Amy
– Le Bonheur, mais à tout prendre, qu'est-ce ?
– Que murmures-tu Mamie ? Ce n'est pas plutôt '' un baiser '' ?
La vieille dame ne répond pas, se contente de fixer sa petite-fille et serre sa main.
– D'où connais-tu Cyrano ma chérie ?
– Maman le lisait souvent le soir, répond candidement l'enfant. Quand je n'arrivais pas à dormir.
Sa grand-mère est à nouveau pensive un moment, et elles restent toutes les deux debout sous le crachin matinal, sur la grève.
– Alors Mamie, dis, c'est qui le Bonheur ?
– Un être silencieux et invisible dont on oublie trop rapidement la présence.
– Comment on fait pour savoir qu'il est là ?
– On ne sait pas, ou alors on n'y prête guère attention ma chérie. La plupart du temps on s'aperçoit de son absence.
– Il ne doit pas être très important alors.
– Au contraire... Chacun a son bonheur mon ange.
Le silence les étreint dans son écharpe de brume. Elles ont repris leur marche jusqu'à une grille de fer rouillé. Elles entrent. Elles parcourent les allées, et s'arrêtent encore.
– Grand-mère ? C'est qui toi ton Bonheur ?
– Les souvenirs ma chérie. Et toi aussi.
– Est-ce que Papa et Maman avaient un Bonheur aussi ?
– Bien sûr. Et ils me l'ont confié avant de partir.
L'enfant gambade joyeusement avant de revenir vers les deux tombes que contemple la vieille dame.
– Mamie, moi mon Bonheur c'est Tout...
Les yeux de la vieille dame s'embuent dans la bruine et serre la main de sa petite-fille plus fort encore. Lorsqu'elles repartent, la petite à écrit un mot devant les stèles. Un prénom en coquillage : Amy.
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