On ne fait pas toujours les bons choix dans la vie. Tout comme on ne prend pas forcément les meilleures décisions à tout moment.

Des idioties, j'en ai faites et j'en fais encore aujourd'hui, mais je crois qu'il n'y a qu'en commettant une erreur trois ou quatre fois, que l'on commence à en retenir la leçon.

Quand Barth m'a parlé de cette soirée, quand j'ai réalisé notre temps passé au lycée et quand enfin j'ai osé le regarder droit dans les yeux, alors j'ai compris en quelques secondes que la majorité de mes erreurs le concernaient ou gravitaient autour de lui.

Barth a été la source de beaucoup de choses pour moi.

De l'angoisse.

De la frustration.

De la colère.

De la haine.

De la tristesse.

De la peur.

Et maintenant, oserais-je dire que j'ai envie de lui faire confiance. De croire en toutes ces choses. Je veux y croire parce que, au bout du compte, j'en ai besoin. Vous savez, vraiment besoin. J'ai passé la majorité de ma vie seule.

J'ai regardé tellement de gens se battre avec l'amour. Se tourner autour. Se mettre ensemble. Se dire qu'ils s'aiment. Se séparer.

En souffrir.

Et c'est là que je me suis aperçue que de vivre une telle spirale, ça ne me tentait pas. Je ne dis pas que j'ai mis mon cœur sous scellé, ce n'est pas possible, je dis seulement que j'ai fermé les yeux au moment où j'aurai eu besoin de voir.

De toute façon, à ce petit jeu-là, je me suis fait avoir par ma propre ignorance, car quand je les ai rouverts Barth était déjà là, en face de moi.

Barth il était le gouvernail du bateau de ma vie. Il me donnait une direction à suivre et ça m'arrangeait. Je n'avais qu'à suivre le courant et me laisser emporter.

Mais j'ai un blocage. Une appréhension. C'est normal, non ? Comment peut-on vouloir se jeter à bras ouvert dans l'inconnu ? Je n'ai jamais connu l'amour. Je n'ai jamais eu de petit copain ou d'amants. Je n'ai jamais embrassé un garçon, d'ailleurs, je ne sais pas comment on fait, si ça se passe comme dans les comédies romantiques à la télé. Je n'ai jamais fait l'amour de ma vie et là encore, je me pose mille questions. C'est horrible. C'est comme si toutes ces questions formaient une grosse boule qui me restait là, en travers de la gorge.

Cette boule qui faisait de l'ombre au bonheur et à la joie que je pouvais tirer de cette expérience.

Je voulais vivre tout ça. Je voulais sourire bêtement, me faire toujours plus jolie, m'endormir dans les bras d'un homme, blottie, au chaud. Je voulais vivre tout ça, mais ça m'est difficile.

Je me bloque. J'ai peur.

Et je finis par fuir.

Parce que ça, je sais le faire. Fuir. J'en ai l'habitude. Suffit de détourner le regard et de prendre les jambes à son cou...et puis, c'est facile.

Mais même de fuir, de fuir devant lui, j'en ai peur.

Barth est le genre d'homme qui ne vous lâche. Il est celui qui vous court après et qui vous retient par le bras. Il a cette emprise sur les gens, cette force et cette détermination que j'ai toujours enviée. Il a le courage de dire ce qu'il ressent et d'y faire face. Barth est en quelque sorte quelqu'un que j'admire beaucoup. Du moins, ses traits de caractère poussent à l'admiration. Il ne s'en rend pas compte, mais je crois qu'il est le genre d'individu, qui ne vous laisse pas sans une petite cicatrice au cœur. Sa façon de voir le monde, cette obstination, cet amour débordant qui l'empêche de faire dans la demi-mesure. Comme un flot gigantesque capable de vous emporter.

De vous bercer.

Je pensais être une roche capable de rester là, immobile face à un tel courant et pourtant, je me suis vite rendu compte que je n'étais qu'une feuille parmi tant d'autres baignant dans la rivière de l'amour, me laissant porter par le courant jusqu'à trouver une rive, un coin accueillant.

Alors oui, quand je le regarde, là, face à moi, je me demande quelle aurait été l'erreur que j'aurais commise si je lui avais fermé mon cœur ? Si je lui avais dit « non » ?

Sans doute une de celle qui vous marque et qui vous fait porter un sac de regret sur le dos durant le reste de votre maigre petite vie.