Chapitre 76 : Travail en amont

-Et cette pose ?
Stefano posa son crayon sur sa feuille déjà remplie de croquis de poses et mis sa tête entre ses mains. Quand il les retira de son visage, il regarda alors sa femme qui prenait quelques poses pour qu'il puisse avoir un modèle.
-Ça va ? s'enquit-elle.
-Oui, oui...répondit le jeune homme en soupirant. Voir toutes ces poses dans mes croquis là ça me...Ça m'embrouille les yeux, j'arrive plus à voir si c'est des bonnes poses ou pas...
-Faisons une pause. T'en as bien besoin, sourit la jeune asiatique. Tu veux un frappé ?
-Je veux bien.
Le couple avait fait la récente acquisition d'un mixeur, du genre blender, pour faire des frappés et des jus en été et des soupes en hiver. Ngôi Sao était vraiment très heureuse de cet achat et n'arrêtait pas de l'utiliser pour tout depuis quelque chose comme une semaine.

La jeune femme coupait des morceaux de banane quand elle sentit Stefano venir se coller à elle, dans son dos, passant ses bras autour de sa taille pour se rejoindre devant son ventre.
Elle ne réagit pas à part un sourire qui étira ses lèvres, et continua à couper ses bananes tandis que son mari posa sa tête dans le creux de son cou. Ils apprécièrent simplement ce moment de proximité et d'intimité.
Elle termina la préparation de son frappé en y ajoutant du lait et des boules de glace vanille avant de mixer le tout.
-Tu prends des verres, petit sucre ?
-Oui, dit Stefano en se détachant contre son gré de sa compagne.
Le jeune homme prit deux verres en hauteur et après les avoir remplis, Ngôi Sao les prit pour aller s'asseoir dans le canapé du salon.
Le couple sirota alors sa propre boisson sans se parler, partageant juste un moment d'intimité très précieux au coeur de chacun des partis dudit couple.

-Ngôi Sao ? fit doucement Stefano, brisant le silence entre eux.
-Oui ?
-J'ai oublié de te demander. Ilenia m'a proposé de poser nue pour le tableau qu'elle m'a commandé.
-Oui ?
-Moi je m'en fiche si elle pose nue, tu sais que ça m'est complètement égal vu que c'est dans un cadre professionnel. Mais je me suis demandé ce que toi t'en pensais. Si tu préfères qu'elle pose en sous-vêtements, je lui dirai.
Ngôi Sao sembla réfléchir quelques secondes. Elle finit par dire à son mari sur un ton égal :
-Je dirais que si vraiment c'est nécessaire, elle peut poser devant toi nue. Mais je préférerais que ce soit effectivement en sous-vêtements.
-D'accord.
Ngôi Sao posa son verre sur la table du salon avant de se blottir contre le torse de son compagnon, tout en l'étreignant avec ses bras. Stefano fut surpris mais ne dit rien quand sa femme déclara dans un souffle qu'il sentit chaud sur son torse à travers ses vêtements :
-Merci, mon Baphy. De m'avoir demandé avant.
Stefano sourit sans qu'elle ne puisse le voir et posa son bras au bas du dos de sa bien-aimée. Dans cette position, on n'aurait pas dit que c'était Ngôi Sao qui avait le dessus dans leur intimité.

Leur frappé terminé, les deux amoureux lavèrent et rangèrent leurs verres et Stefano retourna travailler sur ses diverses poses.
-Si tu veux je te fais poser moi, sourit Ngôi Sao en coin.
-Tu vas me mettre la tête à l'envers avec les mains attachées dans le dos, toi...
-T'as oublié le bâillon et les chevilles liées aussi, ajouta la jeune femme en souriant de plus belle.
-Je poserai pour toi plus tard, ma lionne, rit Stefano avec un air un peu lubrique mais les joues rouges tout de même.
-Travaille bien, lui souhaita Ngôi Sao en le titillant avec une petite caresse le long de son dos avec son doigt, ce qui le fit trembloter.
Après cela, le jeune homme se concentra et finit par envoyer quelques idées de poses en croquis à Ilenia.
Il se reconcentra ensuite à nouveau sur son travail professionnel en réalisant divers croquis de designs de meubles. Son patron avait lancé un projet de tabourets et de tables en bois qui devaient être le début d'une future série, et toutes les pièces se devraient d'être toutes assorties.

Il était en plein travail quand il reçut une réponse d'Ilenia. Cette dernière lui avait indiqué que les deux premières poses proposées étaient ses favorites.
Stefano consulta à nouveau les photos de ses croquis de poses dans l'ordre d'envoi.
La première était celle où un bras était derrière la tête, l'autre sur le poitrail, le corps debout de trois quarts de profil avec la tête tournée vers le sens contraire du corps, vers l'arrière.
La seconde était une pose assise, les jambes écartées, avec les deux mains devant l'ebtrejambe de façon assez subtile, sourire léger aux lèvres et le poitrail nu et révélé. Avant d'être raturé et tracé comme Ilenia l'avait demandé pour sa commande.
Stefano répondit qu'il travaillerait encore les deux poses pour essayer de les combiner le plus naturellement possible.

Le soir même, les deux artistes s'appellèrent pour pouvoir discuter des dates auxquelles ils allaient se voir pour qu'Ilenia puisse poser.
-Allô ?
-Salut Stefano ! Ça va ?
-Oui et toi ?
Stefano appuya sur le bouton haut-parleur pour ne pas à avoir à tenir son téléphone en main et pour pouvoir le poser à plat sur son bureau.
-Ça va, ça va. Tu penses que tu auras besoin de combien de séances ?
-Si on fait des sessions d'environ une heure ou une heure et demi, je dirais une au moins pour le croquis de pose, que je paufinerai tout seul, puis au moins trois pour le début de la couleur. Après, pareil, je pourrai paufiner tout seul.
-D'accord donc en tout cas quatre ?
-Je pense. Peut-être cinq.
-Je vois. Ça me paraît correct. Et pour moi qui pose, du coup, tu penses que je pourrais le faire où ?
-Je pensais le faire à l'atelier où tu es venue me rencontrer. Il y a quelques lumières artificielles, tu sais celles des studios de photo. Ce serait je pense le plus pratique.
-Ah...fit Ilenia sur un ton qui sembla un peu déçu à Stefano. Je ne pourrais pas poser nue alors ?
-Je crains que non, dit le jeune homme un peu gêné. Parce que si des gens débarquent, c'est mieux si tu es en sous-vêtements. Même très moulants si tu veux mais avec quelque chose pour te couvrir.
-D'accord ça marche. C'est vrai que c'est mieux de ne pas faire d'exihibitionnisme dans un lieu plus ou moins public, rit Ilenia. On se retrouve quand du coup ?

Le duo se mit d'accord sur les deux premières dates puis Stefano quitta l'appel.
Puis il sursauta en se retournant sur sa chaise de bureau quand il vit sa femme dans l'encadrement de la porte.
-Je savais pas que j'étais si effrayante, ricana Ngôi Sao.
-Je pensais pas que t'étais là...souffla Stefano, son cœur reprenant peu à peu un rythme normal. Tu nous écoutais ?
-Je voulais te demander quelque chose et j'ai vu que t'étais au téléphone, puis il y a quelque chose qui m'a interpelée dans ce qu'elle a dit, du coup je suis restée là en attendant la fin de votre discussion.
-Oui ?
-Elle avait l'air déçue quand tu lui as dit qu'elle pourrait pas poser nue.
Stefano eut un petit sourire amer.
-C'était pas qu'une impression alors...
-Tu l'as entendu dans sa voix aussi ? sourit Ngôi Sao en venant s'appuyer au bureau de son mari. Je sais pas si elle est juste exihibitionniste ou pas, mais en tout cas j'aimerais que tu sois un peu attentif avec elle. Elle a l'air de beaucoup trop vouloir poser nue devant toi.
-J'ai remarqué. Même moi, rit Stefano en regardant sa femme.
Il lui toucha le bras avec affection.
-Mais t'inquiète pas. Je n'ai d'yeux que pour toi.
-J'espère bien et tant mieux, pouffa Ngôi Sao en s'approchant pour déposer un baiser fugace sur les lèvres de son bien-aimé. Et je veux juste pas qu'il t'arrive une dinguerie, d'accord ?
-T'inquiète pas, sourit Stefano.

Après un câlin assez court mais pas moins aimant, Ngôi Sao retourna vaquer à ses occupations, laissant son mari se replonger dans ses différents designs de tabourets et de tables.
Elle se décida à cuisiner un petit gâteau pour le dessert après le repas du soir, pour faire plaisir à son cher et tendre. Elle le fit plein de crème et de fruits, ceux qu'il y avait à la maison dans leur panier à fruits, une combinaison qu'il adorait.

Après quelques jours, le jeune brun retrouva alors Ilenia devant l'atelier. Il avait juste pris son carnet de croquis sous le bras, car Ngôi Sao viendrait le chercher en voiture dans une heure et demie donc il n'avait pas vu l'utilité de prendre un sac à dos. Il avait des poches.
Des grandes poches.
Parce que c'était un homme bien sûr.
Il sourit en y repensant, il ne comptait pas les fois où Ngôi Sao se plaignait des habits typés féminins et la taille ridicule de leurs poches de pantalon.
Stefano comptait prendre une des toiles de l'atelier, comme il avait le droit d'en prendre.
-Bonjour, fit-il quand il arriva devant le bâtiment en voyant la femme qui l'attendait, sac entre les mains.
-Salut ! Ça va ?
-Ça va. Prête à ne pas bouger pendant plusieurs longues minutes ?
-Pas de souci si c'est pour être fixée par un beau garçon, rit Ilenia.
Son rire était certes franc, mais Stefano grinça intérieurement des dents. Effectivement, il n'aimait pas trop ça. La drague ou la séduction un peu lourde en général le gênait de base, mais encore plus si elle était destinée à lui.
Et il n'y avait rien à séduire chez lui, il n'en avait vraiment rien à faire des autres hommes et femmes ou personnes, tant que Ngôi Sao était dans sa vie.

-Entrons.
Il poussa la porte de l'atelier et Ilenia suivit ses pas. Le jeune garçon salua les éventuels occupants du lieu mais dans le vide, il n'y avait personne, à part probablement Odile dans son bureau au demi-étage au-dessus de la zone atelier.
Il soupira et alla chercher les lumières dont il avait parlé à son modèle du jour et installa comme il put et où il put, dans le bric-à-brac constant de l'atelier, un petit endroit où Ilenia pourrait poser et que lui voyait assez bien.
La jeune femme déboutonna sa chemise et retira sa jupe pour se retrouver en lingerie devant Stefano. Elle avait sorti le grand jeu, l'italien crut se retrouver à un rendez-vous forcé.
Elle avait mis une lingerie rouge pétant avec de la dentelle partout qui ne cachait pas grand-chose au niveau de son torse. Stefano songea au moins que comme elle n'avait pas encore commencé son traitement hormonal, elle n'avait pas de poitrine et qu'un torse défini dans la société comme homme le gênait un peu moins que des seins de femme sur un modèle à peindre.
Stefano poussa un soupir intérieur et plaça sa toile sur son chevalet, restant très professionnel pour ne pas renvoyer de signal positif, voire même de signal tout court.

Ilenia prit alors la pose, finalement ils avaient gardé la première mais avec le bras gauche venant agripper la hanche droite.
-Comme ça ?
-Mets ta main gauche plus haute. Non un peu moins. Encore...Voilà, ça m'a l'air bon.
Il n'avait aucune envie d'aller vers elle et lui bouger les membres lui-même.
Il commença alors à esquisser son croquis avec un fusain sur sa toile. Il essaya d'aller au plus vite, il ne comptait pas faire son croquus final et détaillé aujourd'hui. Renontant ses lunettes sur son nez, il s'attela à sa tâche avec méthode et rapidité, mais pas de précipitation. Il voulait finir en un peu moins d'une heure.
-Si tu as besoin d'une pause pour te dégourdir les membres, on peut faire ça maintenant.
-D'accord.
Avec une exclamation, Ilenia agita ses épaules et ses chevilles.
-Je pensais pas que poser longtemps sans bouger faisait mal !
-Et encore, elle est pas trop fatigante cette pose, sourit Stefano.
-Je peux voir ?
-Si tu veux, répondit l'artiste en s'essuyant les doigts tout noirs du fusain sur un mouchoir.

Ilenia vint se coller au jeune homme, touchant son épaule de la sienne.
-C'est super beau ! J'aime déjà ! Merci beaucoup !
-De rien, fit Stefano. On reprend dans cinq minutes, ça ira ? Je vais aller aux toilettes.
-D'accord.

Après encore environ trois quarts d'heure avec quelques pauses par-ci par-là, et pendant lesquels Hector était arrivé dans l'atelier, Stefano eut fini son croquis préparatoire. Il ajouterait la majorité des détails tout seul, de mémoire. C'était sa façon de travailler. Il ne voulait pas reproduire la réalité telle quelle, son style ne ressemblait pas non plus à celui des peintres de la Renaissance.
-C'est super ! J'aime beaucoup, vraiment beaucoup ! fit Ilenia sur un ton tout excité.
Elle alla se rhabiller et revint avec son sac vers Stefano qui rangeait ses affaires. Elle posa sa main sur son épaule et lui demanda avec un grand sourire :
-Ça te dit on va boire un verre ? C'est moi qui invite !
Stefano n'eut pas le temps de répondre quand Hector s'exclama en arrivant par derrière :
-Stef' ! Magnifique, ton nouveau tableau ! J'ai hâte de le voir fini !
-Merci, sourit Stefano.
Là, son regard dériva vers la porte d'entrée qui venait de se fermer, signe que quelqu'un venait de l'ouvrir et d'entrer dans l'atelier, et ses yeux tombèrent sur son petit ange, quoique sa diablesse, Ngôi Sao.
-Chérie, t'es arrivée ! lança-t-il. Ça a été le trajet ?
-Tout va bien, sourit sa femme en le regardant. T'es prêt à aller manger chez tes parents ?
-Oui je finis de ranger, j'arrive.

Il se tourna vers Ilenia et eut un sourire un peu gêné bien qu'intérieurement il était soulagé :
-Je suis désolé, j'ai déjà quelque chose ce soir. En tout cas, t'as bien posé. On se retrouve dans quelques jours pour la suite. D'ici-là, j'aurais terminé le croquis final.
-D'accord, fit Ilenia visiblement déçue. T'auras pas besoin de moi pour ton croquis final ?
-Non je travaille toujours une partie de mon croquis de mémoire. Je fonctionne comme ça. Bon, à bientôt alors.
-À bientôt !
Il reprit alors son carnet de croquis préparatoires sous le bras et il se dirigea vers sa femme qui regardait à présent dans la direction d'Ilenia. Elle avait vraiment une expression très particulière mais que Stefano lui connaissait bien, en apparence très symapthique avec son sourire mais avec des yeux très posssessifs et noirs au sens littéral comme figuré.
Ils saluèrent tous les deux Hector en sortant et ils s'engouffrèrent dans la voiture, Ngôi Sao démarrant tout de suite en direction de la maison des parents Lardieri.

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