Chapitre 21 ~ Ex en détresse

À peine avions-nous mis un pied à l'intérieur de l'enceinte du parc que l'on se fait bousculer par tout un groupe d'enfants courant dans tous les sens. Hurlant. Riant.

« - Je déteste les enfants...

- Ne dis pas ça, on était pareils à leurs âges.

- Je ne courais pas partout, non. J'étais bien trop occupée à te regarder courir pour te voir glisser et t'écraser lamentablement au sol.

- Tu es tellement gentille quand tu t'y mets. C'est fou. Moi qui pensais que tu tenais suffisamment à moi pour veiller sur moi.

- Tu crois que j'ai que ça à faire ?

- Pourtant, tu es bien venue chez moi l'autre fois quand j'étais malade.

- J'étais venue te déposer des papiers.

- Et tu es aussi venue, sur le toit, cette fois-là.

- Parce que je culpabilisais !

- C'est ça...Avoue-le, tu tiens à moi. Tu sais, se mentir c'est bien, mais ça ne fait pas avancer le monde.

- Bon, allez, va enfiler ton slip kangourou là, je te rejoins après.

- Pour ton information je ne porte pas de slip !

- Je ne suis pas obligée de le savoir. »

Que l'on m'épargne les détails, s'il vous plaît.

Prenant chacun la direction des vestiaires pour hommes et femmes, on se sépare au détour d'un couloir.

Je ne sais pas si c'est la même chose du côté de ces messieurs, mais ici dans le vestiaire de ces dames, on se dévisage.

Pourquoi ce maillot lui va bien sur elle et pas sur moi ?

Quelle étrange coiffure !

Houla, ça sent les faux seins ça.

Étrangement, je ne pus m'empêcher de regarder ma propre poitrine.

Plus plat que ça, ça ne doit pas exister.

C'était trop demander de m'en donner un peu plus ?

Bon, l'avantage, c'est que je peux dormir sur le ventre.

Finalement, je ne vais pas me plaindre.

Enfilant mon maillot, rangeant le gros de mes affaires dans mon casier et partant avec le bracelet en plastique du parc, je rejoins Bartholomé dans un couloir tandis que ce dernier attendait là, fièrement, lunette de soleil sur le nez, serviette sur l'épaule et short jusqu'au genou.

Sur l'instant, je me suis surprise à détailler les traits de ses abdominaux que je pensais, inexistants. Depuis quand ? Comment ?

J'ai encore l'image du petit garçon, au physique d'abord trop mince et ensuite trop rondouillet.

Mais voilà. Barth n'est plus ce petit garçon que j'ai connu.

Barth est un homme. Bien que cela me contrarie de l'admettre, les souvenirs que j'ai de lui ne devraient pas entraver notre relation présente.

Relation.

J'ai utilisé le mot magique.

Relation.

Mon dieu.

« - Astrid ? »

Je relève les yeux complètement perdue et égarée dans mes propres pensées.

« - Je sais, ne dis rien, je suis plutôt beau gosse.

- Et la modestie, tu connais ?

- Hmm...Laisse-moi réfléchir...Non. Bon, on n'y va ?

- Tu te rappelles la dernière fois que nous sommes venus ici Barth ?

- Comment oublier ! Notre premier bisou !

- Alors théoriquement, non. C'était un geste de sauvetage.

- On avait 11 ans, t'y connaissais rien dans les gestes de premier secours...ça compte comme un bisou.

- Crois ce que tu veux, j'étais déjà bien informée à cette époque, donc...

- Encore tu le nies. Bon, on va te l'accorder celle-là si tu veux. Je devrais peut-être tenter de me noyer là, pour voir si tu n'es pas trop rouillée.

- N'essaye même pas. Crois-moi, je serais capable de te ramener à la vie juste pour avoir le plaisir de t'expédier en enfer moi-même !

- C'est bien ce que je disais...Tu es tellement gentille.

- Quand tu arrêteras d'avoir des pensées idiotes, peut-être que je ferais un effort.

- Ahaha ! Aller ! On est parti à l'aventure toute ! »

Bras dessus, bras dessous, Barth a pour idée première d'essayer toutes les attractions qui s'offrent à nous. Du toboggan tout bête à l'attraction plus fun avec des jets d'eau sans oublier la visite de l'aquarium situé juste à côté. Il avait absolument tout planifié.

Et même si au début je ne fis pas attention à ce qui se passait autour de nous, je ne pus m'empêcher de garder un œil sur lui.

Il était là, se pavanant en souriant, en pointant absolument tout du doigt, étant émerveillé pour un rien et puis...Il y avait moi. Moi qui suivais silencieusement. Moi qui ne disais rien.

« - Je vais nous chercher à manger, tu veux quoi ?

- Hmm..Un hot-dog.

- Ok ! Un hot-dog pour mademoiselle. Je reviens, attends-moi là. »

Se dirigeant vers le snack le plus proche, je le vis s'arrêter quand une jolie brune aux cheveux courts se présenta devant lui.

Une connaissance ?

Plutôt mince, une jolie paire de seins...Et de fesses. Un bikini noir et doré plutôt pas mal. Un sourire ravageur.

C'est qui celle-là ? Ils se connaissent ? Une amie à lui ?

Une ex peut-être ?

Bon, c'est bon ? Tu as fini de lui taper la discut' toi ? J'ai faim moi.

Ils continuent et continuent tandis que toutes sortes de pensées m'envahirent l'esprit.

« - J'ai envie d'être à sa place. »

Astrid !

Ne serais-tu pas jalouse ?

Jalouse de quoi ? Ce n'est pas comme si tu avais une quelconque relation avec Barth, non. Tu le laisses seulement faire ce qu'il veut. C'est tout. Donc théoriquement, il a bien le droit de discuter avec une autre nana qu'on dirait tout droit sortie d'un magazine.

« - Bon, ça suffit. »

Je me lève et les rejoins, l'air de rien.

Faisant mine de tousser.

Le truc vachement crédible.

« - Oh ! J'avais désolé...Astrid, voici Miranda. Une amie de longue date. »

Une amie, hein ?

Tu m'en diras tant.

« - Enchanté ! Désolée, je ne pensais pas que nous discutions depuis si longtemps. Vous avez peut-être mieux à faire tous les deux. Peut-être même que j'interromps quelque chose ? »

Peut-être. En tout cas, je ne peux pas le savoir si tu es toujours là.

« - J'allais justement chercher à manger. Astrid, ça te gêne si Miranda se joint à nous ?

- Pas du tout. Avec plaisir même. »

Comme ça, je pourrais lui jeter ma saucisse à la figure.

Sérieusement qui est-elle ?

Une amie ? Rien d'autre ? Pourtant, je ne suis pas folle. J'ai l'impression qu'il y a comme une alchimie entre eux. Comme si..Le courant passait parfaitement bien.

Astrid, ne serait-ce pas une pointe de jalousie qui émane ?

Moi ? Jalouse ? Jalouse de quoi.

Barth peut bien avoir des amies. C'est lui que ça regarde. Je ne vois pas en quoi ça me gênerait.

« - Et puis, tu te rappelles quand on avait fait ça ce jour-là ?

- Ah ouais ! C'était vraiment cool !

- Ahaha ! C'est vrai. Je me dis que finalement, t'as pas changé avec le temps Barth.

- Tu trouves ? C'est gentil. Toi non plus. En plus, t'es devenue vachement jolie. T'as perdu un peu, non ?

- Monsieur à l'œil à ce que je vois ! 10 kilos cet été ! J'ai essayé un régime détox.

- Ah ouais ? Bah, ça te réussit bien tout cas. »

Vas-y, couvre-la de compliments. Ne te gêne surtout pas. Ce n'est pas comme si j'étais à côté depuis tout à l'heure.

« - Astrid..Tu as de la moutarde là. Tu manges vraiment comme un cochon. »

Pardon ?

« - Désolée de « manger comme un cochon ». Je vais aller manger plus loin. Je ne voudrais surtout pas vous déranger dans vos retrouvailles ! »

Ce n'est pas comme si ça faisait 20 minutes que l'on ne m'avait pas adressé la parole.

Sauf pour me faire une remarque désobligeante.

Alors, sous un coup de colère ou parce que j'avais besoin d'exploser ailleurs que devant tout le monde, j'ai pris mon hot-dog, mon petit sac à dos et je suis partie.

« - Astrid ! Attends ! »

Pas question.

« - Pourquoi tu t'en vas ? »

Tu n'as pas une petite idée peut-être ?

« - Astrid ! »

Parle à mon cul, t'auras des verrues.

Cependant, en quelques enjambées seulement, Barth me rattrape et se met carrément devant moi.

« - Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu pars fâchée comme ça ?

- Je ne suis pas fâchée. N'importe quoi.

- Mais oui, c'est ça. À d'autres, hein ! Je te connais par cœur. C'est Miranda qui te dérange ?

- Quoi ? Mais pas du tout !

- Alors quoi ? Dis-moi ! Je ne suis pas devin.

- J'ai pas le droit d'aller me promener en mangeant ? C'est trop demander un peu d'espace ? T'es là tout sourire, tu croises une fille super canon que t'as connue, sûrement une ex d'ailleurs, qui te lances des regards mielleux depuis une demi-heure et toi, t'es assis en face, tu lui tapes la discussion tranquillement tandis que je suis à côté, toute seule dans mon coin. Écoute, t'es mignon Barth, mais cette sortie c'est toi qui l'a voulue. Donc soit t'assumes de sortir avec un boudin, soit la prochaine fois t'invites Miranda et peut-être que tu passeras un meilleur moment vu qu'apparemment, vous n'avez fait que ça tous les deux ! Vous éclatez ensemble. Moi, je t'ai jamais rien demandé donc pour une fois, je vais te demander qu'un truc. Laisse-moi tranquille. Va avec Miranda.

- Mais...Tu sais Miranda c'est juste une amie, vraiment. Ouais on s'est amusé ensemble, mais c'était il y a quelques années maintenant. Ok, je suis content de la revoir après tout ce temps et je suis désolé si tu t'es sentie abandonnée...Je n'aurais peut-être pas dû... »

Abandonnée ? Abandonnée ?!

Pardon ?

Mais qui es-tu pour savoir ce que je ressens ou pas ?

Crois-moi Barth, actuellement, tu n'en sais rien. Tu n'as même pas l'ombre d'un doute.

« - Abandonnée, hein ? Tu sais quoi. T'es qu'un pauvre type guidé par ce qu'il a entre les jambes. T'as pas changé. Elle a raison ta copine. T'es toujours un abruti finis. Tu te rappelles, ce soir-là ? Le dernier soir où l'on s'est vu quand on était au lycée ? C'était une journée à peu près pareille non ? T'as été tout gentil, tout mielleux, pleins de promesses stupides et débiles que j'ai crues comme une idiote. Mais je ne me ferais pas avoir deux fois. Je t'avais prévenu. Maintenant, c'est fini. »

Lui lançant le reste de mon hot-dog à la figure, j'en profite pour disparaître en courant dans la foule.

La vérité, c'est qu'à l'intérieur, je ressentais exactement la même chose que lors de ces années-là. J'avais abaissé ma garde. J'avais essayé de le croire, de croire en lui, plus qu'en moi-même et à la première sortie ensemble, ça n'a pas loupé.

À la première petite minette sexy, il s'est détournait et m'a zappé totalement.

Et il s'attend à un miracle de ma part ?

Crois-moi Barth, mon cœur, tu n'y auras pas accès comme ça.

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