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La jeune femme marchait, tremblante.
Elle trébuchait contre les poubelles traînantes, s'attirant contre son gré les regards des couches-tard enivrés.
Elle avait couru, et était trempée de sueur et de pluie.
Son corps menu frissonnait de froid, fourbu.
Elle s'était arrêtée dans une ruelle vide.
La pluie dégoulinait sur son visage de porcelaine, et glissait sur ses lèvres bleuies de froid d'où une buée s'échappait au rythme de sa respiration saccadée.
La pluie collait ses cheveux sombres contre son front, faisant de gracieuses vaguelettes.
Son visage était, malgré la malencontreuse situation, étrangement sans émotion.
Pourtant, on aurait pu entendre son cœur battre de fébrilité, son corps criant de vérité.
Une goutte roula le long de son nez, et elle la chassa de sa main aux articulations engourdies, aux phalanges rougies et aux ongles détruits.
On l'aurait dit perdue;
Les ruelles sans fin se prolongants,
Elle s'arrêta et regarda le ciel noir comme l'encre. Des nuages couvraient le ciel, on ne pouvait apercevoir les étoiles, et la lune n'était qu'infime, presque invisible.
La lumière orange des lampadaires lui illuminait son doux et mélancolique visage.
Les insectes grouillaient parmi les débris, sans un bruit.
Elle avait l'air d'un animal traqué, tentant de regagner sa liberté.
Se recroquevillant,
Elle glissa contre le mur à côté du lampadaire.
Son corps tremblait, pris de soubresauts.
Elle n'était pas assez couverte pour cette météo.
Et puis, sans prévenir, elle se pris d'un rire qui explosa et résonna jusqu'au fond de la ruelle.
Et elle ris, et ris, et ris, jusqu'à ne plus avoir de souffle.
Elle se tenait les côtés, balançant sa tête aléatoirement, hystérique.
Elle ris jusqu'à en pleurer, doucement, et soudain, elle se souvint.
Instantanément, elle se figea.
Se liquéfia sur place, terrorisée.
Le ciel devint sombre et menaçant.
Les ombres la regardait. Les insectes s'immiscaient dans le noir, et les poubelles restaient coites.
Soudain
Un éclair zébra le ciel.
À ce moment là,
Elle pris conscience de son acte.
Son acte.
...
Son acte
Elle lance un regard hésitant aux flaques brillants d'une lumière doré, et s'en approche.
Lentement, à travers les gouttes de pluies qui se propagent et brouillent l'eau, elle parvient à apercevoir son visage.
Quelque chose de bizarre y apparaît, elle s'approche alors plus près... Sur ses joues trône le résultat de sa victoire.
Mais aussi de sa mort.
Du rouge perle sur son visage. À travers la flaque elle voit son visage se liquéfier et ses yeux s'agrandir de terreur.
Et le tonnerre retentit, menaçant.
Elle se recule, effrayée, et se cogne contre le mur de briques rouges tagué de toutes les couleurs et sale.
Ses mains tremblent.
Elle les lèvent, veux les passer dans ses fins cheveux mais quelque chose l'interpelle :
Elles sont rouges de sangs.
Son cœur rate un battement.
Trop choquée pour crier, elle reste coîte. Son cerveau lui crie de bouger, elle n'en fait rien.
Son sang se glace, ses jambes lâchent.
Son pull gris est ensanglanté.
Elle a peur. Fiévreuse, elle manque de souffle.
Le sang tape dans sa tête. Les pensées s'entrechoquent et s'enfuient.
Mais qu'est-ce qu'elle a fait ?
Elle a tué.
Elle l'a tué.
Et de loin, elle entends des sirènes de police.
Elles sont pour toi.
Elle doit partir, elle doit fuir.
Son corps lui crie de fuir.
Hagarde, elle est traquée, elle le sait.
Ils savent tous, ils te voient tous.
Elle sent le regard des gens, ils vont la tuer.
Tuer.
Non !
Rongée par le doute, elle reprend sa course effrénée à travers la nuit.
Si seulement tout cela n'était pas arrivé... Si seulement, il n'avait pas atteint le point de non retour, elle aurait pu supporter...
Malheureusement, en ce jour fatidique, il en avait décidé autrement.
Et elle l'avait tué.
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