-



Cela faisait des mois déjà qu'elle endurait cette souffrance qui la rongeait . Qu'elle endurait les coups, les rabaissements, les excuses pitoyables et les coups à nouveau . Elle fatiguait, et elle se sentait rentrer petit à petit dans une déprime noire de souffrance, sombrant dans le grand océan qu'est le désespoir, quand elle vit une lumière : sa mère. Sa mère, tendre, aimante, saurait l'aider, n'est ce pas ? Elle la soutiendrai, l'aiderai, l'aimerai, n'est ce pas ? C'est ce que toutes les mères font, non ?

Elle se précipita alors chez ses parents qui l'acceuillit avec joie. Après une repas copieux, elle s'approcha nerveusement de sa mère, tordant ses mains avec anxiété et demanda dans un chuchotement discret à ce qu'elles se parlent en privé. Juste toute les deux, et rien que toute les deux.

"Arrête de t'inventer des histoires"

Cette simple phrase, dure, aussi tranchante qu'une lame lui déchira le coeur. Sa mère la regardait , le regard mi-moqueur mi-exaspéré, les bras croisés et l'esprit fermé.  Elles s'étaient assises dans sa chambre, celle où elle avait passé toute son adolescence heureuse et innocente à décorer les murs bleu ciels de posters de boys band superficiels et de stars toutes plus retouchées les une que les autres.

Son esprit devint flou, vide, perdu. "Quoi ?" Se dit-elle. "Ce n'est pas possible, non ce n'est pas possible..." Se répétait-elle encore et encore. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi sa mère, sa propre mère ne daignait d'accorder ne serait-ce qu'un peu de crédit à ce qu'elle endurait tout les jours ? Pourquoi de toutes les personnes qu'elle connaissait il eût fallu que sa mère, sa propre mère soit dans le déni, refuse de croire en sa douleur ! 

Avec un soupir hautain, sa mère lui tourna le dos, ouvra la porte et s'enfonça dans le noir du couloir, la laissant là, le regard baissé,les larmes aux yeux et les poings serrés, assise sur la chaise de son adolescence. La pièce où elle avait passé sa plus tendre enfance à présent ne lui disait plus rien. Froide, dénué de vie, elle semblant se moquer d'elle et de sa naïveté enfantine.

"Menteuse"

Oui, c'est une menteuse, une menteuse à sa douleur fabriquée de toutes parts, une menteuse ,manipulatrice et égoïste dans une relation qui se doit d'être partagée en deux parts égales. Il dit qu'elle le fait souffrir, mais qu'il l'aime quand même... Alors peut-être, peut-être que c'est sa faute, à elle ! Peut-être qu'elle n'a pas été assez aimante, amoureuse, peut-être qu'elle l'a déçue par sa façon d'agir et de vivre. Oui, c'est sûrement de sa faute si il ne l'aime plus : elle n'a pas été assez bien pour lui. Ce n'est pas elle la victime, c'est lui ! Pauvre homme amoureux d'une jeune femme trop égoïste, trop égocentrique pour penser à autre chose que son petit bonheur de femme ! Elle regrette tant d'avoir mis au monde une fille aussi ingrate au bonheur.

Les dires de sa mère lui transpercèrent le coeur avec férocité, comme les griffes d'un lion enragé sur sa pauvre proie herbivore agonisante. Elle se sentit comme trahie, trahie par la personne en qui elle avait le plus confiance, sa confidente de ses émois d'adolescente, celle qui l'avait mise au monde, sur cette terre amère part la joie de ses habitants.


Elle était à présent définitivement seule.

Et cela était immensément difficile à accepter.

Seule, pour toujours. Elle n'avait plus personne sur qui s'appuyer, pas une seule aide extérieure, un compagnon d'infortune à qui confier tout ses malheurs. Non, personne ne voulait d'elle et de ses problèmes "futiles" et "exagérés". Personne ne voudrait d'une personne comme elle, mauvaise et égocentrique avec ses pensées irrationnelles de fuite, de commencer une nouvelle vie, loin de tout, loin de la douleur. Loin de lui.

Et oh ! Qu'est ce qu'elle avait mal de se savoir seule ! Mais elle n'avait plus personne vers qui se tourner. Elle allait devoir se débrouiller seule, mais toute sa motivation à faire face au problème avec rationalité disparue au même instant où la confiance aveugle qu'elle avait pour sa mère disparut.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top