Chapitre Vingt

Point de vue Shoto

Un mois. Un putain de mois. Un long mois qu'il m'a laissé. Je regrette tellement... J'ai cru au début qu'il était parti bouder, qu'il reviendrait. Puis je l'ai appelé, appelé sans relâche, crié son nom à la mort, mais il n'est jamais revenu. Je m'étais fait un deal avec moi même, s'il ne revenait pas au bout d'un mois je devais me faire une raison, et il y a deux semaines, ce mois est passé. Mais je me connais, j'y arriverai pas, je pourrai pas, Izuku restera à vie gravé dans ma mémoire.

Je pleure une nouvelle fois. Si seulement je ne m'étais pas cassé comme un con, si seulement je ne lui en avais pas voulu pour cette histoire de merde, si seulement j'avais réfléchi... Tout est de ma faute, vraiment tout...

Ses vêtements sont encore là, sa chemise qu'il portait ce soir là. Quand je me sens mal (c'est à dire tout le temps) je l'apporte à mon nez et y sens l'odeur de mon vert. Elle s'estompe de jour en jour, mais je la sens toujours, comme s'il était toujours à mes côtés.

Chaque matin, en me réveillant, je vais devant ma glace et me répète "Aujourd'hui je vais être fort, aujourd'hui je ne vais pas pleurer" à la fin ces mots ne sont devenus qu'une succession de syllabes sans sens, je n'y crois moi même pas, j'essaye de me convaincre au fond de moi même. Mais Izuku me manque beaucoup trop, il n'y a pas un jour où je n'ai pas versé une larme.

Je me suis même procuré un chat, un petit chat gris, trouvé dans la rue. Et honnêtement, je pense que mon état serait encore pire sans lui.

Petit à petit, je suis en train de reprendre mon train de vie banal. Mais pour Izuku, j'essaye de garder un semblant de vie sociale, de discuter avec Momo tous les matins, de sortir avec tout le monde - Katsuki comprit -, de discuter avec des collègues à la pause, de manger avec eux le midi.

Mais je n'arrive pas, je n'arrive pas à tourner la page. Je n'arrive pas à supprimer mon fond d'écran qui n'est autre qu'une photo de nous deux, je n'arrive pas à jeter ses céréales que je ne mangerai probablement jamais, je n'arrive pas à jeter sa brosse à dents, je n'arrive pas à l'oublier tout simplement.

Du coup, quand je vais mal, je regarde nos nombreuses photos et pleure doucement. Mais petit à petit, je pleure moins, je regarde ces photos avec nostalgie, je ne regrette plus rien, je suis simplement heureux d'avoir vécu tout ça avec celui que j'aime.

J'ai discuté avec Katsuki. Je ne suis pas quelqu'un de méchant, je lui ai dit qu'Izuku est parti. Il a pleuré, pour la première fois devant moi, il m'a dit que c'était de ma faute, que je ne le méritais pas. Le pire dans tout ça, c'est qu'il a entièrement raison. Mais je suis content, content que ce soit avec moi qu'Izuku a passé tous ces bons moments, content qu'il ait tenté d'accomplir mon but à moi.

Au final, Katsuki et moi avons décidé de rester en bons termes, de supporter ce dur moment à deux. Je ne suis pas bête, j'ai bien compris qu'il s'est éprit de mon bouclé. Je sais que je ne devrais pas, mais quand je l'ai vraiment réalisé, j'ai souri, pas un sourire triste, non, un sourire ravi. C'était moi qu'Izuku avait choisi, avec moi qu'il a couché, avec moi qu'il a passé de merveilleux moments, pas avec Katsuki. Encore une fois, tout ceci n'est que la preuve que je ne méritais pas quelqu'un comme Izuku.

Je me laisse tomber sur le canapé, mon paquet de chips dans une main, mon paquet de Schtroumpfs dans l'autre. J'en ai marre... Je vais faire quoi sans lui... C'était lui qui m'avait donné une raison de me lever tous les matins, c'était lui mon coin de soleil dans mon monde sombre et sans couleur.

Je pars sur le balcon et mets mes écouteurs, la musique dans mes oreilles s'accorde parfaitement avec le vent frais de l'automne. J'aime particulièrement cette saison, il fait ni trop froid ni trop chaud, les arbres ont une jolie teinte, on peut se permettre de sortir juste avec un t-shirt et une veste, les journées sont courtes donc nous dormons plus longtemps.

Je passe doucement ma main dans mes cheveux, cheveux qu'il aimait tout particulièrement mélanger. Maintenant, je n'ai plus que moi même pour les défaire. Tout ça me manque, ces fois où il me remettait en question, ces fois où il me faisait des allusions perverses, ces fois où il mangeait comme quatre, ces fois où il aimait me faire parler pour rien dire, ces fois où il aimait me pousser à bout.

Mes journées sont tellement longues désormais, je les passe à rien faire. Je n'ai même plus la tête à me faire des soirées Netflix pizza hawaïenne. Du coup je dors, je dors pour passer le temps, mais je trouve pas le sommeil. Je fais des insomnies puis le sommeil arrive quand je suis en train de travailler. Du coup je me maudis, je me dis que j'aurais du prendre des somnifères.

- Shoto, résonna une voix faible.

Oh bordel je deviens fou. J'augmente la musique de mes écouteurs mais la voix persiste.

- Bordel on a fait tout ça pour ça? Dit une second voix beaucoup plus lointaine.

Hein? Ok ok calme Shoto.

- Faut vraiment que je pense à consulter, me dis-je à moi même.

Je retourne dans le salon et me laisse tomber dans le canapé. J'ai l'impression qu'il est là, à mes côtés, je deviens de plus en plus fou, mais c'est une sensation horrible, comme s'il était tout proche mais à la fois tellement loin. Les larmes recommencent à couler, j'en ai vraiment marre.

- Mais quel fragile, dit la seconde voix.
- Putain, même les voix dans ma tête se foutent de moi, dis-je à travers mes pleurs.

Je pleure de plus en plus bruyamment, chuhotant le nom de mon vert, comme s'il allait revenir plus vite de cette manière.

- Me dis pas que tu pleures toi aussi?! Redit la même voix.
- MAIS TU VAS LA FERMER! Hurlais-je.

Je deviens complètement cinglé bordel. Je vais aller chez le psy je pense... Quoique non, surtout pas, il va me trouver fou, toute cette histoire est complètement insensée.

- Shochan... Dit la première voix.

J'entends même Izuku maintenant. Ces voix sont très lointaines, preuve que c'est mon imagination qui crée tout.

Je continue à pleurer silencieusement quand j'entends un grand fracas dans la cuisine. J'y cours rapidement et vois toutes mes assiettes sur le sol, complètement brisées. Je rêve pas là?... Je prends alors un bout de l'assiette et trace un rapide trait sur mon poignet, je saigne, ce n'est pas une hallucination, la douleur est présente.

Ça doit être le chat qui l'a cassé, oui ça doit être ça. Sauf qu'il dort dans le salon...

Je range les assiettes et pars nettoyer ma plaie dans la salle de bain. Vraiment étrange.

Quelques jours plus tôt dans le monde des morts

Point de vue Dabi

On est pas mal dans la merde là. Bon bah retour à la case départ je pense, on a enfreint la règle et on va le payer. Midoriya est complètement pétrifié.

- Bien, dit-il de sa voix froide.

Izuku se retourne avec un sourire gêné. En fait non, un sourire suppliant.

- Je peux savoir ce que tu fais là Midoriya ?
- Je pars accomplir la mission qu'on m'a assigné quelle question ! Dit-il avec un sourire crispé.
- Tu parles de Todoroki ? C'est Aoyama qui s'en occupe.
- Ah bon? C'est pas ce qu'on m'a dit à moi!
- Tu n'as rien à faire là. On va devoir envisager une sanction plus grande si tu n'es pas capable de rester en place.

Je devrais l'aider...

- Je n'ai pas le droit à une nouvelle chance?
- Écoute. À la base, ce n'était pas toi qui devait accomplir son but, mais tu as insisté donc on t'a laissé le faire. Mais apparemment tu n'en es pas capable.
- Si! Regardez! On était vraiment proche de son but! Alors que là je suis sûr qu'il en est bien loin!

Il lance un regard blasé à Midoriya.

- Je me propose pour l'accompagner, dis-je, au premier faux pas je vous en parlerai. Et je pense qu'être invisible n'est plus envisageable.
- Dabi, me dit-il froidement, je n'ai aucune raison de te faire confiance.
- Si le but de Todoroki n'est pas atteint vous pourrez nous enfermer pour l'éternité ! Cria Midoriya à deux doigts de pleurer.
- Un an. Tu as un an Midoriya. Dabi, tu le surveilleras.
- Merci Aizawa! Dit Izuku avant de se jeter sur lui.

Il le repousse rapidement et s'en va avant de dire:

- Tsuyu. Rappelle Aoyama.

Retour au présent

Point de vue Izuku

On a un gros problème. Shoto n'arrive plus à ressentir ma présence. Ça fait plusieurs jours qu'on essaye mais en vain.

- C'est une vraie larve ton mec, dit Dabi alors que Shoto est allongé avec ses chips et des Schtroumpfs.

Je ne lui réponds même pas. Je veux que Shoto puisse me ressentir. Pour ça il faut qu'il le désire. Je sais qu'il le veut, mais il doit m'appeler, sinon je n'ai pas la force d'apparaître. Il part sur le balcon, peut-être que si je hurle dans ses oreilles il va m'entendre.

- SHOTOOOO ! Hurlais-je à pleins poumons.

Il semble réagir, mais pas de la manière espérée, comme s'il avait entendu un moustique contre son oreille.

- Bordel on a fait tout ça pour ça? Se plaignit Dabi.

Raah il m'énerve lui aussi!

- Faut vraiment que je pense à consulter, dit doucement l'homme que j'aime avant de se laisser tomber dans le canapé.

Tu n'es pas fou Shoto, nous sommes  réellement là... Je remarque alors qu'il commence à pleurer. J'ai envie d'essuyer ses larmes, mais je ne peux pas, je n'arrive pas à le toucher...

- Mais quel fragile, commenta Dabi.
- Putain, même les voix dans ma tête se foutent de moi, dit-il à travers ses pleurs.

Si seulement Dabi pouvait se la fermer aussi!

Les pleurs de Shoto s'intensifient, j'ai tellement de la peine pour lui.

- Izuku... Chuchota-t-il la voix tramblante.

Et c'est sans m'en rendre compte que je me mets à pleurer moi aussi.

- Me dis pas que tu pleures toi aussi?! Me dit Dabi.
- MAIS TU VAS LA FERMER! Hurla Shoto.

Il l'a cherché là aussi. Je m'assois à côté du canapé et pose ma tête à côté de la sienne.

- Shochan, dis-je la voix tremblante.

Si seulement il pouvait me voir... Et dire qu'il est dans cet état par ma faute...

Je sais, je vais attirer son attention. Je cours dans la cuisine et jette une pile d'assiettes sur le sol. Shoto accourt et ne semble pas comprendre grand chose. Il se fait une coupure sur le poignet, sans doute pour vérifier si cela est vrai, et vu la grimace qu'il vient de faire, il a du se rendre compte que oui. Il part ensuite dans la salle de bain.

- Je peux écrire avec la buée sinon? Chuchotais-je à Dabi.
- Tu veux pas écrire "je te vois" tant que tu y es? Prends plutôt un papier et dis lui quoi faire.

Je prends donc un papier et un stylo et écris à Shoto qu'il faut absolument qu'il m'appelle. Je pose le papier devant lui sauf qu'il ne le voit pas. Il part dans sa chambre et s'allonge dans le lit. Non mais ça va pas le faire, en plus, il va encore nous faire le coup du rêve à son réveil.

Je prends le papier, en fait un avion et le lance dans ses cheveux. Bon si là il l'a pas vu c'est que y a un soucis. Il le déplie doucement, lit et écarquille les yeux. Sauf que contrairement à ce à quoi je m'attendais, il pose le papier dans son tiroir et s'allonge.

Point de vue Shoto

Donc il est là? Sauf que je ne veux pas. Je ne veux pas le voir. Qu'est-ce qui me garantie qu'il ne va pas partir une nouvelle fois? Je n'ai pas envie de le retrouver pour qu'il me laisse une nouvelle fois. Je me redresse, j'ai une dernière chose à lui dire.

- Izuku, dis-je doucement, je t'aime énormément, mais je n'ai pas envie de souffrir une nouvelle fois comme le mois dernier... Alors s'il te plaît, laisse moi...

Bien évidemment, je n'ai pas de réponse. Je suis un gros con quand même, je sais que je vais regretter en plus. Mais je ne dois pas être égoïste, je sais que ça nous ferait mal à tous les deux de nous quitter une nouvelle fois, puis il m'a dit qu'il enfreignait certaines règles en étant avec moi. Mais j'ai envie, envie d'être égoïste, de ne penser qu'à moi pour une fois, de profiter d'Izuku, parce que je l'aime, parce que je veux passer le reste de ma vie à ses côtés...

- IZUKUUUU! Hurlais-je en pleurs.

~~~
J'avais envie de faire durer le truc mais je me suis dit que non x3

En espérant que ça vous a plu

Je voulais pas que ce soit un réel "méchant" qui gère le truc, au début je voulais mettre all for one ou Shigaraki mais je voulais qu'il ait un fond de gentillesse et ça correspondait parfaitement à Aizawa

Kyoshiko~

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