Chapitre 5 : L'ambition et la punition.
Un amas de terre retournée gisait, étalée sur le flanc, au centre du jardin. Une pelle buta, à deux reprises, sur une pierre robuste. Pas possible de la casser, il fallait se contenter de la maigre profondeur du trou.
Au loin, Astalos attendait sur un banc, les yeux dans le vide. On vint le voir; son père posa sa main sur sa tête et lui essuya une larme. Il ne comprenait visiblement pas la situation.
- " Tout le monde n'est pas immortel, Astalos. Elle s'est sacrifiée, mais maintenant, la paix est revenue sur la berge du lac. "
Il levait la tête en sanglotant.
- " Tu disais que c'était une héroïne..."
- " Mais c'est une héroïne ! Ta mère a pourfendu au moins 100 bêtes de sa lame. Elle nous a tous protégée de ses propres mains."
Il prenait son fils dans ses bras, et lui aussi manquait de pleurer. Pourtant, Astalos n'arrivait toujours pas à saisir...
- " Mais les héros ne meurent pas papa ! Dans toutes les histoires que maman me racontait, le héros finissait toujours avec des enfants et un trésor ...il vivait très longtemps...elle disait que je serai un héros. - Il s'arrêta, et reprit doucement - Maman est morte, comment serait elle une héroïne ?"
Son père le serrait plus fort, sa voix était empreinte d'une profonde tristesse.
- " Astalos, même les plus grands héros peuvent mourir. "
Le garçon se leva alors, ses yeux bleus croulant sous les larmes :
- " Alors un jour, je serai comme les héros des livres de maman. J'aurai tout comme eux. J'aurai la gloire et je m'en fiche de la mort...tant que je reste un héros. "
- " Lau...nîn ion...tu ne peux pas partir ! "
Astalos ragea, reculant comme s'il était en face d'une bête :
- " Arrête ! T'es même pas un elfe, arrête de parler elfique ! Et puis, je veux pas rester encore à la maison...Je veux sortir..."
Il voulait s'enfuir mais deux domestiques le rattrapèrent par le bras et allèrent l'emmener dans sa chambre. Il ne put que lire sur les lèvres de son père :
" Reste en vie, Astalos. "
Une lumière semblait tourner par-dessus la tête de l'elfe, il sursauta; son corps fourmillait de picotements, comme s'il était couché sur des millions de lances. Une forme s'avança à son côté, il lança d'un coup, avant de se relever :
- " Legolas, est-ce que je peux être un héros ? "
Les souvenirs lui martelaient le crâne comme le refrain incessant d'une chanson. Il commençait à douter de ses sentiments d'autrefois.
Son regard se haussa jusqu'à celui de la personne à côté de lui; il ne reconnaissait pas ces deux pupilles. Elles étaient marrons, d'un éclat saillant, et constellées de tâches crèmes. Astalos mit un certain temps à se rendre compte que la personne en face de lui n'était clairement pas un elfe. C'était une Hobbit, environ la trentaine, au visage enfantin mais tiré par la fatigue. Bien sûr, Astalos n'avait encore jamais vu d'Hobbit (hormis dans ses livres) alors il se figea d'un coup. Elle, elle se dressa et appela d'une voix claire :
- " Jeune elfe, le petit vient de me poser une question. Je crois qu'il vous demande ! "
Dans la pièce arriva Legolas, un panier à la main. Obligé de se baisser pour passer la porte, il sourit à la vue d'Astalos semblant rétabli.
- " Bonjour Astalos, tu me cherchais ? "
Le garçon remonta sa couverture ,vraiment trop petite, et fit non de la tête, visiblement gêné par sa propre question. Il cherchait une échappatoire et mentit en espérant que la Hobbit ne dise rien :
- " Oh...j'étais juste désorienté. Je...je me demandais où vous étiez. "
L'elfe ne répondit pas tout de suite, il fixait intensément Astalos dans les yeux, comme pour le sonder. Une seconde, il pensait que Legolas allait lui dire qu'il mentait, mais le blond ne fit que se tourner vers le couloir et ajouter :
- " Pour vous remercier, Lotallia, je pars vous chercher quelques fruits dans les vergers. Avec votre taille, ça doit être bien dur de cueillir des pommes fraîches. "
Et Legolas partit avec un rire carillonnant, l'autre elfe fixait l'entrebâillement de la porte qui donnait vue sur une mare aussi cristalline que le ton de son compagnon.
Astalos, après plusieurs minutes de confusion, se redressa lentement, un vertige le prit d'un coup mais il tint bon. Pendant sa courte absence, la femme à ses côtés venait de se rapprocher de lui, pour le maintenir. Elle avait les yeux d'une mère.
- " Tiens-toi tranquille, tu as subi un choc énorme. - Elle lui servait un verre d'eau claire - Tu as pris beaucoup de risque hier... "
Astalos scruta le mur; il y avait accroché juste en face de lui une couronne de trèfles entrelacés, il but tout d'une traite et retrouva le regard crémé :
- " Hier ? Je...que s'est-il passé ? "
Astalos était vraiment perdu, dans cette maison trop petite, à parler à une inconnue comme un patient alors que ses pieds dépassaient bêtement du lit et qu'une aventure l'attendait encore.
- " Legolas est apparu, au matin, sur le palier de ma porte. J'ai failli m'évanouir ! Il m'a dit que tu as été frappé par une puissante magie noire parce que toi, petit crétin, andouille, imbécile, tu as foncé droit sur une cible dont tu ne connaissais même pas la puissance ! "
- " Il a vraiment dit ça ? Je... AIE - Elle venait de lui pincer l'oreille - Vous me faites mal ! "
- " Disons que j'y ai mis un peu du mien. "
- " J'me disais bien... "
Astalos baissait les yeux, un peu honteux. Soudain son attention fut prise d'un détail perturbant...
- " Vous avez déjà des cheveux blancs à votre âge ? "
Il prit un cheveu sur le bord du lit...et la Hobbit manqua de lui mettre une claque.
- " Arrête de dire des bêtises ! Tu vois bien que c'est les tiens ! "
- " QUOI ? "
Astalos se leva d'un coup et couru dans le couloir, bousculant les meubles et se ruant dehors sans même se chausser. Il se mit juste au-dessus de la mare, et poussa un cri d'effroi. Paniquant, il se frottait les yeux encore et encore...mais oui, ses cheveux n'étaient plus les mêmes !
Legolas, qui revenait, du verger juste à côté en courant agilement, se stoppa net à la vue du garçon bouleversé. Il soufflait d'exaspération et jetait un œil vers la femme qui, elle aussi, semblait agacée par Astalos. Mais elle dit quelque chose qui retint très vite l'attention des deux elfes :
- " Oh ce n'est rien ! Tu montreras tout ça à Gandalf, ça ne doit pas être bien grave... "
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