La fin

Elle serra le bois humide et froid contre ses paumes déjà durcies de froid. Elle regardait le courant de l'eau noire.

Pourquoi ?

Pourquoi avait-il fallu qu'elle fusse si naïve ? Si dupe de tout ses mensonges ? Elle avait souffert, tellement souffert.

Elle rit, d'un rire forcé et teinté d'une douleur infinie. Elle ris, ris jusqu'à pleurer. Tout en se tenant encore à la barrière du pont, elle se laissa glisser par terre, larmes amers roulant le long de ses joues . Elle observa le monde, ce monde si loin d'elle. Elle se recroquevilla, espérant un signe, un aide, quelque chose dans ces bois si noirs qui pourrait l'aider à s'en sortir.

L'amour. Elle avait été assez dupe pour croire qu'il l'aimait. Elle qui pensait vivre un amour si parfait, mais qu'est ce qu'elle avait été stupide ! Stupide, si stupide....murmura t-elle en s'enfonçant les ongles dans la paume des mains. Elle n'avait plus aucun espoir. Elle avait les yeux si bouffis à force de pleurer qu'elle peinait à les ouvrir correctement.

Elle avait si souffert qu'elle n'arrivait plus à souffrir d'une manière rationnelle.

Chaque mouvements lui coûtait, et chaque instants passés dans cette forêt la désespérait encore plus. Mais elle n'avait nulle part où aller, personne ne voudrait d'elle.

Soudainement, elle s'arrêta de pleurer. Elle releva la tête, elle essuya ses joues meurtries, et se mis à parler, seule, dans cette forêt noire où personne ne pourrait l'entendre, où personne ne se souviendrais d'elle.

"J'ai tout perdu : l'amour, la vie , la joie. On pourrait bien me tuer là, ici, dans le noir de cette forêt, je ne bougerais pas. Enfant, je rêvais d'un prince charmant, qui serait gentil, compréhensif, amusant et heureux. Ah ! J'étais naïve, si naïve. Si seulement j'avais pu me douter ne serait-ce qu'une seconde de ce que le monde en réalité est. Maintenant, c'est trop tard. Tout est trop tard, et je ne reverrais plus jamais la lumière du jour. Je ne peux plus vivre, plus rire, ni même sourire. J'ai souvent rêvé de vivre une vie heureuse,belle, ou même tout simplement normale. Oui, normale. Je voulais un mari qui m'aimerait, un bon travail et des enfants. C'est tout. Je ne voulais rien de plus. Je ne demandais rien de plus, vraiment. Alors pourquoi a-t'il fallu qu'il m'arrive cela ? Qu'est ce que j'ai fais de mal pour que je perdes tout ce que j'avais de cher ? Le destin est si cruel, un faux pas et tout s'écroule. Un faux pas, et on se retrouve dans une forêt dont on ne connaissait même pas l'existence à parler toute seule sur un pont, du sang sur les mains, des bleus sur le corps et un mort sur la conscience. J'ai envie de rire de ma situation, tellement c'est comique. Je suis tellement pathétique. Et j'ai mal, mal, mal. Personne ne veux de moi dans ce monde, et je suis tellement fatiguée. Je n'ai nulle part où aller, et on m'arrêterait pour me jeter en prison pour le meurtre de l'homme qui m'a détruite ! Quelle ironie, mais quelle ironie ! Le monde est injuste, et il ne m'a pas épargné, oh non. J'ai vécu deux ans de malheurs, deux ans où je ne voyais aucunes sortie, et au moment où je la trouve et que je l'ouvre enfin, je n'y découvre qu'une salle vide, sombre et sans issues. Et je suis là, dans la salle, et elle va bientôt s'autodétruire. Alors nous y voilà, c'est la fin. J'ai tellement souffert que je ne trouverait plus jamais la joie dans ce monde, et je suis sur un pont mouillé et personne ne m'entends, s'il vous plaît, est ce que quelqu'un m'entends ? Ma voix se perds dans le vide, c'est inutile. Personne n'est là. Personne n'a jamais été là. Et je me retrouve encore seule. Et je suis fatiguée. Je veux rentrer chez moi, mais je n'ai plus de maison, je veux serrer ma mère contre moi, mais elle ne veux même pas de moi, je veux avoir un enfant, mais je viens de perdre le miens . Je veux vivre, mais je vais mourir."

Elle fit une pause, et observa le courant sombre.

"L'eau est tumultueuse ce soir, c'est bien. J'espère juste que ça ne va pas trop faire mal. Maman, regarde ta fille, regarde comment elle va mourir. Est-ce que au moins tu vas venir aux funérailles ? Je n'ai même pas eu le temps de faire mon testament. De toutes façons, je n'ai pas grand-chose, ça finira sûrement à la poubelle. C'est dommage, j'avais un beau canapé. Ah, je vais mourir, et je parle de mon canapé. C'est bizarre de penser que des objets vivent plus longtemps que leur propriétaires. Un objet, c'est un souvenir. Bientôt, je ne serais moi aussi plus qu'un souvenir, un simple souvenir. Je me demande comment les gens se souviendrons de moi ? Sûrement de la femme battue qui a tué son psychopathe de mari. C'est tout. Ils ne se souviendrons pas de mon rire, de ma démarche, des blagues que je faisais.Ils ne saurons jamais quelle était ma musique préféré, ou de ce que jamais faire de mes dimanches après-midis. Morte, on ne se souviendra pas de moi. Ils ne se souviendrons pas de moi, mais de l'idée de ce que j'étais. Je ne serais qu'un simple souvenir, je n'existerais plus. C'est dommage. Mais je n'ai plus grand-chose à perdre de toutes façons."

Elle passa de l'autre côté du pont, et, s'accrochant à la barrière humide, elle termina de parler.

"Et c'est le moment de ma fin. Adieu à toi, mon amour qui m'a tué, adieu à toi ma chère maman, et adieu, monde. Fin de l'histoire."

Et elle lâcha la barrière, pour sauter du pont. Son corps heurta l'eau noir d'un choc sourd, et sa colonne vertébrale se craqua. Elle n'eut pas le temps de ressentir la douleur. Elle mourra sur le coup. Son corps flotta plusieurs heures dans l'eau froide et silencieuse, jusqu'à ce qu'on la retrouve.

Et les gens la pleurèrent.

Ils auraient tous voulut être là pour la sauver.

Mais c'était trop tard.

C'était la fin de l'histoire.

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