XXVIII - Astra Silvaria
Dallan ne l'a pas lâchée des yeux tout au long de leur route au travers des bois d'Athusea. Elle n'a pas risqué de monter à cheval, craignant que des éclaireurs ne les repèrent trop facilement. Elle aurait préféré courir et mettre de la distance entre eux et la capitale au plus vite, mais elle ne peut ôter de sa mémoire l'image de cet homme, vulnérable, à l'agonie, si proche de la mort. La flamme s'était presque éteinte dans son regard et s'il était trop bouleversé pour s'en apercevoir, elle n'a pas manqué l'anxiété débordante dans sa voix quand elle a appelé son nom. Elle s'est vite ressaisi en voyant qu'il était toujours là, qu'il reprenait le dessus, mais, un instant, elle a clairement envisagé d'agir avant que les ténèbres ne s'attaquent à elle, prête à détruire son corps pour assurer sa sécurité, et celle de Lavalon.
Elle n'a pas cessé d'y penser et l'attention fixe sur sa nuque ne l'aide pas beaucoup à se concentrer. Astra a vraiment l'impression de le connaître par cœur, parfois. Parce que, la plupart du temps, il n'essaie pas de se cacher et Dallan est juste évident pour elle. Depuis trois heures, il l'a d'abord submergée d'un mélange d'admiration et de désir, qui s'est effacée au profit de vagues d'appréhension, pressentant sa fin approcher de plus en plus, et ensuite de la peur, pour ce qu'il pourrait lui faire s'il perdait le contrôle et qu'elle n'avait pas l'occasion d'attaquer la première et à présent, il la scrute dans l'espoir de la cerner. Contrairement à lui, elle s'est fermée. Elle n'a pas forcément envie qu'il comprenne sa résolution à le faucher, tôt ou tard. Mais, avant, il faut retrouver la Von Umbra. Elle ne se pardonnera pas, autrement. Et dès que le frère et la sœur maudits se seront enlacés une dernière fois, elle le tuera rapidement, sans douleur. Raina pourra la détester autant qu'elle le voudra.
Ils atteignent enfin l'endroit où elle a laissé Sorscha et attend avec un brin d'impatience la réaction de Dallan. Celle-ci ne tarde pas. Il hoquette de surprise et pousse un soupir d'émerveillement. Car, devant, eux se dressent six larges Wyverns, et sa chétive monture noire qui grandit et grossit de jour en jour. Leurs orbes jaune malice se braquent, non pas sur elle puisqu'ils l'ont déjà vue plus tôt dans la journée et elle s'est présentée à eux, mais sur l'Enchanteur. Au début, ils répondent de l'unique façon qu'ils jugent corrects : ils arquent leurs puissants poitrails, grognent, menaçants, et se préparent à l'incendier, mais il ne recule pas et les admire.
— Tout doux, il est avec moi.
À cette mention, quatre se recouchent, trois d'entre eux encadrent Sorscha, comme un enfant sur lequel il faut veiller. Les deux autres, un mâle et une femelle, continuent à gronder méchamment. Dallan ne bat pas en retraite. Néanmoins, il ne les offenserait pas de son indifférence à leur colère. Ils flairent la Mort sur lui. Par conséquent, il s'incline, si bas qu'il se plie presque de moitié pour leur exposer son respect. Astra retient un gloussement moqueur. Cela ne fonctionne jamais avec les Wyverns. Alors, elle ajoute :
— Il montera avec moi, sur Sorscha, et je le garde sous surveillance. Ne vous occupez pas de lui.
Pour le prouver, elle se dirige vers sa monture. Sur les deux, le mâle abdique et se couche à son tour. Mais, pas la femelle. Elle effectue un pas vers lui, ce qui représente une distance conséquente, de par sa taille. Elle fait trois fois Sorscha en largeur et en hauteur. Une adulte mature et musclée aux écailles d'or terne. Astra se demande si elle doit intervenir. Dallan frissonne, une goutte d'angoisse vient se diluer dans sa fascination pour eux et au lieu de se courber à nouveau, un murmure lui échappe :
— La première fois que j'ai observé des Wyverns, ils détruisaient mon village et je fuyais. Je ne m'étais pas rendu compte de leur magnificence. J'aimerais tant...
Il ne finit pas sa phrase, l'estimant trop idiote pour être formulée à haute voix, mais Astra en devine la fin. Il aimerait en chevaucher un avant de mourir. Un Wyvern qui n'appartiendrait et ne servirait personne d'autre que lui. Il désire être un cavalier, un vrai, et non pas le poids sur le dos de Sorscha qu'elle accepte de transporter.
— Réclame-le, dans ce cas, marmonne Astra.
Elle n'a pas parlé assez fort pour que Dallan l'entende, et ce n'est pas nécessaire. Puisqu'une chose improbable se produit. Sans qu'il ne provienne d'une famille de cavaliers, qu'il ait été initié à l'art des Wyverns ou qu'il n'ait paradé devant l'une de ses créatures pour lui plaire, la femelle décide de son propre chef de se coucher à ses pieds, de façon à ce que les griffes de ses pattes avant frôlent ses bottes. Elle pose son museau sur ses griffes et un frémissement le chamboule de haut en bas, quand elle souffle un air chaud sur son torse. Même ainsi allongée et rapetissée au maximum, elle le dépasse légèrement. Il bredouille des paroles incompréhensibles, confuses, et consulte Astra d'une œillade troublée. Elle met du temps à répondre à sa question muette, captivée par cette vue.
— Elle s'est liée à toi. Dallan, tu es son cavalier à présent.
Astra s'approche finalement pour détailler la Wyvern. Elle lui lance sur un ton rieur qui se veut dédramatiser la situation :
— C'est ta manière de lui accorder son souhait ultime ?
La Wyvern semble ronronner. Oui. Elle a senti les ténèbres en lui, mais également la profondeur de son âme juste et bienveillante, et elle a choisi de lui donner un coup de pouce. S'offrir à lui pour qu'il expérimente une aventure digne de ce nom avant la fin. La pitié et la compassion d'une Wyvern. Astra fait volte-face vers Dallan, plus excitée qu'elle ne le devrait par cet événement.
— Nomme-la.
Dallan la dévisage, pris de court. Dans un premier temps, il apparaît digérer la nouvelle et se laisser engloutir par la joie. Il se sait indigne de monter un Wyvern ; il n'est ni entraîné, ni préparé, ni initié, et pourtant, cette femelle, majestueuse et libre, s'est couchée à ses pieds.
— Mais... Les Wyverns et leurs cavaliers entretiennent un lien particulier, si je ne me trompe pas.
En effet. Astra a failli se jeter du haut d'une falaise, plusieurs fois, après la mort de Sascha. À cette pensée, tous les souvenirs douloureux remontent à la surface, et tous les bons aussi. Elle l'aimait tellement. Pas seulement à cause de leur lien. Il était son meilleur ami. Il lisait clairement dans sa tête et la comprenait mieux que personne. Malina, sa monture et eux deux formaient un quatuor invincible... Du moins, ils le croyaient. Elle jauge cette femelle et cette dernière lève un œil dans sa direction, l'air de la défier d'argumenter pour qu'elle renonce à sa décision. Mais, la cavalière n'en a pas l'intention.
— Je ne te mentirai pas. Ta monture souffrira à ta mort inévitable, mais c'est son choix. Peu importe tes efforts, tu ne réussiras pas à lui faire changer d'avis, et il est trop tard pour cela. Le lien opère déjà. Nomme-la.
Dallan déteste cette perspective et son expression raide exprime ses réticences, et sa tristesse à l'idée que cette splendide créature soit blessée à leur séparation. La femelle ronronne d'autant plus. L'inquiétude de son cavalier lui démontre qu'elle n'a pas commis d'erreur. Il trépigne d'un pied à l'autre, mal à l'aise, ignorant quel genre de nom lui conviendrait au mieux. Astra a eu du mal à nommer Sascha, sa toute première monture, et sa famille ne l'a pas conseillée. Elle avait si peur de le vexer, de ne pas lui plaire et qu'il l'abandonne. Elle était jeune et n'avait rien saisi du tout sur le lien naissant entre eux. Il aurait approuvé à tout.
— Maid...Maidhi...rryl...
Astra contient une exclamation perplexe. Sa Wyvern a l'air perdu. Il se racle la gorge et recommence :
— Maidhirryl. Ça signifie Protectrice des faibles en langue ancienne... Mais, c'es-c'est peut-être trop long. Maid... Maid ?
Astra se mord les joues pour ne pas rire. Elle constate qu'il fuit le regard de sa Wyvern, comme il fuit le sien.
— Tu l'évites parce qu'elle est trop jolie ?
Sa raillerie a l'effet escompté. Dallan rougit deux fois plus et Maid se redresse d'un coup, le faisant sursauter. Elle rugit bruyamment avant qu'Astra n'ait pu la faire taire.
— Bon... Dépêchons-nous avant que tous les éclaireurs de la zone ne nous encerclent.
Maid se rabaisse promptement pour que son cavalier puisse grimper sur son dos. Mais, il y a une large différence de taille entre elle et Sorscha. Tandis que la guerrière parvient sans un souffle de fatigue à sauter sur sa monture, Dallan pantelle, s'accroche aux écailles et escalade littéralement le dos de sa Wyvern sous le rire constant d'Astra. Les autres créatures paraissent se moquer, soupirant à chaque fois qu'il glisse et se rattrape de justesse. D'un coup de museau, elle le propulse plus haut et il se cramponne à l'arrête de protubérances crochues qui partent de sa tête à sa longue queue.
Et puis, elle décolle. Un cri surhumain retentit dans tous les bois. Astra ne peut plus ravaler son hilarité et elle explose de rire, tout en guidant Sorscha dans le ciel. Malgré son infériorité en taille, tous les Wyverns s'alignent derrière eux, Maid en second, reconnaissant la guerrière comme celle qui les commande pour l'instant. Elle est si fière de sa monture pour avoir réuni les siens. Ces créatures sont bornées au possible, mais elle les a convaincus de se joindre à eux. Elles n'auraient pas craché sur des millénaires d'entente entre les deux espèces par pure désintérêt.
Ils volent vers Muria sans interruption. La guerrière redoute d'arriver trop tard. Elle a promis à Barrett d'être là pour la tombée de la nuit, mais le soleil se couche déjà et il leur reste plusieurs minutes de trajet. L'assassin débutera avec ou sans elle. C'est pourquoi elle pousse Sorscha dans ses retranchements. Elle n'a pas besoin de prononcer d'ordres. Sa monture ressent son besoin et fuse sur les courants du vent.
La nuit est tombée depuis une heure, lorsqu'ils atteignent Muria. Et c'est déjà le chaos. Barrett a parfaitement œuvré. Avant son arrivée, il devait faire courir des bruits sur les chefs des suprématistes. Pour faire simple, elle a utilisé cette bourgade tel un teste miniature et condensé, afin de confronter le peuple aux traîtres et d'évaluer leurs diverses réponses. Le but étant de recommencer partout en Lavalon. Les assassins sont sortis dans les rues, ont murmuré à propos de ces scélérats qui cherchent à massacrer les Hommes, ont monté les ivrognes contre le Roi Rehan, pour que le peuple exige des explications... Et la suite, ils devaient mettre en scène une exécution. Personne ne mourrait. Ils couvriraient l'un d'eux dans du sang et infligeraient une blessure minimum, de quoi enrager la populace.
Astra confirme que les assassins ont adopté le plan et l'ont suivi à la lettre, en apercevant des hommes et des femmes, dehors dans les rues, avec toutes sortes d'armes à la main. Des couteaux de cuisine aux casseroles, des fourches et des torches. Elle a donné à Barrett les noms des traîtres les plus riches de la bourgade. Le peuple s'énerverait plus facilement contre le bourgmestre qui récolte les taxes ou le commerçant influant qui grignote leur argent chaque jour. Elle plane au-dessus de Muria. En plissant des yeux, elle distingue les assassins des gens ordinaires. Ils sont habillés différemment et sont bien plus armés. Ils se trouvent au stade de la fureur. Des Hommes, probablement, hurlent au scandale et balancent des insultes, pendant que les Enchanteurs justes leur prêtent main-forte, indignés, en mettant le feu aux maisons des suprématistes. Ceux-ci, contraints de répliquer, se défendent tant bien que mal avec des sortilèges de plus en plus violents.
Parfait. Maid pousse un rugissement qui fend l'air et la révolte en contrebas s'arrête aussitôt. Sorscha se pose sur un modeste toit en tuiles, juste à côté de la demeure somptueuse d'un suprématiste, Ward Ripper, le notaire de Muria. Les autres Wyverns s'accrochent à d'autres maisons, tout autour. Ils trônent sur la cité, sous les regards effrayés du peuple. Astra lance un sort sur sa gorge pour que sa voix s'élève dans toutes les rues.
— Peuple uni de Lavalon, vous avez été trahis. Des êtres arrogants et cupides se sont mis en tête de dominer et d'écraser vos frères et vos sœurs. Ils ont comploté contre le Roi Maudit de Lavalon, le malheureux qui a été abusé et manipulé par les siens.
Elle désigne d'une main impériale Dallan. Sa monture cabre, exhibant son poitrail bouillonnant au peuple.
— Il a été maudit par ces mêmes misérables qui persécutent Lavalon et toutefois, il se bat encore pour vous, pour son royaume, malgré la Mort qui le guette. Moi, Astra Silvaria, j'ai juré sur les lois sacrées de la liberté et de l'égalité de ne jamais céder à l'injustice et aux vices. Je traquerai chaque traître de Lavalon, jusqu'au dernier, j'en fais le serment de nouveau et fais de vous mes témoins. À commencer par...
Sorscha n'attend aucun ordre. Elle se tourne vers la belle demeure et d'un souffle la réduit à néant, crachant d'interminables flammes. Chacune des parties en bois s'effondre dans l'instant et si la roche résiste, elle s'émiette à la puissance des rugissements qui s'ensuivent. Tous les Wyverns s'accordent en une harmonie parfaite. Dans la foule, un homme pousse tous les autres pour se planter en bas de la modeste maison et s'égosille :
— Espèce de folle, tu vas me le payer !
L'Enchanteur, Ward Ripper, entame un sortilège empli de haine et nourri par la noirceur de son âme. Une lame fend la foule et se fiche dans son crâne. Son corps chute contre les pavés sous le silence général. La silhouette de Violet se détache de la pénombre. Elle prend sa voix la plus enfantine et pitoyable possible.
— Laisserons-nous leur mépris des lois détruire nos vies ? Laisserons-nous nos frères et sœurs mourir sous le joug de leur animosité ? Nous connaissons tous un Homme. Dites-moi, mérite-t-il d'être puni pour ce qu'il est ? Je dis non à cette cruauté.
— Non à cette cruauté !
Tous les échos se propagent vivement dans la bourgade et Astra n'hésite pas à jeter un clin d'œil à Violet. Celle-ci réplique par un rire. Cependant, leur attention à toutes les deux est accaparée par Dallan. Il bondit au sol, grâce à l'impulsion donnée par l'aile de sa monture, et d'un sort bien placé, il éjecte un suprématiste qui traînait une famille entière d'humains pour les isoler et les tuer. Autant faire le plus de dégâts s'ils sont condamnés par le peuple ? Ils réfléchissent sûrement ainsi et la guerrière grimace de dégoût envers eux. Les clameurs se transforment. Le Roi Maudit rebondit sur toutes les bouches et l'interpellé se fige, tendant sa main à l'une des fillettes en larmes pour qu'elle se relève. Sa mère rampe à son côté, un bras protecteur autour d'elle, et il pense à se rétracter et à repartir, à l'abri sur le dos de Maid, quand la femme accepte son aide. Il a besoin d'un moment pour conclure que son surnom ne rime pas avec aversion et frayeur. Mais plutôt avec incompréhension, doutes et admiration.
La guerrière ne réprime pas son rictus de victoire, alors qu'elle fournit un bouclier défenseur à des Hommes en fuite. Ceux-ci ne courent plus et peuvent balancer leurs torches sur l'Enchanteur qui les pourchassait. Le marchand de liqueur, Villalobos, crie en gigotant dans tous les sens, et sa femme déboule derrière lui pour éteindre les flammes. Elle est très, très en colère et fonce sur le couple humain. Astra est déjà descendue de sa monture et s'interpose sans mal. Elle envoie la femme valser contre un mur où son crâne craque au choc et se charge sur-le-champ du mari, en l'embrasant à nouveau. Le feu ne dure pas. Elle fait en sorte qu'il meurt sur le coup.
Le couple humain la remercie et l'homme ramasse une torche, puis s'élance sur l'épouse Villalobos. Il la transperce sans hésitation. Par précaution. Astra se désintéresse d'eux et se fraye un chemin jusqu'à Dallan. Il s'avère que cette bourgade grouille de suprématistes. Il en pullule des centaines dans l'ouest et elle compte bien révéler au grand jour leurs vrais visages. Les Silvaria ont sagement patienté pour une telle opportunité. Malina en pleurerait de joie. Derrière son attitude de dure à cuir, elle a toujours été émotive. Elles auraient pu accomplir cela ensemble. Elles auraient dû.
Deux suprématistes visent le Roi Maudit afin d'abattre un symbole. Or, ce symbole en question lui importe particulièrement et pour différentes raisons. Elle ne s'en débarrassera pas de sitôt. Mais, elle n'a pas le temps de l'avertir ou de le protéger. Maid est sur le coup. Elle s'envole, pique droit sur eux et attrape un d'eux entre ses griffes. Elle ne lui autorise aucune chance contre elle. Tout en le propulsant dans les airs, elle ouvre sa gueule putride et le croque. Une partie de son cadavre s'écroule sur les pavés et l'autre...elle l'avale et le déféquera demain. Dallan a désormais conscience de l'approche du second et l'accueille comme il se doit. Ils enchaînent les sorts tous plus barbares les uns que les autres, jusqu'à ce que leur puissance se répercute contre les civils.
Astra entre en jeu. Elle se glisse derrière eux et puise dans ses forces profondes pour les encercler d'un bouclier indéfectible. Sorscha en déduit que sa cavalière ne peut donc plus se défendre et met un point d'honneur à griller tous les suprématistes qui auraient l'audace de lui foncer dessus. Barrett se montre aussi et couvre ses arrières, en demeurant hors des flammes de la Wyvern. Les autres créatures décollent et foncent en dehors de Muria, sûrement pour traquer les fuyards et se nourrir. Une fraction de seconde, elle ne respire plus, focalisée sur un Dallan tremblant et un regard changeant... Les ténèbres le supplient de les délivrer. Cela résulterait en l'anéantissement de son plan. Actuellement, le Roi Maudit est synonyme de trahi et de bon, de protecteur et de guerrier. S'il perd le contrôle, le peuple aura peur de lui.
Par miracle, il tient bon et décoche le coup fatal. Il maîtrise le sol à la perfection. En toute logique, il appelle la terre à lui et cela se concrétise par des racines qui s'ancrent dans les bottes de son adversaire qui ne parvient à riposter, puisque Dallan sectionne un écriteau en fer, pendant sur les crochets d'un établissement. Et une tête coupée en deux. Astra enlève immédiatement son bouclier et le rejoint dans ce désordre total. Il est épuisé. Le Roi Maudit n'est pas un combattant. Mais, il s'est bien débrouillé et elle ne peut s'empêcher de se sentir fière de ses efforts. Son instinct de survie le mène à la victoire.
— La nuit se terminera bientôt. Les suprématistes fuiront ou seront démasqués ici. Le peuple t'apprécie et à Muria, nous ne sommes d'ores et déjà plus considérés comme des parias.
— Je ferai en sorte que cela reste ainsi, déclare Barrett dans son dos.
Elle le gratifie d'un hochement de tête et il retourne à la pénombre. Dallan réfléchit longuement à ce que cela implique. Pour lui. Pour eux deux. Pour leur cause et pour la cause des suprématistes. Et il lâche prise. Encore. Sans crier gare, il se presse contre elle, ignorant le sang qui macule sa poitrine, et l'embrasse à pleine bouche. Leurs deux Wyverns rugissent de concert.
— Est-ce que j'ai déjà dit que je t'aimais bien, Astra Silvaria, et que tu es probablement la femme la plus diaboliquement futée et coriace que j'ai rencontrée de toute ma vie ?
Astra ricane pour simple réponse et le repousse gentiment, bien décidée à éliminer plus de suprématistes. Elle se rappelle des incertitudes de Dallan. Sur cette tactique. Bien entendu, tuer des traîtres ne résoudra pas le problème et au final, ils affaibliront les Enchanteurs de la sorte, mais jusqu'à trouver une solution durable, elle ne se gênera pas.
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