_ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟡_

Illustration trouvée sur Deviantart, l'artiste est ClimbToTheStars.

Petit Bistre sentit les rayons de l'astre solaire éclairer son minois alors que le jour se levait et que les dernières étoiles disparaissaient dans l'aube. Le chaton cligna des yeux et regarda ses pattes puis l'endroit où il était.

Encore la tanière de la guérisseuse. Alors qu'il ravalait sa salive de culpabilité, il sentit sa gorge le grattait, et l'horrible goût de la gerbe finit dans son estomac aux côtés de ses postillons : il se souvint alors soudainement de ce qui c'était passé ; prit de terreur face au corps de Pas de Blaireau, il était (encore) une fois tombé dans les pommes. Cependant, cette fois-ci, cela l'avait aussi et avant tout dégoûté, en le faisant ... vomir évanoui.

Il trembla rien qu'à y penser et bailla, avant de s'étirer. Son dos craqua fébrilement et il se leva, cherchant un camarade de Clan. Mais alors qu'il se tournait vers les autres litières, il y vit le cadavre du lieutenant posé, presque dans le même état que la veille.

« AAAAAAAAAAAAH !!

- Petit Bistre ! Arrêtes de geindre comme un marcassin qui a perdu sa laie ! miaula Croc de Ratel.

- P-pourquoi y ... y a Pas de Blaireau ici et ...

- On doit vérifier son corps, et peut-être le disséquer. Pour savoir comment il est mort. On le fait ici, car les guérisseurs sont les seuls à connaître l'étude des cadavres et l'intérieur des chats.

- Mais ... on fait pas que ramasser des remèdes ?

- Bien sûr que non. »

Un poitrail blanc se détacha alors de la pénombre du gîte. Pas de Jaguar pointa son museau noir et son regard citron se posa sur son petit-fils.

« Croc de Ratel a raison. La vie des guérisseurs se résume à faire la cueillette dans les bois, et mon arrière-train c'est des pissenlits ouais.

 Nous devons chaque jour être préparés, pour tout, à tout : une épidémie mortelle peut s'abattre sur le Clan, un prédateur peut blesser gravement des guerriers, une mise à bas compliqué peut mettre une reine en péril ... Tout.

 Il faut toujours avoir sa réserve remplie de tous ses remèdes, même en petite quantité, pour secourir à n'importe quel besoin.

Il faut ne pas avoir peur du sang ou de toucher des cadavres, des boyaux, des cervelles.

 Il faut avoir une mémoire plus grande que les biceps d'Étoile de Soleil.

 Il faut savoir reconnaître les plantes à la vue, à l'odeur, au toucher, au goût.

Il faut s'attendre à être vu comme inutile et grincheux aux yeux de ses camarades.

 Et surtout, il faut savoir que les sentiments doivent être refoulés quand on est guérisseur. »

Sur ces derniers mots, Pas de Jaguar prit un air neutre, cependant, Croc de Ratel agita sa queue ... d'agacement. Les yeux de Petit Bistre brillèrent de curiosité.

« Tu ... tu étais guérisseur ?

- Oui, froussard.

- Mais ... »

Le chaton calico fut pris de vertige en y pensant.

« Mais tu as eu des chatons ! »

Les traits des deux adultes se raidirent. Alors que la guérisseuse au poil gris faisait une grimace de peine et d'anxiété, le visage de Pas de Jaguar se crispait.

« Oui. J'ai eu une famille, mais aussi était guérisseur.

- Mais ... tu as trahi le Code alors !

- Non ! J'ai d'abord formé Croc de Ratel, et dès que sa formation fut bouclée, j'ai pris une compagne.

- Tu n'aimais pas ton rôle ?

- Si. J'adorais être guérisseur. Mais je devais me décider de choisir. Soit mon travail, ma vocation, ce que j'avais appris pendant tant de lunes. Soit mon amour. Et crois-moi, quand tu es amoureux, rien ne te parait plus beau que de le vivre.

- Ouais, tu dis ça, tu m'as abandonné pour aller fleureter avec ta chérie aussitôt que j'eus touché la Pierre de Lune, miaula Croc de Ratel.

- Mais qui c'est ?

- Personne ! s'écria le petit noiraud.

- Autant le dire au gosse, ça ne vaut rien. »

Sous la moue exaspérée de Pas de Jaguar, son ancienne apprentie se pencha à l'oreille du chaton.

« Ta grand-mère s'appelait Nuée d'Orage. Elle avait une doux pelage gris cendré, et un ventre blanc. Quelques mouchetures brunes tigraient son flanc, sa queue pelucheuse et son visage, et elle avait des yeux vert feuille. Elle devait avoir deux ou trois lunes de moins que mon ancien mentor, mais il décroché sur elle dès que j'étais devenu Nuage de Ratel.

- Ooooh ... c'est trop mignon !

- Mignon ? Je me rappelle, une fois, pendant la nuit, elle était venue prendre quelque chose car elle avait mal au ventre, et ils – ces deux petits tocards amoureux – sont partis 'en chercher' dans la pinède. Je me suis même pas demandé ce qu'ils avaient fait, c'était évident ...

- Bon, arrêtons de parler de ça. Petit Bistre, tu es rétabli, tu sors.

- Vraiment ?

- Tu es guéri, et toute façon t'es habitué à tomber dans les pommes et à avoir du sang, du vomi ou autre qui s'échappent de ta face. Maintenant, oust. »

Le chaton sautilla jusqu'à la sortie, content, mais toujours surpris de ce qu'il venait d'apprendre. Dehors, un rassemblement avait lieu sous les rayons du soleil, qui était levé depuis bien une heure ou deux ; Étoile du Soleil était dressé en haut, l'air neutre. Cependant, on pouvait deviner qu'il était très affecté de la perte de son lieutenant. Petit Bistre se rangea doucement contre sa mère et sa sœur qui assistaient silencieusement au discours en l'honneur de Pas de Blaireau. Petit Brume sourit tout de même en voyant son frère et passa sa queue contre son dos pour le rassurer.

« Pour finir, je voudrais vous annoncer que je dois désigner un nouveau lieutenant. Que Pas de Blaireau reconnaisse son successeur, maintenant qu'il est fait parti de la Toison Argentée. »

Tous les félins trépignèrent sur place. Petit Bistre réfléchit rapidement : quels guerriers méritaient ce poste ?

Mmh ... Longue Course et Aile de Cigale qui c'est ! Ce sont de grandes vétéranes, et elles ont eu plusieurs apprentis chacune ! Ou peut-être Épine de Sureau ... c'est le plus vieux guerrier, et il est l'un des meilleurs combattants du Clan ... enfin, pas autant que ...

« J'annonce ma décision devant le Clan des Étoiles pour que l'esprit de Pas de Blaireau l'entende et l'approuve. Ce sera Ténèbres Féroces qui sera le nouveau lieutenant du Clan de l'Ombre. »

Total : 1067 mots

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