Chapitre Dix-Neuf
Point de vue Izuku
Je suis là, seul avec mes pensées pour un bon moment si c'est pas pour dire pour l'éternité.
Ils ont appris ma connerie. Les représailles sont bien vite arrivées. J'aimerais aller voir Shoto, m'excuser de toutes ces fois où je l'ai fait souffrir... Toutes ces fois où je lui ai promis de rester avec lui alors que je savais que c'était impossible.
Je me contente de regarder le vide dans cette petite pièce me paraissant immense. Les murs blancs me rendent fou, j'ai comme l'impression qu'ils vont se rapprocher jusqu'à ce que je meurs écrasé, asphyxier.
Il arrive alors dans la pièce et me regarde avec son air... que je ne saurais nommer.
- Toujours là à te morfondre?
- J'ai envie d'être seul...
- Ça t'apprendra. Quand on nous confie une mission on a plusieurs règles. Ne pas créer de liens avec le vivant et ne pas se rendre visible. T'es censé l'aider sans qu'il le sache, pour qu'il pense qu'il l'a fait seul. Deux pauvres petites règles, juste deux, et t'arrives à les enfreindre.
Il m'énerve. Je sais qu'il a raison...
- Laisse moi tranquille Dabi... T'es mal placé pour me donner des leçons vu ton passé.
- Je suis pas venu pour taper la discussion. Je suis juste venu te transmettre un message ; tu pourras sortir d'ici seulement lorsque le but de Todoroki sera atteint.
Les larmes commencent à couler. Comment vais-je faire? J'ai besoin de le voir, besoin de le toucher, de le sentir. Puis, même en dehors de ça, imaginez, il met des années à atteindre son but?! Ça veut dire que je vais attendre tout ce temps dans cette pièce?!
- Dabi... Aide moi, s'il te plaît...
- J'ai pas envie de me retrouver dans ton cas, enfermé dans une pièce blanche pour de longues années.
- Je peux voir où il est au moins?
- T'as cru que parce que j'étais mort j'étais devenu magicien? C'est pas moi qui gère ça.
- J'ai envie de le voir...
- T'es devenu dépendant.
- Complètement... Je l'attendrai tout le temps qu'il faut mais je l'attendrai, j'attendrai sa mort et on sera heureux ensemble.
- Et s'il aime quelqu'un d'autre? Et s'il retrouve... comment elle s'appelle déjà? Ah oui Nejire.
- Mais ta gueule! Ça t'amuse de me faire souffrir?! Et comment tu la connais?!
- Je sais tout.
Il m'énerve. Je décide de l'ignorer et de me reconcentrer sur le mur. Mais apparemment, Dabi en décide autrement et s'assoit à mes côtés.
- Il t'aimait? Demanda-t-il en brisant le silence.
- Oui... En plus j'ai fait n'importe quoi avant de partir...
- N'importe quoi comment?
- J'ai embrassé un de nos amis, mais on jouait à action vérité c'est pour ça...
- T'es con. Mais s'il t'aime il finira par te pardonner.
- Ou alors il ruminera sa colère et m'en voudra toujours plus! Ou sinon il va être encore plus énervé parce que je suis parti comme un voleur!
- L'amour ça fait pardonner les plus grosses conneries. Et tu me stresses avec ton apparence de mec de vingt ans.
J'avais oublié ce détail. C'est vrai qu'ici je suis censé avoir huit ans. Je me redonne ma vraie apparence et me retourne vers Dabi.
- Là c'est mieux non?
- Ouais je pense.
Les vêtements de Shoto sur moi sont beaucoup trop grands. Je les apporte à mon nez et sens son odeur. Et c'est sans m'en rendre compte que je me remets à pleurer à chaudes larmes.
- Il te manque? Me demanda Dabi.
- Oui... On a vécu tellement de choses lui et moi...
- Comme quoi?
- J'y prendrai la journée à tout énumérer...
- On a plusieurs années à tuer donc vas-y.
- Il m'a fait découvrir ce que c'est l'amour, dans plusieurs sens du terme, il m'a montré ce que c'était d'aimer quelqu'un du plus profond de son être, d'être prêt à tout risquer pour lui.
- Attends juste, vous avez couché ensemble ?
- Oui, plus d'une fois...
- Remets toi en adulte, c'est stressant d'entendre un gamin dire ça.
Je me change dans mon apparence que j'avais auparavant et reprends.
- Il m'a montré les petits bonheurs du quotidien, comme les pizzas hawaïennes devant Netflix ou même les câlins de plusieurs minutes. Comment on doit manger des céréales. Il m'a permis d'avoir des amis aussi... Je ne remercierai jamais assez Shoto pour tout ça...
- Tu l'aimes à quel point?
- À en crever, j'étais prêt à rester ici toute l'éternité pour pouvoir le revoir. J'ai enfreint les règles de la mort pour pouvoir être à ses côtés.
- Bah putain...
Il se laisse tomber sur le sol mou. Je fais de même et me rapproche de lui.
- Dabi, j'ai besoin d'un câlin...
- Touche moi et je t'encule.
- T'es méchant...
- Tu l'apprends que maintenant ?
- Non t'as raison, j'ai toujours su que t'étais un connard.
Je me colle un peu plus au sol et pleure bruyamment.
- Pleure en silence s'il te plaît.
- Pourquoi tu restes si c'est pour me faire chier?!
- Pour te tenir compagnie putain, tu vas finir par devenir fou à rester là seul.
- Le seul qui arrivera à me garder sain d'esprit c'est Shoto!
- Oui bah je suis pas Shoto moi!
- J'ai bien remarqué ! Quoique tu lui ressembles un peu...
- Absolument pas. Commence pas à voir ton mec en moi.
- Vous avez les mêmes yeux.
- Donc si on ressemble à quelqu'un juste pour des yeux tu ressembles à Tsuyu toi.
- Tsuyu? La fille qui gère le passage entre notre monde et celui des vivants?
- Ouais elle.
J'y pense, elle est plutôt gentille, je pourrais essayer de l'amadouer pour passer. Enfin ça risque d'être compliqué vu qu'elle prend son rôle très au sérieux, peut-être qu'elle attend quelqu'un. Puis, je ne peux même pas ne serait-ce que sortir de cette pièce donc ça va être difficile.
Si je ne peux pas sortir d'ici c'est parce qu'il y a comme une force autour de cette pièce au travers laquelle je ne peux pas passer. C'est un peu comme de la magie ou autre, je n'en sais rien. Celui qui gère tout ça, c'est quelqu'un d'inaccessible, celui qui prend toutes les décisions, celui qui m'a demandé d'aider Shoto à atteindre son but et qui m'a également enfermé ici.
Je me demande comment un seul mec peut tout gérer. Peut-être qu'il y a comme un système de répéteurs ou je ne sais quoi.
- Dabi? Tu sais comment marche la force qui me retient ici?
- C'est comme l'électricité, cette force passe à travers des sortes de fils, le mec qui s'occupe de tout ça a concentré cette même force dans une sorte de générateur qui en diffuse dans les endroits qui en ont besoin.
- Tu serais capable de faire sauter ce générateur? Demandais-je avec un sourire en coin.
- Même pas en rêve Midoriya, j'ai pas envie de passer l'éternité dans une de ces pièces juste pour que tu partes avec ton bicolore.
- Ils n'auront pas à savoir que c'est toi qui l'a fait.
- Bien sûr. Le mieux c'est que t'ailles t'expliquer avec un responsable et que tu lui dises que tu tiens à accomplir le but de Todoroki.
- Et comment je fais pour leur parler si je suis enfermé ici?
Il ne répond pas, réfléchissant à ce qu'il va me dire.
- Je t'aide à sortir et tu me fais venir dans le monde des vivants avec toi?
- Ça marche.
Il se lève alors, comme s'il réfléchissait mieux debout. Je n'aurais jamais cru que Dabi m'aiderait. Mais je ne vais pas crier victoire trop vite, Dabi n'est pas une bonne personne, je ne lui fais pas confiance.
- Faire sauter le générateur ce serait trop risqué, dit-il à lui même.
- Oui complètement. Tu peux abîmer les fils où la force passe ?
- Non. Au pire tu sors par l'aération.
- Mais y a des araignées là dedans!
- T'as déjà vu une araignée dans ce monde?
- Non, mais des animaux si. Tout ce qui a une vie vient dans ce monde une fois mort, et t'imagines pas le nombre d'araignées qui sont mortes dans ce monde.
- Tu as raison oui.
- Tu sais si on est écouté ou vu ici? Demandais-je.
- Non, ils n'ont pas que ça à faire.
- Donc je devrais pouvoir m'enfuir... Il me faudrait un plan de l'aération.
- Hors de question que j'y aille.
- Dabi... S'il te plaît... Sinon je vais me perdre dedans et ne jamais en sortir...
- Et moi si je me perds dedans?!
- Tu peux revenir sur tes pas non?
- Tu fais chier Midoriya.
Ça, ça veut dire qu'il accepte.
- Le temps passe à la même vitesse que chez les vivants ici?
- Non, il passe plus vite.
- Je suis ici depuis combien de temps?
- Quelques jours chez les morts, quelques semaines chez les vivants.
- Quoi?! Merde! Merde merde merde ! Shoto doit être mort d'inquiétude...
- Ou sinon il a tourné la page et est heureux de ta disparition.
- Mais ta gueule! Lui dis-je énervé.
Je dois me dépêcher.
- Dabi, tu veux bien essayer cette nuit de visiter l'aération ?
Ici, les gens ne dorment pas. La nuit est seulement là pour qu'il y ait un temps de repos. Les gens font ce qu'ils veulent de ce temps, certains dorment, la majorité s'amuse, d'autres mangent. Les lieux "officiels" sont donc plus vides pendant ce temps.
Nous montons donc nos plans jusqu'à la nuit. Dabi est parti dans les aérations là, du coup j'attends. Au bout d'une bonne heure, la grille s'ouvre et Dabi arrive, couvert de crasse.
- Bordel que y en a des araignées. Je t'ai trouvé un chemin.
Il me sort donc une feuille et un crayon qu'il a pris auparavant et me dit à chaque fois dans quel sens je dois tourner.
- Je te laisse, j'ai laissé la grille d'aération ouverte là bas. Et si on me trouve ici alors qu'ils m'ont pas vu entrer je suis mort. On reparle demain Midoriya.
- D'accord, encore merci Dabi.
Il ne me répond rien et repart comme il est venu. Je fais les cents pas dans cette pièce. Une fois sorti, que vais-je faire? Je pense que je vais essayer de négocier avec Tsuyu. Et si elle ne veut pas et bien... je forcerai le passage. Mais si ça se sait, ils seraient capable de me condamner à rester chez les vivants pour toujours, ce qui veut dire même après la mort de Shoto qui partira dans ce monde lui.
Ou sinon je peux attendre patiemment Shoto? Ouais non. Je peux pas. Je veux pas prendre le risque qu'il aime quelqu'un d'autre comme il m'a aimé. Je serai très heureux pour lui s'il trouvait l'amour, mais une fois dans ce monde, il ne pourra pas laisser cette personne pour moi... Je serai donc là à les regarder d'un œil jaloux.
Je pense dormir, le temps passera plus vite. Je décide de m'endormir sur le sol blanc matelassé de la pièce. À mon réveil, Dabi est déjà là, réfléchissant à notre plan je suppose.
- Tu comptes faire quoi une fois que t'auras quitté la pièce?
- Négocier avec Tsuyu.
- Compte pas trop là dessus. Elle aime trop son travail pour le risquer pour toi qui n'a rien fait pour elle.
- Tu peux pas lui dire de venir?
- Mais bien sûr, tu veux que je demande à Hitler de passer te voir aussi? Elle va pas quitter son travail pour toi.
- Mhh...
J'ai envie de manger.
- Dabi, rapporte moi à manger...
- T'as attrapé toutes les mauvaises habitudes des vivants, la gourmandise, la paresse.
- Je sais je sais, mais j'ai envie de mangeeer s'il te plaît Dabi!
- Démerde toi Midoriya.
Toujours aussi gentil lui.
- Et si on y arrive pas Midoriya ? Et si nous sommes bloqués ici sans pouvoir rien faire? Et si on nous condamne jusqu'à l'éternité ?
- Je ne sais pas Dabi. On n'aura plus qu'à pleurer sur notre sort. Mais je préfère tenter plutôt qu'attendre qu'un miracle se produise. Je me demande, pourquoi tu veux retourner chez les vivants, toi qui les détestes autant.
- J'ai quelqu'un à voir. Et je crache beaucoup sur ce monde, mais c'est en réalité parce qu'il me manque, parce que je n'ai pas pu en profiter plus longtemps. Je suis mort à dix-sept ans il y a quelques années. Je ne sais pas ce que c'est de passer des dizaines d'années ici comme tu l'as fait. Mais je déteste ce sentiment de non-liberté, d'oppression. J'ai envie de revoir des êtres chers, comme ma mère qui m'a abandonnée, me laissant avec mes frères et sœurs mais surtout avec mon père. J'ai choisi la mauvaise voie, j'ai préféré faire n'importe quoi de ma vie plutôt que d'en profiter. Je t'ai jamais demandé, t'es mort comment Midoriya ?
- Écrasé par une voiture sous les yeux de ma mère, de celle de Shoto et lui même.
- Chaud. Je suis mort tué tu vois, j'ai vu mon agresseur de mes propres yeux.
Je ne sais pas quoi lui répondre.
- Ça a du être horrible.
- Moins que ta mort à toi. Puis toi, t'as encore moins vécu. Je comprends que tu sois parti trouver du réconfort chez Shoto.
- Alors là je t'arrête! Je ne suis pas parti chercher du réconfort chez Shoto ! C'est complètement différent !
- Alors c'est quoi?
- Je ne saurais l'expliquer... Mais à t'entendre j'ai fait ça pour profiter, comme pour me sentir vivant. Alors que non, Shoto je l'aime, je suis devenu visible car il m'était insupportable de rester à ses côtés sans le toucher, interagir avec lui. J'avais besoin d'être avec lui, je ne cherchais pas du réconfort !
- Hey, calme, arrête de pleurer.
Je ne m'étais même pas rendu compte que les larmes avaient commencé à couler. Mais il me manque tellement. Cette sensation au fond de moi est probablement la pire que j'ai pu ressentir, une sensation de besoin, de vide à la fois et surtout de manque.
- Dabi... Combien de jours ont passé dans le monde des vivants depuis que je suis ici?...
- Un mois.
- ...
- Tu préfères qu'il attende un mois voir deux ou tu préfères qu'il attende à vie?
- Tu as raison, me résignais-je.
À la tombée de la nuit, je suis donc les instructions de Dabi et pars dans les aérations. Bordel ça fait peur, je ne dois pas me tromper. J'arrive enfin à l'endroit où je suis censé arriver. Comment je vais faire pour ouvrir la grille sans alerter personne? Sauf qu'à peine j'ai posé une main dessus qu'elle s'effondre, il a du l'ouvrir.
J'essaye de descendre et atterris la tête la première sur le sol. Dabi m'attend, posé contre le mur et nous partons rapidement à la rencontre de Tsuyu.
- Tsuyu! Dis-je en arrivant.
- Midoriya ? Tu n'es pas censé être enfermé?
- Laisse nous passer je t'en pris!
- C'est hors de question.
- Tsuyu! S'il te plaît!
- C'est non. Partez sinon je l'appelle.
- Bon la grenouille. Dit Dabi en posant sa main contre le mur à côté de sa tête. J'ai pas ton temps moi. Laisse nous passer si tu tiens à ta langue.
- Dabi non! C'est une très mauvaise idée!
- Pourquoi veux-tu passer Midoriya ?
- Je... j'ai une mission a accomplir...
- Il n'y a pas ton nom dans la liste.
- Je sais... On a envoyé quelqu'un à ma place... Mais seul moi en suis capable!
- C'est prétentieux ça Midoriya.
- Je sais Tsuyu... Mais-
- Ils s'aiment, me coupa Dabi, ils s'aiment plus que tout. Le but de Midoriya chez les vivants c'est de trouver l'amour à Todoroki.
- Vraiment? Demanda-t-elle.
Mais c'est faux... Mais il n'a pas menti pour rien, je vais affirmer son mensonge.
- Oui c'est vrai! Alors s'il te plaît...
- On va en discuter avec lui.
- Non ! Il ne peut pas comprendre! Et je n'avais pas le droit de lier de lien avec lui...
- Midoriya... Tu es quelqu'un de compliqué. Dit-elle finalement.
J'allais négocier quand je sens une présence derrière moi, sa présence.
~~~
Alors alors? Pas trop tiré par les cheveux ça va?
C'est probablement le chapitre que j'ai préféré écrire ^^ j'aime bien les chapitres comme ça, ou comme le 31 d'il suffit d'un pas
Kyoshiko~
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