Chapitre 9 - Suivis
Lors du dîner, dame Wallis prend le grimoire apporté par une servante et le tend à Rain.
-Voici un grimoire sur les Ténèbres. Je suis sûre qu'il te sera plus utile qu'à moi.
-Bien, la remercie Rain avant de le glisser dans sa sacoche.
Le repas se poursuit calmement puis, une fois terminé, ils se rendent chacun dans leur chambre pour la nuit vaquant à leurs occupations personnelle. Aya discute avec Maära tandis que Rain et Keith lisent chacun leur livre. Et le lendemain arrive finalement l'épreuve tant redoutée.
Rain ajuste sa cape et sa capuche, enfile ses gants, sors de sa chambre et se mets en marche derrière ses deux amis.
Alors qu'ils sortent dans la rue et, tous les regards se braquent instantanément sur eux. Rain baisse un peu plus la tête et enfonce ses mains dans ses poches.
Keith et Aya se placent de part et d'autre de lui, comme pour le cacher aux regards hostiles. Brusquement, une petite fille aux oreilles de loup s'avance.
-M-mer-merci d-d-d'avoir s-sau-sauvé la C-C-Ci-Cita-Citadelle d-des b-bri-brigands e-et du T-T-Ténèbre.
Rain la regarde d'un regard non pas froid comme à son habitude mais plus doux et chaleureux. Il esquisse un sourire.
-C'est normal.
La fillette sourit et s'éloigne d'un pas joyeux. Après cet événement, l'ambiance semble bien plus détendue, les gens visiblement un peu plus en confiance. Ils atteignent finalement les remparts et, alors qu'ils s'apprêtent à sortir de la Citadelle, leur hôte apparait, vêtue d'une robe ample et majestueuse.
-Je suis venue vous souhaiter bonne chance. Vous en aurez besoin car la capitale est encore loin et la route est parsemée de dangers. Si vous le souhaitez, je peux vous fournir une escorte.
Elle désigne un groupe de soldats visiblement sélectionnées spécialement pour cela. Rain secoue la tête.
-C'est hors de question. Vous êtes déjà en sous-effectif et avec la grande porte brisée, la Citadelle est plus vulnérable encore. Vous priver d'un aussi grand nombre de soldats serait insensé.
-Je te remercie, sourit dame Wallis.
-Maära n'est pas là ? interroge Aya.
-Malheureusement une autre tâche requérait son attention ce matin. Elle vous prie de l'en excuser.
-Je comprends...
Les trois amis sortent enfin de la Citadelle, s'éloignant d'un bon pas, Rain ayant également refusé les chevaux proposés par dame Wallis (ce qui arrangeait bien Keith qui ne savait pas monte).
Keith et Aya découvrent des paysages magnifiques au cours de la journée. Ils sont émerveillés par la vue qui s'offre à eux. Ils évitent, à la demande de Rain, les quelques villages qu'ils croisent et finissent par s'arrêter dans une clairière pour la nuit.
-Dis-moi Aya, commence le mage pendant le repas, tu semblais tout découvrir. Je veux dire, Keith ne sait que peu de choses sur ce monde c'est donc normal qu'il s'étonne d'en découvrir mais toi ?
-Contrairement à toi je n'ai pas parcouru ce monde de long en large et les seuls paysages que j'ai pu découvrir sont ceux aux alentours de mon village et un peu du royaume anima.
-Je comprends mieux.
-Au fait Rain, commence Keith, chez dame Wallis j'ai pu voir une carte de ce monde et il y a une chose que je ne comprends pas. Ce monde est tellement grand et comporte tellement de coins et recoins inhabités, avec ta puissance tu pourrais y vivre en paix sans rien craindre.
-J'y ai pensé... mais j'avais trop envie d'aider les autres pour m'isoler à ce point. Et j'aurais eu trop peu de gens à tuer.
-Ah...
Aya se lèvre discrètement et va s'allonger un peu plus loin. Les deux garçons continuent leur discussion.
-Tu aimes tant tuer que ça ? demande Keith.
-C'est surtout que... je ne peux pas m'en empêcher. Grâce au don que Mehoy m'a accordé il m'est plus facile de ne pas tuer un innocent. Mais souvent j'ai des sorte de... crises de folie.
-C'est-à-dire ?
-Je perds complètement la raison. Je tue tout ce qui m'entoure sans même me soucier de qui est qui. Dans cet état je suis complètement incontrôlable.
-Tu risques d'être gravement blessé alors non ? Voire même de mourir.
-Ne t'en fais pas pour ça, en pleine crise de folie, je peux me faire transpercer autant de fois que possible, de un je ne mourrai pas et de deux je ne sentirai probablement rien. Ce qui m'effraie c'est que je perds le contrôle de moi-même.
-Ça ne doit pas être si terrible que ça.
-Si... j'ai même tué tout mon village... tous ses habitants... tout le monde... même ceux qui m'avaient recueilli...
Keith pose une main sur l'épaule de Rain.
-Je ne sais même pas qui je ne dois pas tuer lorsque je suis dans cet état. Et j'ai peur qu'un jour...
Il baisse la tête et se tait.
-Tu as peur de nous faire du mal à moi et Aya pas vrai ?
-Oui...
-Au plus profond de moi je suis sûr que tu ne nous feras jamais de mal.
-Vraiment ?
-Oui. Tu as bien dit que tu ne laissais personne t'approcher ? Et pourtant nous on est tes amis pas vrai ?
-Oui... les seuls qui ne m'ont pas rejetés...
-Ne t'en fais pas, tout ira bien ok ?
-Mmmh...
-Peut-être pas ce soir, peut-être pas demain, peut-être pas de l'année mais ça ira.
Rain sourit et s'allonge près du feu, enroulé dans sa cape.
-Merci Keith...
Le jeune garçon s'allonge à son tour.
-De rien.
Il ferme les yeux et sourit.
-Bonne nuit.
-Bonne nuit les garçons, répond la demi-kitsune.
-Bonne nuit, dit à son tour le mage.
Ils se réveillent à l'aube et se remettent en marche vers la capitale, sachant bien que le voyage durerait encore quelques jours, voire même semaines.
-Au fait, cette capitale a bien un nom non ? demande Keith.
-En effet, répond Aya. La capitale se nomme Septris.
-Septris ? Ça fait assez grandiose.
-Et ça l'est ! J'ai hâte d'y être, je n'y suis jamais allée.
-Et toi Rain ? Tu t'y es déjà rendu ?
-Oui, répond le mage. Mais seulement dans les faubourgs.
-C'était comment ?
-Très mal famé. Et plein de personnes qui ne méritaient que la mort.
Il sourit, se léchant les lèvres et, pendant un bref instant, ses yeux s'emplissent de doré. Il réussit néanmoins à se contrôler et reprend une allure plus calme.
Alors qu'ils ne sont plus qu'à quelques kilomètres de la sortie des bois, Rain commence à s'agiter.
-Ça ne va pas ? l'interroge Keith.
-On nous observe. Quelqu'un nous suit. Vous ne sentez rien ?
-Si... depuis tout à l'heure je sens comme un regard malfaisant.
-Et moi je sens une odeur étrange, ajoute Aya. Comme celle de la mort. Ou une énergie malsaine, un truc comme ça.
Ils échangent un regard entendu et, lorsque leurs mystérieux poursuivants se jettent sur eux, ils sont prêts.
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