Chapitre 78 : Terminés

-Enfin !
Stefano posa son dernier coup de pinceau sur sa toile puis déposa son outil de travail sur sa palette de couleurs reposant sur une chaise à côté de lui.
Il se leva et recula de deux pas pour admirer l'œuvre face à lui. Le jeune artiste avait enfin terminé sa commande !
Ça faisait environ trois semaines qu'il était dessus, y consacrant quasiment tout son temps libre, jonglant entre ce tableau et son travail.
-Alors ? fit Lou en s'approchant de lui, s'arrêtant un pas derrière lui.
Hector qui suivait de près poussa un petit sifflement admiratif.
-Joli ! lança-t-il avec une expression qui marquait bien le fait qu'il était impressionné. Ton jeu de lumière est très sympa !
-Merci, lui répondit Stefano avec un sourire. J'ai pris les lumières pour avoir un modèle plus, disons professionnel, et intéressant à peindre.
-C'est réussi ! le félicita Lou en applaudissant symboliquement.
-Merci vous deux ! leur dit Stefano avec un sourire à la hauteur de sa gratitude et de sa joie d'avoir terminé cette commande.

-Bravo Stef' ! s'exclama également Ngôi Sao quand il rentra à la maison, la fin d'après-midi venue.
-Merci, ma lionne, sourit le jeune homme tout fier.
-Tu veux que je te félicite un peu mieux, après le repas ? lui lança alors sa femme, un petit sourire légèrement narquois aux coins de ses lèvres.
-Volontiers, ricana le brun en souriant en retour de toutes ses dents en passant sa main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu.
-Hâtons-nous de manger alors !
Le couple termina effectivement bien vite son repas, avant de finir leur soirée au lit, Stefano les quatre fers en l'air pour le plus grand bonheur de sa femme au-dessus de lui.

-Demain tu vois donc Ilenia pour lui donmer sa commande terminée ? demanda Ngôi Sao, allongée sur le ventre dans son lit après leurs ébats endiablés.
-Oui c'est ça. On a convenu de cette date.
-Oublie pas que le lendemain, on a la petite fête chez Matei et Pierrick. Pas que tu rentres trop tard, d'accord ?
-D'accord.
Avec le soupir du beau brun, Ngôi Sao devinait bien que son bien-aimé se faisait du souci.
-Ça va ?
-Ça va...
-Ça va aller, dit-elle comme un genre de litanie pour lui donner du courage.
-Ça va aller, répéta alors Stefano pour s'encourager lui-même et s'auto-convaincre de cette affirmation.

-Ne fais rien qui ne te plaise pas. Dis-lui clairement les choses, d'accord ? Si tu es mal à l'aise, ne laisse pas traîner ça, tu risques de finir encore plus mal à l'aise après.
-Oui, d'accord. Merci.
-Et si jamais tu ne tiens plus, n'hésite pas à partir, en restant correct en disant au revoir, mais n'hésite pas, quitte à paraître malpoli. Je veux pas que tu souffres de cette interaction.
Il donna un baiser sur le front dégagé de sa compagne adorée avec affection.
-Merci de me rassurer. D'être là pour moi.
-C'est normal, petit sucre ! Tu ferais pareil pour moi.
Stefano rit en douce.
-Pas sûr...Je suis trop stupide socialement pour ça, se nargua-t-il lui-même. Encore heureux que tu m'aimes autant avec ce côté de moi qui est très nonchalant.
-Ne dis pas ça, t'es dur avec toi-même, sourit Ngôi Sao. T'es quand même attentionné toi aussi quand tu veux, même si tu ne t'en rends pas compte.
-Si tu le dis...
-Je le dis ! rit la jeune asiatique en penchant sa tête sur le côté. Et puis quand tu ne vois pas les choses, je te le dis. C'est parce que je sais que tu ne devines pas tout que je te dis les choses clairement.
Stefano prit alors sa compagne dans ses bras avec un sourire, pour lui montrer son affection implicitement avec ses gestes. Et le couple resta un moment comme ça, sourire aux lèvres.

Le lendemain, Stefano retrouva alors Ilenia dans un bar pour lui livrer sa commande. Il avait empaqueté la toile comme il avait pu et ils avaient choisi un bar assez petit avec peu de fréquentation pour ne pas abîmer la toile par mégarde ou à cause d'un autre client.
Ils se retrouvèrent devant la porte du bar. Stefano était venu décontracté, avec un simple t-shirt et un pantalon. Ilenia quant à elle avait décidé de mettre un haut à dentelles et une jupe mi-longue.
C'était une des premières fois qu'elle s'habillait avec des habits très féminins, elle appréhendait un peu mais elle ne serait pas seule dans ce bar.
-Qu'est-ce que je vous sers ? demanda le barman, un grand homme bazané aux cheveux noirs avec quelques mèches teintes en blanc au-dessus du front.
Stefano admira son physique. Il avait beau n'aimer que les femmes, il trouvait cet homme vraiment magnifique.
-Votre meilleur cocktail, demanda Ilenia en regardant le bel homme derrière son comptoir.
-Une grenadine, finit par dire Stefano qui n'avait absolument pas envie de consommer de l'alcool en compagnie d'une cliente.

Ils s'assirent à une table et Ilenia ouvrit un bout du papier autour de son tableau pour en apercevoir une portion. Elle avait déjà vu l'entiereté de la peinture en photo mais l'avoir en vrai dans les mains c'était autre chose, une toute autre sensation !
-Merci beaucoup en tout cas Stefano ! C'est incroyable ! J'aime beaucoup ! Je suis vraiment trop heureuse !
-Tant mieux, sourit légèrement le peintre, tout de même satisfait que son travail plaise à sa cliente.
-Tu as bien reçu mon virement ? le questionna Ilenia en refermant comme elle put le papier de protection.
-Oui c'est tout bon sur ce point, merci.
-Merci à toi !
Les deux artistes reçurent alors leurs boissons à ce moment-là à table.
-Merci, firent-ils quand ils entendirent les verres se poser sur le bois de la table.
-Merci à vous. Santé ! fit le serveur avec un sourire charmant.

-Comment tu t'es mis au dessin ?
-Franchement je ne me souviens plus...fit Stefano en lâchant un soupir pour manifester son incertitude. Depuis que je suis tout petit. Je dessinais parce que comme j'étais déjà assez solitaire, je m'occupais tout seul facilement.
-T'es enfant unique ? fit Ilenia, avec un air surpris. C'est plutôt rare de nos jours, non ?
-Pas du tout, rit doucement Stefano. J'ai un petit frère. C'est ma femme qui est enfant unique.
-C'est vrai ?
-Oui, déclara le jeune homme ne sachant pas quoi dire d'autre pour répondre à cette question. Et toi, tu t'es mise comment au dessin ?
-Moi ? rit Ilenia avec un peu de gêne. Pour être honnête, c'était pour plaire à mon tout premier copain, il y a quelque chose comme déjà dix ans je pense. Je nous mettais en scène dans des poses un peu...Voilà quoi. Sensuelles et tout. Et au fil du temps, je me suis concentrée sur tout ce qui touche au féminisme jusqu'à me rendre compte que je n'avais pas le bon corps.
-Je vois. Tes œuvres étaient bien aussi, dit doucement Stefano en repensant à la galerie d'art où toutes ces œuvres sensuelles et, ou féministes étaient rassemblées.
-Merci !

Ilenia but une gorgée de son cocktail qui avait une belle couleur orangée, puis demanda, en riant sur la fin de sa prise de parole :
-Et toi ? Comment ça se fait que tu te sois lancé dans la peinture un peu érotique ? Je pense que tu ne dessinais pas ça quand tu étais petit. J'espère pas !
-Non bien sûr que non, s'affola Stefano. Quand j'étais petit je dessinais plutôt des monstres. C'est resté longtemps, je dessinais des abominations en tous genres. Et c'est plus ou moins après que je me sois mis en couple que ça m'a inspiré pour des œuvres plus, disons, représentatives d'une vie intime que des monstres.
-Je vois. Je trouve ça beau que ta femme soit ta muse ! Y a peu d'artistes qui ont eu une seule muse.
-Je sais. Elle n'est pas que ma seule inspiration mais...Je pense qu'on est plus inspirés de toute façon quand on est heureux. Dans mon cas, c'est lié à mon couple mais je pense que la joie et le bonheur, c'est un moteur à beaucoup de choses.
-Je suis d'accord ! sourit doucement Ilenia en buvant encore dans son verre.

En fin de soirée, Stefano demanda l'addition pour pouvoir lentement partir. Il avait en plus le rendez-vous chez Matei et Pierrick le lendemain, il tenait à avoir une vraie nuit de sommeil ce soir.
-C'était un plaisir en tout cas, lui dit Ilenia quand ils allaient se séparer, devant le bar après avoir payé leur addition.
-J'étais très content de te faire ton tableau en tout cas, merci de ta commande.
-T'as un style incroyable, alors continue comme ça.
-Merci.
-Si ça te dit, on reste en contact ! Ça me ferait plaisir d'aller boire un coup avec toi encore une fois un de ces quatres !
Stefano se sentit assez mal. Il sourit, un peu mal à l'aise, et finit par prendre son courage à deux mains :
-Écoute, personnellement je préférerais pas. T'es pas méchante mais t'as été une cliente, et je garde pas contact avec mes clients. En tout cas je ne garde pas un contact amical avec. C'était assez sympa de se rencontrer et je te remercie énormément pour ta commande mais je préfère qu'on ne garde pas un contact autre qu'à titre professionnel. J'espère que tu comprendras...
Le jeune homme regarda alors son interlocutrice qui affichait alors une mine assez déconfite, elle avait l'air quasiment au bord des larmes. Il avait peur de l'avoir blessée mais il avait été on ne peut plus sincère en essayant d'omettre les passages pendant lesquels il s'était senti très gêné et mal à l'aise avec elle.

Ilenia prit une grande inspiration, serrant un peu plus fort dans ses mains l'immense tableau qu'elle devait porter. Elle finit par réussir à sourire et à répondre au garçon en face d'elle :
-Je...Je suis un peu triste bien sûr mais...Mais je peux comprendre. On se connaît très peu donc c'est normal.
Stefano songea que ce n'était pas réellement ça le problème, parce qu'au début de toute relation on ne connaissait pas la personne en face de nous, mais il s'abstint de le dire a voix haute pour ne pas réduire à néant l'utilité de son discours précédent.
-Alors bonne continuation. Et merci d'avoir pris ma commande ! Je garderai ce tableau toute ma vie !
-Je suis ravi, murmura le jeune homme, soulagé de cette réaction de la part de sa cliente, plutôt compréhensive alors qu'il s'attendait au pire à une explosion. Bonne continuation, alors Ilenia.
-Merci. Toi aussi. On se fait la bise quand même ? Vu que c'est notre dernière rencontre.
-D'accord, finit par céder Stefano.
Le duo s'échangea alors deux bises puis ils se saluèrent pour chacun rentrer chez soi.

Après quelques mètres, Ilenia s'arrêta pour se retourner et regarder Stefano partir. Le jeune homme ne se retourna à aucun moment.
Et Ilenia sourit, une larme perlant au coin de son œil, se disant finalement :
-C'est mieux comme ça...

-Je suis rentré ! lança Stefano en entrant dans son appartement, retirant ses chaussures.
Une roquette aux longs cheveux noirs lui fonça alors dessus dès que la porte fut fermée à double tour, l'étreignant avec force et le bloquant contre le mur à côté de la porte d'entrée.
-Ça va Stef' ? Ça s'est bien passé ?
Le jeune homme rit de bon cœur.
-Oui ça va ! Elle a été très correct. Et j'ai dit que je préférais couper les ponts et elle a pas réagi de façon excessive. Du coup tout va bien.
-Tant mieux, soupira de soulagement Ngôi Sao en posant sa tête sur le torse de son mari dont elle pouvait entendre les respirations et le cœur battre.
-Je peux te demander un service maintenant que je suis soulagé de tout ça ?
-Oui ?
-Prends-moi. Maintenant tout de suite, déclara Stefano avec un sourire qui transpirait l'envie charnelle et la libido.
-Et si j'ai pas envie ? le nargua Ngôi Sao en glissant déjà sa main sous le t-shirt de son bien-aimé.
-J'attendrai. Mais tu es sûre que t'as pas envie ? sourit Stefano avec amusement en sentant déjà les doigts joueurs de sa femme remonter jusqu'à ses pectoraux.
-Absolument sûre, déclama Ngôi Sao sur un ton ironique, affichant un sourire envieux en plaçant sa jambe entre celles de son petit sucre.
-Alors j'attendrai, fit le beau brun en appuyant sa tête contre le mur derrière lui.
Il ferma alors les yeux pour déjà profiter des sensations délicieuses qui commençaient déjà à parcourir tout son corps.

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