Mes Moires
Est-ce toi Lachésis qui dans l'ouest apparait ?
Je reconnais le rose de ta draperie
Alors je t'en supplie, écoute s'il te plaît
Le sanglot de mon agonie.
Ne laisse pas la nuit s'étendre longuement
Avec ce fil si doucement
Dérouler par tes soins, Ô Moire.
Laisse se libérer un instant ton fuseau
Que vienne enfin ce jour si désiré, si beau,
Qui restera dans ma mémoire.
Cruelle Clotho qui en tissant mon destin
A fait durer cette si douloureuse absence,
Quand cette torture cessera-t-elle enfin
Elle et ma terrible souffrance ?
Ta robe et tes quenouilles remplissent le ciel
Et tu vois le fruit mortel
Que dans ta suprême folie
Tu as laissé grandir jusqu'à me tourmenter,
Me privant d'une paix que je croyais gagner,
Tout est perdu jusqu'à ma vie.
Ô Atropos, puisque tes cadettes me fuient,
Fais qu'arrive rapidement l'inévitable
Ce dernier jour si épais me semble infini,
Rien ne m'est plus désirable.
Pourtant ma Muse l'est, ainsi revit l'espoir
Et ne souhaitant que la revoir,
Le courage revient à l'âme.
Laisse tes ciseaux, puissante divinité,
Mon martyr et sa douleur vont m'abandonner :
Je vais revoir ma belle dame.
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