_ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟚_
Illustration par Ella Ben Yacov, sur Pinterest.
« AAAAAAAAAAAAAH !!
- Chut gamin ! Bond de Renard doit se reposer, et si tu hurles comme un demeuré, cela ne va pas aider. »
Le chaton calicot respira un grand coup puis leva doucement le regard vers l'ombre qui lui parlait.
« Bond de qui ?
- Bond de Renard, le plus jeune guerrier du Clan, ayant eu l'intelligence de goûter de la chair à corbeau paraissant 'alléchante'. Trois jours de diarrhée oui. »
Petit Bistre se releva timidement et regarda à la gauche de l'entrée ; un rouquin au long pelage était roulé en boule sur le côté, gesticulant d'une minute à l'autre.
Le chaton observa ensuite et à nouveau la grande féline lui ayant fichu une énième grosse frousse dans la journée. Une chatte grise tachetée de noir, au ventre et aux joues blancs, aux yeux d'un jaune si foncé qu'ils paraissaient noisettes dans l'obscurité du gîte. Elle avait de petites oreilles déchirées de griffures, et une canine sortait de sa gueule, lui offrant un air peu maternel.
Petit Bistre articula faiblement, la bouille timorée.
« Vous ... vous appelez ?
- Mmh, moi ? Croc de Ratel. On dirait que tu n'étais toujours pas sorti de la pouponnière, Petit Bistre. »
Le chaton hoqueta, surpris.
« Comment vous me connaissez ?
- Car je suis la première qui ait vu ta sale face de victime quand tu es sorti de ta mère.
- Oh ... vraiment ?
- Je suis guérisseuse, à quoi est-ce que tu veux que je serve sinon ? »
La féline se releva alors brusquement, se précipitant sur Bond de Renard, qui avait commencé à réingurgiter tout son petit déjeuner sur le nid de mousse.
Petit Bistre fit la grimace et sortit du gîte de Croc de Ratel sans demander son reste.
Bien. Je vais maintenant arrêter d'avoir peur car ma sœur m'a sauté dessus, car Maman a hurlé super-trop-méga fort, car je me suis cogné contre un monstre blanc, car une guérisseuse qui ressemble à une méchante m'a ...
« ATTAQUE D'ÉTOILE DE BRUUUUME !! »
Petit Bistre couina de frousse une nouvelle fois dans sa misérable existence d'une demi-lune alors que sa frangine lui faisait lécher le sol de la place principale.
« Brbbrbrb ... c'est- AHHHH J'AI AVALÉ UN GENDARME ! »
Petite Brume s'étala par terre de rire alors que le chaton calicot courait dans tous les sens en crachant de la salive.
« C'est dégue- »
Petit Bistre s'arrêta net, en voyant une patrouille de trois félins passait à quelques queues de chat de lui.
L'une des bêtes était brun clair tacheté, portant un lièvre entre ses mâchoires.
Une autre, au poil écaille et dilué, trimballait une grenouille de taille louable.
Enfin, le dernier, un matou au pelage si sombre qu'il paraissait noir, se pavanait avec un énorme rat dans la gueule.
Petit Bistre concentra son regard innocent sur le dernier patrouilleur : le félin était si grand ! il devait prendre deux litières à lui tout seul quand il dormait, à coup sûr ! Il avait une fourrure semblant hérissée, comme des épines se dressant sur le passage des ronces, qui était grise comme un nuage d'orage, et des mouchetures de la couleur du charbon striaient ses muscles impressionnants. Sa queue, de taille moyenne, et peu fournie, au bout déchiqueté (sûrement à cause d'innombrables batailles), valsait furieusement. Ses griffes acérées crissaient sur le sol poussiéreux, blanches comme la neige, mais sûrement et fréquemment peintes de sang. Pour accentuer sa carrure, ses yeux couleur cadmium luisaient d'un air féroce, malgré les rayons du soleil du midi.
Petit Bistre serait resté des minutes et des minutes à observer chaque détail du guerrier moucheté. D'ailleurs, même sa surexcitée de sœur s'était arrêtée de rire pour admirer le chasseur.
Il ... il a l'air si fort !! Je veux être comme lui, grand, fort, beau, musclé, féroce, avoir des yeux qui brillent même le jour, des griffes qui sont plus grandes que la cervelle de Petite Brume ...
Il se rendit alors compte que le guerrier avait disparu de son champ de vision, allé déposer le rat dans le tas de gibier. Le chaton écaille se tourna et se leva avant de courir vers le matou au poil sombre, voulant à tout prix lui parler.
« M'sieur ! M'sieur ! Je peux vous p-
- PETIT BISTRE ! VIENS ICI DE SUITE ! »
Ce dernier frôla une nouvelle fois l'arrêt cardiaque en entendant sa mère. Cette dernière avait piqué un sprint jusqu'à lui, avant de se placer devant lui et de lui bloquer la vue sur le félin aux yeux oranges, comme pour le défendre.
Maman me ... me protège ? Elle m'aime ? Vraiment ? Oh oui ! Mais de quoi ?
Après s'être réjoui, le chaton se demanda par quel miracle sa génitrice était venu si vite pour le préserver d'une menace inconnue. Alors, le patrouilleur se retourna en fouetta l'air de sa queue, et sourit doucereusement.
« Oh ... Ramée de Laurier ... comment te portes-tu à la pouponnière, deux sangsues collées à ton flanc ?
- Oses redire cela et je te découperais comme une vulgaire pièce de gibier avant de jeter ton foie et ton pancréas dans l'étang le plus proche.
- Oh, je tremble. Je vais m'évanouir, pauvre de moi ... si tu crois que j'ai peur d'une reine effrontée ne servant qu'à donner des portées au Clan, tu te trompes.
- Tu vas le regretter, sale couillon ...
Total : 886 mots
Merci d'avoir lu ! Comme toujours, donnez vos avis, et débattez !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top