Chapitre 9 : Un monde propre à chacun.
Le frétillement des branches, le souffle du vent, l'odeur d'un chez-soi. Dans la Comté, jusqu'à ses abords, on ne peut que se sentir serein. Il peut être considéré comme magique, mais il ne l'est point. Ce n'est pas en la Comté qu'opère ce sentiment de bien-être, de douceur et d'ignorance candide, non. C'est en le cœur même de celui qui la visite.
Chacun connaît le monde à sa manière, a sa définition de "familier", et est né avec une culture et des mœurs différentes. Mais tout le monde est d'accord sur une chose : la Comté nous ramène toujours à notre chez-soi. Cela peut être un arbre, une rivière, ou encore l'aube piquant les débuts du jours...le soleil, la torpeur de la terre, ou le cri des marmots ! Une chose en la Comté nous rappelle, à un moment ou à un autre, un vieux souvenir.
A la lisière du bois, nos deux héros accompagnés de Lotallia pénètrent dans la vieille forêt. Un oiseau les survola un instant avant de se poser dans l'arbre le plus proche. Astalos le fixa, éprit de déception. Pourquoi ne pouvait-il pas voler pour trouver plus vite cette vile bête ? Les choses seraient si simples...
Legolas, lui, n'avait pas du tout la même réaction. Non, il n'était pas déçu, il était en alerte ! D'un seul coup, il fila vers le volatile et l'attrapa par la patte. Ses compagnons étaient estomaqués :
- " Legolas ! Qu'est-ce qu'il te prend ? Pourquoi.. " Cria Astalos.
Lotallia vint s'approcher de l'elfe, lui caressant le dos. Son geste calma automatiquement Legolas de son ardante confusion. Mais il ne se retint en aucun cas de jurer en elfique.
- " Je ne comprends strictement rien à ce que tu marmonnes, mon garçon, mais une chose est sûre : ce ne sont pas de bons mots ! Arrête tes enfantillages ou j'arrache un à un tes beaux cheveux ! "
Il souffla, et décrocha quelque chose de la patte de l'oiseau qui se débattait dans ses mains. Une lettre.
Quelque secondes plus tard, après avoir relâché l'animal, Legolas avait déjà survolé le papier, une grave froideur au fond des yeux. Il voulait crier à l'injustice. Mais, vivement, il buta sur un mot, puis deux, puis trois...et les phrases firent des ricochets dans son esprit. Ca se bouscula, coula, remonta, et enfin, il sourit. Si ce qu'il lisait était vrai, il aurait une raison de plus de ne pas être chez-lui. Mais connaissant celui qui l'avait envoyé, il est bien possible que ce ne soit que des mensonges. Bien qu'il l'ait promis...
Sans réellement le faire exprès, il tendit la lettre à Astalos avec une grande brutalité. Le jeune elfe était un peu surpris. Que voulait-il ?
- " Astalos, s'il-te plaît - Chuchotait Legolas - tu pourrais me lire la petite note au verso ? Je n'ai le courage... "
L'albinos bégaya :
- " E-Euh oui. B-Bien sûr. "
Il empoigna la lettre timidement, un peu gêné. Retourna le papier et ouvrit la bouche, comme s'il attendait que les mots viennent d'eux-mêmes à lui :
- " Ah euh...c'est de l'elfique. "
Legolas hocha la tête pendant que Lotallia affichait une mine troublée.
- " Alors eum... - Il se racla la gorge - " N-Nous...Ch...chez...t-toi. T'attendons...euh... "
Legolas plissa des yeux, laissant Astalos déglutir devant ses airs perplexes.
- " Astalos, dis-moi... "
- " Oui ? " Il chiffonna le bord du papier, déjà un peu usée.
- " Tu ne sais pas vraiment lire l'elfique ? "
- " Je... "
Le jeune garçon semblait défaillir, comme si toute la honte du monde s'abattait sur lui. Il voulait répliquer avec l'entièreté de sa fierté, fierté qu'il gardait habituellement sur lui tel un habit. Mais sous le regard de Legolas il était comme totalement nu. Comment rester crédible dénudé ainsi ?
Et son mentor continua sa torture, mais sans le vouloir souffrant, seulement pour s'assurer de quelque chose :
- " Naneth...Hên...Nost "
Le garçon recula d'un pas.
- " Maman...Fils...Maison. Je comprends l'elfique, Legolas. "
- " Non tu ne comprends pas tout. "
Et il élargit son vocabulaire :
- " Yàr...Daged..."
Astalos eut envie de pleurer, mais sa dignité était déjà salement amochée, alors il ne trouva que la violence comme bouclier :
- " Arrête ! Tu es ignoble ! Je...je ne comprends pas ce que tu dis. "
Il s'était assis par terre, les mains sur les yeux et oreilles. Comme si, sans ces sens , il était protégé du monde entier. Legolas vint le relever, et lui murmura gentiment.
- " Tu ne dois pas avoir honte de ça, tu sais. C'est normal que tu ne comprennes pas tout. Ce sont des mots que l'ont n'emploie jamais devant un très jeune garçon. "
Astalos renifla.
- " Sang...tuer. Voilà ce que j'ai dit. J'espère que tu ne les prononceras jamais. En elfique, c'est le genre de mot que l'on utilise que si la situation est...désastreuse. "
Astalos rougit de honte.
Sur-ce, l'elfe de la forêt noire invita les deux autres à s'enfoncer enfin dans le bois. Le petit marchait la tête basse, sans plus d'énergie. Lotallia essaya de l'aider :
- " Tu sais...ici, les Hobbits ne fument pas tous de l'herbe à pipe. Pourtant, personne n'est discriminé. "
Legolas l'écarta doucement, une lueur étrange au fond des yeux.
- " Là n'est pas le problème. Sa source est bien plus complexe et lointaine. "
Ils pénétrèrent dans la partie la plus sombre de la forêt, les chants d'oiseaux cessèrent et le bruissement d'un ruisseau s'étouffait lui-même dans le lointain. La jeune femme s'adressa aux deux elfes :
- " Mon chemin s'arrête ici. Je suppose que les elfes ont des ennuis propres à leur peuple. Je vais vous laisser démêler à deux les fils noués. J'espère que vos problèmes ne sont pas aussi grands que vos oreilles ! "
Et, sans un Adieu, elle se retourna et rentra chez-elle. Mais c'était trop bref pour Astalos, il avait encore besoin d'elle !
- " Lotallia ! Lotallia, vous ne nous dîtes même pas Adieu ? "
Elle lui répondit, sans se retourner.
- " Adieu ? Mais on se reverra ! - Elle s'arrêta - Je déteste les aurevoirs. Si on ne se revoit réellement plus jamais, alors j'espèrerait pour rien ! Je préfère tout simplement ne rien dire. Le silence, c'est ma promesse à moi. "
Ce fût ses dernières paroles avant de rejoindre Cul-de-sac. Astalos chérissait ces mots.
Les arbres murmuraient mélancoliquement, Legolas reprit leur conversation :
- " Je suppose que tu tiens les bases d'Elfique...de ta mère ? "
Son disciple hocha silencieusement la tête.
- " Tu veux m'en parler ? "
La houle brulait la peau de son froid.
- " L'elfique, c'était la langue de la maison. Dehors, on le parlait aussi, mais pour moi ça sonnait pas pareil. "
Il s'assit sur une racine proéminente, s'adossant à un chêne.
- " Chez-moi, on avait deux langues. L'elfique et la langue de mon père. J'ai appris l'elfique jusqu'à mes sept ans. Et puis après, toutes mes conversations étaient rythmées d'Occidentalien. "
Legolas ajoutait :
- " C'est vrai que tu as un accent bien étrange. - Il rit - J'aime ça, ça fait parti de toi. "
Mais Astalos, pourtant rassuré par les paroles encourageantes de Legolas, ne put que se reclure en lui.
- " Mes parents, ma maison...tout cela fait parti de moi ? C'est bien pour cela que je m'en suis détaché ! "
Et, rapidement, il se leva et ordonna :
- " Qu'on aille trouver cette bête et qu'on en finisse ! "
- " Qu'on en finisse avec elle, ou avec notre vie ? "
Le garçon serra le poing.
- " Pas avec la vie...essaye de comprendre un peu ! - Il s'arrêta - Je veux juste lui prouver que je sais affronter le monde. "
Et l'elfe, se retourna vers son mentor, comme le défiant, défiant la seule chose qu'il avait à défier. Les figures se remplacent, et la nouvelle doit sans cesse subir les conséquences de la dernière.
- " Je dois lui prouver que je peux affronter le reste du monde. "
*****
Bonjouuuur chers lecteurs (si y en a-)
J'espère que ce chapitre vous a plu ^^
J'ai fait en sorte de laisser beaucoup d'indices sur les personnages et leur passé, j'espère que certains d'entre vous ont de petites théories vis à vis de la suite héhé.
Bisous à tous, et à la semaine prochaine :)
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