Chapitre 5 ~ Toute première fois

Je me rappelle de notre première fois. Notre premier échange de regard, nos premiers mots doux, nos premières caresses :

« - Sorcière !

- Sale lutin des forêts !

- Astrid ! Bartholomé ! On ne se bat pas en classe !

- Chaussette puante !

- Pet de schtroumphette !

- Bartholomé on ne tire pas les cheveux des filles ! Astrid on ne lance pas les crayons à la figure de ses camarades ! Ça suffit tous les deux. »

Astrid cinq ans et demi contre Bartholomé six ans et trois mois.

On ne sut jamais véritablement qui fut le gagnant de ce combat, séparés par les maîtresses de l'école avant même qu'on eût le temps d'en finir.

Par contre, on finit véritablement bien dans le bureau du directeur.

« - Bon, c'est la troisième fois cette semaine que vous vous battez tous les deux.

- C'est elle qui a commencé !

- Oh le menteur ! C'est lui ! Il m'a gribouillé sur le bras.

- Elle s'est fait ça toute seule !

- C'est faux ! C'est toi qui me l'as fait ! Monsieur, je mens pas ! C'est de la faute de Barth !

- Menteuse ! »

« Oh la menteuse, elle est amoureuse ! ? »

J'avais l'habitude de l'entendre celle-là dans la cour de récré. Le duo « Astrid-Barth » avait réussi en quelques jours à se faire un nom parmi les autres classes et les autres élèves. Nos combats étaient même devenus sujets à paris.

« - Ton Kinder pingui contre mon BN double chocolat.

- Ok ! Je parie sur Barth

- Et moi sur Astrid ! Elle va le ratatiner. »

Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours eu cette haine en moi envers Barth. Depuis le premier jour où nos bureaux ont été collés l'un à côté de l'autre, à cette fois où l'on a appris que le destin nous avait réunis même au travail. À croire que l'on se suivait.

**************

« - Hé ! Psttt ! Astrid.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- T'as pas un fluo ? Le mien il est mort.

- Hé ! Mais tu as cru que j'étais la papeterie ou quoi ? D'abord mes post-it et ensuite mes fluos. Tu voudras quoi après ?

- Ta petite culotte ? »

Et il ose dire ça avec un grand sourire. Sans aucune honte. Sans aucun gène quelconque.

Ce garçon me désespère.

« - Je rigole roooh ! Ne fais pas cette tête de mijaurée.

- Il n'a que toi pour trouver ça drôle Barth.

- Bon bah...Un bisou ? J'ai le droit à un bisou ?

- Dans tes rêves les plus fous mon chou. »

Et rien d'autre.

« - Tu sais, j'y réfléchissais y'a pas si longtemps et je trouve qu'à l'école on formait un bon duo. Une bonne équipe. Un peu comme maintenant.

- Sauf que maintenant, j'ai pris un soin méticuleux à ce que nos bureaux ne soient pas collé l'un à côté de l'autre...

- Et ça me brise le cœur un peu plus à chaque fois. Ô Astrid, si tu savais...Tout le mal que tu me fais.

- Je vais t'en faire du mal si tu ne retournes pas travailler.

- Ah mais j'ai fini moi madame ! »

Mademoiselle !

« - Alors qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu pourrais partir.

- Je t'attends.

- Et pourquoi ? On ne rentre jamais ensemble.

- Je veux t'inviter !

- Où ça ?

- Resto ?

- Non.

- Ciné ?

- Je suis fatiguée.

- Salle d'arcade ?

- J'ai pas mes lunettes.

- Menteuse, elles sont dans ton sac. »

Merde !

« - Comment tu le sais ? Tu fouilles dans mes affaires ?

- Non, l'étui dépasse depuis tout à l'heure. »

Je me retourne pour vérifier ses dires et...Il s'avérait que c'était exact.

Double merde.

« - Donc, va pour la salle d'arcade !

- Je n'ai pas dit oui !

- C'est tout comme avec toi. J'ai l'habitude ! »

C'est faux.

« - Je t'accompagne à condition que tu payes le Mcdo ! J'ai faim.

- Je croyais que c'était niet le resto ?

- Le resto c'est niet, le Mcdo par contre...Je ne suis pas contre, mais tu payes.

- T'as cru que j'étais riche ou quoi ?

- Hé ! Je sais que t'es mieux payé que moi.

- Pas de ma faute, je fais des heures supp' au lieu de partir comme un lâche le soir à 16h.

- Pas de ma faute, mon chat m'attend.

- Ah il a bon dos le chat ! Mais soit ! Je te payerais le McDo si tu veux.

- Deal.

- Marché conclu. »

On se tape mutuellement dans la main, ayant l'impression chacun d'avoir conclu l'affaire du siècle en ayant fait plier l'autre à notre volonté.

Mais la vérité est, que Barth et moi, depuis bien longtemps maintenant, sans qu'on le sache ou sans qu'on n'en prenne véritable conscience...On se pliait à une toute autre forme de volonté.

On jouait à un tout autre jeu. Un jeu qui dépasse bien des Hommes.

Un jeu dangereux, mais aux règles inévitables.

On jouait selon les règles de Cupidon et de cette foutue chose que l'on appelle « amour ».

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