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"Oui, je suis enceinte"

Enfin. Ces mots s'étaient enfin échappés de sa bouche. Car, malgré la peur, il y avait une certaine pointe de soulagement. Les mots sortit, c'était comme un poids qui s'enlevait de son esprit déjà lourd de nombreuses responsabilités . Elle n'espérait plus rien. Ou presque. Car une part d'elle aimait encore cet homme qu'elle avait connue un soir, dans un bar où elle buvait, déprimée par une rupture difficile. Elle l'aimait toujours pour l'avoir fait rire ce jour là, pour tout les messages échangés après, pour les moments où il la rassurait de ce monde ingrat en la prenant dans ses bras. Les matins où ils se regardaient amoureux. Les dîners à deux, les rires, l'amour. Elle l'aimait pour ce qu'il était avant. Mais c'était avant, et on ne pouvait changer le passé. Pourtant, elle était là. Et elle l'aimait toujours un peu, au fond d'elle. Mais pas suffisamment pour rester. Car il y avait maintenant quelque chose qu'elle aimait plus que lui : son enfant.

Ces mots sortit, elle se décida à le regarder dans les yeux. Et ce qu'elle vit la pétrifia de terreur. Ses yeux étaient injectés de sang. On avait l'impression qu'ils allaient exploser si il expirait la moindre goulée d'air. Ses pupilles s'étaient rétractées, et ses yeux la fixait comme si il voulait la tuer. Il avait le regard bestial, un regard de mort. Son coeur se décrocha dans sa poitrine, elle ne le reconnaissait pas. Elle voyait les veines de son front pointer et sa mâchoire contractée. Il ressemblait vraiment à un monstre maintenant.

Elle tenta de reculer ne serrait-ce que d'un pas, mais il lui empoigna le bras si violemment qu'un hoquet de douleur s'échappa de sa bouche. Elle tenta d'échapper à sa poigne ferme mais rien n'y faisait, il ne lâchait pas. Il la regardait et ne disait rien. Et avala difficilement sa salive mais eu quand même le courage de prononcer quelques mots :

"Tu es content ?"

A son rire nerveux, il la relâcha et se tourna vers la table. Elle était maintenant face à son dos, incapable d'anticiper ce qu'il allait se passer. Par précaution elle recula de quelques pas, se préparant au pire. Il ne bougeait pas.

"Con...tent ?"

Il se retourna vers elle. Son regard lui était inconnu. Elle ne parvenait même pas à décrire les émotions qui empreignaient son visage.

"Content ? CONTENT ?"

Le cri résonna dans tout l'appartement.Elle se recula encore de quelques pas.

"Pourquoi serais-je content. POURQUOI SERAIS-JE CONTENT ?"

"P-Parce que tu vas être Papa ?"

Elle n'eut pas le temps de comprendre que déjà elle se retrouvait par terre la joue en feu et un métallique goût de sang dans la bouche. Il lui lança un coup dans les côtes, et son souffle se coupa par le choc. Il la frappa, encore et encore.Et un coup dans le ventre, deux coups dans le ventre trois coups dans le ventre, et quatre, et cinq... Elle hurlait, tentait de protéger son ventre, son enfant.

"Pourquoi voudrais-je être le père de l'enfant d'une merde ? T'ai-je donné mon accord ? C'est à MOI de décider si on garde l'enfant, ET JE N'EN VEUX PAS !"

Et elle hurlait, hurlait, sa gorge brûlante de douleur et de peur.

Sang.

Sueur.

Pleurs.

Sang.

Sang.

Sang.


Il s'arrêta, la regarda un moment et partit s'assoir pour terminer son dîner,comme satisfait de lui-même.Et entre ses larmes, elle observa une flaque rouge se former entre ses jambes. Un liquide vermeille qu'elle reconnaissait entre milles : Du sang.

Son coeur s'arrêta de battre. Son cerveau cessa de fonctionner, ses oreilles d'entendre, son corps de bouger, son esprit de vivre.

Elle ne bougait plus, comme pétrifiée. Elle observa la flaque devenir de plus en plus grande, et son coeur se briser de plus en plus. Et ne ressentait plus rien, ni les coups, les bleus, le sang, les griffures, les insultes, les moqueries, les humiliations, l'enfermement, la malnutrition. Rien. Plus rien. Juste une seule phrase se répétant en boucle, comme dans un phonographe rayé.

"Mon bébé, mon doux bébé."

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