la centrale nucléaire, il y a quarante ans ?
Les autres opinent, ils trouvent enfin une piste, en 2002, une énorme explosion a frappé le deuxième réacteur de la centrale de Pépinville, toute la forêt a été contaminée. Il est déconseillé d'y aller aujourd'hui, Ezéchiel n'était pas au courant, un scientifique vérifie s'il n'a pas été touché, en passant le détecteur Geiger sur lui.
- Tu as de la chance, tu n'es pas radioactif mon petit, rigole un scientifique.
- Je suis pas petit ! Je suis en cinquième, rétorque le blond.
Presque tous les plus âgés se rappellent de cet accident, les animaux de la forêt ont tous été tués, il n'y avait plus d'arbres. Des associations ont planté des arbres à nouveau, ils sont encore jeunes, mais la nature a aussi repris ses droits et avec l'aide des animaux, des arbres ont poussé. L'église à côté de la centrale nucléaire a vite été abandonnée.
Après avoir été interrogé, Ezéchiel peut enfin rentrer chez lui, son grand frère le ramène.
- Tu es devenu un héros Ezéchiel, tout le monde parle de toi sur internet.
- Incroyable, je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour !
Ils rentrent à pied, leur maison n'est pas si loin du laboratoire, dans un petit quartier résidentiel, près d'un bourg et d'une église. Le blond s'agrippe au manteau de Jehan et s'exclame :
- Hé, ça te dit qu'on aille à la piscine tous les deux, entre frères ? On va s'amuser !
- Si tu veux, mais j'ai du travail et...
- S'il te plaît ! On est en week-end demain !
Il finit par accepter, il ne veut pas décevoir son frère et il a l'air si content d'aller à la piscine. Son téléphone sonne, c'est Zénaïde.
- Allo ? Ca va, tu es en toujours en vie ?
- Ouais, et toi ? La dinguerie qu'il y a eu à Pépinville, je dormais je n'ai rien entendu, heureusement qu'il y a les actus !
Il se demande bien comment elle a fait pour dormir avec tout le bazar qu'il y avait dans la ville. Elle a un sommeil très lourd, c'était un calvaire pour la réveiller le jour des examens.
- J'y ai assisté et c'était horrible, je rentre chez moi avec mon frère, tu gères l'appartement comme d'habitude ? demande Jehan.
- T'inquiète, je gère la fougère, répond Zénaïde en riant.
- Je pense que je vais rentrer dimanche, mon mémoire ne va pas s'écrire tout seul.
Il la salue et il raccroche, il revient chez lui, sa mère est soulagée de les voir en vie, elle a eu très peur pour eux. Pétronille les prend dans ses bras, quitte à les écraser.
- Je suis heureuse que vous soyez là, Jehan tu restes avec nous ?
- Oui je vais rester jusqu'à après-demain, Ezéchiel veut qu'on aille à la piscine et je rentre dimanche, je dois ajouter mes notes à mon mémoire.
Sa mère est satisfaite, elle s'empresse de faire leur plat préféré, pour qu'ils oublient cette journée. Elle pense à son mari, il n'a pas donné de nouvelle, elle espère qu'il va bien.
- Papa n'a pas donné de nouvelle... J'espère qu'il va bien.
- L'endroit où il travaille n'a pas été touché normalement, explique Jehan.
Leur père travaille dans l'administration, sauf qu'il est à la tête de celle-ci dans Pépinville, il a fait de hautes études pour être parfait, selon lui. Il est heureux que Jehan suive la même voie que lui et qu'il devienne un grand historien. Léopold aurait dû contacter son père au lieu d'aller à la mairie, mais malgré tout, son père ne peut pas tout contrôler, le maire n'en fait qu'à sa tête. Il avait déjà tenté de faire des choses, le maire a refusé, il voulait des arrêtés municipaux plus stricts envers les criminels. Ezéchiel s'en fiche de son père, depuis qu'il a mangé son lapin et le gifle sans raison, il aimerait qu'il comprenne que le frapper ne sert à rien.
Les chaînes d'informations parlent en boucle de la catastrophe de Pépinville, les images du monstre tournent en boucle. On parle de Ezéchiel comme un héros, mais surtout de son père, qui est un haut fonctionnaire. Il est d'ailleurs interviewé par des journalistes avides d'informations, Pétronille arrive en courant dans le salon en entendant la voix de son mari. Un poids se retire, il est vivant, ses bureaux ont été épargnés par le lapin. Jehan est aussi soulagé pour son père, il s'inquiétait de ne pas le voir revenir, Ezéchiel est indifférent, il est encore en colère. Sa mère le remarque, elle lui pose la question, il répond qu'il n'y a rien.
- Il était sûr qu'il allait revenir, ajoute Jehan.
Le brun à lunettes a sauvé son frère, il le remercie mentalement, Pétronille le laisse tranquille. L'interview est longue, il est encore à la télévision en train de raconter sa vie de fonctionnaire. Ezéchiel va dans sa chambre, Jehan reste devant la télé avec sa mère, il ne sait pas trop quoi lui dire. Elle trouve des sujets de conversation, elle lui dit les choses qui se passent dans la maison et dans le quartier.
- D'ailleurs, j'ai revu la voisine, ça te dit qu'on l'invite demain soir ? Elle t'apprécie non ?
Il répond oui, même si les deux ne s'apprécient pas énormément, sa mère les voit déjà mariés avec une famille et une maison. Jehan la laisse dans son délire, il n'aime personne et ça lui convient, Zénaïde ne l'aime pas et Pétronille faisait déjà des scénarios quand il disait qu'il avait une amie en licence d'Histoire. On lui a toujours dit pas avant le mariage, il n'a jamais pensé à l'amour préférant se consacrer à ses études.
Donatien est enfin rentré du travail après ses interviews, il questionne déjà sa femme sur le repas du soir. Jehan est dans sa chambre en facetime avec Zénaïde, il lui raconte les événements.
- Digne d'un film ton histoire vraiment ! Heureusement que je dormais, déclare-t-elle.
- Ah mais tu aurais pu mourir si le lapin était venu vers notre appart, tu as le sommeil tellement lourd, ça m'impressionne.
Ils rigolent ensemble, Jehan lui parle de la voisine qu'il va voir le soir au dîner, Zénaïde fait des cœurs avec ses mains pour rire.
- On ne s'aime pas, elle avait l'air saoulé par mes explications archéologiques.
- Je rigole t'inquiète pas, tu me connais, je t'embête, je sais que tu n'aimes personne.
- Ma mère voit déjà le mariage je pense.
Ils repartent dans un fou rire tous les deux.
Le lendemain, il est réveillé tôt par son frère, qui veut aller à la piscine le matin, il va prendre sa douche directement. Ezéchiel est presque prêt, il prépare son sac.
- On a le temps, la piscine n'ouvre qu'à dix heures...
- On est samedi, il va y avoir plein de monde !
Convaincu par son frère, le jeune homme aux yeux bleus va se préparer le plus vite possible, il se rappelle que le samedi, c'est le jour où tout le monde sort et la piscine est bondée, même en hiver. Les gens veulent profiter de la chaleur du lieu, avec en supplément des microbes et du chlore qui pique les yeux. Jehan va se laver, il déteste sortir sale, surtout à la piscine, il a une hygiène irréprochable. Son frère attend dans le salon avec son sac, la piscine est l'événement du week-end, ils faisaient déjà des sorties quand Jehan n'était pas en train de réviser tout le temps.
Après le trajet en voiture, il arrive à la piscine municipale de Pépinville, il y a déjà des gens qui attendent à l'entrée, Ézéchiel a peur que ce soit déjà rempli.
- Il est dix heures pile et c'est déjà la foule, désespère Jehan.
Ils se rapprochent dans l'entrée pour avoir une place, des mioches sont déjà en train de faire des crises à leurs parents. Ça casse les oreilles des deux frères, cette journée commence bien. Ezéchiel essaie de dépasser des personnes, Jehan lui en empêche.
- La politesse, on ne gruge pas comme ça, l'avertit son grand frère.
- On s'en fout et puis je suis pressé d'aller nager !
Son frère n'est pas très respectueux des fois, mais il fait avec. Jehan refuse de le frapper comme le fait Donatien, ça le choque à chaque fois, il réprimande juste son frère. Ezéchiel finit par attendre patiemment, la file d'attente avance assez vite, ils rentrent tous dans la piscine. Jehan sort sa carte pour payer sa place et celle de son petit frère, c'est enfin leur tour, il regarde derrière lui, la file semble infinie. Ils paient et ils peuvent entrer se changer, Ezéchiel veut une cabine seul, il ne veut pas être avec son frère et le brun à lunettes non plus. Sauf que les cabines sont payantes depuis un moment, car elles sont sécurisées contre les voyeurs.
- Je n'ai pas assez d'argent, on va devoir prendre une cabine de change pour nous deux.
- Oh nan, râle Ézéchiel.
Ils vont donc dans la cabine, bien loin l'un de l'autre, en se cachant, les deux frères détestent se déshabiller devant l'autre. Ézéchiel se cache avec sa serviette, Jehan fait de même, il est très pudique. C'est dans leur éducation, le corps est sacré, on ne doit pas le montrer, le brun à lunettes porte toujours de longs manteaux pour cacher une grande partie de son corps.
Une fois changés, ils se ruent vers la piscine, leur bonnet sur la tête. Jehan est myope, il évite de courir au risque de se prendre un mur. Son petit frère a aussi des lunettes, mais pour les écrans. Monsieur Laban est myope comme lui, il avait oublié ses lunettes et ça avait été une horreur pendant le cours, il ne voyait pas bien ses étudiants. Le blond saute dans le petit bassin et barbote dans l'eau, il se prend pour un poisson. Jehan n'ose pas aller dans l'eau en voyant les enfants cracher et éternuer dedans, ça le dégoûte. Il se contente de surveiller son frère, malgré qu'il ait envie d'aller faire des longueurs dans le grand bassin. Jehan entend une voix l'appeler, il croit rêver, il se retourne et voit une jeune femme qu'il connaît bien, c'est Ashlynn.
- Salut Jehan, ça va ? dit-elle.
- Oui, très bien et toi ?
Ça lui fait bizarre de la voir dans cette tenue, la jeune femme gothique a un maillot deux pièces, semblable à un bikini. Il n'a jamais vu de maillot similaire, toutes les femmes de la piscine avaient un une pièce couvrant.
- Tu regardes quoi, oh mon maillot, je l'ai acheté en soldes, il est joli ?
- Ah oui, il est très beau... bafouille le brun.
Il ne sait pas comment réagir, il se sent bizarre de la voir comme ça, elle reste souriante devant lui. Elle est encore mouillée après ses longueurs dans le grand bassin.
- C'est marrant qu'on se rencontre là, le samedi c'est bondé, il y a une chance de se voir, ajoute Ashlynn.
Le jeune homme aux yeux bleus remarque des petites barres au niveau des tétons, il se demande bien ce que c'est.
- Tu as des barres au niveau des... c'est normal ?
- Ce sont mes piercings. Je ne vais pas te les montrer quand même haha.
Elle rigole, il devient aussi rouge qu'une tomate, son frère le rejoint et remarque qu'il parle avec une fille. Jehan est si gêné, il ne pensait pas que c'était ça, une chaleur envahit son corps.
Il retire les pensées bizarres de sa tête et essaie de se concentrer, la noiraude continue de parler de ses piercings et qu'elle a été chez un tatoueur.
- Désolé je suis catholique, c'est pas trop pour moi.
- Je comprends et ça fait mal en plus, rigole la jeune femme.
Elle le sent tendue, elle évite de parler encore plus de son corps, Jehan fait des prières mentales pour retirer le désir. Ézéchiel reste à côté, blasé, il aimerait que son frère vienne avec lui faire une bataille de frite en mousse. Sauf que Jehan a un léger désagrément masculin, il court aux WC pour se cacher Ashlynn ne comprend pas.
- Qu'est-ce qui lui arrive ? demande la galloise.
- Aucune idée, on fait une bataille de frites ? répond Ézéchiel.
Elle opine, ils vont chercher des frites pour se taper dessus dans le bassin, ça les amuse.
Jehan a une érection, il a honte, il s'assoit sur la cuvette et attend, Ashlynn a dû mal le prendre si elle l'a vu, se dit-il. Pourquoi ça arrive à ce moment-là, il n'arrête pas de se poser des questions, ça ne lui arrive jamais. Il fait des prières en murmurant, en implorant Dieu d'arrêter ça. Quelqu'un frappe à la porte des toilettes violemment, il sursaute, la personne continue de taper :
- Ouvrez s'il vous plaît, j'ai la chiasse.
- Euh oui attendez...
Par magie, Jehan n'a plus son problème, il peut ressortir et rejoindre son frère, il est encore honteux. La personne entre dans les toilettes en courant, elle fait limite tomber le brun. Jehan repasse par le pédiluve, il voit flou sans ses lunettes mais distingue son frère en train de jouer avec Ashlynn à la bataille de frites. Il se rapproche et décide de rejoindre leur jeu, avant qu'un maître nageur les voit faire les andouilles. Jehan prend une frite bleue puis saute dans l'eau, Ashlynn l'attaque déjà. Le jeune homme se prend la frite verte sur le dos, ça fait un bruit sec, il rigole à cause de la sensation. Il fait de même sur elle, en claquant sa cuisse gauche, les deux font une bataille sous le regard hilare d'Ezéchiel. Ils redeviennent des gamins à se taper dessus avec des tiges en mousse, le blond s'allonge sur sa frite pour nager dans un autre bassin. Le maître nageur arrivent et voit les deux adultes en pleine bataille, il se met à brailler :
- Non mais ça va pas, vous avez quel âge ? Allez ranger les frites.
Ashlynn grogne, ils rigolaient bien, ils sortent du bassin pour ranger leur frite. Jehan propose qu'ils aillent dans le grand bassin, elle accepte, ils grimpent les escaliers qui mènent à l'autre étage.
Le bassin est vraiment grand et va jusqu'à trois mètres de profondeur où il y a les plongeoirs. Le carrelage est bleu et blanc, contrairement en bas, avec une couleur unie. Jehan monte sur le plongeoir, Ashlynn le suit, elle déclare :
- Saute, je vais monter sur tes épaules après.
- Attends quoi, mais...
Il saute quand même, elle arrive derrière lui, il sent sa présence puis ses mains sur ses épaules.
- T'es prêt ?
Il acquiesce, elle monte sur lui, il tient ses jambes pour pas qu'elle tombe, Jehan s'accroche au bord. Ashlynn se sent encore plus grande qu'elle ne l'est déjà sur les épaules de son ami, ça la fait sourire. Elle veut ensuite sauter, elle se met debout, Jehan a des difficultés pour supporter son poids, il manque de la lâcher. Elle saute en avant, en faisant une roulade dans l'eau, les gens autour applaudissent.
- T'as vu, c'était marrant, ça me rappelle l'acrogym, l'interpelle Ashlynn.
- J'ai eu du mal quand tu t'es mise debout, sinon c'était bien !
Le brun aux yeux bleus n'a jamais fait ça avec quelqu'un, ni même avec sa famille, les contacts sont très restreints, il n'est pas tactile d'habitude. Sauf qu'avec la noiraude, il a osé, malgré son désagrément antérieur, maintenant, c'est à son tour de le porter, pour qu'il fasse de même. Il s'exécute, ça le fait rire, il s'ouvre peu à peu à Ashlynn. Ils passent presque une heure ensemble à nager, Jehan ne pense plus à son frère, qui s'amuse avec d'autres adolescents.
Ils rentrent chez eux après cette matinée piscine, leur mère demande comment ça s'est passé, les deux garçons répondent en cœur que c'était bien. Les frères rentrent pile pour le déjeuner, Pétronille a déjà tout préparé. Ezéchiel explique que des gens l'ont reconnu après qu'il ait sauvé Pépinville du lapin géant, il se sentait comme une star du showbiz. Jehan s'est bien amusé avec son amie Ashlynn, sauf qu'il n'a pas envie d'en parler à sa mère, sachant qu'il voit sa voisine le soir, ce serait mal venu. Elle le voit déjà marié, pour sa mère, il trompe déjà sa future femme. Elle a fait des croque-monsieurs maison, tout le monde est content. Jehan adore les croque-monsieurs maison, ce sont les meilleurs, ceux du restaurant universitaire sont immondes à côté.
Le soir, la famille de la voisine vient leur rendre visite, la jeune femme entre en première, face à Jehan.
- Bonsoir Jehan, ça va ?
- Oui et toi ?
Les parents se saluent de la même manière, sobrement, ils vont dans le salon, pour discuter. Elle lui demande ce qu'il fait comme étude et s'il continue son archéologie médiévale, il répond oui, ses yeux pétillent quand il parle de ça. Le brun à lunettes parle du château de Pépinville et que ça appartient à son oncle, il a même fait des fouilles dedans, la voisine sourit et fait mine de l'écouter, même si ça l'ennuie. Elle ne comprend pas comment creuser la terre peut le passionner, pour elle, Dieu a posé ces éléments dans la terre pour tromper les humains.
Après s'être retrouvés, ils vont dans la salle à manger, Pétronille a préparé tout, elle est fière, elle a fait du poulet rôti au citron. Jehan s'installe, à côté de sa voisine, nommée Lucette, elle a un prénom vieillot, c'est le nom de son arrière-grand-mère. Leurs parents essaient tellement de les mettre en couple, sauf que ça ne marche pas. Le jeune homme parle de ses études, mais la mère de Lucette intervient :
- Et ta vie amoureuse, si ce n'est pas indiscret ?
C'est très indiscret même, pense Jehan, il a envie de mentir pour qu'on le laisse tranquille. Mais il ne veut pas casser l'ambiance, il continue d'hésiter, il pense par hasard à Ashlynn et lance :
- J'ai déjà quelqu'un.
Ses parents le regardent avec de gros yeux, ils sont vraiment surpris d'imaginer leur fils en couple avec quelqu'un d'autre que Lucette. Sa mère s'exclame, surprise :
- Mais tu nous as rien dit ? C'est Zénaïde ?
- Non, je n'ai pas envie d'en parler.
Il déteste mentir, il se sent mal, mais l'avantage est qu'on va le laisser tranquille. Il imagine déjà Dieu le punir pour son mensonge, mais il se dit qu'il se rattrapera de son péché. Jehan ne se voit même pas en couple, il se pense aromantique comme son amie. Son père rêve qu'il devienne chef de famille à son tour et qu'il fasse des enfants, sauf que le jeune homme ne se voit pas dans cette perspective, déjà avec ses études, ça lui paraît inenvisageable.
- On peut parler d'autre chose ? demande Jehan.
- Oui bien sûr, répond sa mère.
Le repas a été lourd pour lui, non pas en quantité de nourriture ingurgitée, mais bien en termes de discussions. Il est soulagé quand les invités quittent la maison, il peut enfin être tranquille. Entre les questions gênantes et les voisins qui réfutent les recherches des archéologues, ça l'a bien énervé. Jehan adore regarder des reportages sur l'archéologie, ça le passionne vraiment. Son père vient le voir, il râle dans sa tête :
- Tu as vraiment quelqu'un ou tu mens ?
Donatien n'est pas stupide, il connaît bien son fils et ses réactions, il sait qu'il ment. Le jeune homme tente d'esquiver la conversation, c'est impossible. Son père reste debout face à son lit sans bouger.
- Je sais que tu mens, tu n'es pas en couple, tu passes ton temps à travailler. Tu sais bien que Lucette t'est destinée.
Il soupire, ils ne s'aiment pas, ça ne sert à rien, malgré qu'il soit adulte, il n'ose pas contredire son père, le fameux chef de famille.
- Et si je couche avec une autre fille ? cingle le brun à lunettes.
- Jehan, je refuse que tu me provoques de la sorte, le sexe est uniquement après le mariage. Je ne sais pas ce qui te prend, tu n'es pas comme d'habitude.
Le père repart en claquant la porte, très énervé, le mur tremble et les cadres manquent de tomber. Jehan se rend compte de ses paroles, il culpabilise et ne comprend même pas sa propre réaction.
- Je suis désolé papa...
Son téléphone clignote, il reçoit un message de Zénaïde :
- Hey, j'ai trouvé un gîte pour des vacances archéologiques, ça va être une dinguerie tu viens ? Léopold et Ashlynn viennent.
Jehan répond oui sans réfléchir, ça va lui changer les idées, son amie lui répond directement après, en disant que l'endroit est vraiment sympa, il sourit. Elle continue de vanter le gîte qu'elle a trouvé, Zénaïde déclare qu'elle lui montrera demain.
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