Chapitre Un
Point de vue Shoto
Je reste figé quelques instants, le temps s'est comme arrêté, je crois bien que je deviens fou. Oui ça doit être ça. Je pars donc dans la salle de bain, histoire de me laver le visage, de me changer les idées.
Il est là, dans mes vêtements beaucoup trop grands pour lui, le regard plein de vie. Quelle ironie.
- Je t'ai parlé!
Je l'ignore. Je ne dois pas céder à ma folie. Déjà que les rêves c'était suffisant alors s'il commence à apparaitre même lorsque je suis éveillé. Ou sinon c'est juste ça, comment ais-je pu ne pas y penser plus tôt?! C'est un rêve, tout s'explique! Mais j'ai envie de profiter de ce rêve, c'est mon tout premier rêve lucide, je dois en profiter!
- Shoto!
Je me retourne enfin pour le regarder, il a grandi, il doit avoir mon âge, mais il est quand même plutôt petit.
- Oui pardon, dis-je.
- Tu me vois!
- Bah normal c'est mon rêve, j'y fais ce que je veux.
- Non tu ne rêves pas! Depuis le temps que j'attends à tes cotés que tu me vois!
- Mais bien sûr Midoriya.
- Tu te souviens de moi, mais cesse ces formalités avec moi, appelle moi Izuku! Mais Shoto, j'ai besoin de toi! Tu ne rêves pas, je suis bien devant toi!
- Arrête de raconter n'importe quoi, dis-je.
Izuku court alors je ne sais où et revient vers moi avec un énorme couteau.
- Je vais te prouver que tout cela est bien réel! Dit-il en approchant dangereusement la lame de mon bras.
- C'est hors de question! Je ne veux pas me réveiller!
- Mais puisque je te dis que tu ne dors pas!
- S'il te plaît Izuku... Laisse moi profiter de ce rêve avec toi. C'est la première fois où je ne suis pas complètement passif, que je peux interagir avec toi.
- Il t'arrive de rêver de moi?
- Très souvent. Si c'est pour pas dire tout le temps ces derniers temps.
- Il se passe quoi dans tes rêves?
Je prends rapidement une teinte des plus rouges, je ne vais pas lui parler de certains de mes rêves, bien qu'il ne soit pas réel je ne suis pas prêt à m'avouer à moi même que j'ai eu plusieurs rêves érotiques où il était présent.
- Souvent, commençais-je, je revis ta mort.
- Oh je suis désolé que ma mort t'ait marqué à ce point, c'est vrai que j'aurais dû faire attention ce jour là, me répondit-il simplement avec un grand sourire.
Ça lui fait si peu d'effet? On parle quand même de sa mort. Après je sais que le vrai Izuku n'aurait pas réagit comme ça, j'ai du le remodeler à ma manière.
- Dis Shoto, t'es devenu quoi depuis le temps?
- Rien de bien intéressant.
- Tu travailles?
- Ouais.
- Fais des réponses plus longues! J'ai l'impression de parler seul!
- Bon je vais faire un effort... Bien que je trouve qu'on perd notre temps, c'est tellement rare que je discute comme ça avec toi dans mes rêves...
- Mais... J'en ai marre de t'expliquer que tu ne rêves pas, répondit-il blasé, tu verras bien demain matin. Mais du coup dans tes rêves on fait quoi si on discute pas?
- Rien qui ne te regarde! Répondis-je rouge de honte.
Il me fait un sourire mesquin puis un clin d'oeil absolument pas discret.
- T'insinues quoi là? Lui demandais-je.
- Rien rien, me répondit-il avec le même sourire.
Je décide d'ignorer son sourire plus que malsain et essaye de passer à autre chose.
- Izuku?
- Oui?
- Je peux te toucher?
- Quoi?!
- Non mais je parle juste de simple contact physique.
Il me tend alors son bras, je suis pris d'un violent frisson lorsque je sens sa peau contre mes doigts, il y a quelque chose d'anormal, je ne l'ai jamais senti aussi réel, je sens son grain de peau doux et agréable. J'ai peur, peur de me réveiller, qu'il disparaisse d'un coup.
- Shotooo? On mange quoi?
- Je sais pas. J'ai la flemme de cuisiner, je pense commander.
- C'est pas bien ça fait grossir.
- Bah écoute, cuisine si ça ne te plaît pas.
- Devrais-je te rappeler que je n'ai jamais touché à une cuisinière de ma vie aux vues du jeune âge auquel je suis mort?
- Il y a une première fois à tout. Mais pas maintenant, dans un autre rêve peut-être.
Il marmone quelque chose d'incompréhensible que je décide d'ignorer. Je crois qu'en fait je vais me coucher dès maintenant. Je pars rapidement me brosser les dents avant de partir pour ma chambre.
- Tu vas où? Me demanda le bouclé alors que je partais vers ma chambre.
- Je pense dormir maintenant, j'ai des biscuits dans le placard si tu as faim.
- Et je dors où après?
Ah oui mince. Au pire, vu que c'est un rêve il peut dormir avec moi. Quitte à faire un bon rêve, autant en profiter jusqu'au bout.
- Avec moi, dis-je simplement.
Il devient extrêmement rouge et me dit alors:
- Je crois que je vais dormir sur le canapé, dit-il gêné.
- Si tu ne peux pas dormir avec moi alors c'est moi qui pars sur le canapé. Tu peux dormir dans mon lit.
Il ne dit rien et ne bouge pas, regardant le sol. Il avance doucement vers moi et me prend le poignet lorsque je sors de la pièce.
- Je veux bien dormir avec toi.
Je pars donc me coucher à ses côtés. Bon, à mon "réveil" tout sera fini, je suis triste de ne pas avoir profité. Ce sera encore une matinée banale, où je me réveillerai avec une érection banale, avant de manger mon petit déjeuner banal.
À mon réveil, le lit est vide, je ne suis pas plus étonné que ça. Je pars donc dans ma cuisine en passant par le salon pour me faire à manger mais une touffe verte se jette alors sur moi.
- Bonjour! Je suppose que tu vas encore me sortir un truc du genre "oh là là je rêve" du coup j'ai tout préparé.
Il lève alors violemment son genou droit dans mes organes génitaux.
- IZUKU! Hurlais-je sous la douleur.
Je me tords de douleur, c'est franchement horrible comme sensation, probablement la pire qui soit. Mais il a raison, je ne dois pas être en train de rêver...
Mais je ne comprends pas, qui est cette personne dans mon appartement? Est-ce vraiment le Izuku Midoriya que j'ai connu? Suis-je en train de succomber à la folie?
- Tu te demandes ce que je fais là et qui je suis non? Me demanda mon ami d'enfance.
Je hoche lentement la tête.
- Alors je suis revenu d'entre les morts, pour toi! Enfin je n'y suis jamais vraiment allé. Je suis un esprit ayant une forme matérielle qui est capable d'agir et de réfléchir par lui même. Sauf que je suis là pour toi et non pour les autres donc il n'y a que toi qui peut me voir.
- Et pourquoi moi?
- Non mais de quoi j'me mêle!
Ah bah d'accord.
- T'es ici pour combien de temps?
- J'ai un but à accomplir. Je suis là depuis toujours pour l'accomplir. Je ne t'ai jamais laissé seul.
- Quoi?!
- Oui, je ne t'ai jamais lâché, j'ai même décidé de "grandir" pour "vivre" avec toi. Depuis le temps que j'attends que tu arrives à me ressentir et me voir. Mais ne t'inquiète pas, je ne te suivais pas aux toilettes et je fermais les yeux quand tu faisais ta petite affaire du soir.
Je deviens alors cramoisi, il n'a pas honte?
- Ok c'est du grand n'importe quoi, dis-je pour détourner l'attention.
- Oh ça va, c'est pas comme si je venais de t'annoncer que les hommes pouvaient être enceints et que c'est ton père qui t'a sorti par les fesses.
- T'es glauque.
- Ça va, j'aurais pu interagir avec toi comme certains le font. Mais peu importe, maintenant nous vivons ensemble.
- J'ai dit oui à quel moment?
- S'il te plait, me dit-il avec des yeux de chien battu. Tu ne vas pas me réduire à l'état d'âme errante. C'est à cause des gens comme toi qu'on part hanter les vivants.
- C'est du n'importe quoi encore une fois. Mais j'accepte, pas parce que ton petit cinéma a marché, plutôt parce que cette histoire d'esprit m'intrigue.
- Merci, me dit-il tout bas.
C'est la première fois depuis qu'il est ici qu'il n'agit pas avec joie et enthousiasme. J'ai l'impression qu'il a toujours un peu 8 ans dans sa tête, ce qui est normal.
- Tu dois te dire que je n'ai pas changé, me dit-il en s'asseyant sur le canapé.
- C'est ton super-pouvoir de lire dans les pensées? Dis-je en faisant de même.
- Un peu comme un sixième sens, j'ai une intuition. Mais je n'aime pas le mot super pouvoir, ça fait trop irréaliste.
- Parce que pour toi c'est réaliste d'errer dans ce bas monde même après sa mort?
- Je n'erre pas! J'ai une raison d'être ici!
- Laquelle?
- C'est pas tes oignons je t'ai dit!
Il est lourd, mais incroyablement mignon. Enfin mignon comme un enfant, pas comme s'il m'attirait.
- Tu travailles aujourd'hui ?
- Bien que je n'en ai pas envie je n'ai que très peu envie de me faire renvoyer.
- T'es devenu sérieux, peut-être même un peu trop. Mais si tu pars travailler je viens.
- Non, tu restes ici.
- Mais les autres gens ne me voient pas.
J'avais oublié ce détail. Mais même, il risquerait de me déconcentrer. Déjà que je ne travaille pas très efficacement alors s'il est avec moi ce sera pire.
- Bon d'accord, dit Izuku, je t'attends alors.
Je lui fais un sourire léger pour le remercier et pars rapidement me laver puis me changer. Je le salue rapidement et pars pour le travail.
Je vais vraiment avoir du mal à m'y faire... Pour moi Izuku était mort, déjà que j'ai eu énormément de mal à m'y faire alors avec tout ça.
Je n'ai jamais réellement cru aux esprits, je savais qu'il y avait des phénomènes paranormaux mais de là à ce que ce soit à ce point là.
J'arrive enfin à mon lieu de travail qui n'est autre qu'une petite entreprise en plein développement. Il ne se passe absolument rien, j'y suis allé car je pensais pouvoir évoluer avec l'entreprise mais non, aucune évolution, cette boîte de merde est restée cette boîte de merde.
- Bonjour, me dit un collègue dont je n'ai absolument pas retenu le nom.
Je lui réponds d'un signe de tête et pars dans mon bureau. La réalité est que tous les employés espèrent que l'entreprise fasse vite faillite pour pouvoir s'en aller.
Je m'assois donc et ouvre mon ordinateur quand je sens quelque chose contre mon pied. Je baisse la tête et vois Izuku qui me fait un grand sourire.
- C'est un de tes super-pouvoirs ça aussi?
- Un magicien ne révèle jamais ses secrets, me dit-il en me faisant un clin d'œil.
Je préfère ne pas lui répondre et essaye de me concentrer. Il sort enfin de sa cachette et s'assoit sur mes genoux.
- Izuku s'il te plaît.
- Oh pardon, dit-il en s'asseyant sur le sol.
- Va prendre une chaise à côté, j'aime pas te savoir par terre.
- Et tu penses qu'ils vont rien dire s'ils voient une chaise voler?
Mince, j'avais encore une fois oublié ce détail. Je ne vais pas pouvoir travailler avec lui. Je pars lui chercher une chaise et le laisse s'installer pour pouvoir enfin reprendre mon travail.
- Shoto? Me dit-il d'une voix hésitante.
- Oui?
- Tu travailles sur quoi?
- Rien d'important.
Il n'insiste pas et commence à faire je ne sais quoi derrière moi.
- Todoroki ? Demanda ma collègue en entrant dans la pièce.
- Mh?
- Tout va bien? Je t'ai entendu parler seul, on a enfin eu un appel?
Trouve une excuse potable.
- Non désolé, ma sœur m'a appelée en urgence.
- Oh je vois, dit-elle avec une mine triste avant de partir.
Izuku s'est à nouveau assis à mes côtés, me regardant d'un regard interrogateur.
- C'est qui? Demanda-t-il.
- Je croyais que tu me suivais partout depuis toujours, dis-je à mi-voix.
- Quand t'étais au lycée je te suivais partout, je m'asseyais même à la table de libre en suivant le cours. Mais ici je m'ennuyais du coup je visitais le quartier.
Donc il était là pendant tout ce temps? Comment ais-je fait pour ne pas le voir?
- Donc je te demandais qui c'était, reprit-il.
- Une collègue.
- Qui s'appelle comment?
- Yaoyorozu Momo pourquoi?
- Non comme ça.
Il ne parle plus et se dirige vers la porte.
- Dis, tu peux faire semblant de sortir pour m'ouvrir la porte?
- Tu veux partir?
- Oui.
- Pour aller où?
- Tu as peur que je parte? Me dit-il avec un sourire.
- J'ai pas envie que ton accident se reproduise.
Il affiche une mine triste. Je ne devrais pas parler de sa mort aussi facilement, même si lui en parle normalement je devrais éviter.
- Izuku... Je peux te poser une question ? Tu m'excuseras si elle est complètement déplacée, bien évidemment, tu as le droit de ne pas vouloir me répondre.
- Je t'écoute, me dit-il en se rasseyant sur la chaise.
- Ta mort, elle a été douloureuse?
- Énormément. Heureusement je suis mort plutôt rapidement du coup ça n'a duré que quelques secondes. Mais le pire c'était pas ça. C'est après, je vous ais tous vu. Je t'ai vu comme déconnecté, ta mère complètement affolée et la mienne qui hurlait à la mort. J'avais l'impression de causer le malheur de tant de personnes, dit-il tristement.
Je suis censé faire quoi là? Je lui fais un câlin réconfortant ? Je lui ébouriffe simplement les cheveux? Je crois que ces années sans vie sociale ne m'ont vraiment pas réussie. Je vais suivre mon instinct. Je travaillerai plus tard, Izuku passe avant la paperasse.
Je l'enlace donc doucement, caressant lentement son dos. Il ne dit rien et je finis par me décaler. Je remarque alors une larme qui dévale sa joue, donc il peut pleurer. Il l'enlève rapidement d'un revers de main.
- Sinon, commença-t-il pour changer de sujet, comment se portent tes frères et sœurs ?
C'est mignon qu'il pose toutes ces questions alors qu'il en connait déjà la réponse.
- Bien, dis-je simplement.
- Je peux te poser une question moi?
- Oui?
- La mort de ta mère, tu l'as vécue comment? Parce que... tu étais comme vide, tu as pleuré quand tu l'as su mais après plus rien.
- Ça m'a fait énormément mal. Surtout qu'elle est morte d'un suicide. Du coup j'ai préféré tout garder pour moi au lieu de pleurer sur mon sort.
Il me caresse doucement la joue avant de la gifler violemment.
- Mais t'es pas sérieux?! Dis-je en me tenant la joue.
- Quand tu vas pas bien dis le! À force de tout garder pour toi ça va très mal finir! Je n'ai pas envie que tu partes toi aussi! Donc n'ais pas peur d'être faible ou autre et pleure!
Je suis complètement déboussolé. C'est la première fois qu'on me dit ça. S'il y a quelque chose de sûr, c'est qu'avec Izuku dans ma vie, rien ne sera plus jamais pareil.
~~~
Et c'est là que vous vous dites "ah bah non en fait, son histoire pue la merde"
Bref je n'ai absolument rien à dire à part que vous êtes trop adorables sur le dernier chapitre d'Isdp, je vous cœur fort
Kyoshiko~
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