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Il était près d'elle, tel un prédateur s'apprêtant à se jetersur sa proie. Elle sentait son aura devenir de plus en plus menaçantetout autour d'elle, faisant comme un étau étouffant d'où elle nepouvait s'échapper. Le coeur lourd, elle se résigna à lui annoncerla honteuse nouvelle. Mais elle avait peur. Et il était si instable,et ses réactions étaient si...soudaines ! Il passait du noir aublanc, tantôt lui disant qu'elle était la plus belle femme dumonde, tantôt lui crachant des horreurs tellement abominables quetout être humain normalement constitué ne souhaiterais entendre cesatrocités au quotidien. Elle ne savait pas quoi faire, redoutant lescoups de son mari au comportement destructeur.
Ils étaient toujours dans la cuisine. Les autres pièces étaientéteintes. On aurait dit une scène de théâtre au moment le pluscrucial de la tragédie. Elle, fragile, blessée, avec son frontencore ensanglanté et sa morve qui commençait à sécher. Seslarmes, elles, étaient taries depuis longtemps déjà, lui faisantcomme une seconde peau de chlorure de sodium sur ses joues creuséespar la fatigue te le manque de nouritture.
La scène était silencieuse, mais pourtant elle criait de rage,de peur, de désarroi ; Elle criait vengeance, elle criait sa douleurimmense.
On aurait pu l'entendre pleurer.
Ses yeux se perdaient dans le vide, cherchant un moyen des'échapper de cette situation qui pouvait lui coûter quelquesblessures en plus, et sa santé mentale déjà bien détériorée enmoins. Il la rendait folle au point de vouloir mourir. Elle voulaitmourir là, maintenant, s'écraser dix pieds sous ce carrelage tropblanc et ne jamais revenir à la surface bien trop douloureuse etaccablante.
Avant, elle priait Dieu. Elle priait pour qu'il le sorte de cetenfer, pour qu'il l'aide à vivre loin de cet endroit insalubre oùelle ne pouvait que souffrir, encore et encore. Puis elle a arrêté.Elle a arrêté quand elle a réalisé qu'il ne lui viendrait pas enaide, qu'il ferait comme tout ceux à qui elle a demandé de l'aide :Il méprisera sa douleur et l'ignorera. Comme tout le monde. Parceque tout le monde s'en fiche, d'une femme avec des bleus partout surle corps, la peau arrachée et les yeux ornés d'un coquard noir etgonflé. Tout le monde s'en fiche, d'une femme qui vient les voir enpleurant en leur demandant de l'aide.
« Tu t'invente des trucs. » lui disait-on.
« T'es hystérique, ma pauvre ! » lui criait-on auvisage.
« Mais c'est parce qu'il t'aime ! Sois reconnaissante. »lui reprochait-on.
Elle arrêta donc de demander de l'aide et de prier Dieu par lamême occasion.
Soudainement, sortant de ses pensées, elle le vit, là, posé surla table de bois où elle venait de souffrir durant une bonne minute.Elle le vit, là, avec sa lame étincelante qui lui redonnasoudainement un peu d'espoir, posé sur l'assiette avec le steak àpeine entamé. Il était plutôt grand avec son manche en boisimposant,elle pourrait facilement le prendre si les chosesdégénèraient.
Mais elles ne dégénèreront pas, hein ?
Tout va bien se passer.
Il va être heureux.
Il va être papa.
Ils seront la famille parfaite que tout le monde envie.
Heureux
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