Prologue : Elle
" Une fois, à l'aube, je l'ai vu partir comme tous les matins. La guerre avait frappé à nos portes, et elle n'avait pas hésité à ouvrir.
On avait emménagé à Foncombe peu de temps avant ce jour, pour rencontrer son peuple et gouter aux plaisirs mystiques des Elfes. Quand elle n'était pas en service, elle m'apprenait sa langue. La maison devenait alors une immense classe ; chaque objet était décrit, chaque mot retranscrit en Elfique.
Le tout premier que j'appris fut Astaldo. "Vaillant" .
Ce mot était la source de mon prénom, mais elle n'a jamais vraiment voulu me dire pourquoi elle l'avait choisi au lieu d'un autre, ni pourquoi mon père était contre au début. C'était une femme secrète, loin d'être timide, mais pourtant d'une extrême prudence dans ses paroles.
Elle était précise dans ses mots tout autant que dans ses coups.
Une stratège qui aimait jouer aux dames. Je la regardais souvent s'amuser avec d'autres soldats lors des "pauses". Apparemment, elle était digne de diriger les armées. Bien sûr, ses techniques n'étaient pas infaillibles...
C'est aussi elle qui m'a appris à tirer. J'excellais toujours durant ses entrainements. Flèche après flèche j'abattais les cibles sous son œil strict mais avisé. C'est quand elle est partie que c'est devenu plus compliqué...
Mon monde tournait autour d'elle, il était relié à son corps : ma langue, ma culture et ma survie, tout ce qu'elle m'avait enseignée pour devenir le héros que je rêvais d'être. Je me suis effondré lorsqu'elle l'a franchie...
Un nouveau monde s'est alors construit. Plus d'Elfique, plus de dame, plus de flèche ni d'entraînement, plus de vaillance, plus de mère.
Alors, je me remémorais sans cesse les petits moments du quotidien ; quand elle partait le matin et que les étoiles se couchaient tout juste. Et cette fois où je l'ai surprise à parler à son épée.
- Elros, gardons espoir, avait-elle dit en fixant sa lame argentée.
Pas une seconde plus tard, elle avait déjà repéré ma petite ombre stagnant dans le couloir. Sans même que j'eus à poser de questions, elle me racontait :
- J'ai mis des années à trouver la bonne. Elros a connu de nombreux corps mais maintenant, je sais que je ne fais plus qu'un avec elle. C'est là son aspect véritable.
Ma mère avait alors marquée une longue pause, c'est dans ses silences que je la reconnaissais vraiment.
- Enfin - avait-elle ajoutée - tout cela n'est que subjectif. Pour moi, Elros, c'est ça. Mais pour toi, elle peut-être de bien nombreuses choses.
Sur-ce, elle était partie à son entrainement quotidien. Plus jamais elle ne me parla d'Elros et tous les mystères qui entouraient cette chose fut malheureusement emportés dans sa tombe. "
- Astalos, à qui tu parles ?
Tout était noirceur opaque, il n'y avait que deux voix et les étoiles.
- A l'écume des étoiles; elles laissent une bien belle traînée ce soir.
- C'est vrai qu'elles ont l'air plus brillantes que jamais.
Quelque chose fila entre deux arbres.
- Je ne me suis jamais senti aussi près d'elles que cette nuit.
Son ami sourit étrangement. Les yeux levés au ciel, il ne put que chuchoter :
- Moi, les étoiles, je chante pour elles.
- Alors chante, si c'est ce que tu désires. Je serai ravi d'écouter.
Mais l'autre, prit d'une fulgurante timidité, lui affirma qu'aujourd'hui il ne désirait que seulement les admirer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top