La FIN
Deux batailles en un mois,
Athusea n'aura connu que l'effroi,
Mais, les temps sombres s'en vont,
Et Lavalon recouvre sa raison.
Pour éviter les erreurs du récent passé, et pour ne plus se retrouver dépassée,
Pour s'épargner à nouveau la solitude, pour que nul ne soit contraint à la servitude,
Par Cercles de Trois, ils devront régner ensemble et délaisser toutes leurs incertitudes,
Tous unis devant une couronne unique, portée par la guerrière Silvaria et son air embarrassé,
Car s'il y a bien une chose qu'elle ne désirait vraiment pas, c'était de monter sur le trône damné.
Mais, parce qu'elle est l'amie du faible, elle consent à ce sacrifice et devient la justice incarnée.
Ô grand jamais elle ne renoncera à ses traques acharnées et les traîtres mourront de sa lame,
Elle pourchassera les suprématistes avec sa fidèle Sorscha et les brûlera tous de leurs flammes.
Le Roi Maudit perdurera dans l'Histoire, comme l'Incompris et l'Injustement Banni par les siens,
Un martyre aux yeux de tous, et un héros pour certains, désormais rien plus qu'un citoyen.
Dépourvu d'énergie à dépenser, il s'est retiré de la chasse, laissant ce soin à son amante,
Puisqu'il est bien connu de tous que la Reine veille sur lui et se montre des plus clémentes,
Avec cet homme blessé par sa malédiction qui vit à présent dans la tour blanche avec elle,
Certains parlent de le couronner Roi de nouveau, puisqu'il a conquis le cœur froid de la belle,
Or, s'il y a bien une faveur qu'il ne réclamera pas à sa Reine, c'est bien l'union sacrée du mariage,
Car il est voué à la faiblesse jusqu'à sa mort et que son existence n'est plus qu'un vaste naufrage.
Néanmoins, cela ne l'empêchera pas de l'aimer à en devenir fou de passion, brûlant jour et nuit;
Sa parole est la sienne et en son absence, de la tour blanche, il a été proclamé le maître,
Mais, dès qu'elle rentre auprès de lui, ils se promettent une tendresse et un amour infinis,
Et bien qu'elle ne soit pas du genre à se laisser prendre à ce jeu, la Silvaria doit admettre
Qu'elle est tombée sous le charme simple et timide, séduisant et osé de cet Enchanteur,
Qui sait si bien l'aimer et la fait monter à chaque fois qu'elle le désire en apesanteur.
L'homme repose son pinceau, tout à fait fier des mots qu'il vient de coucher sur le papier. Assis sur une chaise, baignant dans le soleil brûlant d'un hiver qui se fait inexorablement plus cruel, enroulé dans une couverture, il relie ses phrases et grimace à certaines d'entre elles. Il en barre certaines, en réécrit d'autres ou il en reconstruit la structure. Sur la plus haute terrasse de la tour blanche, il perçoit tous les sons environnants provenant de sa chambre, dans son dos, et il peut entendre la porte s'ouvrir et se refermer sèchement, suivi de jurons fleuris. Des pas arrivent vivement dans sa direction et une ombre se penche par-dessus son épaule pour lire ses vers.
— En apesanteur ? lit-elle. Tu te moques de moi, j'espère ?
— Quoi ? Je ne te satisfais pas ?
Elle manque de céder à son masque d'agacement à cause de ce satané rictus charmeur qui la rend si vulnérable. La Reine se racle la gorge en balayant sa question d'un revers de manche.
— Je n'ai toujours pas testé ailleurs. Je devrais peut-être. Si ce n'est pour faire baisser cette arrogance.
— Ne sois pas méchante avec moi, Astra. La méchanceté ne te sied pas au teint.
Elle lui soupire au visage pour unique réponse et sans plus de cérémonie, tire le fauteuil dans la chambre. Dallan ne commente pas habitué. Tous ses sièges ont été agrémentés de roues pour l'aider dans son quotidien.
— La chasse a-t-elle été fructueuse ?
— Je les attrape tous les uns après les autres. Ces maudits rats se multiplient à toute vitesse, mais je les aurai à la longue. Par mes massacres ou par la terreur.
— Quelle Reine impitoyable tu fais.
Astra lui tend la main pour qu'il s'y appuie et se lève, mais, à la seconde où il est debout, elle le pousse durement. Dallan atterrit en un rebond sur leur lit et l'accueille sur ses cuisses où elle aime tant prendre sa place.
— Tu m'as manqué.
— Insatiable.
Elle glousse et l'embrasse à pleine bouche. Oui, insatiable est un terme qui lui convient bien. Pour une raison qu'elle ignore, la Reine est toujours attirée par les bras chauds et fermes de Dallan, par sa bouche tentatrice et par ses mouvements qui la contentent si bien. Toutefois, son projet de retrouvaille ne se passe pas comme prévu. Un rugissement éclate dans le ciel. Astra dévisage la fenêtre grande ouverte de leur chambre où Maid apparaît en furie, secondée par Sorscha. De toute évidence, la monture d'or attend son cavalier.
— Je ne peux pas dire non à Maid, s'excuse faussement Dallan. Tu m'accompagnes jusqu'à la terrasse ?
Là où il est si facilement pour lui de se laisser glisser sur le dos de sa monture. Maid l'a particulièrement aidée à gérer les obstacles de sa nouvelle vie. Il n'imaginait pas à quel point tout serait plus compliqué sans énergie...et sans magie. Il ne peut plus lancer le moindre sortilège, faire pousser la moindre plante. Il ne peut pas se laver ou s'habiller sans aide, et lorsque sa Reine le désire, c'est elle qui se charge de tout. Il déteste cette passivité et Gabriel s'est longtemps tenu éloigné de lui, au cas où il développe une rancune envers le Prince Fae. Une crainte qui s'est révélée inutile, puisqu'il n'éprouve que de la gratitude envers le compagnon de sa sœur.
— Mais, j'ai envie de toi, rétorque Astra. Donc, tu ne refuses pas les caprices de ta montures, mais tu rejettes les miens... Fais attention à tes choix, Von Umbra.
Il pouffe pour simple réponse. En un soupir tragique, Astra descend de ses cuisses avec une moue boudeuse et le hisse à nouveau sur ses pieds en le jetant presque dans son fauteuil.
— Tu restes cette nuit ?
Elle acquiesce. Il n'a pas besoin d'en formuler plus. Une promesse de leur valse passionnée dès lors que Maid sera comblée. C'est un miracle que la Wyvern n'ait pas coupé son lien avec un Enchanteur bien plus fébrile qu'un vieillard humain, mais il semblerait que la créature d'or l'apprécie plus qu'il ne le pensait, ou a eu sacrément pitié de lui. Dans tous les cas, il est reconnaissant envers elle pour ne pas l'avoir abandonné.
— Qu'en est-il de tes réunions ?
Astra grimace.
— Ses crétins ont décidé de former un Conseil à Trois Cercles pour une raison. Ils n'auront qu'à se chamailler sans moi et j'arriverais lorsqu'ils seront prêts à s'accorder.
Le fameux Conseil à Trois Cercles qui ont chamboulés toute l'Histoire de Lavalon. Contre toute attente, Milian a eu cette idée, l'a proposée et Astra a tout de suite approuvé, parce qu'elle avait déjà été désignée Reine, que le peuple l'exigerait sur le trône et qu'elle ne le voulait pas du tout. En donnant son accord, elle s'est déchargé de nombreux fardeaux. Le Général déchu a grimpé les échelons d'un bond, en tant que Grand Conseiller et Grand Seigneur, le porte-parole des Hommes. Gabriel Thornheart a arrangé les négociations avec ses semblables, appelant chaque Roi et Reine Fae à joindre leur force à la tour blanche. Aux dernières nouvelles, la Reine de l'Automne est leur porte-parole actuelle, mais les immortels ont opté pour un roulement toutes les quelques décennies, puisque la mort ne les écartera pas de leur poste de sitôt.
Pour les Enchanteurs... Tout a été plus pénible. Astra a passé le royaume au peigne fin, analysant chacun des nobles et chacun des militaires qui aspirait à une place au conseil. Au final, elle a élu un certain Magnus Depraysie au rôle de porte-parole, un Comte loyal à la couronne et un instigateur de haine envers les suprématistes, un cavalier de Wyvern également, et un homme dont Dallan a été jaloux un moment avant que sa Reine ne rebondisse sur ses hanches en criant d'extase et en finissant par lui déclarer son amour en bonne et due forme...ce qui a eu le don de le rassurer. Barrett est entré dans le parti des Enchanteurs et représente étonnamment les assassins, de façon notoire. Tous les Grands Conseillers ont rouspété et tous les méprisent secrètement, mais ils n'ont pas le choix et ils préfèrent l'avoir sous contrôle plutôt que déchaîner dans les rues...si seulement ils savent que c'est lui qui les contrôle, et non l'inverse.
Dallan adore l'idée de ce Conseil à Trois Cercles, il en est même émerveillé. Les trois races supérieures ont droit à leur voix au chapitre, de manière égale et mesurée, avec trois portes-paroles aux mêmes pouvoirs, qui contrebalancent les décisions de leur Reine ; ils doivent s'écouter et tomber d'accord. Astra Silvaria, elle, bien qu'elle ne le voulait pas, a pris sa place de droit en haut de la tour blanche et lui, il a été contacté par tous les écrivains de Lavalon pour rédiger leur conte. Il s'y est efforcé durant des semaines. L'hiver touche presque à sa fin, mais il ne trouve pas les mots justes pour s'exprimer.
— Des nouvelles de Raina ? s'enquiert Astra.
— Tu parles ! Cette petite a disparu avec son amoureux et nous ne la reverrons plus jamais.
Astra ricane en l'entraînant au bord de la terrasse. Maid tourne en rond au-dessus de la tour blanche, prête à se stabiliser pour qu'il monte sur son dos.
— J'ai déjà assisté à des célébrations Faes. Elles peuvent durer des années.
Dallan verdit à cette perspective.
— Elle rentrera quand elle rentrera, conclut la Reine. Cette pauvre fille mérite son bonheur, n'est-ce pas ?
Bien sûr, il hoche de la tête avec vigueur.
— Je sais déjà comment son conte se terminera. Quelque chose comme... Et il s'avère que tous les compliments du monde n'auraient pas pu mieux prédire son avenir, car c'est sincèrement que ses yeux d'océan parvinrent à adoucir le plus dur des cœurs.
Et pendant que Dallan Von Umbra à l'âme maudite vole sur le dos de sa Wyvern, libre comme l'air, la splendide Sorscha côte à côte avec sa loyale Maid, se nourrissant du sourire rayonnant de sa Reine, toute vêtue de son armure de chasse, la couronne penchée sur ses cheveux d'argent, il est heureux. Profondément heureux.
Et sur des terres lointaines, quelque part au sud-est, le Prince Fae fait tournoyer la jolie Raina Von Umbra dans ses bras, tandis qu'elle danse et rit et s'amuse, toute ivre du nectar de son peuple, sous les regards curieux des immortels qui ne comprennent pas tout à fait l'amour que Gabriel Thornheart porte à cette fille, à tel point qu'il a accepté la mortalité auprès d'elle. Ils ne comprendront jamais, mais cela ne fait rien. Il ne regrette pas d'avoir privilégié une vie pleine de joie et d'émotions avec elle, plutôt que la monotonie de l'éternité seul. Sa tête lui tourne et il la rattrape, la serre contre lui et puisqu'il ne peut pas s'en empêcher, lui dévore les lèvres devant tous les siens, sans une once de gêne. Elle rougit, ses joues chauffent alors qu'il caresse ses hanches, mais il s'en moque. Il ne pourrait pas être plus heureux.
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